Extraits de l'interview de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de l'écologie et du développement durable, dans "Ouest France" du 24 février 2004, sur un rapport commandé par le Pentagone à propos de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

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Média : Ouest France - Presse régionale

Texte intégral

Q - Le rapport commandé par le Pentagone est très alarmiste. Etes-vous surprise par ses conclusions ?
R - Pas du tout. Je sonne le tocsin depuis longtemps, parfois sous les ricanements, pour dire que le changement climatique est LE principal problème posé à la planète. L'émission de gaz à effet de serre doit être au cur de nos préoccupations. Je regrette que cette perception ne soit pas partagée par tous, notamment par l'Administration américaine qui n'a pas voulu signer le protocole de Kyoto visant à réduire l'émission des gaz à effet de serre. Mais aujourd'hui, la communauté scientifique est unanime pour dire qu'il y a bel et bien un réchauffement du climat de la planète et que celui-ci est dû à l'homme. Le débat n'est donc plus scientifique mais politique : est-ce qu'on laisse la situation se dégrader sans rien faire ?
Q - Pensez-vous que ce rapport " choc " va faire évoluer l'attitude des Etats-Unis sur ce dossier ?
R - Ce rapport vient directement de l'Administration américaine, il pourrait donc sensibiliser une opinion qui était restée, jusqu'à présent, assez imperméable aux questions écologiques.
Q - Quelles sont les raisons d'être inquiets pour l'avenir ?
R - Les menaces qui pèsent sur notre planète ne sont pas une vue de l'esprit. Les études du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) prévoient que la température moyenne du globe devrait augmenter de 2°C à 6°C d'ici la fin du siècle. Et si rien n'était entrepris pour limiter l'augmentation de la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, un réchauffement plus élevé pourrait être à prévoir. Les conséquences sont connues : inondations, disparition de certaines îles, baisse de la température en Europe avec toutefois des étés de plus en plus chauds
Q - Est-il trop tard pour agir, comme le craignent les auteurs du rapport ?
R - Ce n'est pas parce que le constat est alarmiste qu'il faut baisser les bras. Il faut se fixer des objectifs ambitieux. Mais quand je vois les réticences de certains acteurs économiques ou industriels pour respecter le protocole de Kyoto, je me dis qu'il y a encore du chemin à faire. Kyoto, c'est le service minimum. Le protocole exige simplement que la France stabilise ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2010 : ce n'est pas particulièrement ambitieux mais c'est une première étape importante. C'est pourquoi je compte, dans quelques semaines, présenter un Plan Climat sur ce sujet qui va cibler nos efforts sur les sujets qui fâchent.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 février 2004)
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