Déclaration de M. Xavier Darcos, ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie, sur les moyens de faciliter l'accès à l'eau et à l'assainissement, notamment en Afrique rurale, à Paris le 31 mars 2005.

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Circonstance : Conférence sur l'accès à l'eau et à l'assainissement en Afrique rurale, à Paris le 1er avril 2005

Texte intégral

Madame la Ministre et Présidente du Conseil des ministres africains chargés de l'eau,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Président de la Banque africaine de développement,
Mesdames et Messieurs les Chefs de Délégations,
Permettez-moi tout d'abord de me réjouir de la présence aujourd'hui de tant d'amis africains, venus parfois de très loin, ainsi que de celle de mes collègues membres de la communauté internationale de l'eau. A toutes et à tous, merci pour votre mobilisation et bienvenue à Paris, à la veille de l'importante conférence qui nous réunit ici, à l'initiative du Président de la Banque africaine de développement, M. Omar Kabbaj. Je suis heureux d'avoir l'occasion de lui rendre hommage ce soir.
L'eau nous rassemble une fois encore. Comme vous le savez, plus d'un Africain sur deux souffre quotidiennement d'un approvisionnement en eau incertain et du manque d'assainissement. L'eau est la première cause de mortalité et tue quinze personnes par minute Pouvons-nous continuer à tolérer que plus de 3 millions d'Africains, souvent les plus vulnérables, meurent chaque année de maladies qui sont liées à l'eau qu'ils boivent et qu'il est, le plus souvent, possible d'éviter ?
L'état d'urgence doit donc être décrété. C'est ce qui nous réunit à Paris, ce soir et demain.
Mais au delà de l'urgence, l'eau est aussi un frein au développement des femmes et génère des inégalités criantes, et ce, surtout en Afrique rurale. Dans ces zones, plus de 100 millions de femmes passent en moyenne trois heures, chaque jour de l'année, à la corvée d'eau ! Ceci représente plus de 12 milliards de journées de travail perdues chaque année et plusieurs tonnes d'eau transportées annuellement sur des kilomètres Pendant combien de temps encore accepterons-nous que, du fait de cette corvée qui leur est imposée, les filles africaines n'aillent pas à l'école et que les femmes africaines ne puissent mener correctement leurs activités économiques ?
Ce sont là des faits que j'ai tenu à rappeler lors de la conférence organisée la semaine dernière par la Banque mondiale sur l'égalité homme-femme, dix ans après l'adoption du plan d'action de Pékin visant à améliorer la condition des femmes dans le monde.
Je tiens à redire ici notre volonté de favoriser les pratiques qui permettent de réduire les disparités de genre, en tout premier lieu dans le domaine de l'eau, et plus particulièrement de l'eau rurale.
Mais pourquoi, me direz vous, faire une nouvelle conférence sur l'eau ? Ce ne sont certes pas les initiatives qui manquent. Les Nations unies ont lancé les Objectifs du Millénaire pour le Développement en 2000 pour répondre à ces défis et l'accès à l'eau y tient une place fondamentale. Deux ans plus tard, au Sommet de la terre de Johannesburg, cet objectif a été complété par l'assainissement de base, qui est désormais lui aussi une priorité de l'action internationale.
Une priorité, mais aussi une condition du développement : nombreux sont ceux d'entre nous qui considèrent aujourd'hui que l'accès à l'eau et à l'assainissement est une condition préalable à la réalisation des autres Objectifs du Millénaire du Développement. En effet, les objectifs en matière de santé, d'éducation et de lutte contre la pauvreté ne sauront être atteints si le problème de l'eau n'est pas résolu.
La communauté internationale se mobilise en conséquence. La France, l'Union européenne mais aussi le G8 sont déterminés à agir. L'Afrique elle-même fait preuve d'un engagement fort, que soit dans la préparation de ses programmes du NEPAD ou encore dans la mobilisation continue du Conseil des ministres africains chargés de l'eau, dont j'ai l'honneur d'accueillir ce soir la Présidente à ma table.
La France a également pris ses responsabilités. Elle a décidé, vous le savez, de doubler son aide au développement en Afrique dans le secteur de l'eau, tant au travers de son aide bilatérale que de son aide multilatérale. Elle a également soutenu l'Initiative européenne de l'eau et la Facilité européenne de l'eau, dont elle a souhaité et porté la création, de même que la Facilité africaine de l'eau, mise en place à l'initiative du Conseil des ministres africains chargés de l'eau.
C'est dans ce contexte que je salue tout particulièrement l'Initiative pour l'approvisionnement et l'assainissement en milieu rural, lancée par la Banque africaine de développement, lors de la première semaine africaine de l'eau à Tunis, en juillet 2004. Soutenant cette initiative, la France a décidé de répondre favorablement à la demande du Président Kabbaj, et accueille à Paris la conférence internationale pour l'atteinte de l'Objectif du Millénaire pour l'eau et l'assainissement en Afrique rurale.
En effet, les besoins restent considérables et la mobilisation de la communauté internationale doit être encore plus forte, tout particulièrement en faveur de l'eau rurale. L'Afrique rurale, si difficile d'accès et pour laquelle les investissements sont cruciaux, ne doit pas être oubliée. Donner accès à l'eau et à l'assainissement dans les campagnes africaines, c'est lutter contre l'exode rural ; c'est maintenir la paix ; c'est permettre à l'agriculture et à l'élevage de demeurer un moteur pour les économies nationales ; c'est aider les plus pauvres. C'est enfin un moyen d'atteindre l'objectif primordial de sécurité alimentaire.

Madame la Ministre et Présidente du Conseil des ministres africains chargés de l'eau,
Monsieur le Président,
Chers amis,
La conférence internationale pour l'atteinte de l'Objectif du Millénaire pour l'eau et l'assainissement en Afrique rurale, qui se déroulera demain, revêt à mes yeux une importance toute particulière.
Concrètement, il s'agit de lancer un processus pour fournir d'ici 2015 un accès à l'eau et à l'assainissement à 300 millions de femmes, d'hommes et d'enfants.
Je sais pouvoir compter sur votre soutien lors de cette conférence. En cette année de lancement de la décennie internationale de l'eau, engageons-nous, tous ensemble, dans ce défi de "l'eau pour tous en Afrique".
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 avril 2005)