Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur le rôle de l'AFAA dans le développement des échanges culturels et artistiques et la coopération culturelle internationale de la France, Paris le 18 avril 2000.

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Circonstance : Présentation des nouvelles missions de l'Association Française d'action artistique à Paris le 18 avril 2000

Texte intégral

Mme Tasca et moi-même avons proposé cette rencontre en présence de M. Robert Lion qui est maintenant le président du conseil d'administration de l'Association française d'action artistique (AFAA), en présence d'Olivier Poivre d'Arvor qui est son directeur depuis février 1999, pour faire le point avec vous sur l'activité de l'AFAA, et, à cette occasion sur ses orientations, sur la façon dont le ministère de la Culture et le ministère des Affaires étrangères coopèrent pour cette politique dont nous allons parler au cours de cette rencontre.
L'idée de ce rendez-vous de presse avait été retenue depuis un certain temps, je dois dire d'ailleurs que j'ai commencé à le préparer avec Catherine Trautmann mais là nous sommes dans une configuration avec un nouveau ministre, donc cela a un sens, le calendrier tombe bien par rapport à cela.
Un certain nombre de changements sont déjà intervenus puisque j'ai rappelé qu'en février 1999 Olivier Poivre d'Arvor a été nommé directeur de l'AFAA. A cette occasion, je rends hommage au travail très remarquable qu'avait fait Jean Guine depuis de nombreuses années mais le moment de la relève était venu et Olivier Poivre d'Arvor, que vous connaissez bien, après avoir très remarquablement réussi comme conseiller culturel dans plusieurs pays, plusieurs villes dont Prague et Londres, a occupé cette fonction qu'il remplit avec beaucoup d'énergie depuis lors. Ensuite, plus récemment, en janvier dernier, M. Alain Decaud a demandé à ce qu'il soit mis fin à son mandat de président du conseil d'administration. Il se retirait entouré de l'estime générale pour tout ce qu'il avait apporté à l'AFAA et la façon dont il avait conduit avec beaucoup d'élégance et de finesse cette présidence et l'appui qu'il avait apporté à tout ce travail et c'est M. Robert Lion qu'il est inutile de présenter, tant chacun le connaît, qui est devenu président à ce moment là.
Les choses se mettaient ou se remettaient en ordre et nous avons pensé à ce moment-là, les deux ministères principalement concernés, que ce serait une bonne chose d'organiser une rencontre de ce type qui n'avait pas eu lieu depuis très longtemps, en tout cas sous cette forme, pour montrer comment s'organise cette coopération à la fois sur les grandes orientations et en même temps de façon plus concrète et plus pratique.
Pour la petite histoire, je rappellerai que ce n'est pas d'aujourd'hui que la diplomatie et les échanges artistiques font bon ménage. Rappelons-nous l'Ancien régime et les commandes que les rois passaient à leurs ambassadeurs : commandes de tableaux ; les instructions qu'ils donnaient pour avoir des relations suivies avec les fouilleurs de sites archéologiques - je parle naturellement de ce qu'on achetait dans des conditions légales et correctes. On pourrait même évoquer l'expédition de Bonaparte en Egypte qui était une sorte de fantastique expédition culturelle en plus du reste, bien sûr. La création du Service des Ecoles et des Oeuvres au Quai d'Orsay remonte à 1909 et les premiers services - qui sont un peu la préfiguration de tout - ont pris naissance après la première Guerre mondiale, à une époque où Jean Giraudoux était le chef de la section universitaire et Paul Morand sous-chef de la section artistique : l'Association française d'expansion et d'échanges artistiques a été créée en 1922. On doit cette idée au Sénat pour déjà réussir à faire travailler ensemble et à faire converger les énergies du ministère des Affaires étrangères et de ce qui était à l'époque le ministère de l'Instruction publique. Le ministère de la Culture est né plus tard donc c'est une vieille histoire, une vieille histoire que nous interprétons à notre façon aujourd'hui.
Si nous sommes là, ensemble, c'est pour vous parler non seulement de l'AFAA, mais surtout pour vous parler de nos désirs, de nos projets et de notre envie de coopération et de l'amitié, de la conception commune qui vont nous permettre, je crois, de faire du bon travail dans ce domaine qui est attachant, passionnant à la fois en raison de l'extraordinaire richesse de ce qu'il y a à promouvoir et en raison de cette attente très frappante que l'on mesure partout quand on voyage sans cesse comme c'est mon cas et le cas de quelques autres ici. Il y a vraiment un désir qui s'exprime et auquel nous devons répondre le mieux possible.
Aujourd'hui dans ce contexte de mondialisation, les grandes orientations, les grands objectifs sont de favoriser le rayonnement des créations et expressions artistiques africaines. Je vous rappelle la fusion qui a été réalisée au 1er janvier 2000 d'Afrique en création et de l'AFAA, qui est la conséquence logique de la fusion voulue par le Premier ministre, du ministère des Affaires étrangères et du ministère de la Coopération : ce sont des fusions créatrices dans lesquelles rien n'est perdu en route. Au contraire cela vise à donner un potentiel supplémentaire et une vision encore plus large au programme qui existait avant.
Ensuite, il y a la question européenne, défi toujours à relever mais qui se présente aujourd'hui dans des conditions nouvelles un peu plus particulières étant donné que l'Europe est devant ce grand chantier d'élargissement qui va accompagner son développement et la modifier en profondeur dans le meilleur sens. Vous savez tous que nous avons la présidence à partir du 1er juillet prochain.
Autre grande orientation : développer l'ingénierie culturelle en soutien à l'offre artistique française - d'autres que moi développeront la coopération avec les collectivités locales, il y a eu un gros travail fait avant Olivier Poivre d'Arvor mais naturellement il faut continuer, voilà de nouvelles actions, des actions traditionnelles, de nouveaux partenaires, de nouveaux territoires. L'idée générale qui nous anime c'est cette réciprocité de l'action culturelle française et des cultures du monde, qui est consubstantielle à la richesse et à la vitalité de notre création. C'est une façon à la fois de maintenir notre influence dans le monde mais de la maintenir enrichie à travers ce dialogue, à travers cette réponse et cette polyphonie que nous souhaitons dans le monde de demain et vous savez que nous ferons tout pour combattre l'uniformité et le nivellement et que nous nous battons avec énergie pour la diversité sous toutes ses formes, diversité des cultures, diversité des langues, diversité des créations. Nous ne voulons pas d'un monde banalisé.
Voilà l'action dans laquelle nous sommes engagés. Je voudrais associer à cette présentation, bien qu'il n'ait pas pu être présent avec nous, Charles Josselin, le ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie, qui est naturellement complètement engagé aussi dans cette action. Voilà ce que je voulais vous dire pour commencer.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 avril 2000)