Interview de M. Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux transports et à la mer, à "Europe 1" le 17 février 2004, sur les motivations du mouvement de grève des contrôleurs aériens.

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Média : Europe 1

Texte intégral

Q- C. Delay-. Les raisons de cette grève des aiguilleurs du ciel sont assez simples : aujourd'hui, l'espace aérien de la région parisienne est divisé en deux zones. Le Gouvernement souhaite les regrouper sur le modèle de ce qui se fait par exemple en Angleterre, pour les quatre aéroports de Londres. Ce projet est important pour quoi ? Pour la sécurité ?
R- "C'est un débat entre contrôleurs. Certains pensent qu'il faut maintenir deux types d'approche, deux approches organisées, l'une au départ de Roissy, l'une au départ d'Orly. Je précise pour vos auditeurs que l'approche, c'est tout ce qui fait la descente de l'avion avant qu'il aille directement sur la piste, avant d'atterrir. C'est vrai que c'est plus logique, aujourd'hui que le développement se fait à Roissy, où le trafic est plus important, que nous ayons une approche commune. Cela permettra une meilleure souplesse dans la gestion du trafic aérien et, vis-à-vis des riverains et des problèmes de nuisance sonore, certainement des améliorations importantes."
Q- C'est-à-dire, que vous dites deux choses : un, cela peut permettre d'atténuer les nuisances sonores, et deux, cela va améliorer la sécurité ?
R- "Absolument. Cela va améliorer la sécurité, la fluidité. Que fait un contrôleur aérien ? Il assure la sécurité : il faut que les avions arrivent en toute sécurité, avec une distance nécessaire. Il assure la fluidité, c'est-à-dire, le trafic dans les aéroports, pour qu'il n'y ait pas les retards, que ne supportent pas les clients à juste titre. Et troisièmement, il va de plus en plus intégrer le respect des procédures, pour que les hauteurs soient telles qu'elles ne gênent pas trop longtemps les riverains. Donc c'est tout cela qui pourrait être amélioré par une approche commune. Mais c'est un débat technique et le Gouvernement n'en fait pas quelque chose sur lequel nous sommes bloqués. C'est plutôt un débat entre les contrôleurs et entre les syndicats d'Orly et de Roissy, qu'entre les contrôleurs et le Gouvernement."
Q- Ce qui est un peu rageant en ce moment, en tant que passagers, c'est que douze contrôleurs en grève peuvent bloquer 60 % du trafic à Orly !
R- "C'est une excellente question. Vous savez qu'il y a un débat actuellement sur le service minimum, le service garanti, que G. de Robien anime. Et il existe déjà un service minimum. Mais ce service minimum fait que, dès qu'on a quelques personnes en grève, on arrête tout pour ne plus faire que 60 % des vols. Cela veut dire qu'à la limite, quand un contrôleur sur dix est en grève, on pénalise plus de six vols sur dix. C'est un système ancien qui, aujourd'hui, montre ses limites, et nous allons engager un dialogue social pour réfléchir à sa modification, parce qu'en voulant faire le bien, on pénalise trop finalement les clients du transport aérien."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 février 2004)