Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Cher Miguel Angel Moratinos,
Messieurs les Ambassadeurs,
Madame la Directrice de l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi, pour commencer, de remercier l'Institut d'études de sécurité d'avoir organisé cette rencontre : elle répond pleinement au souhait que Miguel Angel Moratinos et moi-même avions formulé, en octobre 2004, lors du dernier Forum méditerranéen.
Ce séminaire permettra de poursuivre la réflexion qui s'était alors engagée autour d'une contribution sur les questions de sécurité et de défense, préparée par la France et le Maroc, représenté aujourd'hui par le ministre M. Taïeb Fassi-Fihri.
Le moment est en effet venu, à quelques mois du 10ème anniversaire du processus de Barcelone, anniversaire qui ne doit pas être un moment de nostalgie mais de relance du processus, d'élargir nos perspectives et d'évaluer l'avenir du partenariat euro-méditerranéen à l'aune des évolutions de l'histoire récente et des nouveaux défis auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés.
L'année 2004 a vu la réunification du continent européen. Mais dans un monde plus instable et plus dangereux, il nous appartient, à l'Union européenne et à l'ensemble des pays de son voisinage, de mieux nous organiser.
Ces menaces qui nous sont communes ont pour noms le terrorisme, la criminalité organisée, la prolifération des armes de destruction massive. Ce sont aussi les conflits régionaux, les risques industriels, les risques liés aux désordres de la nature. Les conséquences du tsunami devraient nous pousser à réfléchir aux moyens de prévention et d'alerte.
Tous ces défis font qu'aujourd'hui, la paix, la stabilité, la sécurité sont devenues des enjeux globaux.
Ils nous engagent à davantage de coopération, à davantage d'entraide et de solidarité, bien au-delà des frontières de l'Union européenne.
Ils nous engagent à approfondir le dialogue politique qui nous unit à d'autres pays, et en premier lieu, les pays qui nous sont les plus proches, de l'autre côté de notre mer commune.
La France et l'Espagne partagent, à cet égard, un même point de vue et des convictions semblables. Notre présence ici en témoigne. J'y vois aussi le signe de l'entente qui unit nos deux pays sur la Politique européenne de sécurité et de défense.
Nous croyons que le moment est venu de franchir un nouveau pas, une nouvelle étape, dans la réalisation de cet espace de paix et de stabilité en Méditerranée qui est au coeur du processus de Barcelone.
Voilà pourquoi nous attendons beaucoup, Mesdames et Messieurs, de vos réflexions, libres et indépendantes, de vos échanges et de vos analyses : ce seront, soyez-en assurés, des contributions très utiles au dialogue politique que nous souhaitons promouvoir en matière de sécurité et de défense à l'échelle interrégionale.
Le moment nous paraît d'autant plus opportun aujourd'hui, que les conditions d'une plus grande coopération se trouvent réunies.
Tout d'abord, notre interdépendance est aujourd'hui un fait : comme en témoignent les liens économiques, culturels, mais aussi politiques qui unissent nos trente-cinq pays sur les deux rives.
Ensuite, les questions de sécurité et de défense elles-mêmes ont donné lieu à des consultations régulières dans le cadre de notre partenariat. Des débats ont été menés dans le groupe du partenariat dédié au terrorisme ; des projets communs ont été étudiés concernant la lutte contre les catastrophes naturelles et la prolifération des armes de destruction massive.
Enfin, le fait que nous puissions déjà dialoguer de ces sujets, par définition sensibles, donne la mesure de la relation de confiance mutuelle qui existe aujourd'hui, mieux que par le passé, entre nos différents pays. C'est là toute la force du processus de Barcelone, qui a réussi à rassembler autour d'une même table l'ensemble des acteurs régionaux, en dépit des antagonismes qui existent parfois entre certains pays.
Oui, notre dialogue est juste et il est utile. Nous en avons besoin. Lui seul permet aussi d'informer, d'expliquer ce qu'est la Politique européenne de sécurité et de défense.
Comme l'histoire récente l'a montré, cette politique s'inscrit dans la recherche de la paix et d'une plus grande stabilité. Il ne s'agit pas d'imposer une vision ou une politique, mais bien de doter l'Union européenne de nouveaux moyens, moyens qui seront encore renforcés par le Traité constitutionnel, afin d'appuyer l'action des Nations unies.
Tel est le sens de l'Europe de la sécurité et de la défense, qui va franchir une nouvelle étape significative, et voilà pourquoi nous souhaitons que les actions que nous menons dans ce domaine demeurent ouvertes à la participation de nos partenaires.
Ce souhait n'est pas un voeu pieu : il a déjà trouvé une traduction concrète sur le terrain, en Bosnie-Herzégovine, où l'Union européenne mène, sous mandat des Nations unies, une opération de maintien de la paix. La Turquie et le Maroc ont voulu s'y associer et les Européens ont pleinement accueilli leur contribution.
Cette opération n'est qu'un exemple parmi d'autres - d'autres pays du Sud de la Méditerranée coopèrent avec l'Union européenne au sein d'opérations des Nations unies, en Afrique notamment.
Je vois dans ces opérations le témoignage concret de ce que nous pouvons accomplir ensemble. Voilà pourquoi, dans le cadre du processus de Barcelone, je souhaite que le dialogue trouve sa traduction dans les faits, et qu'il soit relayé par des coopérations concrètes.
Dans cet objectif, je distinguerai trois principes qui peuvent nous servir de guides.
Premier principe : le libre choix. La participation aux actions de coopération doit se faire sur une base volontaire, afin de n'engager que les pays qui ont clairement et librement décidé de s'engager.
Deuxième principe, lié au premier : le format de nos coopérations doit être flexible. Notre partenariat doit nous laisser la liberté d'agir à la bonne échelle, c'est-à-dire dans un cadre local ou sous-régional, qui n'implique pas nécessairement les trente-cinq pays partenaires.
Tel est le sens, l'ambition et le fondement du "programme d'action" que l'Union européenne a récemment présenté à ses partenaires du processus de Barcelone. Les actions de coopération que nous pourrions être amenés à conduire en matière de sécurité et de défense peuvent être bilatérales, sous-régionales, ou bien ouvertes à tous les pays du processus de Barcelone.
Troisième et dernier principe : toutes les actions de coopération menées dans le bassin méditerranéen sur les questions de sécurité et de défense sont utiles et nécessaires. Nous ne devons donc pas avoir à choisir entre des coopérations qui, par principe et dans les faits, se renforcent mutuellement. Cela est vrai des coopérations bilatérales, si nombreuses entre nos pays, des coopérations menées dans le cadre du dialogue méditerranéen de l'OTAN, ou des coopérations sous-régionales comme l'initiative de sécurité en Méditerranée occidentale dans laquelle sont engagés plusieurs de nos pays.
Au-delà des principes, et c'est sur ce point que je souhaiterais conclure, nous devons renforcer la convergence de nos analyses, et seule une réflexion commune, en partenariat, nous permettra d'atteindre le but que nous cherchons.
Je suis convaincu, Mesdames et Messieurs, que les connaissances et les compétences que vous mettrez en oeuvre dans ce séminaire y contribueront utilement.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 mai 2005)
Cher Miguel Angel Moratinos,
Messieurs les Ambassadeurs,
Madame la Directrice de l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi, pour commencer, de remercier l'Institut d'études de sécurité d'avoir organisé cette rencontre : elle répond pleinement au souhait que Miguel Angel Moratinos et moi-même avions formulé, en octobre 2004, lors du dernier Forum méditerranéen.
Ce séminaire permettra de poursuivre la réflexion qui s'était alors engagée autour d'une contribution sur les questions de sécurité et de défense, préparée par la France et le Maroc, représenté aujourd'hui par le ministre M. Taïeb Fassi-Fihri.
Le moment est en effet venu, à quelques mois du 10ème anniversaire du processus de Barcelone, anniversaire qui ne doit pas être un moment de nostalgie mais de relance du processus, d'élargir nos perspectives et d'évaluer l'avenir du partenariat euro-méditerranéen à l'aune des évolutions de l'histoire récente et des nouveaux défis auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés.
L'année 2004 a vu la réunification du continent européen. Mais dans un monde plus instable et plus dangereux, il nous appartient, à l'Union européenne et à l'ensemble des pays de son voisinage, de mieux nous organiser.
Ces menaces qui nous sont communes ont pour noms le terrorisme, la criminalité organisée, la prolifération des armes de destruction massive. Ce sont aussi les conflits régionaux, les risques industriels, les risques liés aux désordres de la nature. Les conséquences du tsunami devraient nous pousser à réfléchir aux moyens de prévention et d'alerte.
Tous ces défis font qu'aujourd'hui, la paix, la stabilité, la sécurité sont devenues des enjeux globaux.
Ils nous engagent à davantage de coopération, à davantage d'entraide et de solidarité, bien au-delà des frontières de l'Union européenne.
Ils nous engagent à approfondir le dialogue politique qui nous unit à d'autres pays, et en premier lieu, les pays qui nous sont les plus proches, de l'autre côté de notre mer commune.
La France et l'Espagne partagent, à cet égard, un même point de vue et des convictions semblables. Notre présence ici en témoigne. J'y vois aussi le signe de l'entente qui unit nos deux pays sur la Politique européenne de sécurité et de défense.
Nous croyons que le moment est venu de franchir un nouveau pas, une nouvelle étape, dans la réalisation de cet espace de paix et de stabilité en Méditerranée qui est au coeur du processus de Barcelone.
Voilà pourquoi nous attendons beaucoup, Mesdames et Messieurs, de vos réflexions, libres et indépendantes, de vos échanges et de vos analyses : ce seront, soyez-en assurés, des contributions très utiles au dialogue politique que nous souhaitons promouvoir en matière de sécurité et de défense à l'échelle interrégionale.
Le moment nous paraît d'autant plus opportun aujourd'hui, que les conditions d'une plus grande coopération se trouvent réunies.
Tout d'abord, notre interdépendance est aujourd'hui un fait : comme en témoignent les liens économiques, culturels, mais aussi politiques qui unissent nos trente-cinq pays sur les deux rives.
Ensuite, les questions de sécurité et de défense elles-mêmes ont donné lieu à des consultations régulières dans le cadre de notre partenariat. Des débats ont été menés dans le groupe du partenariat dédié au terrorisme ; des projets communs ont été étudiés concernant la lutte contre les catastrophes naturelles et la prolifération des armes de destruction massive.
Enfin, le fait que nous puissions déjà dialoguer de ces sujets, par définition sensibles, donne la mesure de la relation de confiance mutuelle qui existe aujourd'hui, mieux que par le passé, entre nos différents pays. C'est là toute la force du processus de Barcelone, qui a réussi à rassembler autour d'une même table l'ensemble des acteurs régionaux, en dépit des antagonismes qui existent parfois entre certains pays.
Oui, notre dialogue est juste et il est utile. Nous en avons besoin. Lui seul permet aussi d'informer, d'expliquer ce qu'est la Politique européenne de sécurité et de défense.
Comme l'histoire récente l'a montré, cette politique s'inscrit dans la recherche de la paix et d'une plus grande stabilité. Il ne s'agit pas d'imposer une vision ou une politique, mais bien de doter l'Union européenne de nouveaux moyens, moyens qui seront encore renforcés par le Traité constitutionnel, afin d'appuyer l'action des Nations unies.
Tel est le sens de l'Europe de la sécurité et de la défense, qui va franchir une nouvelle étape significative, et voilà pourquoi nous souhaitons que les actions que nous menons dans ce domaine demeurent ouvertes à la participation de nos partenaires.
Ce souhait n'est pas un voeu pieu : il a déjà trouvé une traduction concrète sur le terrain, en Bosnie-Herzégovine, où l'Union européenne mène, sous mandat des Nations unies, une opération de maintien de la paix. La Turquie et le Maroc ont voulu s'y associer et les Européens ont pleinement accueilli leur contribution.
Cette opération n'est qu'un exemple parmi d'autres - d'autres pays du Sud de la Méditerranée coopèrent avec l'Union européenne au sein d'opérations des Nations unies, en Afrique notamment.
Je vois dans ces opérations le témoignage concret de ce que nous pouvons accomplir ensemble. Voilà pourquoi, dans le cadre du processus de Barcelone, je souhaite que le dialogue trouve sa traduction dans les faits, et qu'il soit relayé par des coopérations concrètes.
Dans cet objectif, je distinguerai trois principes qui peuvent nous servir de guides.
Premier principe : le libre choix. La participation aux actions de coopération doit se faire sur une base volontaire, afin de n'engager que les pays qui ont clairement et librement décidé de s'engager.
Deuxième principe, lié au premier : le format de nos coopérations doit être flexible. Notre partenariat doit nous laisser la liberté d'agir à la bonne échelle, c'est-à-dire dans un cadre local ou sous-régional, qui n'implique pas nécessairement les trente-cinq pays partenaires.
Tel est le sens, l'ambition et le fondement du "programme d'action" que l'Union européenne a récemment présenté à ses partenaires du processus de Barcelone. Les actions de coopération que nous pourrions être amenés à conduire en matière de sécurité et de défense peuvent être bilatérales, sous-régionales, ou bien ouvertes à tous les pays du processus de Barcelone.
Troisième et dernier principe : toutes les actions de coopération menées dans le bassin méditerranéen sur les questions de sécurité et de défense sont utiles et nécessaires. Nous ne devons donc pas avoir à choisir entre des coopérations qui, par principe et dans les faits, se renforcent mutuellement. Cela est vrai des coopérations bilatérales, si nombreuses entre nos pays, des coopérations menées dans le cadre du dialogue méditerranéen de l'OTAN, ou des coopérations sous-régionales comme l'initiative de sécurité en Méditerranée occidentale dans laquelle sont engagés plusieurs de nos pays.
Au-delà des principes, et c'est sur ce point que je souhaiterais conclure, nous devons renforcer la convergence de nos analyses, et seule une réflexion commune, en partenariat, nous permettra d'atteindre le but que nous cherchons.
Je suis convaincu, Mesdames et Messieurs, que les connaissances et les compétences que vous mettrez en oeuvre dans ce séminaire y contribueront utilement.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 mai 2005)