Interview de M. Jean-Claude Gaudin, vice-président délégué de l'UMP, à France 2 le 25 février 2004, sur la préparation des élections régionales en région PACA, le soutien à la politique gouvernementale et la succesion d'Alain Juppé à la tête de l'UMP.

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Texte intégral

QUESTION : On va évidemment parler des élections régionales. [...] J. M. Le Pen a créé hier une nouvelle fois la surprise en annonçant qu'il déposerait un recours devant le Conseil d'Etat si le FN ne remportait pas les élections dans la région Provence Côte d'Azur, où il ne peut pas de présenter. Est ce que cela modifie la donne ? Cela peut il changer quelque chose ?
(RÉPONSE) JEAN-CLAUDE GAUDIN : Il peut commencer par préparer son recours, parce que le FN ne remportera pas les élections en PACA, où mon ami R. Muselier, que je soutiens beaucoup, est en pole position aujourd'hui. Monsieur Le Pen n'a qu'a s'en prendre qu'a lui même. On ne fait pas, quand on a la longévité politique qui est la sienne une erreur de débutant à ce point. On vérifie, on regarde.
QUESTION : Certains disent que ce n'est pas une erreur, et qu'en fait, il ne voulait pas vraiment se présenter.
(RÉPONSE) JEAN-CLAUDE GAUDIN : C'est que vraiment, il ne voulait pas se présenter, parce qu'effectivement, les sondages, depuis quelques temps ne lui sont pas favorables. Encore que le score du FN sera très élevé dans la région PACA.
QUESTION : J. M. Le Pen, lui, dit que le FN fera peut être même plus sans lui, parce qu'il pense que les électeurs vont considérer qu'il est victime d'une brimade en quelque sorte. C'est possible ?
(RÉPONSE) JEAN-CLAUDE GAUDIN : Je ne le crois pas. Sa présence physique était un plus pour cette formation politique. Il n'y ait pas, il n'y ait pas, cela change quand même fortement la donne.
QUESTION : Sur le fond des élections régionales, J. P. Raffarin, lui, dit que ce n'est pas un test national. Pourtant, inévitablement, on va tirer des leçons politiques de ce qui va se passer.
(RÉPONSE) JEAN-CLAUDE GAUDIN : Partout, les candidats essaient de présenter, de proposer un programme régional. Pour autant, nous n'avons pas à rougir de soutenir le Gouvernement. Nous avons, avec J. P. Raffarin, un excellent Premier ministre. Pour une fois qu'un Gouvernement fait la politique qu'il avait annoncée à l'avance et sur laquelle il a été élu, et une politique qui réussit quand même pas trop mal : regardez dans les 2 ou 3 jours qui viennent de s'écouler, l'affaire de la TVA pour les restaurateurs, avoir convaincu l'Allemagne de monsieur Schröder, c'est quand même quelque chose de très important et je crois qu'on peut le mettre à l'actif du Gouvernement ; hier, la loi sur les handicapés est aussi quelque chose de très important. Je crois que ce Gouvernement fait ce qu'il peut. Quand on pense qu'il y a aujourd'hui 300 000 Français, dont beaucoup de jeunes, qui sont expatriés, travaillent en Angleterre, parce que le carcan socialiste les a empêchés de se développer, je crois que nous avons encore beaucoup de choses à dire et beaucoup d'erreurs à réparer de la gestion socialiste. Et Dieu sait s'ils ont eu la durée et les bons chiffres de l'économie.
QUESTION : Alors pourquoi est ce que J. P. Raffarin dit toujours que ce n'est pas un test national ? C'est parce qu'il craint un mauvais résultat ?
(RÉPONSE) JEAN-CLAUDE GAUDIN : Je ne pense pas que nous devions craindre un mauvais résultat, bien que c'est nous qui gouvernons, par conséquent, il se peut qu'à mi mandat, il y ait cette tentation. Mais c'est surtout une tentation de la gauche. Que propose la gauche actuellement ? Qu'est ce qu'elle dit ? En dehors de tout critiquer systématiquement, la gauche n'est pas tellement crédible aujourd'hui, dans notre pays. Là où nos présidents de région ont été de bons présidents de région, là où ils ont construit des lycées, là où ils ont augmenté les kilomètres d'autoroutes, là où ils ont préparé l'avenir, comme ITER à Cadarache, par exemple vous vous rendez compte, qu'il y a 10 ans, nous avions construit, quand j'étais président de la région, un lycée international à Aix en Provence, en prévision d'ITER là où nos présidents de région ont été bons, et ils l'ont été généralement, nous n'avons pas à craindre de sanctions. C'est plutôt les socialistes qui devraient s'interroger sur la sanction qu'ils risquent de supporter une nouvelle fois, avec la présence de l'extrême gauche cette fois ci, pour les diminuer un peu.
QUESTION : F. Bayrou dit aussi que c'est un test national. Il dit même que cette élection va permettre de montrer que son parti, l'UDF, est vraiment devenu incontournable.
(RÉPONSE) JEAN-CLAUDE GAUDIN : F. Bayrou, à mon avis, fait une double erreur, parce qu'à l'automne, quand ça n'allait pas trop bien pour le Gouvernement, quand il y avait quelques difficultés pour le Gouvernement, il pensait que, selon le principe des vases communicants, que si ça n'allait pas trop bien pour le Gouvernement, et donc pour l'UMP, que ça allait bien pour l'UDF. Je ne le crois pas un brin ! Je crois que le principe des vases communicants sous la Vème République n'existe pas. On est bloc contre bloc...
QUESTION : ...C'est droite ou gauche ?
(RÉPONSE) JEAN-CLAUDE GAUDIN : Droite républicaine et centre contre une gauche, et maintenant aussi, une extrême gauche. Donc là, il se trompe. Deuxièmement, il devrait méditer ce que J. Lecanuet nous avait appris, à lui comme à moi. [...] Que disait il ? Que le Mouvement républicain populaire, qui avait été quelque chose d'extraordinaire, à la Libération, est mort, parce que ses élus et ses militants le poussaient toujours à gauche alors que leurs électeurs étaient à droite. Première chose pour nous : rassembler les nôtres. Et les nôtres sont contents de la politique que J. P. Raffarin mène dans le pays. Et si la presse nationale dit le contraire, cela n'a pas beaucoup d'importance, elle n'est pas beaucoup lue en province.
QUESTION : F. Bayrou dit que le rassemblement se fera au deuxième tour, mais est ce que les divisions du premier, cela n'aura pas quand même des conséquences ?
(RÉPONSE) JEAN-CLAUDE GAUDIN : Il est certain que cela freine la dynamique. Il y a seulement six régions en France où nous sommes arrivés à un accord UDF UMP, UMP UDF. Là, véritablement, la campagne est bien lancée. A partir du moment où dans les autres régions, il y a une confrontation du premier tour, nous verrons pour le second tour, ne commettons pas trop d'excès. Evidemment, cela ralentit un peu la progression que nous devrions normalement avoir.
QUESTION : A. Juppé a annoncé qu'il organiserait sa succession à l'automne. Il y a visiblement pas mal de candidats. Le meilleur, pour vous, c'est Raffarin ?
(RÉPONSE) JEAN-CLAUDE GAUDIN : Ce qui est arrivé à A. Juppé, c'est aussi un coup de tonnerre. Cet homme est un homme d'Etat, c'est un homme honnête, c'est un homme intègre, c'est un homme qui ne s'attendait pas à avoir une sanction aussi importante. L'inéligibilité pour nous, dans la classe politique, c'est quelque chose de très grave. Pour autant, il prend son temps. Il a droit, comme tous les autres Français de faire appel. Et donc, nous aurons un congrès de l'UMP à l'automne. D'ici là, nous avons d'autres échéances. Gagnons les régionales et les cantonales, après il y aura les européennes, après on soufflera un peu, ce sera l'été et à l'automne, on verra bien ce que l'on fera.
QUESTION : Mais faut il J. P. Raffarin ou N. Sarkozy pour lui succéder ?
(RÉPONSE) JEAN-CLAUDE GAUDIN : Nous n'en sommes pas encore là. Personnellement, je suis plutôt un homme de consensus. Je préférerais que l'on s'oriente vers une candidature unique et pas vers une confrontation. Mais on verra bien ce que les uns et les autres voudront. Je rassure ceux qui étaient inquiets il y a quelques jours. Moi, personnellement, j'ai été très heureux et je suis d'être vice président de l'UMP, mais je ne souhaite pas être président. Moi, ma vie politique est essentiellement à Marseille.
(Source http://www.u-m-p.org, le 26 février 2004)