Texte intégral
Le Bien public-Les Dépêches : Quel est, tout d'abord, votre sentiment après l'annonce du décès de Jean-Paul II ?
François Bayrou : " Comme des millions de Français, des centaines de millions d'hommes et de femmes dans le monde, je ressens beaucoup d'émotion et beaucoup de gratitude. Toutes les images qui reviennent actuellement en masse nous rappellent, au début, l'athlète de Dieu, la force de la nature, qui, tout seul, envoyait un message d'espoir face au totalitarisme soviétique et au matérialisme, quand il disait n'ayez pas peur, lorsqu'il visitait la Pologne en servitude. Et puis après, à partir de l'attentat qu'il a subi, malgré ses forces déclinantes et la souffrance, il restait toujours un bloc d'humanité. Ne dit-on pas : Tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église. Probablement jamais cette phrase n'a été ressentie par les Chrétiens et au-delà comme aussi juste. "
BP-LD : Quel message souhaiteriez-vous envoyer à celles et ceux qui, pour l'instant, semblent avoir choisi en masse le non au référendum constitutionnel européen ?
F. B. : " Une campagne électorale sur un sujet aussi important est un débat qui va nourrir la réflexion des Français jusqu'au 29 mai. Avant, rien n'est joué même si les forces du non sont considérables, puisque ce sont des forces de refus, toujours plus mobilisateur que l'adhésion. Je pense que le plus important est de partager une réflexion avec nos concitoyens, pas de donner des mots d'ordre et surtout pas de laisser croire qu'il y aurait ceux qui savent et ceux qui ne savent pas. Le message est le suivant : réfléchissez pour vous-mêmes et pour votre famille. Croyez-vous que face aux États-Unis et à la Chine la France puisse s'en sortir toute seule ou qu'il nous faut l'Europe unie ? Si tel est le cas, voulez-vous que la voix des citoyens soit prise en compte ? Si la réponse à ces deux questions est oui, alors il faut la Constitution européenne (1) ".
BP-LD : Le fait que Jean-Pierre Raffarin n'ait pas suivi votre conseil qui était de se mettre " en retrait " de la campagne référendaire vous inquiète-t-il, quant à l'issue du vote du 29 mai ?
F. B. : " Dans la période qui s'ouvre, je ne ferai aucun commentaire dans l'engagement des uns ou des autres. Il est très important de garantir que ce scrutin n'est pas un vote de politique intérieure. C'est pourquoi il me paraissait raisonnable que l'on marque une certaine distance entre le gouvernement et le référendum. Autant il m'a semblé que, sur un vote de cet ordre, c'était le président de la République, en tant que président de tous les Français, et les responsables de partis politiques qui devaient intervenir. Il en a été décidé autrement. Nous reparlerons de cette question le 29 mai ".
BP-LD : Le président de la République a décidé de lancer le 7 avril sa campagne pour le oui lors d'un débat avec des jeunes sur TF1. Que pensez-vous de la formule retenue ?
F. B. : " C'est une formule que j'espère bonne parce que c'est bien de leur avenir qu'il s'agit. L'enjeu, c'est leur vie ! "
BP-LD : Allez-vous, pour votre part, tenir des meetings communs avec le patron de l'UMP Nicolas Sarkozy et l'écologiste Daniel Cohn-Bendit
F. B. : " Je suis pour des meetings ouverts chaque fois que possible parce qu'il importe de montrer aux Français que ce n'est pas un enjeu partisan. Partager des rencontres, même quand on n'a pas les mêmes opinions, est un des moyens de le montrer. Daniel Cohn-Bendit et Nicolas Sarkozy ont accepté. J'espère qu'il y en aura d'autres, car le jour viendra où l'on devra se poser la question de la réaction face à la dégradation des sondages. Pour moi, il est bon que cette réaction décloisonne le oui. Je n'ai jamais cru qu'il y avait un oui de gauche et un oui de droite. Si tel est le cas, il y en a un des deux qui est trompé. Je pense qu'il n'y a qu'un seul oui, le oui de ceux qui veulent que l'Europe soit forte, unie et qu'elle donne sa place aux citoyens. On serait bien inspiré de rassembler pour soutenir ce oui plutôt que de séparer ! "
Propos recueillis par Xavier GRIZOT
(Source http://www.udf-europe.net, le 18 avril 2005)
François Bayrou : " Comme des millions de Français, des centaines de millions d'hommes et de femmes dans le monde, je ressens beaucoup d'émotion et beaucoup de gratitude. Toutes les images qui reviennent actuellement en masse nous rappellent, au début, l'athlète de Dieu, la force de la nature, qui, tout seul, envoyait un message d'espoir face au totalitarisme soviétique et au matérialisme, quand il disait n'ayez pas peur, lorsqu'il visitait la Pologne en servitude. Et puis après, à partir de l'attentat qu'il a subi, malgré ses forces déclinantes et la souffrance, il restait toujours un bloc d'humanité. Ne dit-on pas : Tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église. Probablement jamais cette phrase n'a été ressentie par les Chrétiens et au-delà comme aussi juste. "
BP-LD : Quel message souhaiteriez-vous envoyer à celles et ceux qui, pour l'instant, semblent avoir choisi en masse le non au référendum constitutionnel européen ?
F. B. : " Une campagne électorale sur un sujet aussi important est un débat qui va nourrir la réflexion des Français jusqu'au 29 mai. Avant, rien n'est joué même si les forces du non sont considérables, puisque ce sont des forces de refus, toujours plus mobilisateur que l'adhésion. Je pense que le plus important est de partager une réflexion avec nos concitoyens, pas de donner des mots d'ordre et surtout pas de laisser croire qu'il y aurait ceux qui savent et ceux qui ne savent pas. Le message est le suivant : réfléchissez pour vous-mêmes et pour votre famille. Croyez-vous que face aux États-Unis et à la Chine la France puisse s'en sortir toute seule ou qu'il nous faut l'Europe unie ? Si tel est le cas, voulez-vous que la voix des citoyens soit prise en compte ? Si la réponse à ces deux questions est oui, alors il faut la Constitution européenne (1) ".
BP-LD : Le fait que Jean-Pierre Raffarin n'ait pas suivi votre conseil qui était de se mettre " en retrait " de la campagne référendaire vous inquiète-t-il, quant à l'issue du vote du 29 mai ?
F. B. : " Dans la période qui s'ouvre, je ne ferai aucun commentaire dans l'engagement des uns ou des autres. Il est très important de garantir que ce scrutin n'est pas un vote de politique intérieure. C'est pourquoi il me paraissait raisonnable que l'on marque une certaine distance entre le gouvernement et le référendum. Autant il m'a semblé que, sur un vote de cet ordre, c'était le président de la République, en tant que président de tous les Français, et les responsables de partis politiques qui devaient intervenir. Il en a été décidé autrement. Nous reparlerons de cette question le 29 mai ".
BP-LD : Le président de la République a décidé de lancer le 7 avril sa campagne pour le oui lors d'un débat avec des jeunes sur TF1. Que pensez-vous de la formule retenue ?
F. B. : " C'est une formule que j'espère bonne parce que c'est bien de leur avenir qu'il s'agit. L'enjeu, c'est leur vie ! "
BP-LD : Allez-vous, pour votre part, tenir des meetings communs avec le patron de l'UMP Nicolas Sarkozy et l'écologiste Daniel Cohn-Bendit
F. B. : " Je suis pour des meetings ouverts chaque fois que possible parce qu'il importe de montrer aux Français que ce n'est pas un enjeu partisan. Partager des rencontres, même quand on n'a pas les mêmes opinions, est un des moyens de le montrer. Daniel Cohn-Bendit et Nicolas Sarkozy ont accepté. J'espère qu'il y en aura d'autres, car le jour viendra où l'on devra se poser la question de la réaction face à la dégradation des sondages. Pour moi, il est bon que cette réaction décloisonne le oui. Je n'ai jamais cru qu'il y avait un oui de gauche et un oui de droite. Si tel est le cas, il y en a un des deux qui est trompé. Je pense qu'il n'y a qu'un seul oui, le oui de ceux qui veulent que l'Europe soit forte, unie et qu'elle donne sa place aux citoyens. On serait bien inspiré de rassembler pour soutenir ce oui plutôt que de séparer ! "
Propos recueillis par Xavier GRIZOT
(Source http://www.udf-europe.net, le 18 avril 2005)