Texte intégral
Vingt mois n'auront pas été de trop pour commencer à remettre la France dans le bon sens. C'était la demande des Français, exprimée le 21 avril 2002 : retrouver le socle fondateur de nos valeurs républicaines. Nous les connaissons tous : liberté, égalité, fraternité. Mais leurs contrefaçons avaient fini par les défigurer. En leur lieu et place, certains voulaient mettre : contrainte, égalitarisme et bons sentiments.
Les réformes économiques et sociales engagées, et celles qu'il nous faut accomplir d'ici à 2007, sont la mise en oeuvre même de nos principes républicains. De même qu'il y a une économie administrée, malthusienne, archaïque, faite de partage de la pénurie, d'immobilisme social, de croissance continue des dépenses publiques, de même il y a une économie fondée sur la liberté de travailler, l'égalité des contributions, la fraternité et la promotion sociale.
Notre devise républicaine ne doit pas seulement être inscrite au fronton des mairies. Elle doit s'incarner dans notre réalité quotidienne, et donc dans la vie économique des Français.
La première des libertés économiques, c'est la possibilité pour chacun de trouver un emploi s'il le désire. Je veux être clair : si donner un emploi à chacun ne fait pas partie des fonctions régaliennes de l'Etat, il est en revanche du devoir des pouvoirs publics de créer les conditions économiques de l'emploi du plus grand nombre. A cette fin, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin s'est attaqué au chômage avec une méthode : libérer le travail pour libérer l'emploi.
En assouplissant la loi des 35 heures, en facilitant la création d'entreprises, en encourageant les investissements productifs, nous libérons les initiatives de tous ceux qui veulent concourir à des activités nouvelles.
La réforme de la taxe professionnelle récemment annoncée par le chef de l'Etat arrive à point nommé pour donner un coup de fouet aux investissements productifs de notre industrie et pour accompagner la croissance.
Etant donné le rôle essentiel et croissant de l'innovation technologique dans la compétitivité de notre économie immergée dans la globalisation et la concurrence, nous encourageons aussi les investissements privés en recherche et développement et dans les jeunes entreprises innovantes par toute une série de mesures techniques et d'incitations fiscales dont l'ampleur ne peut que croître.
Plus généralement, c'est toute la philosophie de la politique de l'emploi que nous voulons rénover. La nôtre est claire : l'accompagnement social du chômage fait partie de nos valeurs, mais il doit être au service de la reprise d'activité, et non de la rupture avec le monde du travail.
A court d'arguments sur le fond, de vertueux moralistes accusent le gouvernement de vouloir les culpabiliser, ou de faire la morale aux Français. Ils ne nous intimideront pas. Nous n'accusons pas les chômeurs ! Nous accusons en revanche un système qui leur nuit. Convaincus qu'il n'y a pas de pire situation que le chômage, nous fixons une priorité à notre politique, l'emploi.
C'est pourquoi nous augmentons la "prime pour l'emploi", à destination des salariés les plus pauvres et notamment de ceux qui reprennent un emploi ; c'est pourquoi nous harmonisons, par le haut, les différents smic, hérités des 35 heures : le pouvoir d'achat du smic horaire progressera de plus de 11 % sur 2003-2005, une revalorisation sans égale depuis vingt ans. Le but est clair : faire en sorte que les revenus du travail soient nettement supérieurs aux revenus de l'assistance, sans diminuer ceux-ci.
Il faut enfin cesser de jeter le discrédit sur les métiers manuels ou techniques, comme il faut cesser de rire des "petits boulots": il vaut mieux être un travailleur modeste, avec un espoir réel de promotion sociale, qu'un chômeur de longue durée, bénéficiant de la compassion affectée des voisins.
La liberté économique, c'est aussi la possibilité de jouir de la plus grande part du fruit de son travail. C'est pourquoi nous avons engagé un mouvement continu de baisse de l'impôt sur le revenu, qui porte déjà ses fruits avec la progression de la consommation des ménages. Cette décrue fiscale doit évidemment s'accompagner d'une rationalisation des dépenses publiques et d'une réforme de l'Etat.
La réforme des finances publiques, visant une meilleure lisibilité du budget de l'Etat, a précisément pour objectif de redonner aux Français, et d'abord à leurs représentants, une connaissance et donc un contrôle plus grand de l'emploi des contributions.
L'égalité, c'est d'abord celle des chances. A l'école, naissance, corporations, religions doivent s'effacer devant les principes de mobilité sociale et de mérite. Mais, au fil des ans, ses tâches se sont multipliées, ses missions sont devenues plus floues et plus incertaines. C'est pourquoi le gouvernement est déterminé à replacer l'école au coeur de la nation. Le grand débat sur l'école a permis de réfléchir ensemble aux métiers de l'éducation et à ses missions. Il débouchera sur l'action en s'incarnant dans une nouvelle loi d'orientation. C'est un enjeu majeur, car l'école est notre allié le plus sûr et le plus efficace pour lutter contre les inégalités.
Mais l'ascenseur social ne doit pas au mieux monter d'un palier par génération. Chacun, quelle que soit sa formation initiale, doit avoir une seconde chance. C'est en cela que l'accord sur la formation professionnelle tout au long de la vie signé par les partenaires sociaux est pour moi capital. Chaque salarié doit pouvoir évoluer, progresser, changer d'activité, ne pas être condamné à subir un destin, mais, de plus en plus, le choisir.
Nos entreprises doivent comprendre que la formation professionnelle, avant d'être un coût, est un investissement, une nécessité pour préparer l'avenir. Dans un monde qui ne les attend pas, elles ont intérêt à renouveler leur offre en augmentant en permanence la qualification de leurs salariés. J'attache aussi une grande importance à la création du RMA, qui permet aux chômeurs en fin de droit et aux titulaires du RMI de reprendre pied en donnant aux employeurs une puissante incitation.
Prendre l'ascenseur social, c'est aussi, pour beaucoup de nos concitoyens, créer sa propre entreprise. Près de 200 000 entreprises sont nées en 2003. Quelle formidable chance pour les jeunes aujourd'hui que de se lancer dans cette aventure !
Donner sa chance à chacun, c'est, dans l'administration, promouvoir le mérite. En instaurant le "salaire au mérite" dans la fonction publique (en commençant par les hauts fonctionnaires de mon ministère), le gouvernement souhaite valoriser l'efficacité dans le travail, le dévouement dans le service, permettre à l'excellence de faire son chemin plus vite qu'auparavant au sein de l'Etat.
Dans l'ordre politique, l'assistance mutuelle que se doivent les citoyens se manifeste à l'égard des contemporains : c'est notre Sécurité sociale. Le gouvernement s'est donné pour mission cette année de la réformer, comme il a, l'an dernier, restauré les bases du régime de retraites par répartition. Loin de brader la République sociale, nous voulons l'adapter aux contraintes de notre temps, en l'établissant sur des bases solides, car il n'est pas acceptable de faire supporter à nos enfants le financement de nos dépenses de santé aujourd'hui.
C'est le devoir de la France d'aujourd'hui de ne pas accabler de dettes la France de demain. Cela reviendrait à manger du pain blanc à crédit, en laissant le pain noir à nos enfants. Nous devons maîtriser l'évolution des déficits publics et alléger progressivement le poids de la dette, dont la croissance passée réduit déjà nos marges de manoeuvre au risque de les supprimer dans quelques années si nous n'avions pas commencé à réagir.
La dette publique atteint aujourd'hui 1 000 milliards d'euros, soit près de 15 000 euros par Français ! Pour la faire baisser, une seule solution : la maîtrise des dépenses publiques par la réforme de l'Etat et l'affectation de toutes les recettes générées par la croissance économique à la réduction du déficit. Notre engagement est formel : le volume des dépenses de l'Etat n'augmentera pas sur toute la durée de la législature. Les Français le savent au fond d'eux-mêmes : la réforme de l'Etat n'est pas seulement un impératif de management ou de gestion comptable, c'est une exigence de responsabilité à l'égard de nos enfants et petits-enfants.
Le vaste mouvement de réformes que nous avons engagé se poursuit. Il ne s'agit nullement de "réformer pour réformer", mais bien de réformer pour progresser, en retrouvant le socle intangible des principes qui sont au coeur de notre tradition républicaine.
(Source http://www.u-m-p.org, le 18 février 2004)
Les réformes économiques et sociales engagées, et celles qu'il nous faut accomplir d'ici à 2007, sont la mise en oeuvre même de nos principes républicains. De même qu'il y a une économie administrée, malthusienne, archaïque, faite de partage de la pénurie, d'immobilisme social, de croissance continue des dépenses publiques, de même il y a une économie fondée sur la liberté de travailler, l'égalité des contributions, la fraternité et la promotion sociale.
Notre devise républicaine ne doit pas seulement être inscrite au fronton des mairies. Elle doit s'incarner dans notre réalité quotidienne, et donc dans la vie économique des Français.
La première des libertés économiques, c'est la possibilité pour chacun de trouver un emploi s'il le désire. Je veux être clair : si donner un emploi à chacun ne fait pas partie des fonctions régaliennes de l'Etat, il est en revanche du devoir des pouvoirs publics de créer les conditions économiques de l'emploi du plus grand nombre. A cette fin, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin s'est attaqué au chômage avec une méthode : libérer le travail pour libérer l'emploi.
En assouplissant la loi des 35 heures, en facilitant la création d'entreprises, en encourageant les investissements productifs, nous libérons les initiatives de tous ceux qui veulent concourir à des activités nouvelles.
La réforme de la taxe professionnelle récemment annoncée par le chef de l'Etat arrive à point nommé pour donner un coup de fouet aux investissements productifs de notre industrie et pour accompagner la croissance.
Etant donné le rôle essentiel et croissant de l'innovation technologique dans la compétitivité de notre économie immergée dans la globalisation et la concurrence, nous encourageons aussi les investissements privés en recherche et développement et dans les jeunes entreprises innovantes par toute une série de mesures techniques et d'incitations fiscales dont l'ampleur ne peut que croître.
Plus généralement, c'est toute la philosophie de la politique de l'emploi que nous voulons rénover. La nôtre est claire : l'accompagnement social du chômage fait partie de nos valeurs, mais il doit être au service de la reprise d'activité, et non de la rupture avec le monde du travail.
A court d'arguments sur le fond, de vertueux moralistes accusent le gouvernement de vouloir les culpabiliser, ou de faire la morale aux Français. Ils ne nous intimideront pas. Nous n'accusons pas les chômeurs ! Nous accusons en revanche un système qui leur nuit. Convaincus qu'il n'y a pas de pire situation que le chômage, nous fixons une priorité à notre politique, l'emploi.
C'est pourquoi nous augmentons la "prime pour l'emploi", à destination des salariés les plus pauvres et notamment de ceux qui reprennent un emploi ; c'est pourquoi nous harmonisons, par le haut, les différents smic, hérités des 35 heures : le pouvoir d'achat du smic horaire progressera de plus de 11 % sur 2003-2005, une revalorisation sans égale depuis vingt ans. Le but est clair : faire en sorte que les revenus du travail soient nettement supérieurs aux revenus de l'assistance, sans diminuer ceux-ci.
Il faut enfin cesser de jeter le discrédit sur les métiers manuels ou techniques, comme il faut cesser de rire des "petits boulots": il vaut mieux être un travailleur modeste, avec un espoir réel de promotion sociale, qu'un chômeur de longue durée, bénéficiant de la compassion affectée des voisins.
La liberté économique, c'est aussi la possibilité de jouir de la plus grande part du fruit de son travail. C'est pourquoi nous avons engagé un mouvement continu de baisse de l'impôt sur le revenu, qui porte déjà ses fruits avec la progression de la consommation des ménages. Cette décrue fiscale doit évidemment s'accompagner d'une rationalisation des dépenses publiques et d'une réforme de l'Etat.
La réforme des finances publiques, visant une meilleure lisibilité du budget de l'Etat, a précisément pour objectif de redonner aux Français, et d'abord à leurs représentants, une connaissance et donc un contrôle plus grand de l'emploi des contributions.
L'égalité, c'est d'abord celle des chances. A l'école, naissance, corporations, religions doivent s'effacer devant les principes de mobilité sociale et de mérite. Mais, au fil des ans, ses tâches se sont multipliées, ses missions sont devenues plus floues et plus incertaines. C'est pourquoi le gouvernement est déterminé à replacer l'école au coeur de la nation. Le grand débat sur l'école a permis de réfléchir ensemble aux métiers de l'éducation et à ses missions. Il débouchera sur l'action en s'incarnant dans une nouvelle loi d'orientation. C'est un enjeu majeur, car l'école est notre allié le plus sûr et le plus efficace pour lutter contre les inégalités.
Mais l'ascenseur social ne doit pas au mieux monter d'un palier par génération. Chacun, quelle que soit sa formation initiale, doit avoir une seconde chance. C'est en cela que l'accord sur la formation professionnelle tout au long de la vie signé par les partenaires sociaux est pour moi capital. Chaque salarié doit pouvoir évoluer, progresser, changer d'activité, ne pas être condamné à subir un destin, mais, de plus en plus, le choisir.
Nos entreprises doivent comprendre que la formation professionnelle, avant d'être un coût, est un investissement, une nécessité pour préparer l'avenir. Dans un monde qui ne les attend pas, elles ont intérêt à renouveler leur offre en augmentant en permanence la qualification de leurs salariés. J'attache aussi une grande importance à la création du RMA, qui permet aux chômeurs en fin de droit et aux titulaires du RMI de reprendre pied en donnant aux employeurs une puissante incitation.
Prendre l'ascenseur social, c'est aussi, pour beaucoup de nos concitoyens, créer sa propre entreprise. Près de 200 000 entreprises sont nées en 2003. Quelle formidable chance pour les jeunes aujourd'hui que de se lancer dans cette aventure !
Donner sa chance à chacun, c'est, dans l'administration, promouvoir le mérite. En instaurant le "salaire au mérite" dans la fonction publique (en commençant par les hauts fonctionnaires de mon ministère), le gouvernement souhaite valoriser l'efficacité dans le travail, le dévouement dans le service, permettre à l'excellence de faire son chemin plus vite qu'auparavant au sein de l'Etat.
Dans l'ordre politique, l'assistance mutuelle que se doivent les citoyens se manifeste à l'égard des contemporains : c'est notre Sécurité sociale. Le gouvernement s'est donné pour mission cette année de la réformer, comme il a, l'an dernier, restauré les bases du régime de retraites par répartition. Loin de brader la République sociale, nous voulons l'adapter aux contraintes de notre temps, en l'établissant sur des bases solides, car il n'est pas acceptable de faire supporter à nos enfants le financement de nos dépenses de santé aujourd'hui.
C'est le devoir de la France d'aujourd'hui de ne pas accabler de dettes la France de demain. Cela reviendrait à manger du pain blanc à crédit, en laissant le pain noir à nos enfants. Nous devons maîtriser l'évolution des déficits publics et alléger progressivement le poids de la dette, dont la croissance passée réduit déjà nos marges de manoeuvre au risque de les supprimer dans quelques années si nous n'avions pas commencé à réagir.
La dette publique atteint aujourd'hui 1 000 milliards d'euros, soit près de 15 000 euros par Français ! Pour la faire baisser, une seule solution : la maîtrise des dépenses publiques par la réforme de l'Etat et l'affectation de toutes les recettes générées par la croissance économique à la réduction du déficit. Notre engagement est formel : le volume des dépenses de l'Etat n'augmentera pas sur toute la durée de la législature. Les Français le savent au fond d'eux-mêmes : la réforme de l'Etat n'est pas seulement un impératif de management ou de gestion comptable, c'est une exigence de responsabilité à l'égard de nos enfants et petits-enfants.
Le vaste mouvement de réformes que nous avons engagé se poursuit. Il ne s'agit nullement de "réformer pour réformer", mais bien de réformer pour progresser, en retrouvant le socle intangible des principes qui sont au coeur de notre tradition républicaine.
(Source http://www.u-m-p.org, le 18 février 2004)