Interview de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, dans "Le Parisien" du 22 mars 2005, sur l'organisation des opérations du référendum sur la Constitution européenne du 29 mai 2005.

Prononcé le

Média : Le Parisien

Texte intégral

Q - Que vont recevoir par la poste les électeurs ?
Philippe de Villiers.- Chacun recevra une enveloppe de 283 g contenant le texte du traité, deux bulletins de vote et un courrier de douze pages. Ce qui m'a tout de suite intrigué, ce sont ces douze pages, alors que le président de la République et le gouvernement ont refusé d'accorder aux tenants du oui comme aux tenants du non le principe d'une profession de foi pour faire connaître leurs arguments. Il y a là le décret du 9 mars 2005, la question qui sera posée, mais aussi un véritable document de propagande grossière, évidemment de nature à fausser la sincérité du scrutin. Je cite un exemple, qui ne manque pas de sel à l'heure de la directive Bolkestein : "Pour une Europe plus solidaire, les politiques européennes prendront désormais en compte les impératifs sociaux". J'insiste : ce n'est pas là le texte constitutionnel, c'est de la pure interprétation. Faire pression de cette manière avec l'argent public sur les électeurs me paraît scandaleux. Voilà pourquoi, dès lundi, conformément à l'article 60 de notre Constitution, j'ai déposé une plainte auprès du président du Conseil constitutionnel. Et je me prépare, dès que le texte sera officiellement envoyé, à saisir en référé le Conseil d'Etat.
Q - Comment avez-vous réussi à mettre la main sur ce texte ?
Philippe de Villiers.- Il y a sans doute dans l'environnement du chef de l'Etat des gens qui votent non.
Q - Qui a rédigé ces pages-là ?
Philippe de Villiers.- Ces pages ont été réalisées à l'Elysée et à Matignon, et corrigées par une agence de com. Les organisateurs du référendum font croire que le sommet de l'Etat est objectif et que les moyens entre les deux camps sont égaux. En réalité, le débat est déséquilibré, puisque tous les foyers français vont recevoir ce document biaisé dont l'envoi total va coûter rien qu'en impression 70 millions d'euros.
(Source http://www.mpf-villiers.com, le 24 mars 2005)