Texte intégral
Interview de M. Renaud Donnedieu de Vabres :
Q - Quel est le sens de ces Rencontres pour l'Europe de la culture, organisées ces 2 et 3 mai à la Comédie-Française, à Paris ?
R - Il s'agit d'affirmer la place essentielle de la culture dans le projet politique européen, à une époque où certains craignent à juste titre la perte d'identité, l'uniformité, la mondialisation, voire la marchandisation. Il était temps de signifier la défense de l'identité culturelle autant que la volonté d'ouverture de chaque pays au sein de l'Union européenne.
Q - Quels sont les invités de cette manifestation ?
R - Pour la première fois, 700 artistes de toutes les disciplines, venus des 25 pays, seront rassemblés pour prendre la parole. A la Comédie-Française, dont la devise est "Simul et singulis" ("unis dans la diversité"), il leur revient d'incarner la liberté de l'esprit qui est une fantastique victoire de l'Europe réunifiée. Vingt et un ministres européens de la Culture ont annoncé leur présence, ainsi que Jean-Claude Juncker, président du Conseil européen, et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne.
Q - Qui a pris l'initiative de ces Rencontres ?
R - Avec mes collègues espagnol, allemand et polonais, nous partageons le même objectif politique : donner toute sa place à l'activité culturelle sur le plan européen. Après une première étape en novembre à Berlin, j'ai lancé l'idée que la France pourrait prendre le relais du futur parcours européen que nous sommes en train d'installer : Budapest à l'automne, Madrid au printemps 2006, et Varsovie à l'automne suivant.
Q - Qu'en espérez-vous ?
R - Un témoignage unique de diversité artistique à l'heure où 85 % des tickets de cinéma dans le monde sont vendus pour des productions d'Hollywood. Je suis fier que le document remis aux participants ait été traduit dans les 19 langues de l'Union.
Q - N'est-ce pas une façon de réaffirmer l'exception culturelle ?
R - Effectivement, le projet de charte pour l'Europe de la culture devrait être signé à Paris par la plupart des participants. Il stipule que les biens culturels et les uvres de l'esprit ne sont pas une marchandise comme une autre. Chaque Etat est fondé à mettre en valeur et à soutenir sa propre création. L'exception culturelle est le cur de l'ambition européenne.
Q - Ces Rencontres ne constituent-elles pas un symbole fort en faveur du "oui" à la Constitution ?
R - Si c'est le cas, je serai un ministre heureux... Mais ce n'est pas meeting pour le "oui".
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 mai 2005)
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Déclaration de M. renaud Donnedieu de Vabres :
Mesdames, Messieurs les Ministres, Chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureux de vous souhaiter la bienvenue à Paris. Je vous remercie, du fond du cur, d'être venus, si nombreux d'Allemagne, d'Autriche, de Belgique, de Chypre, du Danemark, d'Espagne, d'Estonie, de Finlande, de Grèce, de Hongrie, d'Irlande, d'Italie, de Lettonie, de Lituanie, du Luxembourg, de Malte, des Pays-Bas, de Pologne, du Portugal, de la République Tchèque, du Royaume-Uni, de Slovaquie, de Slovénie, de Suède.
Vous êtes venus des vingt-cinq pays de l'Union européenne, pour vous rencontrer, pour vous rassembler, pour vous retrouver, dans cette Maison. Fondée en 1680, installée en ce lieu depuis plus de deux siècles, elle est d'abord la Maison de Molière, du théâtre, des lettres, de l'esprit, des artistes, des auteurs, des techniciens et du public. Bienvenue à la Comédie-Française ! Je remercie Marcel Bozonnet, l'administrateur général et ses équipes de nous accueillir, pendant ces deux jours. Je remercie particulièrement André Wilms, metteur en scène, et Nicki Rieti, scénographe. Leur décor des Bacchantes nous transporte d'emblée aux sources de notre culture, dans la Grèce d'Euripide, dans la maison royale de Thèbes, sous le regard de Dionysos, fils de Sémélé, petit-fils d'Harmonie et de Cadmos, le frère d'Europe...
Oui, c'est cette Europe, l'Europe de la culture, notre Europe, née en Grèce, il y a vingt-cinq siècles, qui a - comme le disait André Malraux en lui rendant hommage - " cherché la vérité (...) et trouvé la justice et la liberté (...), inventé l'indépendance de l'art et de l'esprit (...), dressé pour la première fois, en face de ses dieux, l'homme prosterné partout depuis quatre millénaires. "
Oui, l'Europe fut d'abord une légende et un mythe. Un rêve et une utopie. Puis elle entra dans l'histoire et devint réalité, force profonde et projet. Elle a pris corps et chair. Elle partit à la conquête des mers et des continents. Elle inventa la démocratie. Elle se fit la guerre à elle-même tout au long des siècles, mais elle proposa plus tard la paix perpétuelle.
Soixante ans après la libération des camps, au sortir d'un siècle où deux guerres mondiales lui ont pris au moins vingt-cinq millions de vies humaines, seize ans après la chute du mur qui séparait ses peuples, l'Europe enfin réunifiée s'est reconstruite sur les dividendes de la paix. Elle peut offrir au reste du monde les promesses d'un espace de prospérité économique et sociale, rassemblé autour d'un projet politique partagé.
Ce projet prendra tout son sens s'il est fondé sur la culture. C'est pourquoi j'ai souhaité, aux côtés de mes collègues ministres de la culture, aux côtés des plus hauts responsables politiques de l'Union européenne, vous donner la parole. Ces Rencontres vous appartiennent. Nos échanges, nos dialogues, vos propositions, nous montreront la voie de cette idée neuve : l'Europe de la culture. Avant de vous donner la parole, permettez-moi de les dédier, non seulement aux victimes des " catastrophes " européennes, au sens où l'entend Habermas, mais aussi à tous les créateurs, à tous les inventeurs, à tous les fondateurs, à tous les précurseurs, à tous les traducteurs, à tous les acteurs de la liberté de l'esprit, à tous ceux qui ont forgé ce patrimoine européen dont nous sommes fiers.
Ces Rencontres ne sont bien sûr qu'une étape, après Berlin, et avant Budapest. Je souhaite pouvoir passer le relais au plus grand nombre possible de capitales. Je souhaite que ces Rencontres permettent de tisser des liens puissants et solides entre les artistes et les intellectuels de l'Union européenne, entre les institutions culturelles : théâtres, orchestres, musées, compagnies de danse, opéras, bibliothèques. Car c'est ce réseau que vous représentez.
A vous la parole, les philosophes, les penseurs, les artistes, les écrivains, les éditeurs, les libraires, les plasticiens, les interprètes, les auteurs, les comédiens, les musiciens, les cinéastes, les photographes, les scénaristes, les réalisateurs, et vous tous ici qui êtes l'Europe " qui parle d'une seule et même voix, mais dans toutes ses langues, de toutes ses âmes ", selon la belle formule de Fernando Pessoa.
Oui, l'Europe réunie, c'est l'Europe de toutes les langues. Aussi terminerai-je ce mot d'accueil en prenant le risque de vous souhaiter à chacun la bienvenue dans votre langue :
Bienvenue !
Willkommen ! (allemand)
Welcome ! (anglais)
Velkommen ! (Danois)
Bienvenidos ! (Espagnol)
Tere Tulemast ! (Estonien)
Tervetuloa ! (Finnois)
Szerettetel üdvözlök mindenkit (Hongrois)
Benvenuti ! (Italien)
Laipni ludzam ! (Letton)
Sveiki atvike ! (Lituanien)
Welkom ! (Néerlandais)
Witamy ! (Polonais)
Bem-Vindos ! (Portugais)
Vitajte ! (Slovaque)
Dobrodoli ! (Slovène)
Välkommen ! (Suédois)
Budte Vitani ! (Tchèque)
Je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 4 mai 2005)
Q - Quel est le sens de ces Rencontres pour l'Europe de la culture, organisées ces 2 et 3 mai à la Comédie-Française, à Paris ?
R - Il s'agit d'affirmer la place essentielle de la culture dans le projet politique européen, à une époque où certains craignent à juste titre la perte d'identité, l'uniformité, la mondialisation, voire la marchandisation. Il était temps de signifier la défense de l'identité culturelle autant que la volonté d'ouverture de chaque pays au sein de l'Union européenne.
Q - Quels sont les invités de cette manifestation ?
R - Pour la première fois, 700 artistes de toutes les disciplines, venus des 25 pays, seront rassemblés pour prendre la parole. A la Comédie-Française, dont la devise est "Simul et singulis" ("unis dans la diversité"), il leur revient d'incarner la liberté de l'esprit qui est une fantastique victoire de l'Europe réunifiée. Vingt et un ministres européens de la Culture ont annoncé leur présence, ainsi que Jean-Claude Juncker, président du Conseil européen, et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne.
Q - Qui a pris l'initiative de ces Rencontres ?
R - Avec mes collègues espagnol, allemand et polonais, nous partageons le même objectif politique : donner toute sa place à l'activité culturelle sur le plan européen. Après une première étape en novembre à Berlin, j'ai lancé l'idée que la France pourrait prendre le relais du futur parcours européen que nous sommes en train d'installer : Budapest à l'automne, Madrid au printemps 2006, et Varsovie à l'automne suivant.
Q - Qu'en espérez-vous ?
R - Un témoignage unique de diversité artistique à l'heure où 85 % des tickets de cinéma dans le monde sont vendus pour des productions d'Hollywood. Je suis fier que le document remis aux participants ait été traduit dans les 19 langues de l'Union.
Q - N'est-ce pas une façon de réaffirmer l'exception culturelle ?
R - Effectivement, le projet de charte pour l'Europe de la culture devrait être signé à Paris par la plupart des participants. Il stipule que les biens culturels et les uvres de l'esprit ne sont pas une marchandise comme une autre. Chaque Etat est fondé à mettre en valeur et à soutenir sa propre création. L'exception culturelle est le cur de l'ambition européenne.
Q - Ces Rencontres ne constituent-elles pas un symbole fort en faveur du "oui" à la Constitution ?
R - Si c'est le cas, je serai un ministre heureux... Mais ce n'est pas meeting pour le "oui".
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 mai 2005)
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Déclaration de M. renaud Donnedieu de Vabres :
Mesdames, Messieurs les Ministres, Chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureux de vous souhaiter la bienvenue à Paris. Je vous remercie, du fond du cur, d'être venus, si nombreux d'Allemagne, d'Autriche, de Belgique, de Chypre, du Danemark, d'Espagne, d'Estonie, de Finlande, de Grèce, de Hongrie, d'Irlande, d'Italie, de Lettonie, de Lituanie, du Luxembourg, de Malte, des Pays-Bas, de Pologne, du Portugal, de la République Tchèque, du Royaume-Uni, de Slovaquie, de Slovénie, de Suède.
Vous êtes venus des vingt-cinq pays de l'Union européenne, pour vous rencontrer, pour vous rassembler, pour vous retrouver, dans cette Maison. Fondée en 1680, installée en ce lieu depuis plus de deux siècles, elle est d'abord la Maison de Molière, du théâtre, des lettres, de l'esprit, des artistes, des auteurs, des techniciens et du public. Bienvenue à la Comédie-Française ! Je remercie Marcel Bozonnet, l'administrateur général et ses équipes de nous accueillir, pendant ces deux jours. Je remercie particulièrement André Wilms, metteur en scène, et Nicki Rieti, scénographe. Leur décor des Bacchantes nous transporte d'emblée aux sources de notre culture, dans la Grèce d'Euripide, dans la maison royale de Thèbes, sous le regard de Dionysos, fils de Sémélé, petit-fils d'Harmonie et de Cadmos, le frère d'Europe...
Oui, c'est cette Europe, l'Europe de la culture, notre Europe, née en Grèce, il y a vingt-cinq siècles, qui a - comme le disait André Malraux en lui rendant hommage - " cherché la vérité (...) et trouvé la justice et la liberté (...), inventé l'indépendance de l'art et de l'esprit (...), dressé pour la première fois, en face de ses dieux, l'homme prosterné partout depuis quatre millénaires. "
Oui, l'Europe fut d'abord une légende et un mythe. Un rêve et une utopie. Puis elle entra dans l'histoire et devint réalité, force profonde et projet. Elle a pris corps et chair. Elle partit à la conquête des mers et des continents. Elle inventa la démocratie. Elle se fit la guerre à elle-même tout au long des siècles, mais elle proposa plus tard la paix perpétuelle.
Soixante ans après la libération des camps, au sortir d'un siècle où deux guerres mondiales lui ont pris au moins vingt-cinq millions de vies humaines, seize ans après la chute du mur qui séparait ses peuples, l'Europe enfin réunifiée s'est reconstruite sur les dividendes de la paix. Elle peut offrir au reste du monde les promesses d'un espace de prospérité économique et sociale, rassemblé autour d'un projet politique partagé.
Ce projet prendra tout son sens s'il est fondé sur la culture. C'est pourquoi j'ai souhaité, aux côtés de mes collègues ministres de la culture, aux côtés des plus hauts responsables politiques de l'Union européenne, vous donner la parole. Ces Rencontres vous appartiennent. Nos échanges, nos dialogues, vos propositions, nous montreront la voie de cette idée neuve : l'Europe de la culture. Avant de vous donner la parole, permettez-moi de les dédier, non seulement aux victimes des " catastrophes " européennes, au sens où l'entend Habermas, mais aussi à tous les créateurs, à tous les inventeurs, à tous les fondateurs, à tous les précurseurs, à tous les traducteurs, à tous les acteurs de la liberté de l'esprit, à tous ceux qui ont forgé ce patrimoine européen dont nous sommes fiers.
Ces Rencontres ne sont bien sûr qu'une étape, après Berlin, et avant Budapest. Je souhaite pouvoir passer le relais au plus grand nombre possible de capitales. Je souhaite que ces Rencontres permettent de tisser des liens puissants et solides entre les artistes et les intellectuels de l'Union européenne, entre les institutions culturelles : théâtres, orchestres, musées, compagnies de danse, opéras, bibliothèques. Car c'est ce réseau que vous représentez.
A vous la parole, les philosophes, les penseurs, les artistes, les écrivains, les éditeurs, les libraires, les plasticiens, les interprètes, les auteurs, les comédiens, les musiciens, les cinéastes, les photographes, les scénaristes, les réalisateurs, et vous tous ici qui êtes l'Europe " qui parle d'une seule et même voix, mais dans toutes ses langues, de toutes ses âmes ", selon la belle formule de Fernando Pessoa.
Oui, l'Europe réunie, c'est l'Europe de toutes les langues. Aussi terminerai-je ce mot d'accueil en prenant le risque de vous souhaiter à chacun la bienvenue dans votre langue :
Bienvenue !
Willkommen ! (allemand)
Welcome ! (anglais)
Velkommen ! (Danois)
Bienvenidos ! (Espagnol)
Tere Tulemast ! (Estonien)
Tervetuloa ! (Finnois)
Szerettetel üdvözlök mindenkit (Hongrois)
Benvenuti ! (Italien)
Laipni ludzam ! (Letton)
Sveiki atvike ! (Lituanien)
Welkom ! (Néerlandais)
Witamy ! (Polonais)
Bem-Vindos ! (Portugais)
Vitajte ! (Slovaque)
Dobrodoli ! (Slovène)
Välkommen ! (Suédois)
Budte Vitani ! (Tchèque)
Je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 4 mai 2005)