Texte intégral
(Déclaration à la presse de Dominique de Villepin à son arrivée à l'aéroport international de Khartoum, Khartoum le 20 février 2004)
Q - Vous venez pour la première fois au Soudan. Est-ce que votre visite représente l'engagement d'une coopération plus étroite avec le Soudan ?
R - Bien sûr, vous savez que c'est la première visite d'un ministre français des Affaires étrangères au Soudan. C'est important pour le Soudan et c'est important pour la France, parce que nous avons des relations très anciennes entre nos deux pays et nous souhaitons travailler ensemble pour l'avenir de façon très intense.
Les relations entre les dirigeants de nos deux pays sont excellentes : le président El-Béchir est venu il y a quelques mois à Paris, il parle très souvent avec le président Chirac par téléphone. J'ai moi-même d'excellentes relations avec mon ami, Moustapha Othman Ismail, et nous avons régulièrement des rencontres, qu'il s'agisse de rencontres à New York ou à Paris. Nous dialoguons ensemble sur les grands sujets d'intérêt commun, bien sûr l'avenir du Moyen-Orient, la situation du Proche-Orient, du Golfe, l'ensemble de la situation régionale, les relations Ethiopie/Erythrée, la situation bien évidemment avec la Centrafrique, la Côte d'Ivoire, tous les problèmes généraux africains d'intérêt commun, la situation du Soudan lui-même, la perspective de paix et de réconciliation.
Vous savez que nous sommes très mobilisés pour encourager et favoriser une évolution dans ce sens. C'est un élément très important, un événement, devrais-je dire, pour la communauté internationale que cette marche maintenant confirmée vers la paix et nous souhaitons dans ce contexte pouvoir développer avec le Soudan l'ensemble de notre coopération. Nous avons déjà commencé dans le domaine économique, commercial, dans le domaine humanitaire. Nous voulons apporter ce soutien de la France. Vous savez que nous avons une coopération qui a été en augmentation constante au cours de ces dernières années, mais nous voulons faire davantage car nous sommes convaincus que le Soudan a un rôle très important à jouer sur le plan régional, sur le plan de la stabilité de l'ensemble de cette région, et c'est évidemment pour nous un partenaire important.
Q - La France propose un partenariat conditionné. Pouvez-vous l'expliquer ?
R - Ce partenariat est conditionné par une seule chose avec le Soudan, c'est par l'amitié, l'amitié qui est la nôtre et quelle que soit la nature des difficultés pour le Soudan, qui sort de nombreuses années d'épreuves. Il y a un chemin avec les institutions financières internationales, il y a un chemin vis à vis de l'ensemble des grands partenaires économiques européens. Et bien, nous voulons aider le Soudan dans son dialogue avec l'ensemble de ces institutions, l'ensemble de ces Etats. Nous sommes convaincus qu'il y a beaucoup à faire, compte tenu de la capacité, de la richesse en hommes que représente le Soudan, de la richesse évidemment aussi de l'ensemble du pays. Compte tenu de ces enjeux, de ces enjeux si importants pour la paix, pour la stabilité de la région, je crois que chacun d'entre nous est mobilisé.
Q - Le Soudan souhaite adhérer à la Francophonie. Pourra-t-il un jour être membre à part entière ?
R - C'est une perspective qui s'ouvre. Chacun sait que le Français est important pour ce pays et nous sommes tout prêts à l'étudier avec l'ensemble des autres partenaires de la Francophonie bien évidemment. C'est une bonne nouvelle que cette aspiration du Soudan et nous souhaitons que tout cela puisse continuer d'avancer.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 février 2004)
(Entretien de Dominique de Villepin avec TV5, à Khartoum le 20 février 2004) :
Q - Pourquoi êtes-vous venu au Tchad et au Soudan ?
R - D'abord, c'est une région avec laquelle nous avons des relations très anciennes. Le Soudan, vous le savez, c'est le plus grand pays d'Afrique et c'est un pays qui après 20 ans de crise entrevoit enfin l'espoir de la réconciliation entre le Nord et le Sud. Mais il y a aussi à la frontière du Tchad une province, celle du Darfour, où la situation se détériore. Il était important pour moi de m'en entretenir avec le président Déby qui a marqué très clairement son engagement en faveur de l'unité du Tchad, en faveur du soutien à la politique menée par le président El-Béchir, une politique qui vise à essayer de réunir l'ensemble des forces, l'ensemble des parties concernées pour trouver une solution par le dialogue. J'ai pu rencontrer aussi longuement aujourd'hui le président El-Béchir pour justement faire le point à la fois sur la situation dans l'intérieur du pays mais aussi dans le cadre du développement de notre coopération. Vous savez que c'est un pays qui dispose d'importantes ressources humaines, d'importances ressources économiques, c'est un pays où il faut aussi reconstruire après tant d'année de crise. La France s'est mobilisée à la fois dans le domaine économique mais aussi dans le domaine politique pour accompagner les besoins du Tchad vis-à-vis de la communauté internationale.
Q - Justement, concrètement, qu'est-il ressorti de cette rencontre avec le président El-Béchir ?
R - D'abord la volonté commune qui s'exprime de part et d'autre, tant du côté du Tchad que du côté du Soudan, d'aller de l'avant pour, par le dialogue, essayer de résoudre la situation difficile du Darfour, pour prendre en compte aussi - et c'est très important - la situation humanitaire inquiétante de cette région. J'ai pu me rendre à Forchana dans l'un des six camps de réfugiés qui existent actuellement au Tchad, pour prendre la mesure de la situation, constater qu'il faut se préparer à des mois prochains difficiles compte tenu de la sécheresse qui règne dans cette région, et puis la perspective des pluies qui rendra cette région très difficile d'accès. Il faut donc se préparer pour les prochains mois. Il faut se préparer aussi à pouvoir tout faire pour permettre à ces populations de retourner chez elles. Les choses sont bien posées pour faire avancer le dialogue entre les uns et les autres et c'est important de se mobiliser rapidement.
Q - Vous nous avez parlé de pourparlers. Y a-t-il des échéances en ce qui concerne le Darfour ?
R - L'espoir, c'est que les négociations entre le Nord et le Sud du Soudan puissent aboutir à la mi-mars et c'est dans le même esprit que, actuellement, chacun travaille, pour ce qui est du Darfour, pour faire en sorte que les pourparlers entre les uns et les autres puissent aboutir à cette même période à la mi-mars. Vous voyez, c'est un calendrier serré qui exige la mobilisation de chacun et la France bien sûr est prête à apporter son concours, sa solidarité dans la mesure des besoins.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 février 2004)
(Allocution de Dominique de Villepin devant la communauté française, à Khartoum le 20 février 2004) :
Merci, Monsieur l'Ambassadeur, merci de votre accueil, merci à Madame Renaux de nous accueillir dans cette belle résidence, et merci à vous tous d'être venus nombreux.
C'est en effet une grande joie pour moi, avec mon collègue et ami Mustapha Othman Ismaïl, que de vous accueillir ici dans cette Maison de France et je n'aurais pas pu rêver une plus belle image de la France ce soir que celle de notre communauté française avec tant d'amis soudanais.
De mauvais esprits veulent nous faire croire que la diplomatie est un art du calcul, de l'arrière-pensée, de la tactique, et nous donnons la preuve ce soir que c'est l'art de servir l'amitié, l'amitié entre deux pays, l'amitié entre deux peuples.
Je l'ai dit au président El-Béchir ce soir, c'est pour un ministre des Affaires étrangères français un grand honneur et une grande fierté d'être ce soir à Khartoum. Un grand honneur parce que nous savons le chemin parcouru par votre pays, par votre peuple, tout au long de ces années, vingt années d'épreuves, vingt années de guerre, et aujourd'hui cet espoir de la réconciliation qui prend forme, que l'on peut toucher, que l'on sent, cet espoir auquel chacun d'entre nous veut oeuvrer pour le confirmer. Et nous entrevoyons déjà le futur de ce Soudan, ce Soudan pays le plus grand d'Afrique, nous le savons, nous le mesurons et nous savons aussi que derrière chacun des visages de ce pays ami, il y a une chose à laquelle, nous Français, nous sommes sensibles. C'est à la fois un très grand orgueil, l'orgueil d'appartenir à une grande lignée, à une grande tradition, mais en même temps une civilité extraordinaire qui fait que quand Français et Soudanais se retrouvent ensemble, c'est toujours dans un esprit de partage et de dialogue.
Des grandes figures françaises ont incarné cette solidarité entre nos deux pays et nos deux peuples. Je pense à des grands aventuriers comme Frédéric Cailliaud, je pense aussi à des chercheurs, à des archéologues, comme Jean Vercoutter et Jean Leclant, autant de figures qui ont fait rêver nos compatriotes français. Et il n'est aujourd'hui que de voir comment votre pays inspire certains des grands romanciers comme Olivier Rolin pour comprendre à quel point il y a, oui il y a, une fascination de la France envers votre pays, le Soudan. L'histoire qui se fait sous nos yeux va transformer non seulement la vie d'un peuple mais la vie de toute une région.
Je veux vous dire ce soir solennellement : la France est à vos côtés, elle l'est dans cette réconciliation soudanaise, et également dans la grande aventure de la reconstruction car nous sommes convaincus qu'il appartient au Soudan de reprendre très vite toute sa place dans cette communauté africaine.
Quand je dis toute sa place, c'est grâce à une expérience acquise tout au long de ces années, l'expérience mise au service d'une certaine idée de la paix, d'une certaine idée de l'homme. Je le vois à travers l'ensemble des représentants de votre pays qu'il m'est donné de rencontrer ici à Khartoum, ce soir le président El-Béchir, vos ministres, ceux que je vois à Paris ou à New York. Oui il y a une expérience spécifique du Soudan qui constitue pour l'Afrique aujourd'hui un réservoir de savoir, une leçon que nous voulons mettre à profit pour faire face à d'autres situations, d'autres crises, pouvoir tirer les leçons de ce qui réussit ici. Il y a bien une leçon du Soudan que vous nous donnez, que vous donnez à l'Afrique, que vous donnez à la communauté internationale.
A la communauté française, je voudrais dire que je connais les difficultés de l'éloignement, les difficultés de la vie quotidienne, mais je voudrais dire aussi à ces Français du Soudan combien nous avons conscience de la chance qui est la leur de vivre dans ce pays, combien nous leur sommes reconnaissants aussi d'être le visage de la France dans ce pays ami et combien nous souhaitons être à leurs côtés pour soutenir leurs efforts car nous voulons que la France puisse prendre toute sa place dans l'amitié avec ce grand pays qu'est le Soudan.
Je voudrais dire à mon collègue et ami Mustapha Othman Ismaïl à quel point je suis heureux ce soir de lui laisser la parole après moi parce que c'est un homme aux très nombreux talents ; entre autres, il écrit des livres. Il m'est arrivé d'en écrire aussi, mais lui est par ailleurs Docteur en médecine. Et quand on peut allier les qualités du diplomate et du médecin, je crois qu'on dispose de toutes les clés qui permettent véritablement de servir son pays. Donc je veux lui dire ici le respect et l'admiration pour le travail qui est le sien.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 février 2004)
Q - Vous venez pour la première fois au Soudan. Est-ce que votre visite représente l'engagement d'une coopération plus étroite avec le Soudan ?
R - Bien sûr, vous savez que c'est la première visite d'un ministre français des Affaires étrangères au Soudan. C'est important pour le Soudan et c'est important pour la France, parce que nous avons des relations très anciennes entre nos deux pays et nous souhaitons travailler ensemble pour l'avenir de façon très intense.
Les relations entre les dirigeants de nos deux pays sont excellentes : le président El-Béchir est venu il y a quelques mois à Paris, il parle très souvent avec le président Chirac par téléphone. J'ai moi-même d'excellentes relations avec mon ami, Moustapha Othman Ismail, et nous avons régulièrement des rencontres, qu'il s'agisse de rencontres à New York ou à Paris. Nous dialoguons ensemble sur les grands sujets d'intérêt commun, bien sûr l'avenir du Moyen-Orient, la situation du Proche-Orient, du Golfe, l'ensemble de la situation régionale, les relations Ethiopie/Erythrée, la situation bien évidemment avec la Centrafrique, la Côte d'Ivoire, tous les problèmes généraux africains d'intérêt commun, la situation du Soudan lui-même, la perspective de paix et de réconciliation.
Vous savez que nous sommes très mobilisés pour encourager et favoriser une évolution dans ce sens. C'est un élément très important, un événement, devrais-je dire, pour la communauté internationale que cette marche maintenant confirmée vers la paix et nous souhaitons dans ce contexte pouvoir développer avec le Soudan l'ensemble de notre coopération. Nous avons déjà commencé dans le domaine économique, commercial, dans le domaine humanitaire. Nous voulons apporter ce soutien de la France. Vous savez que nous avons une coopération qui a été en augmentation constante au cours de ces dernières années, mais nous voulons faire davantage car nous sommes convaincus que le Soudan a un rôle très important à jouer sur le plan régional, sur le plan de la stabilité de l'ensemble de cette région, et c'est évidemment pour nous un partenaire important.
Q - La France propose un partenariat conditionné. Pouvez-vous l'expliquer ?
R - Ce partenariat est conditionné par une seule chose avec le Soudan, c'est par l'amitié, l'amitié qui est la nôtre et quelle que soit la nature des difficultés pour le Soudan, qui sort de nombreuses années d'épreuves. Il y a un chemin avec les institutions financières internationales, il y a un chemin vis à vis de l'ensemble des grands partenaires économiques européens. Et bien, nous voulons aider le Soudan dans son dialogue avec l'ensemble de ces institutions, l'ensemble de ces Etats. Nous sommes convaincus qu'il y a beaucoup à faire, compte tenu de la capacité, de la richesse en hommes que représente le Soudan, de la richesse évidemment aussi de l'ensemble du pays. Compte tenu de ces enjeux, de ces enjeux si importants pour la paix, pour la stabilité de la région, je crois que chacun d'entre nous est mobilisé.
Q - Le Soudan souhaite adhérer à la Francophonie. Pourra-t-il un jour être membre à part entière ?
R - C'est une perspective qui s'ouvre. Chacun sait que le Français est important pour ce pays et nous sommes tout prêts à l'étudier avec l'ensemble des autres partenaires de la Francophonie bien évidemment. C'est une bonne nouvelle que cette aspiration du Soudan et nous souhaitons que tout cela puisse continuer d'avancer.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 février 2004)
(Entretien de Dominique de Villepin avec TV5, à Khartoum le 20 février 2004) :
Q - Pourquoi êtes-vous venu au Tchad et au Soudan ?
R - D'abord, c'est une région avec laquelle nous avons des relations très anciennes. Le Soudan, vous le savez, c'est le plus grand pays d'Afrique et c'est un pays qui après 20 ans de crise entrevoit enfin l'espoir de la réconciliation entre le Nord et le Sud. Mais il y a aussi à la frontière du Tchad une province, celle du Darfour, où la situation se détériore. Il était important pour moi de m'en entretenir avec le président Déby qui a marqué très clairement son engagement en faveur de l'unité du Tchad, en faveur du soutien à la politique menée par le président El-Béchir, une politique qui vise à essayer de réunir l'ensemble des forces, l'ensemble des parties concernées pour trouver une solution par le dialogue. J'ai pu rencontrer aussi longuement aujourd'hui le président El-Béchir pour justement faire le point à la fois sur la situation dans l'intérieur du pays mais aussi dans le cadre du développement de notre coopération. Vous savez que c'est un pays qui dispose d'importantes ressources humaines, d'importances ressources économiques, c'est un pays où il faut aussi reconstruire après tant d'année de crise. La France s'est mobilisée à la fois dans le domaine économique mais aussi dans le domaine politique pour accompagner les besoins du Tchad vis-à-vis de la communauté internationale.
Q - Justement, concrètement, qu'est-il ressorti de cette rencontre avec le président El-Béchir ?
R - D'abord la volonté commune qui s'exprime de part et d'autre, tant du côté du Tchad que du côté du Soudan, d'aller de l'avant pour, par le dialogue, essayer de résoudre la situation difficile du Darfour, pour prendre en compte aussi - et c'est très important - la situation humanitaire inquiétante de cette région. J'ai pu me rendre à Forchana dans l'un des six camps de réfugiés qui existent actuellement au Tchad, pour prendre la mesure de la situation, constater qu'il faut se préparer à des mois prochains difficiles compte tenu de la sécheresse qui règne dans cette région, et puis la perspective des pluies qui rendra cette région très difficile d'accès. Il faut donc se préparer pour les prochains mois. Il faut se préparer aussi à pouvoir tout faire pour permettre à ces populations de retourner chez elles. Les choses sont bien posées pour faire avancer le dialogue entre les uns et les autres et c'est important de se mobiliser rapidement.
Q - Vous nous avez parlé de pourparlers. Y a-t-il des échéances en ce qui concerne le Darfour ?
R - L'espoir, c'est que les négociations entre le Nord et le Sud du Soudan puissent aboutir à la mi-mars et c'est dans le même esprit que, actuellement, chacun travaille, pour ce qui est du Darfour, pour faire en sorte que les pourparlers entre les uns et les autres puissent aboutir à cette même période à la mi-mars. Vous voyez, c'est un calendrier serré qui exige la mobilisation de chacun et la France bien sûr est prête à apporter son concours, sa solidarité dans la mesure des besoins.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 février 2004)
(Allocution de Dominique de Villepin devant la communauté française, à Khartoum le 20 février 2004) :
Merci, Monsieur l'Ambassadeur, merci de votre accueil, merci à Madame Renaux de nous accueillir dans cette belle résidence, et merci à vous tous d'être venus nombreux.
C'est en effet une grande joie pour moi, avec mon collègue et ami Mustapha Othman Ismaïl, que de vous accueillir ici dans cette Maison de France et je n'aurais pas pu rêver une plus belle image de la France ce soir que celle de notre communauté française avec tant d'amis soudanais.
De mauvais esprits veulent nous faire croire que la diplomatie est un art du calcul, de l'arrière-pensée, de la tactique, et nous donnons la preuve ce soir que c'est l'art de servir l'amitié, l'amitié entre deux pays, l'amitié entre deux peuples.
Je l'ai dit au président El-Béchir ce soir, c'est pour un ministre des Affaires étrangères français un grand honneur et une grande fierté d'être ce soir à Khartoum. Un grand honneur parce que nous savons le chemin parcouru par votre pays, par votre peuple, tout au long de ces années, vingt années d'épreuves, vingt années de guerre, et aujourd'hui cet espoir de la réconciliation qui prend forme, que l'on peut toucher, que l'on sent, cet espoir auquel chacun d'entre nous veut oeuvrer pour le confirmer. Et nous entrevoyons déjà le futur de ce Soudan, ce Soudan pays le plus grand d'Afrique, nous le savons, nous le mesurons et nous savons aussi que derrière chacun des visages de ce pays ami, il y a une chose à laquelle, nous Français, nous sommes sensibles. C'est à la fois un très grand orgueil, l'orgueil d'appartenir à une grande lignée, à une grande tradition, mais en même temps une civilité extraordinaire qui fait que quand Français et Soudanais se retrouvent ensemble, c'est toujours dans un esprit de partage et de dialogue.
Des grandes figures françaises ont incarné cette solidarité entre nos deux pays et nos deux peuples. Je pense à des grands aventuriers comme Frédéric Cailliaud, je pense aussi à des chercheurs, à des archéologues, comme Jean Vercoutter et Jean Leclant, autant de figures qui ont fait rêver nos compatriotes français. Et il n'est aujourd'hui que de voir comment votre pays inspire certains des grands romanciers comme Olivier Rolin pour comprendre à quel point il y a, oui il y a, une fascination de la France envers votre pays, le Soudan. L'histoire qui se fait sous nos yeux va transformer non seulement la vie d'un peuple mais la vie de toute une région.
Je veux vous dire ce soir solennellement : la France est à vos côtés, elle l'est dans cette réconciliation soudanaise, et également dans la grande aventure de la reconstruction car nous sommes convaincus qu'il appartient au Soudan de reprendre très vite toute sa place dans cette communauté africaine.
Quand je dis toute sa place, c'est grâce à une expérience acquise tout au long de ces années, l'expérience mise au service d'une certaine idée de la paix, d'une certaine idée de l'homme. Je le vois à travers l'ensemble des représentants de votre pays qu'il m'est donné de rencontrer ici à Khartoum, ce soir le président El-Béchir, vos ministres, ceux que je vois à Paris ou à New York. Oui il y a une expérience spécifique du Soudan qui constitue pour l'Afrique aujourd'hui un réservoir de savoir, une leçon que nous voulons mettre à profit pour faire face à d'autres situations, d'autres crises, pouvoir tirer les leçons de ce qui réussit ici. Il y a bien une leçon du Soudan que vous nous donnez, que vous donnez à l'Afrique, que vous donnez à la communauté internationale.
A la communauté française, je voudrais dire que je connais les difficultés de l'éloignement, les difficultés de la vie quotidienne, mais je voudrais dire aussi à ces Français du Soudan combien nous avons conscience de la chance qui est la leur de vivre dans ce pays, combien nous leur sommes reconnaissants aussi d'être le visage de la France dans ce pays ami et combien nous souhaitons être à leurs côtés pour soutenir leurs efforts car nous voulons que la France puisse prendre toute sa place dans l'amitié avec ce grand pays qu'est le Soudan.
Je voudrais dire à mon collègue et ami Mustapha Othman Ismaïl à quel point je suis heureux ce soir de lui laisser la parole après moi parce que c'est un homme aux très nombreux talents ; entre autres, il écrit des livres. Il m'est arrivé d'en écrire aussi, mais lui est par ailleurs Docteur en médecine. Et quand on peut allier les qualités du diplomate et du médecin, je crois qu'on dispose de toutes les clés qui permettent véritablement de servir son pays. Donc je veux lui dire ici le respect et l'admiration pour le travail qui est le sien.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 février 2004)