Texte intégral
Monsieur l'Adjoint au Maire,
Monsieur le Conseiller régional,
Monsieur le Président,
Madame la Directrice,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec un réel plaisir que je suis avec vous ce matin, afin d'ouvrir ce colloque consacré aux femmes, aux familles africaines et à l'infection VIH/sida.
L'action quotidienne d'Ikambere en France en faveur des femmes africaines vivant avec le VIH ainsi que le thème même de ce colloque rejoignent et illustrent tout à fait la mission du ministère des Affaires étrangères vis-à-vis de la lutte contre le VIH/sida dans les pays en développement. Notre objectif est bien de faire plus et mieux pour atténuer l'impact de la pandémie, en attachant une attention particulière aux pays et aux personnes les plus vulnérables. La qualité de l'accueil assuré par la Maison accueillante, le souci constant d'adapter vos services aux besoins des femmes et leur implication dans le fonctionnement même de l'association sont particulièrement reconnus et je veux vous en féliciter.
Depuis l'émergence de l'épidémie, il y a plus de vingt ans, la France a accompagné les pays africains dans leur lutte contre la pandémie. Depuis 1997, suite à l'appel du président de la République à Abidjan pour un accès de tous au traitement antirétroviral, elle a été en pointe pour faire valoir cette exigence éthique et pour démontrer sa faisabilité.
En participant très activement à la création du Fonds mondial pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme, en 2002, et en devenant le deuxième contributeur annuel en 2004, pour plus de 150 millions d'euros, la France reconnaît l'importance majeure qu'il y a à faire reculer la pandémie et la nécessité d'y consacrer des moyens à la hauteur des enjeux.
D'ores et déjà, grâce en particulier au Fonds mondial, le nombre de personnes recevant des traitements antirétroviraux est passé d'à peine 400.000 dans les pays en développement au début 2004 à plus de 700.000 à la fin de cette même année. Il est vrai que nous sommes encore loin d'atteindre les six millions de personnes qui en auraient besoin, mais le mouvement est engagé et il va en s'accélérant.
Conscient de l'ampleur des moyens nécessaires et de la nécessité d'engager ces moyens sur le long terme, le président de la République a d'ailleurs proposé tout récemment que soit mise en uvre une taxe internationale, qui viendrait financer, de manière plus pérenne et en complément des efforts actuels, la lutte contre la pandémie dans les pays en développement. Certains pays soutiennent déjà cette proposition, d'autres restent à convaincre, mais la France est bien décidée à faire avancer cette idée.
Si l'argent est indispensable, il n'est toutefois pas suffisant. Le renforcement des lieux de soins et de prise en charge, la formation des professionnels de santé par un appui technique ponctuel ou sur le moyen terme doivent être accompagnés par un soutien aux acteurs associatifs et communautaires.
En France, l'épidémie de sida nous a appris le rôle essentiel que devaient jouer la société civile et, particulièrement, les personnes directement touchées. En Afrique, où les systèmes de soins et de protection sociale sont bien souvent très faibles et mis en difficulté par la pandémie, ce rôle des associations est encore plus crucial.
Pour lutter contre la stigmatisation, pour amener au dépistage, puis pour accompagner les personnes touchées dans leur accès aux soins et au soutien social et psychologique, qui est mieux placé que les personnes vivant elles-mêmes avec le VIH ?
C'est pourquoi, dans tous les programmes qu'elle met en oeuvre dans les pays les plus atteints, la France veille à ce que ce rôle des personnes directement touchées soit bien pris en compte. De même, elle est vigilante à ce que leur parole soit entendue dans les grandes institutions internationales.
C'est ainsi qu'une personne représentant les personnes et les communautés affectées par les maladies siège de plein droit au sein du conseil d'administration du Fonds mondial. De même la participation active des associations est une exigence pour le fonctionnement des comités nationaux chargés de préparer, puis de suivre les projets financés par le Fonds mondial.
L'expérience d'Ikambere, par l'attention portée à la situation spécifique des femmes vis-à-vis du sida et par l'implication des femmes elles-mêmes dans la définition des actions, mérite d'être transmise aux associations partenaires africaines.
En retour, l'expérience de ces associations permettra à Ikambere de mieux adapter encore son action aux femmes africaines et à leurs familles. C'est là l'objectif principal du colloque qui nous rassemble et auquel contribuera précieusement la présence parmi nous de représentants d'associations venant d'au moins six pays africains et dont je souhaite saluer l'engagement et le courage.
J'ai pu il y a quelques semaines, lors la visite que j'ai effectuée au Niger et en Zambie avec mon homologue britannique, le ministre Hilary Benn, me rendre compte de l'apport inappréciable de l'action de ces associations en faveur des personnes touchées.
En concentrant son action sur les besoins des femmes, Ikambere rejoint également une des priorités de notre action pour le développement. Dans cette année ou la lutte contre le sida a été déclarée grande cause nationale en France par le Premier ministre, grâce à la force de conviction de Jean-Luc Romero, que je salue, et dans ce mois de mars consacré plus spécifiquement à la situation des femmes, votre colloque trouve toute sa place.
Il y a tout juste quatre jours, dans les locaux de la Banque mondiale à Paris, je participais à une journée consacrée au bilan de l'engagement en faveur de l'égalité homme-femme, pris il y a dix ans à Pékin. Cet engagement concerne au premier chef la lutte contre le sida. Celle-ci ne pourra prendre sa pleine efficacité que si la vulnérabilité particulière des femmes est prise en compte, tant sur le plan du respect de leurs droits que sur celui des moyens mis à leur disposition pour se protéger de la maladie et des efforts consacrés à leur assurer un accès équitable au traitement.
Au-delà des échanges qui auront lieu aujourd'hui, il importe que le travail commun continue, ici et là-bas. Récemment, Ikambere s'est engagée dans deux actions qui me semblent exemplaires de cet apport d'une association française aux actions de développement en Afrique.
Avec les hôpitaux de Kayes au Mali et de Saint-Denis et dans le cadre du partenariat soutenu par l'initiative ESTHER, Ikambere apporte sa pratique de la présence associative au sein des hôpitaux, comme médiatrice entre le monde du soin et les personnes touchées.
En Guinée, avec le soutien de notre ambassade à Conakry et de l'ONUSIDA, elle contribue à l'organisation d'un réseau de femmes et à la mise en place d'un lieu d'accueil. Dans les deux cas, Ikambere a très certainement beaucoup appris de ses partenaires.
Je ne doute pas que vos débats et vos échanges aujourd'hui vous permettent de vous engager dans d'autres partenariats et je vous souhaite une journée fructueuse à cet égard.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 mars 2005)
Monsieur le Conseiller régional,
Monsieur le Président,
Madame la Directrice,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec un réel plaisir que je suis avec vous ce matin, afin d'ouvrir ce colloque consacré aux femmes, aux familles africaines et à l'infection VIH/sida.
L'action quotidienne d'Ikambere en France en faveur des femmes africaines vivant avec le VIH ainsi que le thème même de ce colloque rejoignent et illustrent tout à fait la mission du ministère des Affaires étrangères vis-à-vis de la lutte contre le VIH/sida dans les pays en développement. Notre objectif est bien de faire plus et mieux pour atténuer l'impact de la pandémie, en attachant une attention particulière aux pays et aux personnes les plus vulnérables. La qualité de l'accueil assuré par la Maison accueillante, le souci constant d'adapter vos services aux besoins des femmes et leur implication dans le fonctionnement même de l'association sont particulièrement reconnus et je veux vous en féliciter.
Depuis l'émergence de l'épidémie, il y a plus de vingt ans, la France a accompagné les pays africains dans leur lutte contre la pandémie. Depuis 1997, suite à l'appel du président de la République à Abidjan pour un accès de tous au traitement antirétroviral, elle a été en pointe pour faire valoir cette exigence éthique et pour démontrer sa faisabilité.
En participant très activement à la création du Fonds mondial pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme, en 2002, et en devenant le deuxième contributeur annuel en 2004, pour plus de 150 millions d'euros, la France reconnaît l'importance majeure qu'il y a à faire reculer la pandémie et la nécessité d'y consacrer des moyens à la hauteur des enjeux.
D'ores et déjà, grâce en particulier au Fonds mondial, le nombre de personnes recevant des traitements antirétroviraux est passé d'à peine 400.000 dans les pays en développement au début 2004 à plus de 700.000 à la fin de cette même année. Il est vrai que nous sommes encore loin d'atteindre les six millions de personnes qui en auraient besoin, mais le mouvement est engagé et il va en s'accélérant.
Conscient de l'ampleur des moyens nécessaires et de la nécessité d'engager ces moyens sur le long terme, le président de la République a d'ailleurs proposé tout récemment que soit mise en uvre une taxe internationale, qui viendrait financer, de manière plus pérenne et en complément des efforts actuels, la lutte contre la pandémie dans les pays en développement. Certains pays soutiennent déjà cette proposition, d'autres restent à convaincre, mais la France est bien décidée à faire avancer cette idée.
Si l'argent est indispensable, il n'est toutefois pas suffisant. Le renforcement des lieux de soins et de prise en charge, la formation des professionnels de santé par un appui technique ponctuel ou sur le moyen terme doivent être accompagnés par un soutien aux acteurs associatifs et communautaires.
En France, l'épidémie de sida nous a appris le rôle essentiel que devaient jouer la société civile et, particulièrement, les personnes directement touchées. En Afrique, où les systèmes de soins et de protection sociale sont bien souvent très faibles et mis en difficulté par la pandémie, ce rôle des associations est encore plus crucial.
Pour lutter contre la stigmatisation, pour amener au dépistage, puis pour accompagner les personnes touchées dans leur accès aux soins et au soutien social et psychologique, qui est mieux placé que les personnes vivant elles-mêmes avec le VIH ?
C'est pourquoi, dans tous les programmes qu'elle met en oeuvre dans les pays les plus atteints, la France veille à ce que ce rôle des personnes directement touchées soit bien pris en compte. De même, elle est vigilante à ce que leur parole soit entendue dans les grandes institutions internationales.
C'est ainsi qu'une personne représentant les personnes et les communautés affectées par les maladies siège de plein droit au sein du conseil d'administration du Fonds mondial. De même la participation active des associations est une exigence pour le fonctionnement des comités nationaux chargés de préparer, puis de suivre les projets financés par le Fonds mondial.
L'expérience d'Ikambere, par l'attention portée à la situation spécifique des femmes vis-à-vis du sida et par l'implication des femmes elles-mêmes dans la définition des actions, mérite d'être transmise aux associations partenaires africaines.
En retour, l'expérience de ces associations permettra à Ikambere de mieux adapter encore son action aux femmes africaines et à leurs familles. C'est là l'objectif principal du colloque qui nous rassemble et auquel contribuera précieusement la présence parmi nous de représentants d'associations venant d'au moins six pays africains et dont je souhaite saluer l'engagement et le courage.
J'ai pu il y a quelques semaines, lors la visite que j'ai effectuée au Niger et en Zambie avec mon homologue britannique, le ministre Hilary Benn, me rendre compte de l'apport inappréciable de l'action de ces associations en faveur des personnes touchées.
En concentrant son action sur les besoins des femmes, Ikambere rejoint également une des priorités de notre action pour le développement. Dans cette année ou la lutte contre le sida a été déclarée grande cause nationale en France par le Premier ministre, grâce à la force de conviction de Jean-Luc Romero, que je salue, et dans ce mois de mars consacré plus spécifiquement à la situation des femmes, votre colloque trouve toute sa place.
Il y a tout juste quatre jours, dans les locaux de la Banque mondiale à Paris, je participais à une journée consacrée au bilan de l'engagement en faveur de l'égalité homme-femme, pris il y a dix ans à Pékin. Cet engagement concerne au premier chef la lutte contre le sida. Celle-ci ne pourra prendre sa pleine efficacité que si la vulnérabilité particulière des femmes est prise en compte, tant sur le plan du respect de leurs droits que sur celui des moyens mis à leur disposition pour se protéger de la maladie et des efforts consacrés à leur assurer un accès équitable au traitement.
Au-delà des échanges qui auront lieu aujourd'hui, il importe que le travail commun continue, ici et là-bas. Récemment, Ikambere s'est engagée dans deux actions qui me semblent exemplaires de cet apport d'une association française aux actions de développement en Afrique.
Avec les hôpitaux de Kayes au Mali et de Saint-Denis et dans le cadre du partenariat soutenu par l'initiative ESTHER, Ikambere apporte sa pratique de la présence associative au sein des hôpitaux, comme médiatrice entre le monde du soin et les personnes touchées.
En Guinée, avec le soutien de notre ambassade à Conakry et de l'ONUSIDA, elle contribue à l'organisation d'un réseau de femmes et à la mise en place d'un lieu d'accueil. Dans les deux cas, Ikambere a très certainement beaucoup appris de ses partenaires.
Je ne doute pas que vos débats et vos échanges aujourd'hui vous permettent de vous engager dans d'autres partenariats et je vous souhaite une journée fructueuse à cet égard.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 mars 2005)