Texte intégral
Question (Dominique Souchier) : Quand à trois semaines d'une échéance électorale importante, l'opposition est contrainte de déposer une motion de censure pour qu'il y ait un débat politique, n'est-ce pas qu'il y a un réel problème actuellement dans le pays ?
François Baroin (Réponse) : Il y a en tout cas un réel problème au Parti socialiste : déposer une motion de censure, cela signifie que l'on a un projet alternatif. Quel est le projet alternatif du PS ? Personne de sérieux aujourd'hui dans le pays ne peut vous le dire. La censure du Gouvernement, cela veut dire que l'on veut le faire tomber, cela veut dire que l'on n'est pas d'accord sur ce qui a été fait sur les retraites, sur ce qui a été fait sur la décentralisation, cela veut dire que l'on est en initiative sur la relance économique, sur la politique sociale, sur le renouvellement urbain. Et quand on regarde sincèrement, même si l'on n'est pas d'accord avec Raffarin et son Gouvernement, on constate tout de même que ce gouvernement, depuis vingt mois, a bougé. Et il a bougé dans la bonne direction.
Question : Mais quand à moins de trois semaines d'une élection, il n'y a pas de débat politique, n'est-ce pas un réel problème ?
François Baroin (Réponse) : C'est un problème pour la gauche, comme je le disais, qui ne s'est pas remise de l'échec cruel et de la disparition de Jospin, même si son fantôme hante encore quelques bureaux au Parti socialiste. Cela peut être un problème à droite, si nous ne savons pas le gérer. Ce qui peut expliquer, d'ailleurs, les échos un peu plus spectaculaires donnés à la position de Bayrou, de l'UDF, lors de la discussion budgétaire, par exemple.
Question : Mais est-ce que ce n'est pas le Premier ministre qui ne le veut pas, quand il s'exclame que "l'on ne confonde pas le vote nation et le vote région", est-ce qu'il n'affiche pas clairement son refus d'un débat politique à l'occasion de ces élections ?
François Baroin (Réponse) : Non, J.-P. Raffarin a raison. La question qui est posée dans trois semaines aux électeurs, c'est : quelle équipe pour quel exécutif et dans quelle région ? Et d'ailleurs, on ne devrait pas parler de "la" campagne régionale", on devrait parler "des" campagnes régionales", car il y a autant de campagnes qu'il y autant de régions.
Question : Dans chaque région, ce que l'on entend aussi, c'est une absence de débat politique...
François Baroin (Réponse) : Oui, parce que de fait, la vraie question qui est posée dans les réunions - j'étais moi-même en meeting hier soir, je suis rentré tard -, c'est : au fond quelles sont les nouvelles compétences de la région ? Est-ce que la région s'occupe d'économie, est-ce qu'elle s'occupe de formation professionnelle, est-ce qu'elle va s'occuper des routes, est-ce qu'elle va s'occuper des universités ?
Question : Mais est-ce seulement cela quand il y a dix-neuf ministres qui sont candidats ?
François Baroin (Réponse) : Mais il me semble que même un ministre peut être en campagne électorale, et même un ministre n'a pas à s'excuser d'avoir des convictions et de les faire partager dans sa région.
Question : Ce soir, J.-P. Raffarin et N. Sarkozy vont ensemble apporter leur soutien à J.-F. Copé, lors de son grand meeting parisien au Cirque d'Hiver. Et cela aussi, c'est une question. Vous devinez laquelle ?
François Baroin (Réponse) : Eh bien, allez-y peut-être !
Question : Que fait le président de l'UMP ? Pourquoi A. Juppé n'est-il pas là ?
François Baroin (Réponse) : A. Juppé est en Languedoc-Roussillon, jeudi par exemple ; A. Juppé a été d'ailleurs le premier à soutenir un certain nombre de têtes de liste, en particulier celles qui portent nos couleurs, J.-F. Copé en Ile-de-France...
Question : Et pourquoi A. Juppé ne sera-t-il pas là ce soir, alors qu'il est ce matin à
Paris ?
François Baroin (Réponse) : Et pourquoi d'autres ne seront-ils pas en Languedoc-Roussillon jeudi, alors que lui y sera ?!
Question : Il est président de l'UMP.
François Baroin (Réponse) : Il est président de l'UMP. Que voulez-vous me faire dire ? Qu'A. Juppé n'est pas en position de ...
Question : Que fait A. Juppé ?
François Baroin (Réponse) : A. Juppé, dans les circonstances que vous savez, sur lesquelles je ne reviens pas, chacun s'est exprimé, a pris une décision qui, à la fois, l'honore et qui, en même temps, nous sauve : celle de maintenir et de garantir l'unité de l'UMP dans le temps électoral, qui est celui que nous traversons, comme dans le temps de la préparation de la respiration démocratique interne de ce grand parti qu'est l'UMP, qui est composé de 165.000 militants à jour de cotisation et qui a un rendez-vous à l'automne, avec un congrès de renouvellement des instances. Nous devons remercier A. Juppé pour ce qu'il dit, ce qu'il a fait. Cela ne vous intéresse peut-être pas, mais pour nous, c'est un élément essentiel : il y a une équipe, l'UMP est en ordre de bataille, nous menons campagne.
Question : On sait qu'après les élections, J.-P. Raffarin remaniera son Gouvernement ; qu'après, il souhaite aussi exercer des fonctions de président de l'UMP, après s'être mis d'accord avec N. Sarkozy, pour que l'importance de N. Sarkozy soit reconnue au Gouvernement comme dans le fonctionnement de l'UMP. Avez-vous des objections à formuler contre ce scénario ?
François Baroin (Réponse) : Il n'y a, à ma connaissance, aucun élément nouveau qui justifie les interprétations que vous donnez. Vous dites : "On sait qu'il y aura un remaniement"... Cela dépend du président de la République et du Premier ministre. Et il est peut-être urgent d'attendre, non seulement le premier tour des régionales, le second, mais aussi l'élection des présidents de région. Et je vous rappelle que dans la foulée de ces régionales, il y a les européennes et qu'il y a un temps électoral...
Question : Vous avez vous-même dit que "ce qui est dans les journaux, c'est la réflexion à haute voix du Premier ministre".
François Baroin (Réponse) : En réponse à une question qui m'était posée à un point de presse, sur le thème : "lorsque le Premier ministre réfléchit à haute voix, tout le monde réfléchit à haute voix". Ce que je puis vous dire, c'est qu'il n'y a pas d'élément nouveau ; que nous ne souhaitons pas, à la direction de l'UMP, de l'urgence et de la précipitation ; que la question qui est posée n'est pas celle d'un ticket, car je vous rappelle que c'est un ticket à trois coupons - un président, un vice-président, un secrétaire général ; que ce qui fonde l'UMP, c'est l'union de trois familles, qui incarnent des courants de pensée
politique : les gaullistes - A. Juppé -, les centristes - P. Douste-Blazy -, les libéraux - J.-C. Gaudin. C'est donc autour de cet esprit de collégialité, d'union et d'esprit de réformes que nous devons envisager l'esprit de relève qu'a proposé A. Juppé."
Question : Le Figaro dit que "si ce scénario d'une alliance entre J.-P. Raffarin et
N. Sarkozy se réalisait, les proches d'A. Juppé souhaiteraient que cela soit vous, le secrétaire général". Accepteriez-vous ?
François Baroin (Réponse) : Mon énergie est mobilisée, à trois semaines d'un scrutin aussi important, au soutien de nos candidats. Nous avons des candidats aux cantonales, nous avons des candidats aux régionales. A. Juppé, avec courage et avec une immense dignité, a dit : "Je reste pour assurer la relève". Nous ne devons pas ni lui mettre une pression supplémentaire, dans une période douloureuse pour lui, ni affaiblir l'UMP par la diffusion de scénarii, qui peut-être un jour arriveront - je me félicite plutôt d'entendre parler "d'entente" et de "convivialité", de "collégialité", d'"union", mais je préfère que nous ayons un calendrier qui soit synchrone avec le temps électoral. Aujourd'hui, le cap est sur les élections.
Question : Vous vous félicitez que l'on entende parler "d'union", mais si le scénario annoncé se réalisait, avec comme président de l'UMP J.-P. Raffarin, qui ne vient pas de la famille gaulliste et avec, à ses côtés, N. Sarkozy, alors qu'actuellement il n'a actuellement pas de prise politique sur le parti, serait-ce pas une autre UMP ?
François Baroin (Réponse) : Voyez que si on faisait de la politique comme cela, on pourrait s'amuser beaucoup...
Question : Mais c'est comme cela que l'on en fait ce matin !
François Baroin (Réponse) : Pardonnez-moi, mais je n'irai pas sur votre terrain et je n'irai pas sur ce terrain-là des différents scénarii. Qu'il y ait de fortes personnalités à l'intérieur du Gouvernement comme à l'intérieur de l'UMP, c'est une chance pour l'UMP. Qu'il y ait un esprit d'union à respecter, c'est une nécessité. Et que l'UMP soit un parti de réformes et qu'il soit toujours devant pour apporter son soutien au président de la République, dans un schéma présidentiel qui est beaucoup plus court, qui est de cinq ans, je crois qu'il faudra également réfléchir à la manière dont l'accélération du rythme politique s'adapte aussi à la gestion d'un parti politique.
Question : Qu'est-ce que cela veut dire ?
François Baroin (Réponse) : Cela veut dire qu'un quinquennat ne se gère pas politiquement comme un septennat. Et cela veut dire que, lorsqu'il y a des ambitions, qui ne sont pas contestables et qui ne sont inexcusables, cela doit se gérer dans le temps. Et lorsqu'il y a un temps électoral, on ne mène pas une campagne en interne à l'intérieur d'une formation politique. Nous, nous avons des objectifs. J.-P. Raffarin a annoncé un printemps législatif sur la santé, sur l'emploi.
Question : Mais pourriez-vous être secrétaire général d'un parti où N. Sarkozy aurait un rôle important ? Vous, F. Baroin ?
François Baroin (Réponse) : Non, mais si on a fait l'union, c'est que l'on a tiré un trait sur les passés qui peuvent être douloureux des personnalités fortes. N. Sarkozy occupe un espace politique important, J.-P. Raffarin est le chef de la majorité, il y a une certaine cohérence à tout cela, mais une cohérence dans un calendrier qui doit être maîtrisé.
Question : Donc vous n'avez pas d'objections à formuler contre ce scénario ?
François Baroin (Réponse) : Mais je n'ai ni d'objections ni de soutien...
Question : Mais vous pourriez en avoir formulées ce matin... Vous avez été un des députés qui a le plus plaidé pour la loi sur la laïcité, qui va être votée cette semaine par le Sénat, après l'Assemblée nationale. La semaine dernière, il s'est produit un événement majeur, sur lequel aucun homme politique n'a réagi : le numéro 2 d'Al-Qaïda a dit que "l'interdiction du voile dans les écoles exprimait la rancune des Croisés occidentaux contre les musulmans". Est-ce qu'en votant cette loi, il faut avoir conscience que l'on s'expose encore plus au terrorisme ?
François Baroin (Réponse) : La seule réponse au terrorisme, c'est le courage, le courage individuel et le courage collectif. En entendant cela, on ne peut que se féliciter lorsque l'on a soutenu cette loi, de l'avoir fait voter, de l'avoir faite passer. Lors de la discussion général à l'Assemblée, j'ai lu un poème de Victor Hugo, qui s'appelle "Le voile", un poème de 1828. C'est l'histoire d'une soeur et de trois frères. La soeur se fait tuer par les trois frères, parce que son voile s'est levé, avec un coup de vent, et qu'elle a regardé un homme qui a croisé son regard. Et cela se termine par "un voile de trépas s'étend sur moi". Et le frère répond : "En voilà un que tu ne lèveras pas".
Question : Juste une dernière réflexion : les trois magistrats de Nanterre qui ont rendu la décision sur A. Juppé, ont refusé de témoigner sur les pressions qu'ils ont subies devant la commission créée par le président de la République. En revanche, on dit qu'ils vont témoigner cette semaine, devant le CSM. N'est-ce pas une mauvaise idée d'avoir créé cette commission ?
François Baroin (Réponse) : Ce n'est jamais une mauvaise idée de demander aux plus hauts magistrats de la France d'interroger des magistrats sur des doutes qu'ils ont pu avoir lorsqu'ils ont eu à juger d'une affaire. Je dirais que c'est une affaire à l'intérieur des magistrats. Le vice-président du Conseil d'Etat est un magistrat, il a été contesté ; le président de la Cour de cassation est un magistrat, il a été contesté. C'est assez corporatiste, tout de même, cette attitude.
(source http://www.u-m-p.org, le 2 mars 2004)
François Baroin (Réponse) : Il y a en tout cas un réel problème au Parti socialiste : déposer une motion de censure, cela signifie que l'on a un projet alternatif. Quel est le projet alternatif du PS ? Personne de sérieux aujourd'hui dans le pays ne peut vous le dire. La censure du Gouvernement, cela veut dire que l'on veut le faire tomber, cela veut dire que l'on n'est pas d'accord sur ce qui a été fait sur les retraites, sur ce qui a été fait sur la décentralisation, cela veut dire que l'on est en initiative sur la relance économique, sur la politique sociale, sur le renouvellement urbain. Et quand on regarde sincèrement, même si l'on n'est pas d'accord avec Raffarin et son Gouvernement, on constate tout de même que ce gouvernement, depuis vingt mois, a bougé. Et il a bougé dans la bonne direction.
Question : Mais quand à moins de trois semaines d'une élection, il n'y a pas de débat politique, n'est-ce pas un réel problème ?
François Baroin (Réponse) : C'est un problème pour la gauche, comme je le disais, qui ne s'est pas remise de l'échec cruel et de la disparition de Jospin, même si son fantôme hante encore quelques bureaux au Parti socialiste. Cela peut être un problème à droite, si nous ne savons pas le gérer. Ce qui peut expliquer, d'ailleurs, les échos un peu plus spectaculaires donnés à la position de Bayrou, de l'UDF, lors de la discussion budgétaire, par exemple.
Question : Mais est-ce que ce n'est pas le Premier ministre qui ne le veut pas, quand il s'exclame que "l'on ne confonde pas le vote nation et le vote région", est-ce qu'il n'affiche pas clairement son refus d'un débat politique à l'occasion de ces élections ?
François Baroin (Réponse) : Non, J.-P. Raffarin a raison. La question qui est posée dans trois semaines aux électeurs, c'est : quelle équipe pour quel exécutif et dans quelle région ? Et d'ailleurs, on ne devrait pas parler de "la" campagne régionale", on devrait parler "des" campagnes régionales", car il y a autant de campagnes qu'il y autant de régions.
Question : Dans chaque région, ce que l'on entend aussi, c'est une absence de débat politique...
François Baroin (Réponse) : Oui, parce que de fait, la vraie question qui est posée dans les réunions - j'étais moi-même en meeting hier soir, je suis rentré tard -, c'est : au fond quelles sont les nouvelles compétences de la région ? Est-ce que la région s'occupe d'économie, est-ce qu'elle s'occupe de formation professionnelle, est-ce qu'elle va s'occuper des routes, est-ce qu'elle va s'occuper des universités ?
Question : Mais est-ce seulement cela quand il y a dix-neuf ministres qui sont candidats ?
François Baroin (Réponse) : Mais il me semble que même un ministre peut être en campagne électorale, et même un ministre n'a pas à s'excuser d'avoir des convictions et de les faire partager dans sa région.
Question : Ce soir, J.-P. Raffarin et N. Sarkozy vont ensemble apporter leur soutien à J.-F. Copé, lors de son grand meeting parisien au Cirque d'Hiver. Et cela aussi, c'est une question. Vous devinez laquelle ?
François Baroin (Réponse) : Eh bien, allez-y peut-être !
Question : Que fait le président de l'UMP ? Pourquoi A. Juppé n'est-il pas là ?
François Baroin (Réponse) : A. Juppé est en Languedoc-Roussillon, jeudi par exemple ; A. Juppé a été d'ailleurs le premier à soutenir un certain nombre de têtes de liste, en particulier celles qui portent nos couleurs, J.-F. Copé en Ile-de-France...
Question : Et pourquoi A. Juppé ne sera-t-il pas là ce soir, alors qu'il est ce matin à
Paris ?
François Baroin (Réponse) : Et pourquoi d'autres ne seront-ils pas en Languedoc-Roussillon jeudi, alors que lui y sera ?!
Question : Il est président de l'UMP.
François Baroin (Réponse) : Il est président de l'UMP. Que voulez-vous me faire dire ? Qu'A. Juppé n'est pas en position de ...
Question : Que fait A. Juppé ?
François Baroin (Réponse) : A. Juppé, dans les circonstances que vous savez, sur lesquelles je ne reviens pas, chacun s'est exprimé, a pris une décision qui, à la fois, l'honore et qui, en même temps, nous sauve : celle de maintenir et de garantir l'unité de l'UMP dans le temps électoral, qui est celui que nous traversons, comme dans le temps de la préparation de la respiration démocratique interne de ce grand parti qu'est l'UMP, qui est composé de 165.000 militants à jour de cotisation et qui a un rendez-vous à l'automne, avec un congrès de renouvellement des instances. Nous devons remercier A. Juppé pour ce qu'il dit, ce qu'il a fait. Cela ne vous intéresse peut-être pas, mais pour nous, c'est un élément essentiel : il y a une équipe, l'UMP est en ordre de bataille, nous menons campagne.
Question : On sait qu'après les élections, J.-P. Raffarin remaniera son Gouvernement ; qu'après, il souhaite aussi exercer des fonctions de président de l'UMP, après s'être mis d'accord avec N. Sarkozy, pour que l'importance de N. Sarkozy soit reconnue au Gouvernement comme dans le fonctionnement de l'UMP. Avez-vous des objections à formuler contre ce scénario ?
François Baroin (Réponse) : Il n'y a, à ma connaissance, aucun élément nouveau qui justifie les interprétations que vous donnez. Vous dites : "On sait qu'il y aura un remaniement"... Cela dépend du président de la République et du Premier ministre. Et il est peut-être urgent d'attendre, non seulement le premier tour des régionales, le second, mais aussi l'élection des présidents de région. Et je vous rappelle que dans la foulée de ces régionales, il y a les européennes et qu'il y a un temps électoral...
Question : Vous avez vous-même dit que "ce qui est dans les journaux, c'est la réflexion à haute voix du Premier ministre".
François Baroin (Réponse) : En réponse à une question qui m'était posée à un point de presse, sur le thème : "lorsque le Premier ministre réfléchit à haute voix, tout le monde réfléchit à haute voix". Ce que je puis vous dire, c'est qu'il n'y a pas d'élément nouveau ; que nous ne souhaitons pas, à la direction de l'UMP, de l'urgence et de la précipitation ; que la question qui est posée n'est pas celle d'un ticket, car je vous rappelle que c'est un ticket à trois coupons - un président, un vice-président, un secrétaire général ; que ce qui fonde l'UMP, c'est l'union de trois familles, qui incarnent des courants de pensée
politique : les gaullistes - A. Juppé -, les centristes - P. Douste-Blazy -, les libéraux - J.-C. Gaudin. C'est donc autour de cet esprit de collégialité, d'union et d'esprit de réformes que nous devons envisager l'esprit de relève qu'a proposé A. Juppé."
Question : Le Figaro dit que "si ce scénario d'une alliance entre J.-P. Raffarin et
N. Sarkozy se réalisait, les proches d'A. Juppé souhaiteraient que cela soit vous, le secrétaire général". Accepteriez-vous ?
François Baroin (Réponse) : Mon énergie est mobilisée, à trois semaines d'un scrutin aussi important, au soutien de nos candidats. Nous avons des candidats aux cantonales, nous avons des candidats aux régionales. A. Juppé, avec courage et avec une immense dignité, a dit : "Je reste pour assurer la relève". Nous ne devons pas ni lui mettre une pression supplémentaire, dans une période douloureuse pour lui, ni affaiblir l'UMP par la diffusion de scénarii, qui peut-être un jour arriveront - je me félicite plutôt d'entendre parler "d'entente" et de "convivialité", de "collégialité", d'"union", mais je préfère que nous ayons un calendrier qui soit synchrone avec le temps électoral. Aujourd'hui, le cap est sur les élections.
Question : Vous vous félicitez que l'on entende parler "d'union", mais si le scénario annoncé se réalisait, avec comme président de l'UMP J.-P. Raffarin, qui ne vient pas de la famille gaulliste et avec, à ses côtés, N. Sarkozy, alors qu'actuellement il n'a actuellement pas de prise politique sur le parti, serait-ce pas une autre UMP ?
François Baroin (Réponse) : Voyez que si on faisait de la politique comme cela, on pourrait s'amuser beaucoup...
Question : Mais c'est comme cela que l'on en fait ce matin !
François Baroin (Réponse) : Pardonnez-moi, mais je n'irai pas sur votre terrain et je n'irai pas sur ce terrain-là des différents scénarii. Qu'il y ait de fortes personnalités à l'intérieur du Gouvernement comme à l'intérieur de l'UMP, c'est une chance pour l'UMP. Qu'il y ait un esprit d'union à respecter, c'est une nécessité. Et que l'UMP soit un parti de réformes et qu'il soit toujours devant pour apporter son soutien au président de la République, dans un schéma présidentiel qui est beaucoup plus court, qui est de cinq ans, je crois qu'il faudra également réfléchir à la manière dont l'accélération du rythme politique s'adapte aussi à la gestion d'un parti politique.
Question : Qu'est-ce que cela veut dire ?
François Baroin (Réponse) : Cela veut dire qu'un quinquennat ne se gère pas politiquement comme un septennat. Et cela veut dire que, lorsqu'il y a des ambitions, qui ne sont pas contestables et qui ne sont inexcusables, cela doit se gérer dans le temps. Et lorsqu'il y a un temps électoral, on ne mène pas une campagne en interne à l'intérieur d'une formation politique. Nous, nous avons des objectifs. J.-P. Raffarin a annoncé un printemps législatif sur la santé, sur l'emploi.
Question : Mais pourriez-vous être secrétaire général d'un parti où N. Sarkozy aurait un rôle important ? Vous, F. Baroin ?
François Baroin (Réponse) : Non, mais si on a fait l'union, c'est que l'on a tiré un trait sur les passés qui peuvent être douloureux des personnalités fortes. N. Sarkozy occupe un espace politique important, J.-P. Raffarin est le chef de la majorité, il y a une certaine cohérence à tout cela, mais une cohérence dans un calendrier qui doit être maîtrisé.
Question : Donc vous n'avez pas d'objections à formuler contre ce scénario ?
François Baroin (Réponse) : Mais je n'ai ni d'objections ni de soutien...
Question : Mais vous pourriez en avoir formulées ce matin... Vous avez été un des députés qui a le plus plaidé pour la loi sur la laïcité, qui va être votée cette semaine par le Sénat, après l'Assemblée nationale. La semaine dernière, il s'est produit un événement majeur, sur lequel aucun homme politique n'a réagi : le numéro 2 d'Al-Qaïda a dit que "l'interdiction du voile dans les écoles exprimait la rancune des Croisés occidentaux contre les musulmans". Est-ce qu'en votant cette loi, il faut avoir conscience que l'on s'expose encore plus au terrorisme ?
François Baroin (Réponse) : La seule réponse au terrorisme, c'est le courage, le courage individuel et le courage collectif. En entendant cela, on ne peut que se féliciter lorsque l'on a soutenu cette loi, de l'avoir fait voter, de l'avoir faite passer. Lors de la discussion général à l'Assemblée, j'ai lu un poème de Victor Hugo, qui s'appelle "Le voile", un poème de 1828. C'est l'histoire d'une soeur et de trois frères. La soeur se fait tuer par les trois frères, parce que son voile s'est levé, avec un coup de vent, et qu'elle a regardé un homme qui a croisé son regard. Et cela se termine par "un voile de trépas s'étend sur moi". Et le frère répond : "En voilà un que tu ne lèveras pas".
Question : Juste une dernière réflexion : les trois magistrats de Nanterre qui ont rendu la décision sur A. Juppé, ont refusé de témoigner sur les pressions qu'ils ont subies devant la commission créée par le président de la République. En revanche, on dit qu'ils vont témoigner cette semaine, devant le CSM. N'est-ce pas une mauvaise idée d'avoir créé cette commission ?
François Baroin (Réponse) : Ce n'est jamais une mauvaise idée de demander aux plus hauts magistrats de la France d'interroger des magistrats sur des doutes qu'ils ont pu avoir lorsqu'ils ont eu à juger d'une affaire. Je dirais que c'est une affaire à l'intérieur des magistrats. Le vice-président du Conseil d'Etat est un magistrat, il a été contesté ; le président de la Cour de cassation est un magistrat, il a été contesté. C'est assez corporatiste, tout de même, cette attitude.
(source http://www.u-m-p.org, le 2 mars 2004)