Interview de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, dans "Le Parisien" du 11 mars 2005, sur le soutien du gouvernement à la candidature de la ville de Paris pour les Jeux olympiques de 2012.

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Média : Le Parisien

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QUESTION : Quelle est votre discipline olympique préférée ?
Jean-Pierre RAFFARIN : J'ai une grande passion pour l'athlétisme. D'abord parce que c'est un superbe spectacle. La dernière journée de l'athlétisme, avec les relais, comme le 4x100 mètres féminin français au Stade de France pour les mondiaux en 2003, c'est toujours un grand moment. L'athlétisme olympique a aussi une dimension particulière, parce que beaucoup de champions viennent des pays du Sud - des Kényans, des Ethiopiens... c'est toujours une fête des peuples du monde.
QUESTION : Avez-vous déjà assisté à des Jeux Olympiques ?
Jean-Pierre RAFFARIN : J'étais à Barcelone en 1992 pour les finales d'athlétisme et la cérémonie de clôture. Je me souviens d'un super 1 500 mètres remporté par l'Espagnol Fermin CACHO RUIZ, qui a fait une course extraordinaire. Il avait face à lui trois Kényans, plus endurants que lui. Il a fait une course très, très lente, et un dernier tour époustouflant, devant un stade debout. Je me souviens aussi de la classe de Carl LEWIS.
QUESTION : Vous, le décentralisateur, vous êtes prêt à défendre les Jeux de la capitale ?
Jean-Pierre RAFFARIN : C'est un rendez-vous mondial, et Paris est mondial ! Personne ne peut imaginer que Paris, ville olympique, ne symbolise pas alors toute la France. Mais il y aura aussi des épreuves à Nantes, à Lyon, à Marseille, à La Rochelle. Je me suis beaucoup impliqué, déjà lorsque j'étais président de Poitou-Charentes, lors des Championnats du monde de voile de 1994, pour faire de La Rochelle un site olympique pour les épreuves de voile.
QUESTION : Pour vous, quel est le vrai "plus" de la candidature de Paris pour les JO de 2012 ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Le plus novateur, c'est le village olympique aux Batignolles. C'est un quartier que je connais bien, vivant et charmant. Ce sera un lieu très parisien, conforme à l'image humaine de Paris. On pourra aller à pied de ce village dans le coeur de ville. C'est Paris à la portée de tous, Paris en partage.
QUESTION : Quels arguments développerez-vous lors de votre déjeuner de travail avec les membres de la commission du CIO ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Avec Jean-François LAMOUR, je leur expliquerai que la France a l'habitude d'organiser de grands événements dans de bonnes conditions de sécurité. Nous en avons fait la démonstration notamment en 1998 lors de la Coupe du monde de football. Nous avons les équipes, les fédérations, les bénévoles, la capacité d'organisation. Nous avons aussi un professionnalisme éprouvé en matière de sécurité et de santé. Nous sommes prêts dans les moindres détails. Avec le plan Vigipirate et ses déclinaisons, la mise à disposition d'une polyclinique... nous sommes organisés de façon extrêmement professionnelle.
QUESTION : Dimanche dernier, n'avez vous pas fait une erreur en proclamant que "nous obtiendrons les JO" ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Je ne me suis pas exprimé comme cela. J'ai déclaré que malgré les contrariétés de l'agitation sociale nous saurions nous rassembler pour obtenir les JO. Mais n'ayez crainte : je ne participe pas à une opération d'optimisme débridé et je respecte sincèrement les autres candidatures. En toutes circonstances je garde l'esprit sportif !
QUESTION : Le maire de Paris a promis que les impôts des Parisiens n'augmenteraient pas. En prenez-vous, vous aussi, l'engagement ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La France est solidaire de Paris et de l'Ile de France. L'Etat prend en charge 1,5 Milliard d'euros d'investissement et de sécurité, il est garant du budget du Comité d'organisation. Il sera co-responsable de la bonne exécution financière des Jeux. Mais les JO auront aussi des effets durables pour Paris : des aménagements urbains, des transports, des équipements sportifs... Le quartier des Batignolles sera repensé. Les Parisiens vont voir l'humanité de leur ville renforcée, avec l'accessibilité aux handicapés, la priorité à la desserte par les transports en commun... Ce sera une promotion formidable pour la France qui va connaître un grand projet de développement durable. L'attractivité du pays sera renforcée. Les Jeux contribueront de façon irréversible au développement du sport en France.
QUESTION : N'est-ce pas un beau cadeau que vous faites au maire PS de Paris, Bertrand DELANOË ?
Jean-Pierre RAFFARIN : C'est un projet qui doit être au dessus de l'esprit partisan. C'est d'abord un beau cadeau pour la France. L'esprit olympique est proche de nos valeurs nationales. Et puis, qui sait ce qui se passera d'ici 2012 ?
Propos recueillis par Myriam LÉVY
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 14 mars 2005)