Texte intégral
Le ministre de l'Education nationale était l'invité de RTL mercredi. Réagissant à l'information de notre station selon laquelle l'intersyndicale va lancer un appel à cesser le travail le lundi de Pentecôte, François Fillon affirme qu'il ne s'attend pas "à un grand bazar le 16 mai". A propos du référendum du 29 mai, il a demandé aux tenants du "Oui" à la Constitution européenne de ne pas "diaboliser" les partisans du "Non".
Q- Jean-Michel APHATIE : Bonjour François Fillon. On l'a appris hier soir en écoutant Jacques Chirac. Vous l'avez écouté bien sûr ?
R- François Fillon : avec un peu de décalage, parce que j'étais au Creusot hier soir, en meeting pour la Constitution.
Q- Et oui, tout le monde travaille. Alors on a appris, en écoutant Jacques Chirac, que la Constitution européenne était la fille de 1789 et on se demande ce que feraient les Européens sans nous. Heureusement qu'ils nous ont !
R- Ah c'est vrai que 1789 a joué un rôle important dans la définition de ce qu'on peut appeler aujourd'hui la civilisation européenne, même si naturellement cette civilisation est le fruit d'apports qui sont des apports mêlés.
Q- Et on inspire l'Europe aujourd'hui ? Nous sommes le phare de l'Europe, c'est ça la France ?
R- Je trouve que ce que le Président de la république a fait hier, c'est vraiment son rôle de chef de l'état. C'est à dire qu'il a ramené le débat sur la Constitution sur les sujets essentiels. Il a sorti du débat de politique intérieure pour montrer qu'au fond l'enjeu pour la France était un enjeu de civilisation. Il y a plusieurs modèles dans le monde. Il y a un modèle américain, il y a un modèle asiatique. Il y a un vrai modèle européen et c'est vrai que dans ce modèle européen, la France a pesé. Un modèle qui défend plus la personne, qui attache plus d'importance à l'état, qui attache plus d'importance au service public, à la protection sociale. Et la France a pesé pour que cette constitution soit conforme à ce modèle.
C'est pour ça qu'aujourd'hui dire non ça serait assez surprenant notamment pour tous ceux qui, en Europe, ne sont pas aussi enthousiasmes que nous sur ce modèle européen.
Q- On n'en fait pas un peu trop quand même quelque fois ? Que la constitution est française.
R- Elle n'est pas française. C'est un compromis. C'est d'ailleurs pour ça que ce texte a des défauts, c'est parce qu'il a fallu mettre d'accord 15 pays autour d'objectifs qui sont des objectifs communs. Mais c'est vrai qu'il y a un centre de gravité qui est plus franco-allemand que britannico-polonais. Et quand M. Schroder est venu à Paris il y a quelques jours, il a très montré ça en nous disant au fond, si aujourd'hui la France disait non, et bien ça basculerait dans le camp de ceux qui ont une autre vision de l'Europe.
Q- Il y avait autre chose d'intéressant dans le discours de Jacques Chirac. C'était les arguments qu'il employait. Christine Clerc y a fait référence. Il a beaucoup parlé de social, de service public, il a aussi cité un syndicaliste européen qui dit : "le capitalisme international n'a pas besoin de la Constitution et nous si". Et il a raison, nous dit Jacques Chirac. Il n'a pas pris sa carte au Parti socialiste, Jacques Chirac ?
R- Ça, ça se saurait !
Q- Non, je ne sais pas, quand on l'écoute, on se pose la question !
R- Je pense que tout le monde sait que Jacques Chirac a des convictions, qui sont d'ailleurs un peu celles que je partage au fond, ce qu'on appelle le gaullisme social.
Q- Vous seriez le fils de Jacques Chirac !
R- Le gaullisme social. Jacques Chirac est peut être le fils du Général de Gaulle. Et j'ai trouvé qu'il les avait défendus hier soir avec beaucoup d'engagement. Mais vous savez qu'il faut aujourd'hui faire ce travail d'engagement, parce que face au tombereau de mensonges et de contrevérités qui se sont déversés sur la France depuis plusieurs semaines s'agissant de la Constitution : "cette constitution qui signe la mort des services publics, qui va permettre le rétablissement de la peine de mort, qui va rendre quasiment obligatoire la législation sur le mariage homosexuel, sur le clonage des êtres humains, qui va empêcher de rester une république laïque". Il y a besoin de remettre les pendules à l'heure.
Q- Alors, justement Jacques Chirac l'a fait en disant "on ne peut pas se dire européen et voter non, ce n'est pas honnête. Feu sur Laurent Fabius ?
R- Oui, alors on a peut être avec le président de la république une toute petite divergence sur ce sujet. Moi j'ai voté non à Maastricht. Et j'avait été très blessé par cet ostracisme au fond de ceux qui votaient oui et qui considéraient que c'était une faute de défendre le non. Je considère qu'aujourd'hui, une grande partie des raisons de voter non à Maastricht amènent à voter oui au traité constitutionnel. Il y a beaucoup de corrections sur la politique économique, sur les institutions. Et puis surtout, c'est grâce à l'élargissement, la fin du danger du fédéralisme.
Q- C'est beau la dialectique.
R- Non, ce n'est vraiment pas de la dialectique. Regardez ce qui est aujourd'hui proposé dans la Constitution s'agissant des institutions démocratiques. Et relisez les discours qui étaient les nôtres, notamment ceux de Philippe Seguin, au moment de la bataille de Maastricht. Cela faisait vraiment partie des choses que nous réclamions. Alors, je ne dis pas qu'on a aujourd'hui totalement satisfaction mais il y a une vraie avancée. Une vraie avancée dans ce sens.
Ceci étant, il ne faut diaboliser les tenants du non. Ils ont des arguments. Cette constitution est un compromis. Elle a forcément des défauts. Et il ne faut pas faire croire aux Français que non seulement elle est parfaite mais qu'elle permettra de résoudre tous les problèmes. Parce que ça ils ne le croient pas et ils ont raison de ne pas le croire.
Q- Pour vous, François Fillon on peut se dire européen et appeler à voter "Non" ?
R- Oui, je pense que ce qu'à voulu dire le Président de la république, c'est qu'il y a des tenants du non qui sont des vrais combattants contre la cause européenne depuis toujours. Et cela devrait dire la vérité. Philippe de Villiers ou quelques autres ou Monsieur Besancenot ne sont pas européens. Ils défendent une autre organisation du monde et une autre organisation de la société et ils devraient avoir l'honnêteté de le dire.
Q- Le Président de la république a aussi évoqué, en réponse à des questions, une nouvelle impulsion après le 29 mai. C'est la fin de Jean-Pierre Raffarin ?
R- Oh ça je me garderai bien de faire le moindre pronostic. C'est le président de la république dans notre système politique assez particulière, assez original, français, qui décidera.
Ce qui est sur, c'est qu'aujourd'hui on n'a pas besoin de moindre effort mais de moins d'autorité. On a besoin de plus de réformes, de plus d'autorité, de plus de repères, de plus de valeurs. Et donc il faut amplifier l'effort.
Q- Et besoin d'hommes nouveaux à Matignon pour amplifier l'effort ?
R- Il faut toujours des hommes nouveaux. Il faut des femmes nouvelles, pas seulement à Matignon. Vous savez, c'est long, c'est dur, c'est fatiguant de faire ce travail dans un pays qui résiste aux changements même si en même temps il sanctionne ceux qui n'apportent pas les changements dont le pays a besoin. Et donc il faut en permanence mettre de l'énergie nouvelle.
Q- Puisque c'est une polémique de campagne, que pense le ministre de la république que vous êtes, François Fillon, ministre républicain, de l'entrée de Simone Veil en campagne ?
R- Oh, moi je pense que Simone Veil est une voix qui est tellement au-dessus de la mêlée et de la politique intérieure, que son entrée en campagne ne me choque pas.
Q- Ça ne vaut que pour elle ? Si un autre membre du Conseil du constitutionnel entrait en campagne pour le non, ça poserait problème ?
R- Il ne faudrait pas que l'ensemble du Conseil constitutionnel rentre en campagne.
Q- Le lundi de Pentecôte. Ce sera le bazar, tout le monde le sait. RTL annonce mais c'est une évidence, l'intersyndicale enseignante va appeler à la grève pour le 16 mai. Ça ne se passe pas bien, François Fillon ?
R- On verra, vous savez. Il n'y a pas depuis un certain nombre d'années de grèves extrêmement suivies dans l'éducation nationale.
Q- Vous pensez que celle-là ne le sera pas ?
R- Je ne suis pas sûr que ce soit du côté des enseignants que viennent les plus grandes difficultés. Je pense que beaucoup d'enseignants seront à leur poste. Ils ne le feront pas forcément avec enthousiasme. Mais je pense que beaucoup d'enseignants seront à leur poste. Ce qui est sans doute plus préoccupant, ce sont les décisions de certaines municipalités, en général de gauche, qui ne veulent pas mettre en oeuvre l'infrastructure nécessaire pour l'accueil des enfants, c'est à dire la cantine ou s'agissant des Conseils généraux, le transport scolaire.
Q- Ça va être un sacré bazar quand même ?
R- Je pense que vous l'avez tellement dit, que ça sera moins le bazar qu'on ne l'imagine.
Allez, les journalistes se trompent toujours un petit peu mais pas tout a fait quand même. François Fillon, fils de 1789, était l'invité de RTL ce matin.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 mai 2005)
Q- Jean-Michel APHATIE : Bonjour François Fillon. On l'a appris hier soir en écoutant Jacques Chirac. Vous l'avez écouté bien sûr ?
R- François Fillon : avec un peu de décalage, parce que j'étais au Creusot hier soir, en meeting pour la Constitution.
Q- Et oui, tout le monde travaille. Alors on a appris, en écoutant Jacques Chirac, que la Constitution européenne était la fille de 1789 et on se demande ce que feraient les Européens sans nous. Heureusement qu'ils nous ont !
R- Ah c'est vrai que 1789 a joué un rôle important dans la définition de ce qu'on peut appeler aujourd'hui la civilisation européenne, même si naturellement cette civilisation est le fruit d'apports qui sont des apports mêlés.
Q- Et on inspire l'Europe aujourd'hui ? Nous sommes le phare de l'Europe, c'est ça la France ?
R- Je trouve que ce que le Président de la république a fait hier, c'est vraiment son rôle de chef de l'état. C'est à dire qu'il a ramené le débat sur la Constitution sur les sujets essentiels. Il a sorti du débat de politique intérieure pour montrer qu'au fond l'enjeu pour la France était un enjeu de civilisation. Il y a plusieurs modèles dans le monde. Il y a un modèle américain, il y a un modèle asiatique. Il y a un vrai modèle européen et c'est vrai que dans ce modèle européen, la France a pesé. Un modèle qui défend plus la personne, qui attache plus d'importance à l'état, qui attache plus d'importance au service public, à la protection sociale. Et la France a pesé pour que cette constitution soit conforme à ce modèle.
C'est pour ça qu'aujourd'hui dire non ça serait assez surprenant notamment pour tous ceux qui, en Europe, ne sont pas aussi enthousiasmes que nous sur ce modèle européen.
Q- On n'en fait pas un peu trop quand même quelque fois ? Que la constitution est française.
R- Elle n'est pas française. C'est un compromis. C'est d'ailleurs pour ça que ce texte a des défauts, c'est parce qu'il a fallu mettre d'accord 15 pays autour d'objectifs qui sont des objectifs communs. Mais c'est vrai qu'il y a un centre de gravité qui est plus franco-allemand que britannico-polonais. Et quand M. Schroder est venu à Paris il y a quelques jours, il a très montré ça en nous disant au fond, si aujourd'hui la France disait non, et bien ça basculerait dans le camp de ceux qui ont une autre vision de l'Europe.
Q- Il y avait autre chose d'intéressant dans le discours de Jacques Chirac. C'était les arguments qu'il employait. Christine Clerc y a fait référence. Il a beaucoup parlé de social, de service public, il a aussi cité un syndicaliste européen qui dit : "le capitalisme international n'a pas besoin de la Constitution et nous si". Et il a raison, nous dit Jacques Chirac. Il n'a pas pris sa carte au Parti socialiste, Jacques Chirac ?
R- Ça, ça se saurait !
Q- Non, je ne sais pas, quand on l'écoute, on se pose la question !
R- Je pense que tout le monde sait que Jacques Chirac a des convictions, qui sont d'ailleurs un peu celles que je partage au fond, ce qu'on appelle le gaullisme social.
Q- Vous seriez le fils de Jacques Chirac !
R- Le gaullisme social. Jacques Chirac est peut être le fils du Général de Gaulle. Et j'ai trouvé qu'il les avait défendus hier soir avec beaucoup d'engagement. Mais vous savez qu'il faut aujourd'hui faire ce travail d'engagement, parce que face au tombereau de mensonges et de contrevérités qui se sont déversés sur la France depuis plusieurs semaines s'agissant de la Constitution : "cette constitution qui signe la mort des services publics, qui va permettre le rétablissement de la peine de mort, qui va rendre quasiment obligatoire la législation sur le mariage homosexuel, sur le clonage des êtres humains, qui va empêcher de rester une république laïque". Il y a besoin de remettre les pendules à l'heure.
Q- Alors, justement Jacques Chirac l'a fait en disant "on ne peut pas se dire européen et voter non, ce n'est pas honnête. Feu sur Laurent Fabius ?
R- Oui, alors on a peut être avec le président de la république une toute petite divergence sur ce sujet. Moi j'ai voté non à Maastricht. Et j'avait été très blessé par cet ostracisme au fond de ceux qui votaient oui et qui considéraient que c'était une faute de défendre le non. Je considère qu'aujourd'hui, une grande partie des raisons de voter non à Maastricht amènent à voter oui au traité constitutionnel. Il y a beaucoup de corrections sur la politique économique, sur les institutions. Et puis surtout, c'est grâce à l'élargissement, la fin du danger du fédéralisme.
Q- C'est beau la dialectique.
R- Non, ce n'est vraiment pas de la dialectique. Regardez ce qui est aujourd'hui proposé dans la Constitution s'agissant des institutions démocratiques. Et relisez les discours qui étaient les nôtres, notamment ceux de Philippe Seguin, au moment de la bataille de Maastricht. Cela faisait vraiment partie des choses que nous réclamions. Alors, je ne dis pas qu'on a aujourd'hui totalement satisfaction mais il y a une vraie avancée. Une vraie avancée dans ce sens.
Ceci étant, il ne faut diaboliser les tenants du non. Ils ont des arguments. Cette constitution est un compromis. Elle a forcément des défauts. Et il ne faut pas faire croire aux Français que non seulement elle est parfaite mais qu'elle permettra de résoudre tous les problèmes. Parce que ça ils ne le croient pas et ils ont raison de ne pas le croire.
Q- Pour vous, François Fillon on peut se dire européen et appeler à voter "Non" ?
R- Oui, je pense que ce qu'à voulu dire le Président de la république, c'est qu'il y a des tenants du non qui sont des vrais combattants contre la cause européenne depuis toujours. Et cela devrait dire la vérité. Philippe de Villiers ou quelques autres ou Monsieur Besancenot ne sont pas européens. Ils défendent une autre organisation du monde et une autre organisation de la société et ils devraient avoir l'honnêteté de le dire.
Q- Le Président de la république a aussi évoqué, en réponse à des questions, une nouvelle impulsion après le 29 mai. C'est la fin de Jean-Pierre Raffarin ?
R- Oh ça je me garderai bien de faire le moindre pronostic. C'est le président de la république dans notre système politique assez particulière, assez original, français, qui décidera.
Ce qui est sur, c'est qu'aujourd'hui on n'a pas besoin de moindre effort mais de moins d'autorité. On a besoin de plus de réformes, de plus d'autorité, de plus de repères, de plus de valeurs. Et donc il faut amplifier l'effort.
Q- Et besoin d'hommes nouveaux à Matignon pour amplifier l'effort ?
R- Il faut toujours des hommes nouveaux. Il faut des femmes nouvelles, pas seulement à Matignon. Vous savez, c'est long, c'est dur, c'est fatiguant de faire ce travail dans un pays qui résiste aux changements même si en même temps il sanctionne ceux qui n'apportent pas les changements dont le pays a besoin. Et donc il faut en permanence mettre de l'énergie nouvelle.
Q- Puisque c'est une polémique de campagne, que pense le ministre de la république que vous êtes, François Fillon, ministre républicain, de l'entrée de Simone Veil en campagne ?
R- Oh, moi je pense que Simone Veil est une voix qui est tellement au-dessus de la mêlée et de la politique intérieure, que son entrée en campagne ne me choque pas.
Q- Ça ne vaut que pour elle ? Si un autre membre du Conseil du constitutionnel entrait en campagne pour le non, ça poserait problème ?
R- Il ne faudrait pas que l'ensemble du Conseil constitutionnel rentre en campagne.
Q- Le lundi de Pentecôte. Ce sera le bazar, tout le monde le sait. RTL annonce mais c'est une évidence, l'intersyndicale enseignante va appeler à la grève pour le 16 mai. Ça ne se passe pas bien, François Fillon ?
R- On verra, vous savez. Il n'y a pas depuis un certain nombre d'années de grèves extrêmement suivies dans l'éducation nationale.
Q- Vous pensez que celle-là ne le sera pas ?
R- Je ne suis pas sûr que ce soit du côté des enseignants que viennent les plus grandes difficultés. Je pense que beaucoup d'enseignants seront à leur poste. Ils ne le feront pas forcément avec enthousiasme. Mais je pense que beaucoup d'enseignants seront à leur poste. Ce qui est sans doute plus préoccupant, ce sont les décisions de certaines municipalités, en général de gauche, qui ne veulent pas mettre en oeuvre l'infrastructure nécessaire pour l'accueil des enfants, c'est à dire la cantine ou s'agissant des Conseils généraux, le transport scolaire.
Q- Ça va être un sacré bazar quand même ?
R- Je pense que vous l'avez tellement dit, que ça sera moins le bazar qu'on ne l'imagine.
Allez, les journalistes se trompent toujours un petit peu mais pas tout a fait quand même. François Fillon, fils de 1789, était l'invité de RTL ce matin.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 mai 2005)