Texte intégral
Mesdames,
Messieurs,
Je suis heureux de vous accueillir pour ce petit déjeuner de présentation à la presse de la conférence qui doit se dérouler prochainement à Paris sur le thème de l'énergie nucléaire pour le XXIe siècle. Elle aura lieu les 21 et 22 mars au Centre de conférences Pierre Mendès-France, ici, à Bercy.
Il s'agit d'une conférence de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui est une organisation spécialisée des Nations unies, dont le siège est à Vienne.
Cette organisation est soutenue, outre notre pays qui en est l'hôte, par l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et par l'Agence pour l'énergie nucléaire (AEN), dépendante de cette même OCDE, qui ont toutes deux leur siège à Paris.
C'est pourquoi sont rassemblés autour de moi pour vous présenter cette conférence M. Donald JOHNSTON, Secrétaire général de l'OCDE, accompagné de M. Luis ECHAVARRI, Directeur général de l'AEN, et M. Yuri SOKOLOV, Directeur général adjoint de l'AIEA pour les questions d'énergie nucléaire, qui représente ici M. EL BARADEI, Directeur général de l'agence de Vienne.
Ainsi, vous entendrez successivement, après ma brève intervention, celle de M. JOHNSTON et celle de M. SOKOLOV, avant que vous-mêmes ayez la parole pour poser des questions.
Pourquoi une telle conférence qui se donne pour objectif d'examiner l'énergie nucléaire à la lumière des données qui s'annoncent pour les politiques énergétiques du nouveau siècle ?
C'est que nous vivons, en ce tournant de siècle, une prise de conscience tout à fait nouvelle pour les opinions publiques des problèmes énergétiques. Car nous savons que nous ne pouvons plus assurer le développement économique de la planète avec les mêmes recettes que celles du passé. Il faut aujourd'hui rechercher les voies nouvelles de sources énergétiques, assurant ainsi notre développement de manière durable.
Cette exigence résulte de la prise de conscience soudaine de deux risques majeurs pour le siècle qui commence :
Le réchauffement climatique dû aux émissions de gaz à effet de serre par les énergies fossiles ; le développement économique des pays émergents, comme la poursuite du nôtre, ne peut plus dépendre du recours massif aux énergies fossiles.
Les incertitudes géopolitiques qui pèsent sur la sécurité de notre approvisionnement en énergies d'origine fossile. Il faut trouver des modes de production énergétique qui permettent de diversifier les sources d'approvisionnement en matières premières.
Cela conduit tout naturellement à réévaluer les mérites de l'énergie nucléaire, qui apporte des réponses face à ces inquiétudes. Toute la question est de savoir comment et dans quel cadre l'énergie nucléaire peut répondre pleinement à ces enjeux. C'est bien l'objectif de cette réévaluation que nous devons conduire en commun pour le bien-être de la planète. Aussi, cette nécessité d'évaluation implique de partager les fondamentaux de l'énergie et de replacer l'énergie nucléaire sous ce nouvel éclairage.
En France, nous avons procédé à cet exercice au travers du débat national sur l'énergie que nous avons mené en 2003, dont une des conclusions a mis en exergue le rôle central du nucléaire dans le mix énergétique français.
Notre objectif a donc été de calibrer au mieux ce mix énergétique entre les énergies nouvelles, le nucléaire et les innovations technologiques attendues, pour nous permettre de répondre en interne à l'échéance de 2020. C'est en effet à cette date que l'on commencera à voir la fin des réacteurs nucléaires actuellement en fonctionnement.
Nous nous sommes inscrits dans une dynamique de recherche en participant au programme Génération 4 pour les réacteurs du futur à l'horizon 2040, puis au programme de fusion ITER, qui s'inscrit dans un horizon encore plus lointain dans ce siècle.
Enfin, nous avons accompagné nos choix sur l'énergie nucléaire d'une réflexion plus large sur les conditions devant encadrer son développement.
En premier lieu, nous nous sommes attachés à répondre aux questions relatives aux déchets radioactifs, que ce soit au niveau national par la poursuite du processus prescrit par la loi BATAILLE de 1991, qui va conduire le gouvernement à présenter en 2006 les solutions préconisées par le vaste mouvement qui a allié pendant 15 années recherche scientifique et concertation démocratique transparente, ou que ce soit au niveau européen, où notre pays a soutenu les mesures législatives présentées par l'ancienne Commissaire à l'énergie, Mme Loyola de PALACIO, dans le domaine de la gestion des déchets radioactifs.
Par ailleurs, nous accordons une vigilance toute particulière à la mise en uvre d'une politique irréprochable en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection.
Enfin, la France est particulièrement attachée à la définition d'un cadre clair et rigoureux, permettant de répondre aux objectifs de non prolifération. Pour notre pays, seuls les Etats qui ont accepté de placer leur secteur nucléaire intégralement sous le contrôle de l'agence de Vienne, et se conformant strictement à leurs engagements internationaux en matière de non prolifération nucléaire, peuvent bénéficier des technologies nucléaires et développer cette énergie.
Pour conclure, il m'a semblé que la proposition faite par l'AIEA et l'OCDE de tenir à Paris une conférence sur l'énergie nucléaire dans une optique de politique énergétique s'inscrivait dans les préoccupations de la France. Elles sont d'ailleurs parfaitement résumées par le sous-titre de la conférence : Répondre au défi énergétique et environnemental.
Je souhaite en effet que notre pays soit présent dans tous les forums où se débattent ces questions essentielles pour notre avenir et que nous le fassions de manière démocratique et transparente, que ce soit en France, en Europe ou dans le monde.
C'est ainsi que notre conférence des 21 et 22 mars s'organisera autour des interventions des ministres qui présenteront la manière d'aborder ce sujet dans leurs pays respectifs, d'une part, et de deux tables rondes, d'autre part :
Le lundi après-midi, pour dresser le constat ; on y débattra des besoins et des ressources pour des nécessités environnementales, le réchauffement climatique et la gestion des déchets radioactifs.
Le mardi matin, pour débattre des stratégies possibles et de la place de l'énergie nucléaire dans ces stratégies. Les facteurs structurants de ces choix, que ce soit sur le plan de la société et de la démocratie, sur celui de l'économie et de la compétitivité des industries ou celui de la coopération internationale et des conditions de sa réalisation.
Notre pays s'offre ainsi de parler et d'échanger avec tous ceux qui le veulent, dans une attitude ouverte, des défis posés à la planète par les batailles de l'énergie qui attendent notre siècle.
Je vous remercie.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 15 mars 2005)
Messieurs,
Je suis heureux de vous accueillir pour ce petit déjeuner de présentation à la presse de la conférence qui doit se dérouler prochainement à Paris sur le thème de l'énergie nucléaire pour le XXIe siècle. Elle aura lieu les 21 et 22 mars au Centre de conférences Pierre Mendès-France, ici, à Bercy.
Il s'agit d'une conférence de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui est une organisation spécialisée des Nations unies, dont le siège est à Vienne.
Cette organisation est soutenue, outre notre pays qui en est l'hôte, par l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et par l'Agence pour l'énergie nucléaire (AEN), dépendante de cette même OCDE, qui ont toutes deux leur siège à Paris.
C'est pourquoi sont rassemblés autour de moi pour vous présenter cette conférence M. Donald JOHNSTON, Secrétaire général de l'OCDE, accompagné de M. Luis ECHAVARRI, Directeur général de l'AEN, et M. Yuri SOKOLOV, Directeur général adjoint de l'AIEA pour les questions d'énergie nucléaire, qui représente ici M. EL BARADEI, Directeur général de l'agence de Vienne.
Ainsi, vous entendrez successivement, après ma brève intervention, celle de M. JOHNSTON et celle de M. SOKOLOV, avant que vous-mêmes ayez la parole pour poser des questions.
Pourquoi une telle conférence qui se donne pour objectif d'examiner l'énergie nucléaire à la lumière des données qui s'annoncent pour les politiques énergétiques du nouveau siècle ?
C'est que nous vivons, en ce tournant de siècle, une prise de conscience tout à fait nouvelle pour les opinions publiques des problèmes énergétiques. Car nous savons que nous ne pouvons plus assurer le développement économique de la planète avec les mêmes recettes que celles du passé. Il faut aujourd'hui rechercher les voies nouvelles de sources énergétiques, assurant ainsi notre développement de manière durable.
Cette exigence résulte de la prise de conscience soudaine de deux risques majeurs pour le siècle qui commence :
Le réchauffement climatique dû aux émissions de gaz à effet de serre par les énergies fossiles ; le développement économique des pays émergents, comme la poursuite du nôtre, ne peut plus dépendre du recours massif aux énergies fossiles.
Les incertitudes géopolitiques qui pèsent sur la sécurité de notre approvisionnement en énergies d'origine fossile. Il faut trouver des modes de production énergétique qui permettent de diversifier les sources d'approvisionnement en matières premières.
Cela conduit tout naturellement à réévaluer les mérites de l'énergie nucléaire, qui apporte des réponses face à ces inquiétudes. Toute la question est de savoir comment et dans quel cadre l'énergie nucléaire peut répondre pleinement à ces enjeux. C'est bien l'objectif de cette réévaluation que nous devons conduire en commun pour le bien-être de la planète. Aussi, cette nécessité d'évaluation implique de partager les fondamentaux de l'énergie et de replacer l'énergie nucléaire sous ce nouvel éclairage.
En France, nous avons procédé à cet exercice au travers du débat national sur l'énergie que nous avons mené en 2003, dont une des conclusions a mis en exergue le rôle central du nucléaire dans le mix énergétique français.
Notre objectif a donc été de calibrer au mieux ce mix énergétique entre les énergies nouvelles, le nucléaire et les innovations technologiques attendues, pour nous permettre de répondre en interne à l'échéance de 2020. C'est en effet à cette date que l'on commencera à voir la fin des réacteurs nucléaires actuellement en fonctionnement.
Nous nous sommes inscrits dans une dynamique de recherche en participant au programme Génération 4 pour les réacteurs du futur à l'horizon 2040, puis au programme de fusion ITER, qui s'inscrit dans un horizon encore plus lointain dans ce siècle.
Enfin, nous avons accompagné nos choix sur l'énergie nucléaire d'une réflexion plus large sur les conditions devant encadrer son développement.
En premier lieu, nous nous sommes attachés à répondre aux questions relatives aux déchets radioactifs, que ce soit au niveau national par la poursuite du processus prescrit par la loi BATAILLE de 1991, qui va conduire le gouvernement à présenter en 2006 les solutions préconisées par le vaste mouvement qui a allié pendant 15 années recherche scientifique et concertation démocratique transparente, ou que ce soit au niveau européen, où notre pays a soutenu les mesures législatives présentées par l'ancienne Commissaire à l'énergie, Mme Loyola de PALACIO, dans le domaine de la gestion des déchets radioactifs.
Par ailleurs, nous accordons une vigilance toute particulière à la mise en uvre d'une politique irréprochable en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection.
Enfin, la France est particulièrement attachée à la définition d'un cadre clair et rigoureux, permettant de répondre aux objectifs de non prolifération. Pour notre pays, seuls les Etats qui ont accepté de placer leur secteur nucléaire intégralement sous le contrôle de l'agence de Vienne, et se conformant strictement à leurs engagements internationaux en matière de non prolifération nucléaire, peuvent bénéficier des technologies nucléaires et développer cette énergie.
Pour conclure, il m'a semblé que la proposition faite par l'AIEA et l'OCDE de tenir à Paris une conférence sur l'énergie nucléaire dans une optique de politique énergétique s'inscrivait dans les préoccupations de la France. Elles sont d'ailleurs parfaitement résumées par le sous-titre de la conférence : Répondre au défi énergétique et environnemental.
Je souhaite en effet que notre pays soit présent dans tous les forums où se débattent ces questions essentielles pour notre avenir et que nous le fassions de manière démocratique et transparente, que ce soit en France, en Europe ou dans le monde.
C'est ainsi que notre conférence des 21 et 22 mars s'organisera autour des interventions des ministres qui présenteront la manière d'aborder ce sujet dans leurs pays respectifs, d'une part, et de deux tables rondes, d'autre part :
Le lundi après-midi, pour dresser le constat ; on y débattra des besoins et des ressources pour des nécessités environnementales, le réchauffement climatique et la gestion des déchets radioactifs.
Le mardi matin, pour débattre des stratégies possibles et de la place de l'énergie nucléaire dans ces stratégies. Les facteurs structurants de ces choix, que ce soit sur le plan de la société et de la démocratie, sur celui de l'économie et de la compétitivité des industries ou celui de la coopération internationale et des conditions de sa réalisation.
Notre pays s'offre ainsi de parler et d'échanger avec tous ceux qui le veulent, dans une attitude ouverte, des défis posés à la planète par les batailles de l'énergie qui attendent notre siècle.
Je vous remercie.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 15 mars 2005)