Texte intégral
Q - Concrètement, les entreprises qui sont utilisées dans le cadre de la reconstruction, ce sont des entreprises haïtiennes ou venant des pays promoteurs du projet ?
R - Plusieurs pays qui sont ici, je pense au Chili par exemple, ont un certain nombre d'équipes du génie militaire qui déjà peuvent participer à des travaux, à certains projets qui vont se faire de cette manière là, dans le cadre de la coopération ; d'autres seront effectués, comme l'a dit le Premier ministre, dans le cadre d'appels d'offres, si possible par des entreprises qui existent déjà en Haïti ou qui vont être créées, c'est aussi l'objectif que nous recherchons. En apportant 750 millions d'euros sur des projets avec un effet de levier par des prêts, on imagine que cela va encourager - d'ailleurs un programme européen vise à cet objectif -, la création de nouvelles entreprises en Haïti. Et puis, je n'oublie pas le travail que font déjà, souvent dans des conditions difficiles y compris du point de vue de la sécurité, un certain nombre de collectivités territoriales de nos différents pays et des organisations non gouvernementales qui sont très actives sur le terrain et que nous souhaitons encourager également.
Dans ces projets de coopération, il y a aussi, en termes de formation de gendarmes et de policiers, un certain nombre d'initiatives, parce que nous savons bien, Monsieur le Premier ministre, que la clef est que votre pays dispose, non pas de 3 ou 4000 policiers seulement pour la population, mais de plusieurs dizaines de milliers de policiers bien formés. C'est un enjeu que nous devons atteindre parallèlement à tous ces projets d'investissements.
Q - Est-ce que vous avez la garantie que huit mois après la réunion de Washington, il ne sera plus question de bureaucratie ? Dans combien de temps les fonds seront débloqués effectivement ?
R - Il y a des règles naturellement dans chacune de nos organisations. C'est vrai de la banque inter-américaine de développement, de l'Union européenne, de la Banque mondiale, du FMI. Il y a des agents ou des fonctionnaires pour veiller à ce que ces règles soient respectées et c'est assez légitime, parce que c'est aussi une garantie de rigueur et de transparence. Et puis, nous avons des comptes à rendre dans chacune de nos organisations. Je fais simplement observer que d'une manière assez originale, vous avez autour de cette table, venant de dix pays, des ministres qui ont travaillé. Depuis plusieurs semaines, nous avons préparé cette réunion de Cayenne en nous engageant nous-mêmes. Nous avons tous, autour de nous, des technocrates qui font bien leur travail mais ce qui est peut-être important à noter aujourd'hui, c'est que des ministres, aux côtés du gouvernement haïtien, s'engagent et veulent assumer une responsabilité politique, aussi sur le suivi des choses. Cela est très important de le noter. Vous avez en face de vous des membres de gouvernement de nos différents pays, des gens qui ont des responsabilités politiques. Et naturellement, le directeur général du Développement à la Commission européenne pourrait dire aussi qu'elle a décidé de faciliter les choses, sous le contrôle politique des ministres. Nous avons évoqué cette question ce matin de donner le plus de flexibilité possible pour que l'argent soit décaissé. Nous sommes dans un mouvement général, mais notez qu'il est animé et sous la responsabilité de membres des gouvernements des différents pays.
Q - Monsieur Barnier, je vous pose la question que des centaines de milliers d'Haïtiens vous poseraient. Qu'est-ce que Cayenne est venu changer ? Comment les Haïtiens qui sont en Haïti verront la concrétisation des engagements pris ici aujourd'hui ? En un mot, de quelle façon cette réunion sera différente de celles tenues antérieurement ?
R - Si vous me posez la question maintenant, après tout ce qu'on a dit, c'est qu'on a mal dû s'expliquer, parce que je ne crois pas qu'il y ait eu beaucoup de réunions de cette nature auparavant, même s'il y a eu des réunions à Washington et ailleurs, importantes et nécessaires. Une réunion de ministres avec tous leurs partenaires qui s'engagent sur 380 projets, des projets très concrets, qui touchent la vie quotidienne des Haïtiens, c'est, de mon point de vue, une manière que des choses se fassent tout simplement. Et tout ce qui a été fait précédemment était utile dans la situation d'Haïti qui est très difficile, avec une administration faible. La reconstruction démarre, mais le processus politique est très fragile. Nous avons décidé de nous attacher à 380 projets qui concernent la vie quotidienne. Lisez cette liste, vous y verrez des projets qui sont en train de démarrer, des projets structurants, comme telle ou telle route, des projets d'éducation, de santé publique, des projets de développement rural et pas seulement à Port-au-Prince, mais aussi dans les différentes régions d'Haïti. Nous allons dans quelques mois nous retrouver au Canada et d'ici là, tous ceux qui travaillent avec nous, sur le terrain, vont se retrouver régulièrement pour "éponger ce fossé". La bonne réponse à cet engagement, on l'aura dans quelques mois, et vous serez là pour nous demander des comptes. Et si tout n'a pas bien marché, je serai le premier à vous le dire et à chercher pourquoi. Mais nous allons suivre cela, c'est l'engagement de Cayenne. On a fait une réunion qui n'est pas, encore une fois, faite pour faire des discours, mais qui est très opérationnelle. Il y a un document que vous n'avez pas - c'est un document de travail -, c'est le tableau de bord dans le cadre de la coopération intérimaire, puisque nous travaillons dans le cadre d'une stratégie qui a été élaboré par le gouvernement d'Haïti, avec notre appui. Nous avons là, page par page, le tableau de bord de ces 380 projets et qui est responsable de quoi et dans quel délai. Donc, c'est ce tableau de bord que nous allons suivre.
Q - On sait que les chefs de gouvernement de la CARICOM ont décidé, si je peux m'exprimer ainsi, de boycotter la rencontre, mais en même temps, ils ont envoyé un représentant. Je voulais demander à M. Barnier quel est le message qu'il est venu apporter à cette réunion ? Il y a l'Union des travailleurs guyanais, un syndicat, j'ai lu dans un journal hier, qui considère cette réunion-là comme une farce, et puis il y a également, le MIR, le Mouvement indépendantiste pour la réparation, qui considère que ce que la France organise aujourd'hui à Cayenne est une farce. Quels sont vos commentaires ?
R - Je n'ai pas eu le temps de lire les commentaires de telle ou telle organisation. Tous ceux qui ont participé à cette réunion, tous ceux qui sont venus y assister, le ministre Léon Bertrand, Mme Taubira qui est ici, qui est députée, M. Karam, d'autres encore, qui sont élus ou responsables ici de la Guyane, ont pu voir que nous avons travaillé sérieusement, honnêtement pour le progrès et le développement d'Haïti. Très franchement, cela ne m'intéresse pas de participer à des polémiques. Les 40.000 Haïtiens qui se sont expatriés en Guyane, ce ne sont pas des polémiques qui amélioreront leur sort. Et le peuple d'Haïti, ce ne sont pas des polémiques dont il a besoin, mais de gens sincèrement attachés, en partenaires, à apporter un soutien, un appui. Voilà ce dont les Haïtiens ont besoin, sûrement pas de polémiques.
Q - Avez-vous abordé le problème de la relève du financement américain concernant l'électricité à Port au Prince ? Je voudrais savoir pourquoi le projet est encore dans le dossier, alors que visiblement le financement est arrivé à son terme ?
R - Nous avons assez précisément évoqué la question de la fourniture d'électricité pour Port-au-Prince, après l'effort important qu'ont fait les Etats-Unis pendant plusieurs mois. Il y aura un relais qui sera pris en compte, dans le cadre des financements du gouvernement haïtien, mais nous avons fait, pendant notre réunion, un petit groupe de travail pour trouver des solutions auquel vont participer le Canada, la France, l'Union européenne et d'autres partenaires, pour apporter une réponse durable et sérieuse aux besoins d'électricité de la capitale. On ne va pas entrer dans le détail maintenant de tous ces projets, mais nous avons évoqué cette question et un petit groupe de travail spécifique s'est retrouvé pendant la réunion pour trouver une réponse rapide
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mars 2005)
R - Plusieurs pays qui sont ici, je pense au Chili par exemple, ont un certain nombre d'équipes du génie militaire qui déjà peuvent participer à des travaux, à certains projets qui vont se faire de cette manière là, dans le cadre de la coopération ; d'autres seront effectués, comme l'a dit le Premier ministre, dans le cadre d'appels d'offres, si possible par des entreprises qui existent déjà en Haïti ou qui vont être créées, c'est aussi l'objectif que nous recherchons. En apportant 750 millions d'euros sur des projets avec un effet de levier par des prêts, on imagine que cela va encourager - d'ailleurs un programme européen vise à cet objectif -, la création de nouvelles entreprises en Haïti. Et puis, je n'oublie pas le travail que font déjà, souvent dans des conditions difficiles y compris du point de vue de la sécurité, un certain nombre de collectivités territoriales de nos différents pays et des organisations non gouvernementales qui sont très actives sur le terrain et que nous souhaitons encourager également.
Dans ces projets de coopération, il y a aussi, en termes de formation de gendarmes et de policiers, un certain nombre d'initiatives, parce que nous savons bien, Monsieur le Premier ministre, que la clef est que votre pays dispose, non pas de 3 ou 4000 policiers seulement pour la population, mais de plusieurs dizaines de milliers de policiers bien formés. C'est un enjeu que nous devons atteindre parallèlement à tous ces projets d'investissements.
Q - Est-ce que vous avez la garantie que huit mois après la réunion de Washington, il ne sera plus question de bureaucratie ? Dans combien de temps les fonds seront débloqués effectivement ?
R - Il y a des règles naturellement dans chacune de nos organisations. C'est vrai de la banque inter-américaine de développement, de l'Union européenne, de la Banque mondiale, du FMI. Il y a des agents ou des fonctionnaires pour veiller à ce que ces règles soient respectées et c'est assez légitime, parce que c'est aussi une garantie de rigueur et de transparence. Et puis, nous avons des comptes à rendre dans chacune de nos organisations. Je fais simplement observer que d'une manière assez originale, vous avez autour de cette table, venant de dix pays, des ministres qui ont travaillé. Depuis plusieurs semaines, nous avons préparé cette réunion de Cayenne en nous engageant nous-mêmes. Nous avons tous, autour de nous, des technocrates qui font bien leur travail mais ce qui est peut-être important à noter aujourd'hui, c'est que des ministres, aux côtés du gouvernement haïtien, s'engagent et veulent assumer une responsabilité politique, aussi sur le suivi des choses. Cela est très important de le noter. Vous avez en face de vous des membres de gouvernement de nos différents pays, des gens qui ont des responsabilités politiques. Et naturellement, le directeur général du Développement à la Commission européenne pourrait dire aussi qu'elle a décidé de faciliter les choses, sous le contrôle politique des ministres. Nous avons évoqué cette question ce matin de donner le plus de flexibilité possible pour que l'argent soit décaissé. Nous sommes dans un mouvement général, mais notez qu'il est animé et sous la responsabilité de membres des gouvernements des différents pays.
Q - Monsieur Barnier, je vous pose la question que des centaines de milliers d'Haïtiens vous poseraient. Qu'est-ce que Cayenne est venu changer ? Comment les Haïtiens qui sont en Haïti verront la concrétisation des engagements pris ici aujourd'hui ? En un mot, de quelle façon cette réunion sera différente de celles tenues antérieurement ?
R - Si vous me posez la question maintenant, après tout ce qu'on a dit, c'est qu'on a mal dû s'expliquer, parce que je ne crois pas qu'il y ait eu beaucoup de réunions de cette nature auparavant, même s'il y a eu des réunions à Washington et ailleurs, importantes et nécessaires. Une réunion de ministres avec tous leurs partenaires qui s'engagent sur 380 projets, des projets très concrets, qui touchent la vie quotidienne des Haïtiens, c'est, de mon point de vue, une manière que des choses se fassent tout simplement. Et tout ce qui a été fait précédemment était utile dans la situation d'Haïti qui est très difficile, avec une administration faible. La reconstruction démarre, mais le processus politique est très fragile. Nous avons décidé de nous attacher à 380 projets qui concernent la vie quotidienne. Lisez cette liste, vous y verrez des projets qui sont en train de démarrer, des projets structurants, comme telle ou telle route, des projets d'éducation, de santé publique, des projets de développement rural et pas seulement à Port-au-Prince, mais aussi dans les différentes régions d'Haïti. Nous allons dans quelques mois nous retrouver au Canada et d'ici là, tous ceux qui travaillent avec nous, sur le terrain, vont se retrouver régulièrement pour "éponger ce fossé". La bonne réponse à cet engagement, on l'aura dans quelques mois, et vous serez là pour nous demander des comptes. Et si tout n'a pas bien marché, je serai le premier à vous le dire et à chercher pourquoi. Mais nous allons suivre cela, c'est l'engagement de Cayenne. On a fait une réunion qui n'est pas, encore une fois, faite pour faire des discours, mais qui est très opérationnelle. Il y a un document que vous n'avez pas - c'est un document de travail -, c'est le tableau de bord dans le cadre de la coopération intérimaire, puisque nous travaillons dans le cadre d'une stratégie qui a été élaboré par le gouvernement d'Haïti, avec notre appui. Nous avons là, page par page, le tableau de bord de ces 380 projets et qui est responsable de quoi et dans quel délai. Donc, c'est ce tableau de bord que nous allons suivre.
Q - On sait que les chefs de gouvernement de la CARICOM ont décidé, si je peux m'exprimer ainsi, de boycotter la rencontre, mais en même temps, ils ont envoyé un représentant. Je voulais demander à M. Barnier quel est le message qu'il est venu apporter à cette réunion ? Il y a l'Union des travailleurs guyanais, un syndicat, j'ai lu dans un journal hier, qui considère cette réunion-là comme une farce, et puis il y a également, le MIR, le Mouvement indépendantiste pour la réparation, qui considère que ce que la France organise aujourd'hui à Cayenne est une farce. Quels sont vos commentaires ?
R - Je n'ai pas eu le temps de lire les commentaires de telle ou telle organisation. Tous ceux qui ont participé à cette réunion, tous ceux qui sont venus y assister, le ministre Léon Bertrand, Mme Taubira qui est ici, qui est députée, M. Karam, d'autres encore, qui sont élus ou responsables ici de la Guyane, ont pu voir que nous avons travaillé sérieusement, honnêtement pour le progrès et le développement d'Haïti. Très franchement, cela ne m'intéresse pas de participer à des polémiques. Les 40.000 Haïtiens qui se sont expatriés en Guyane, ce ne sont pas des polémiques qui amélioreront leur sort. Et le peuple d'Haïti, ce ne sont pas des polémiques dont il a besoin, mais de gens sincèrement attachés, en partenaires, à apporter un soutien, un appui. Voilà ce dont les Haïtiens ont besoin, sûrement pas de polémiques.
Q - Avez-vous abordé le problème de la relève du financement américain concernant l'électricité à Port au Prince ? Je voudrais savoir pourquoi le projet est encore dans le dossier, alors que visiblement le financement est arrivé à son terme ?
R - Nous avons assez précisément évoqué la question de la fourniture d'électricité pour Port-au-Prince, après l'effort important qu'ont fait les Etats-Unis pendant plusieurs mois. Il y aura un relais qui sera pris en compte, dans le cadre des financements du gouvernement haïtien, mais nous avons fait, pendant notre réunion, un petit groupe de travail pour trouver des solutions auquel vont participer le Canada, la France, l'Union européenne et d'autres partenaires, pour apporter une réponse durable et sérieuse aux besoins d'électricité de la capitale. On ne va pas entrer dans le détail maintenant de tous ces projets, mais nous avons évoqué cette question et un petit groupe de travail spécifique s'est retrouvé pendant la réunion pour trouver une réponse rapide
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mars 2005)