Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Le voyage que j'ai effectué en Israël et dans les territoires palestiniens avait une double dimension bilatérale et une trame commune : le processus de paix. Au plan bilatéral, la relation avec Israël a été rappelée par moi avec force parce que ce pays est un pays ami depuis toujours et que nous partageons avec lui les valeurs de la démocratie.
Nous savons aussi qu'en Israël vivent un million de francophones, dont 500 à 700 000 personnes parlent notre langue et sont là pour nous, une expression et une forme de médium de la francophonie. Enfin, Israël est un pays développé, avancé dans le domaine des hautes technologies et nous avons examiné avec les ministres qui m'accompagnaient - des Transports, de l'Economie et des Finances-, comment nous pourrions encore développer nos projets et nos coopérations bilatérales.
Avec les Palestiniens, nous avons là aussi, dans les territoires, rappelé aux autorités palestiniennes l'engagement de la France pour améliorer les conditions de vie concrètes des Palestiniennes et des Palestiniens dont on sait qu'ils vivent dans des conditions extraordinairement contraintes et précaires. Cela est un témoignage de solidarité.
Nous avons également marqué, par l'annonce de grands projets, dans le domaine de l'eau, dans le domaine du développement du port de Gaza, que la France serait aux côtés de cette société en train de naître et de cet Etat en gestation. Car il y aura un Etat palestinien.
Nous avons aussi, et notamment avec des intellectuels et même aussi avec les étudiantes et les étudiants dans la première partie de ce qui s'est passé à Bir Zeit, noué un dialogue sur une question considérée par eux comme essentielle : il faut que l'Etat palestinien soit un Etat de droit et un Etat démocratique. Cela est aussi au coeur de la problématique du Proche-Orient.
En ce qui concerne le processus de paix, j'ai pu nouer des discussions avec M. E. Barak et la plupart des grandes personnalités israéliennes, notamment le président de la République et par ailleurs avec Y. Arafat et les autorités palestiniennes. Je dois dire que je reviens, et notamment aussi les parlementaires qui m'accompagnaient, avec un sentiment de préoccupation pour ce processus de paix. J'ai fait passer cette préoccupation qui est celle de la France, qui est celle aussi des Européens, auprès de mes interlocuteurs et notamment auprès de mes interlocuteurs israéliens à qui j'ai dit que dans la disproportion des forces et dans le contexte aujourd'hui, il leur revenait sans doute, de faire les efforts les plus grands pour que des pas soient faits à nouveau en avant pour relancer le processus de paix et rétablir la relation de confiance entre les acteurs israéliens et palestiniens.
J'ai rappelé le soutien de la France aux accords d'Oslo et de Charm-el-Cheikh. J'ai dit que la restitution des territoires contre la paix devrait se faire. J'ai dit que l'arrêt de la colonisation était un préalable absolu à un climat de confiance. J'ai appelé à l'initiative et au compromis. Car si un accord est nécessaire entre la Syrie et Israël, je suis convaincu que c'est la relation entre les Palestiniens et Israël qui est au coeur de la problématique du Proche-Orient aujourd'hui. Israël doit être assurée de sa sécurité. Un Etat palestinien viable, pacifique, démocratique et prospère doit naître, je l'ai dit en Israël et je l'ai dit bien évidemment à Ramallah ou à Gaza.
En ce qui concerne le Liban et au-delà d'un mot controversé, j'ai entendu dénoncer l'enchaînement délibéré de la violence voulu comme un obstacle aux fragiles perspectives de paix d'aujourd'hui. Le Liban, ami et partenaire de la France, a droit à la paix et à la sécurité. Les troupes israéliennes doivent se retirer du Liban-Sud. J'ai l a conviction qu'elles le feront. J'ai dit auprès de mes interlocuteurs qu'il serait mieux que cela soit à travers un accord négocié, auquel la France pourrait envisager d'apporter sa garantie. Mais je sais qu'en tout état de cause, les Israéliens se retireront du Liban et je m'en réjouis parce que c'est ce que demande la communauté internationale depuis de nombreuses années.
Le Liban doit redevenir un pays libre dans l'unité et dans le respect par tous de son intégrité. C'est vrai aujourd'hui et cela sera aussi vrai demain. Demain, quand les troupes israéliennes se seront retirées et que nous serons confrontés à de nouvelles réalités. Le Liban est peut-être aujourd'hui aux portes de la paix, cet espoir ne reviendra pas par des actes de guerre mais par un appui au processus de paix, c'est ce que j'ai dit en Israël comme dans les territoires palestiniens.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 1er mars 2000)