Texte intégral
Q- L'affaire Hollande...
R- Je n'en ai pas ...
Q- L'affaire Gaymard, pardon !
R- Je préfère !
Q- Quel est votre sentiment ? Pensez-vous que le Gouvernement devrait sanctionner H. Gaymard et s'en séparer aujourd'hui ?
R- D'abord, à titre personnel, je ne participe pas à l'acharnement. Je suis responsable de l'opposition, je dois me fixer des principes, comme d'ailleurs, tout acteur public. Est-ce qu'il y a eu des manquements aux règles ? Oui, il y a eu deux manquements. Le premier venant du ministre lui-même, c'est-à-dire qu'il a, on le sait maintenant, fait louer par l'Etat un appartement en dehors du ministère, alors qu'il exerçait une fonction importante, qui justifiait un appartement de fonction, mais au ministère, et qu'il avait par ailleurs lui-même un appartement à Paris ; c'est le premier manquement. Il y en a eu un second, qui a été celui commis par Matignon et le Premier ministre, car il y a bien eu autorisation de cette location. Voilà ce qui a choqué, à juste raison, l'opinion publique et au-delà de l'opinion publique, car il faut voir l'effet ravageur d'une telle image de la France. Ensuite, quelle est la situation politique qui est ainsi créée ? C'est un problème de crédibilité, d'autorité, d'image disais-je, du Gouvernement. Forcément, la question est posée au président de la République : comment faire avec un gouvernement qui est aussi faible, si fragile, aussi atteint ? Cette question-là, il ne pourra pas la contourner plus longtemps.
Q- Mais quand vous dites qu'il "ne pourra pas la contourner plus longtemps", est-ce qu'il pourrait réparer le mal en démissionnant H. Gaymard ?
R- C'est au président de la République de décider. Mais ce qui est sûr, c'est que ne rien faire, ne rien dire, attendre que l'orage passe, que les médias se fatiguent, que la pression diminue, c'est la pire des réponses. On la connaît, elle a déjà été pratiquée en d'autres temps et avec d'autres. Là, je dis que c'est au président de la République - et pas au Premier ministre, qui a lui-même commis un manquement - de dire s'il peut, avec ce Gouvernement, avec un autre, je n'en sais rien, continuer à servir l'Etat comme c'est aujourd'hui sa charge.
Q- Vous êtes en train de suggérer, si je comprends bien, en impliquant également le Premier ministre et en reportant la décision sur le président de la République, qu'en réalité, c'est un changement de Gouvernement qui s'imposerait pour retrouver une crédibilité ?
R- Cette question est posée depuis les élections régionales et européennes. Elle est posée et reposée à partir d'une contestation qui n'a cessé de s'amplifier dans le pays. Elle est posée par l'impopularité même du Gouvernement et elle est posée encore aujourd'hui par la situation qui est celle d'un affaiblissement, d'un amoindrissement de l'action de la France dans son coeur-même, c'est-à-dire la politique économique et sociale du pays. Ces questions-là sont posées, elles sont mêmes amplifiées aujourd'hui, et le président de la République ne peut pas rester forcément silencieux.
Q- Par ailleurs, et sur un autre terrain, le terrain social, il va y avoir ces manifestations, le 10 mars prochain. Estimez-vous, à un moment où la délégation olympique va venir à Paris, que c'est opportun ?
R- Il y a une démocratie sociale en France, il y a des mouvements qui sont décidés, et qui ne sont pas décidés en fonction de visites de délégations, par ailleurs tout à fait essentielles pour les Jeux Olympiques de 2012. La réaction du maire de Paris, B. Delanoë, m'a paru la meilleure, c'est- à- dire à la fois la reconnaissance qu'il y a un mouvement social et que l'on ne peut pas en changer nécessairement les dates ...
Q- Enfin, est-ce que le bon sens, ce n'est pas de le faire deux jours plus tard ou trois jours
plus tôt ?
R- ... Et de l'autre, le souci de faire réussir le dossier Paris pour les JO. Je pense que l'engagement principal, qui a été d'ailleurs pris par l'ensemble des syndicats, c'est de dire - ce sera peut-être l'occasion de la faire lors de la visite de la délégation du CIO - qu'il y aura nécessairement un soutien de toutes les organisations syndicales à ce dossier de Paris ville olympique pour 2012.
Q- Vous vous souvenez de ce qui s'était passé pour la Coupe de l'America à Marseille, où une grève des éboueurs avait fait très mauvaise impression sur les Suisses, et finalement, c'est Valence qui l'a emporté. Je ne dis que c'est le facteur déterminant, mais cela n'a pas joué en faveur de Marseille...
R- La responsabilité est quand même du côté du Gouvernement. C'est quand même un comble de dire aux organisations syndicales qu'elles ne devraient pas avoir telle ou telle action ce jour-là, parce qu'il y a telle ou telle visite, alors que ces partenaires sociaux cherchent un dialogue avec l'Etat, avec le Gouvernement et ne parviennent pas à le trouver. Il y a encore du temps, cet évènement est prévu le 10 ; eh bien, jusqu'au 10, que le Gouvernement prenne un certain nombre d'initiatives.
Q- Ce n'est pas du chantage, ça ?!
R- Ce serait du chantage que de dire, parce qu'il y a une délégation qui vient du CIO, il faudrait cesser tout mouvement social dans toute cette période.
Q- Les socialistes seront présents dans cette manifestation, comme ils l'ont été dans la manifestation sur les 35 heures ?
R- Je pense que c'est aux organisations syndicales de décider des mouvements et de les organiser. Mais lorsqu'il s'agit d'une question comme celle du temps de travail, ou plus largement, des salaires et de l'emploi, il est normal que les socialistes, grande formation politique, soient dans les manifestations. Je ne dis pas "à la place des organisations syndicales", mais qu'ils soutiennent un certain nombre d'actions, tout en sachant que - et le plus tôt sera le mieux - nous aurons nous aussi à prendre nos responsabilités, et que nous ne pouvons pas entonner n'importe quelle revendication.
Q- J'ouvre une parenthèse sur la situation à Orly et à Roissy : ces grèves qui prennent les passagers en otages, les approuvez-vous, les regardez-vous avec circonspection, les désapprouvez-vous ?
R- Je préfère toujours qu'il n'y ait pas de grève, qu'il n'y ait pas de conflit et que l'on arrive, par le dialogue, à trouver des solutions. Prenons le cas d'Orly : il y a d'abord eu une hôtesse de l'air qui est morte à la suite d'un accident. Je pense qu'il faut quand même avoir ce moment de recueillement. Et puis, il y a ensuite une enquête, qui doit forcément être diligentée. Il y a des rapports qui sortent sur la sécurité du travail, notamment pour les passerelles à Orly. Eh bien, là encore, que l'on cherche une médiation, que l'on recherche un dialogue et que l'on évite l'affrontement, parce qu'il est préjudiciable à tous, aux usagers d'abord, aux personnels, à la direction et même à l'entreprise. Je pense que ce devrait être le premier des réflexes d'une direction d'entreprise, mais aussi, d'ailleurs, le premier des réflexes d'une organisation syndicale, quelle qu'elle soit : c'est de chercher, d'abord par le dialogue et la négociation, une solution à un conflit avant de le déclencher.
Q- D'une manière plus générale, sentez-vous un climat social explosif ? Avez-vous envie de souffler sur les braises ? Attendez-vous un printemps social extrêmement chaud ?
R- Je sens qu'il y a un pays qui est, à juste raison inquiet, et qui est inquiet non seulement d'une situation économique mais surtout, d'un Gouvernement incapable de fixer la direction et le sens. Donc, je dis aujourd'hui que la réponse n'est pas dans l'ampleur d'un mouvement social dont il faudrait stimuler l'ardeur - ce n'est pas mon rôle... C'est surtout de faire en sorte qu'il puisse y avoir un Etat, un gouvernement, un président de la République qui répondent aux questions qui sont posées.
Q- Lundi, le Congrès est réuni ; deux questions sont à l'ordre du jour. D'une part, la révision de la Constitution préalable au référendum sur la Constitution européenne, et deuxièmement, l'adoption de la Charte sur l'environnement. Etes-vous toujours décidé à dire "oui" à la révision de la Constitution et "non" à la Charte, ce qui est un peu surprenant.
R- Ce qui est surprenant, c'est qu'on ait mis ces deux sujets à la fois. J'avais dit au président de la République, lorsqu'il m'avait reçu sur la question de la révision de la Constitution préalable à la ratification du traité constitutionnel, que c'était un sujet suffisamment important, suffisamment grave, suffisamment présent dans l'opinion publique, puisque nous allons avoir un référendum dans quelques semaines, pour qu'il ne soit pas obstrué ou confondu avec un autre sujet, notamment la Charte de l'environnement. Pour la Charte de l'environnement, c'est un sujet qui a fait déjà controverse au Parlement, à l'Assemblée nationale comme au Sénat...
Q- Et au Parti socialiste, d'ailleurs...
R- Oui, dans toutes les formations politiques, soyons justes. Parce qu'il y a des principes qui sont utiles et des applications qui peuvent être difficiles ou délicates. Donc, j'avais dit que c'est un sujet qui méritera examen le moment venu ; déconnectons les deux sujets. Visiblement, je n'ai pas été entendu, on les a confondus. Ce que je peux vous dire, lundi, c'est que les groupes du Parlement, Assemblée nationale et Sénat vont se réunir pour le PS, et que nous ferons le choix qui nous paraîtra à fois le plus judicieux au nom de l'esprit de responsabilité qu'est le notre - j'y reviendrai - et en même temps qui soit quand même celui de nous opposer à une pratique qui n'est pas acceptable dans une démocratie. Il y a un sujet, il ne devait n'y en avoir qu'un seul, on nous en met un deuxième ; eh bien, permettez que sur ce deuxième sujet, nous manifestions, avec esprit de responsabilité, une certaine réserve par rapport à ce qui a été décidé par le président de la République.
Q- Traduction concrète de cette réserve ?
R- Il y aura deux options qui seront ouvertes : soit nous nous opposerons à la méthode et nous dirons "non", mais c'est vrai que ce serait au détriment de la Charte. Soit nous refuserons de participer à ce vote, et à ce moment-là, la Charte pourrait être adoptée mais convenons que ce ne serait pas, finalement, de la part du président de la République, la bonne procédure. Il eut mieux valu prendre le temps nécessaire et adopter la Charte dans les meilleures conditions.
Q- Au regard des rapports de forces, vous ne ferez pas ce qui pourrait entraîner l'échec de la Charte ?
R- Le Parti socialiste, d'une manière générale - et j'en ai fait preuve aujourd'hui - a un esprit de responsabilité et sait ce qu'il doit faire pour le pays.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 25 février 2005)
R- Je n'en ai pas ...
Q- L'affaire Gaymard, pardon !
R- Je préfère !
Q- Quel est votre sentiment ? Pensez-vous que le Gouvernement devrait sanctionner H. Gaymard et s'en séparer aujourd'hui ?
R- D'abord, à titre personnel, je ne participe pas à l'acharnement. Je suis responsable de l'opposition, je dois me fixer des principes, comme d'ailleurs, tout acteur public. Est-ce qu'il y a eu des manquements aux règles ? Oui, il y a eu deux manquements. Le premier venant du ministre lui-même, c'est-à-dire qu'il a, on le sait maintenant, fait louer par l'Etat un appartement en dehors du ministère, alors qu'il exerçait une fonction importante, qui justifiait un appartement de fonction, mais au ministère, et qu'il avait par ailleurs lui-même un appartement à Paris ; c'est le premier manquement. Il y en a eu un second, qui a été celui commis par Matignon et le Premier ministre, car il y a bien eu autorisation de cette location. Voilà ce qui a choqué, à juste raison, l'opinion publique et au-delà de l'opinion publique, car il faut voir l'effet ravageur d'une telle image de la France. Ensuite, quelle est la situation politique qui est ainsi créée ? C'est un problème de crédibilité, d'autorité, d'image disais-je, du Gouvernement. Forcément, la question est posée au président de la République : comment faire avec un gouvernement qui est aussi faible, si fragile, aussi atteint ? Cette question-là, il ne pourra pas la contourner plus longtemps.
Q- Mais quand vous dites qu'il "ne pourra pas la contourner plus longtemps", est-ce qu'il pourrait réparer le mal en démissionnant H. Gaymard ?
R- C'est au président de la République de décider. Mais ce qui est sûr, c'est que ne rien faire, ne rien dire, attendre que l'orage passe, que les médias se fatiguent, que la pression diminue, c'est la pire des réponses. On la connaît, elle a déjà été pratiquée en d'autres temps et avec d'autres. Là, je dis que c'est au président de la République - et pas au Premier ministre, qui a lui-même commis un manquement - de dire s'il peut, avec ce Gouvernement, avec un autre, je n'en sais rien, continuer à servir l'Etat comme c'est aujourd'hui sa charge.
Q- Vous êtes en train de suggérer, si je comprends bien, en impliquant également le Premier ministre et en reportant la décision sur le président de la République, qu'en réalité, c'est un changement de Gouvernement qui s'imposerait pour retrouver une crédibilité ?
R- Cette question est posée depuis les élections régionales et européennes. Elle est posée et reposée à partir d'une contestation qui n'a cessé de s'amplifier dans le pays. Elle est posée par l'impopularité même du Gouvernement et elle est posée encore aujourd'hui par la situation qui est celle d'un affaiblissement, d'un amoindrissement de l'action de la France dans son coeur-même, c'est-à-dire la politique économique et sociale du pays. Ces questions-là sont posées, elles sont mêmes amplifiées aujourd'hui, et le président de la République ne peut pas rester forcément silencieux.
Q- Par ailleurs, et sur un autre terrain, le terrain social, il va y avoir ces manifestations, le 10 mars prochain. Estimez-vous, à un moment où la délégation olympique va venir à Paris, que c'est opportun ?
R- Il y a une démocratie sociale en France, il y a des mouvements qui sont décidés, et qui ne sont pas décidés en fonction de visites de délégations, par ailleurs tout à fait essentielles pour les Jeux Olympiques de 2012. La réaction du maire de Paris, B. Delanoë, m'a paru la meilleure, c'est- à- dire à la fois la reconnaissance qu'il y a un mouvement social et que l'on ne peut pas en changer nécessairement les dates ...
Q- Enfin, est-ce que le bon sens, ce n'est pas de le faire deux jours plus tard ou trois jours
plus tôt ?
R- ... Et de l'autre, le souci de faire réussir le dossier Paris pour les JO. Je pense que l'engagement principal, qui a été d'ailleurs pris par l'ensemble des syndicats, c'est de dire - ce sera peut-être l'occasion de la faire lors de la visite de la délégation du CIO - qu'il y aura nécessairement un soutien de toutes les organisations syndicales à ce dossier de Paris ville olympique pour 2012.
Q- Vous vous souvenez de ce qui s'était passé pour la Coupe de l'America à Marseille, où une grève des éboueurs avait fait très mauvaise impression sur les Suisses, et finalement, c'est Valence qui l'a emporté. Je ne dis que c'est le facteur déterminant, mais cela n'a pas joué en faveur de Marseille...
R- La responsabilité est quand même du côté du Gouvernement. C'est quand même un comble de dire aux organisations syndicales qu'elles ne devraient pas avoir telle ou telle action ce jour-là, parce qu'il y a telle ou telle visite, alors que ces partenaires sociaux cherchent un dialogue avec l'Etat, avec le Gouvernement et ne parviennent pas à le trouver. Il y a encore du temps, cet évènement est prévu le 10 ; eh bien, jusqu'au 10, que le Gouvernement prenne un certain nombre d'initiatives.
Q- Ce n'est pas du chantage, ça ?!
R- Ce serait du chantage que de dire, parce qu'il y a une délégation qui vient du CIO, il faudrait cesser tout mouvement social dans toute cette période.
Q- Les socialistes seront présents dans cette manifestation, comme ils l'ont été dans la manifestation sur les 35 heures ?
R- Je pense que c'est aux organisations syndicales de décider des mouvements et de les organiser. Mais lorsqu'il s'agit d'une question comme celle du temps de travail, ou plus largement, des salaires et de l'emploi, il est normal que les socialistes, grande formation politique, soient dans les manifestations. Je ne dis pas "à la place des organisations syndicales", mais qu'ils soutiennent un certain nombre d'actions, tout en sachant que - et le plus tôt sera le mieux - nous aurons nous aussi à prendre nos responsabilités, et que nous ne pouvons pas entonner n'importe quelle revendication.
Q- J'ouvre une parenthèse sur la situation à Orly et à Roissy : ces grèves qui prennent les passagers en otages, les approuvez-vous, les regardez-vous avec circonspection, les désapprouvez-vous ?
R- Je préfère toujours qu'il n'y ait pas de grève, qu'il n'y ait pas de conflit et que l'on arrive, par le dialogue, à trouver des solutions. Prenons le cas d'Orly : il y a d'abord eu une hôtesse de l'air qui est morte à la suite d'un accident. Je pense qu'il faut quand même avoir ce moment de recueillement. Et puis, il y a ensuite une enquête, qui doit forcément être diligentée. Il y a des rapports qui sortent sur la sécurité du travail, notamment pour les passerelles à Orly. Eh bien, là encore, que l'on cherche une médiation, que l'on recherche un dialogue et que l'on évite l'affrontement, parce qu'il est préjudiciable à tous, aux usagers d'abord, aux personnels, à la direction et même à l'entreprise. Je pense que ce devrait être le premier des réflexes d'une direction d'entreprise, mais aussi, d'ailleurs, le premier des réflexes d'une organisation syndicale, quelle qu'elle soit : c'est de chercher, d'abord par le dialogue et la négociation, une solution à un conflit avant de le déclencher.
Q- D'une manière plus générale, sentez-vous un climat social explosif ? Avez-vous envie de souffler sur les braises ? Attendez-vous un printemps social extrêmement chaud ?
R- Je sens qu'il y a un pays qui est, à juste raison inquiet, et qui est inquiet non seulement d'une situation économique mais surtout, d'un Gouvernement incapable de fixer la direction et le sens. Donc, je dis aujourd'hui que la réponse n'est pas dans l'ampleur d'un mouvement social dont il faudrait stimuler l'ardeur - ce n'est pas mon rôle... C'est surtout de faire en sorte qu'il puisse y avoir un Etat, un gouvernement, un président de la République qui répondent aux questions qui sont posées.
Q- Lundi, le Congrès est réuni ; deux questions sont à l'ordre du jour. D'une part, la révision de la Constitution préalable au référendum sur la Constitution européenne, et deuxièmement, l'adoption de la Charte sur l'environnement. Etes-vous toujours décidé à dire "oui" à la révision de la Constitution et "non" à la Charte, ce qui est un peu surprenant.
R- Ce qui est surprenant, c'est qu'on ait mis ces deux sujets à la fois. J'avais dit au président de la République, lorsqu'il m'avait reçu sur la question de la révision de la Constitution préalable à la ratification du traité constitutionnel, que c'était un sujet suffisamment important, suffisamment grave, suffisamment présent dans l'opinion publique, puisque nous allons avoir un référendum dans quelques semaines, pour qu'il ne soit pas obstrué ou confondu avec un autre sujet, notamment la Charte de l'environnement. Pour la Charte de l'environnement, c'est un sujet qui a fait déjà controverse au Parlement, à l'Assemblée nationale comme au Sénat...
Q- Et au Parti socialiste, d'ailleurs...
R- Oui, dans toutes les formations politiques, soyons justes. Parce qu'il y a des principes qui sont utiles et des applications qui peuvent être difficiles ou délicates. Donc, j'avais dit que c'est un sujet qui méritera examen le moment venu ; déconnectons les deux sujets. Visiblement, je n'ai pas été entendu, on les a confondus. Ce que je peux vous dire, lundi, c'est que les groupes du Parlement, Assemblée nationale et Sénat vont se réunir pour le PS, et que nous ferons le choix qui nous paraîtra à fois le plus judicieux au nom de l'esprit de responsabilité qu'est le notre - j'y reviendrai - et en même temps qui soit quand même celui de nous opposer à une pratique qui n'est pas acceptable dans une démocratie. Il y a un sujet, il ne devait n'y en avoir qu'un seul, on nous en met un deuxième ; eh bien, permettez que sur ce deuxième sujet, nous manifestions, avec esprit de responsabilité, une certaine réserve par rapport à ce qui a été décidé par le président de la République.
Q- Traduction concrète de cette réserve ?
R- Il y aura deux options qui seront ouvertes : soit nous nous opposerons à la méthode et nous dirons "non", mais c'est vrai que ce serait au détriment de la Charte. Soit nous refuserons de participer à ce vote, et à ce moment-là, la Charte pourrait être adoptée mais convenons que ce ne serait pas, finalement, de la part du président de la République, la bonne procédure. Il eut mieux valu prendre le temps nécessaire et adopter la Charte dans les meilleures conditions.
Q- Au regard des rapports de forces, vous ne ferez pas ce qui pourrait entraîner l'échec de la Charte ?
R- Le Parti socialiste, d'une manière générale - et j'en ai fait preuve aujourd'hui - a un esprit de responsabilité et sait ce qu'il doit faire pour le pays.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 25 février 2005)