Texte intégral
Mesdames les Ministres,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Maire de Reims,
Mesdames et Messieurs les parlementaires et les élus,
Monsieur le chef d'état-major des armées,
Messieurs les ambassadeurs,
Monsieur le préfet,
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd'hui pour commémorer un moment d'Histoire que nul n'oubliera jamais.
Voici soixante ans, en ce début du mois de mai 1945, après avoir dévasté l'Europe et mis le feu au monde, l'Allemagne nazie capitulait sans condition.
Prise dans un étau irrésistible, ravagée, exsangue, résignée, elle s'effondrait dans un chaos à la mesure de l'horreur et de la terreur qu'avait semées son régime criminel et barbare.
C'est le 7 mai, dans la nuit, à 2 heures 41
C'est en France, terre martyrisée dont le peuple avait pris toute sa part à la lutte
C'est à Reims, au cur de votre ville déjà chargée d'Histoire, que fut donc signé le dernier acte du IIIe Reich : sa défaite totale.
Le 8 mai 1945, le feu cessa sur le front occidental. Le 9 mai, après l'acte de Berlin, il cessa sur le front oriental.
En cette nuit historique, pour nous, Français, s'accomplissait l'objectif inouï fixé par le Général de Gaulle dès le 18 juin 1940, aux heures les plus tragiques de notre Histoire.
A Reims, le Général SEVEZ, à Berlin, le Général de LATTRE, étaient à la table des vainqueurs. Selon les mots de DE GAULLE, ils représentaient la France, je cite : " vivante, respectée, recouvrant ses terres et son rang, appelée, aux côtés des plus grands, à régler le sort du monde ".
En cette nuit historique, le peuple britannique voyait triompher son courage exemplaire, sublime. Au nom du monde libre tout entier, il pouvait acclamer sans fin son héros de légende, Winston CHURCHILL.
Le grand peuple russe, les peuples de l'URSS, épuisés mais victorieux, obtenaient le prix de leurs immenses souffrances et de leur indomptable volonté.
En cette nuit historique, bien sûr, éclatait la gloire des Etats-Unis. Héros du Débarquement, libérateurs de l'Afrique et de l'Europe occidentale, triomphateurs du nazisme, le Général EISENHOWER et ses hommes entraient dans l'Histoire.
Ainsi, s'achevaient douze années d'oppression, de terreur et de folie criminelle en Allemagne.
Ainsi, s'achevaient plus de cinq années d'une guerre sans pareille en Europe.
Demain, à Paris, nous rendrons hommage aux 14 nations coalisées qui ont combattu sur notre sol pour venir à bout de l'hydre national-socialiste.
Nous rendrons hommage à notre armée, aux armées et aux peuples d'Europe, du Commonwealth et du monde qui étaient au rendez-vous de l'honneur et de la Victoire.
Mesdames et Messieurs, " le tombeau des héros est le cur des vivants ". Ces mots d'André MALRAUX sonnent comme un juste éloge, mais aussi comme un appel à la transmission de la mémoire.
Aujourd'hui, soixante ans après la Victoire, je veux attester que nous conservons, au fond de nos curs, le souvenir de toutes celles et de tous ceux qui ont fait triompher les idéaux de liberté et de dignité.
En ce jour, pensons plus particulièrement aux hommes et aux femmes de tous horizons qui tombèrent avant de connaître ces instants mémorables. Ils sont nos héros. Nous ne les oublierons jamais.
Pour toujours dans le cur des Françaises et des Français : les courageux combattants de 1940 morts au champ d'honneur, les fusillés du Mont-Valérien et de Chateaubriant, les martyrs de Tulle, d'Oradour et de Vassieux-en-Vercors, Jean Moulin, Guy Moquet, d'Estienne d'Orves, Fabien et tous leurs camarades de la Résistance.
Pour toujours dans nos curs : les Français Libres tombés à Bir Hakeim et sur tous les continents, nos combattants marocains et algériens emportés à Monte Cassino, en Provence ou en Alsace, les hommes de Diégo BROSSET, ceux de la 2ème DB et de la Première Armée.
Pour toujours dans nos curs : les pilotes anglais abattus dans le ciel de Londres, les Canadiens foudroyés à Dieppe et les " GI " débarqués à Omaha la sanglante, les habitants de Coventry bombardée et de Stalingrad assiégée, les Polonais, les nations d'Europe centrale et tous les peuples sauvagement opprimés, les victimes de nos villes et de nos villages occupés, annexés, martyrisés ou bombardés.
Pour toujours dans nos curs : les internés de Montluc, les femmes de Ravensbrück et tous les déportés des camps de la mort.
Pour toujours dans le cur des hommes, les insurgés du ghetto de Varsovie, les enfants d'Izieu et toutes les victimes des camps d'extermination.
Toutes et tous auraient hautement mérité d'être au milieu de la marée humaine qui entoura DE GAULLE à l'Arc de triomphe. Toutes et tous auraient mérité de voir CHURCHILL apparaître au balcon de Buckingham, de défiler sur la Place rouge devant STALINE ou de contempler l'Amérique fêtant la plus grande de ses victoires.
Devant toutes les victimes militaires et civiles de la Guerre, je m'incline avec respect.
A tous les combattants victorieux, au nom du Gouvernement, je rends un hommage solennel.
Aux vétérans de la Seconde Guerre mondiale, militaires et Résistants, qui sont à Reims aujourd'hui j'exprime, avec émotion, l'admiration et la profonde gratitude de la Nation.
A nos alliés, notamment américains, britanniques et russes, je veux exprimer notre indéfectible reconnaissance. Je salue leurs représentants présents avec nous ce matin.
En cet instant, je souhaite également adresser, publiquement, une pensée à nos frères allemands. Nous savons qu'après l'ivresse trompeuse des succès militaires, qui cachait pourtant mal sa véritable nature, le IIIe Reich entraînait alors leur patrie dans une indescriptible tourmente. En ce 7 mai, le malheur n'avait pas achevé sa tâche.
Mesdames et Messieurs, de ce cataclysme allait pourtant émerger la démocratie et la paix en Europe.
Moins de vingt après le fracas terrifiant des armes, ici, à Reims, le Général de GAULLE et le Chancelier ADENAUER scellaient la réconciliation de la France et de l'Allemagne.
Comme Jeanne d'Arc avait ouvert, cinq siècles auparavant, dans votre cathédrale, la voie de la renaissance de la France, les deux illustres hommes d'Etat ouvraient, ensemble, dans cette même cathédrale, une ère nouvelle pour nos peuples et notre continent.
A des siècles - pour ne pas dire des millénaires - à des siècles d'affrontements et d'invasions, après tant d'exodes et de ravages, ont succédé des temps de paix, de prospérité et de liberté.
Aujourd'hui, je le dis avec gravité, nous sommes comptables du courage de ces hommes d'Etat visionnaires qui ont osé renverser le cours de l'Histoire. Mesdames les Ministres,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Maire de Reims,
Mesdames et Messieurs les parlementaires et les élus,
Monsieur le chef d'état-major des armées,
Messieurs les ambassadeurs,
Monsieur le préfet,
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd'hui pour commémorer un moment d'Histoire que nul n'oubliera jamais.
Voici soixante ans, en ce début du mois de mai 1945, après avoir dévasté l'Europe et mis le feu au monde, l'Allemagne nazie capitulait sans condition.
Prise dans un étau irrésistible, ravagée, exsangue, résignée, elle s'effondrait dans un chaos à la mesure de l'horreur et de la terreur qu'avait semées son régime criminel et barbare.
C'est le 7 mai, dans la nuit, à 2 heures 41
C'est en France, terre martyrisée dont le peuple avait pris toute sa part à la lutte
C'est à Reims, au cur de votre ville déjà chargée d'Histoire, que fut donc signé le dernier acte du IIIe Reich : sa défaite totale.
Le 8 mai 1945, le feu cessa sur le front occidental. Le 9 mai, après l'acte de Berlin, il cessa sur le front oriental.
En cette nuit historique, pour nous, Français, s'accomplissait l'objectif inouï fixé par le Général de Gaulle dès le 18 juin 1940, aux heures les plus tragiques de notre Histoire.
A Reims, le Général SEVEZ, à Berlin, le Général de LATTRE, étaient à la table des vainqueurs. Selon les mots de DE GAULLE, ils représentaient la France, je cite : " vivante, respectée, recouvrant ses terres et son rang, appelée, aux côtés des plus grands, à régler le sort du monde ".
En cette nuit historique, le peuple britannique voyait triompher son courage exemplaire, sublime. Au nom du monde libre tout entier, il pouvait acclamer sans fin son héros de légende, Winston CHURCHILL.
Le grand peuple russe, les peuples de l'URSS, épuisés mais victorieux, obtenaient le prix de leurs immenses souffrances et de leur indomptable volonté.
En cette nuit historique, bien sûr, éclatait la gloire des Etats-Unis. Héros du Débarquement, libérateurs de l'Afrique et de l'Europe occidentale, triomphateurs du nazisme, le Général EISENHOWER et ses hommes entraient dans l'Histoire.
Ainsi, s'achevaient douze années d'oppression, de terreur et de folie criminelle en Allemagne.
Ainsi, s'achevaient plus de cinq années d'une guerre sans pareille en Europe.
Demain, à Paris, nous rendrons hommage aux 14 nations coalisées qui ont combattu sur notre sol pour venir à bout de l'hydre national-socialiste.
Nous rendrons hommage à notre armée, aux armées et aux peuples d'Europe, du Commonwealth et du monde qui étaient au rendez-vous de l'honneur et de la Victoire.
Mesdames et Messieurs, " le tombeau des héros est le cur des vivants ". Ces mots d'André MALRAUX sonnent comme un juste éloge, mais aussi comme un appel à la transmission de la mémoire.
Aujourd'hui, soixante ans après la Victoire, je veux attester que nous conservons, au fond de nos curs, le souvenir de toutes celles et de tous ceux qui ont fait triompher les idéaux de liberté et de dignité.
En ce jour, pensons plus particulièrement aux hommes et aux femmes de tous horizons qui tombèrent avant de connaître ces instants mémorables. Ils sont nos héros. Nous ne les oublierons jamais.
Pour toujours dans le cur des Françaises et des Français : les courageux combattants de 1940 morts au champ d'honneur, les fusillés du Mont-Valérien et de Chateaubriant, les martyrs de Tulle, d'Oradour et de Vassieux-en-Vercors, Jean Moulin, Guy Moquet, d'Estienne d'Orves, Fabien et tous leurs camarades de la Résistance.
Pour toujours dans nos curs : les Français Libres tombés à Bir Hakeim et sur tous les continents, nos combattants marocains et algériens emportés à Monte Cassino, en Provence ou en Alsace, les hommes de Diégo BROSSET, ceux de la 2ème DB et de la Première Armée.
Pour toujours dans nos curs : les pilotes anglais abattus dans le ciel de Londres, les Canadiens foudroyés à Dieppe et les " GI " débarqués à Omaha la sanglante, les habitants de Coventry bombardée et de Stalingrad assiégée, les Polonais, les nations d'Europe centrale et tous les peuples sauvagement opprimés, les victimes de nos villes et de nos villages occupés, annexés, martyrisés ou bombardés.
Pour toujours dans nos curs : les internés de Montluc, les femmes de Ravensbrück et tous les déportés des camps de la mort.
Pour toujours dans le cur des hommes, les insurgés du ghetto de Varsovie, les enfants d'Izieu et toutes les victimes des camps d'extermination.
Toutes et tous auraient hautement mérité d'être au milieu de la marée humaine qui entoura DE GAULLE à l'Arc de triomphe. Toutes et tous auraient mérité de voir CHURCHILL apparaître au balcon de Buckingham, de défiler sur la Place rouge devant STALINE ou de contempler l'Amérique fêtant la plus grande de ses victoires.
Devant toutes les victimes militaires et civiles de la Guerre, je m'incline avec respect.
A tous les combattants victorieux, au nom du Gouvernement, je rends un hommage solennel.
Aux vétérans de la Seconde Guerre mondiale, militaires et Résistants, qui sont à Reims aujourd'hui j'exprime, avec émotion, l'admiration et la profonde gratitude de la Nation.
A nos alliés, notamment américains, britanniques et russes, je veux exprimer notre indéfectible reconnaissance. Je salue leurs représentants présents avec nous ce matin.
En cet instant, je souhaite également adresser, publiquement, une pensée à nos frères allemands. Nous savons qu'après l'ivresse trompeuse des succès militaires, qui cachait pourtant mal sa véritable nature, le IIIe Reich entraînait alors leur patrie dans une indescriptible tourmente. En ce 7 mai, le malheur n'avait pas achevé sa tâche.
Mesdames et Messieurs, de ce cataclysme allait pourtant émerger la démocratie et la paix en Europe.
Moins de vingt après le fracas terrifiant des armes, ici, à Reims, le Général de GAULLE et le Chancelier ADENAUER scellaient la réconciliation de la France et de l'Allemagne.
Comme Jeanne d'Arc avait ouvert, cinq siècles auparavant, dans votre cathédrale, la voie de la renaissance de la France, les deux illustres hommes d'Etat ouvraient, ensemble, dans cette même cathédrale, une ère nouvelle pour nos peuples et notre continent.
A des siècles - pour ne pas dire des millénaires - à des siècles d'affrontements et d'invasions, après tant d'exodes et de ravages, ont succédé des temps de paix, de prospérité et de liberté.
Aujourd'hui, je le dis avec gravité, nous sommes comptables du courage de ces hommes d'Etat visionnaires qui ont osé renverser le cours de l'Histoire.
Nous leur sommes redevables d'avoir enraciné en Europe les valeurs et les principes des combattants victorieux du 7 mai 1945.
A nous d'être, aujourd'hui et demain, dignes de leur héritage et de leur message de liberté pour les peuples, d'égalité entre tous les hommes et de fraternité entre les Nations d'Europe.
Vive la République !
Vive la France !
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 25 mai 2005)
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Maire de Reims,
Mesdames et Messieurs les parlementaires et les élus,
Monsieur le chef d'état-major des armées,
Messieurs les ambassadeurs,
Monsieur le préfet,
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd'hui pour commémorer un moment d'Histoire que nul n'oubliera jamais.
Voici soixante ans, en ce début du mois de mai 1945, après avoir dévasté l'Europe et mis le feu au monde, l'Allemagne nazie capitulait sans condition.
Prise dans un étau irrésistible, ravagée, exsangue, résignée, elle s'effondrait dans un chaos à la mesure de l'horreur et de la terreur qu'avait semées son régime criminel et barbare.
C'est le 7 mai, dans la nuit, à 2 heures 41
C'est en France, terre martyrisée dont le peuple avait pris toute sa part à la lutte
C'est à Reims, au cur de votre ville déjà chargée d'Histoire, que fut donc signé le dernier acte du IIIe Reich : sa défaite totale.
Le 8 mai 1945, le feu cessa sur le front occidental. Le 9 mai, après l'acte de Berlin, il cessa sur le front oriental.
En cette nuit historique, pour nous, Français, s'accomplissait l'objectif inouï fixé par le Général de Gaulle dès le 18 juin 1940, aux heures les plus tragiques de notre Histoire.
A Reims, le Général SEVEZ, à Berlin, le Général de LATTRE, étaient à la table des vainqueurs. Selon les mots de DE GAULLE, ils représentaient la France, je cite : " vivante, respectée, recouvrant ses terres et son rang, appelée, aux côtés des plus grands, à régler le sort du monde ".
En cette nuit historique, le peuple britannique voyait triompher son courage exemplaire, sublime. Au nom du monde libre tout entier, il pouvait acclamer sans fin son héros de légende, Winston CHURCHILL.
Le grand peuple russe, les peuples de l'URSS, épuisés mais victorieux, obtenaient le prix de leurs immenses souffrances et de leur indomptable volonté.
En cette nuit historique, bien sûr, éclatait la gloire des Etats-Unis. Héros du Débarquement, libérateurs de l'Afrique et de l'Europe occidentale, triomphateurs du nazisme, le Général EISENHOWER et ses hommes entraient dans l'Histoire.
Ainsi, s'achevaient douze années d'oppression, de terreur et de folie criminelle en Allemagne.
Ainsi, s'achevaient plus de cinq années d'une guerre sans pareille en Europe.
Demain, à Paris, nous rendrons hommage aux 14 nations coalisées qui ont combattu sur notre sol pour venir à bout de l'hydre national-socialiste.
Nous rendrons hommage à notre armée, aux armées et aux peuples d'Europe, du Commonwealth et du monde qui étaient au rendez-vous de l'honneur et de la Victoire.
Mesdames et Messieurs, " le tombeau des héros est le cur des vivants ". Ces mots d'André MALRAUX sonnent comme un juste éloge, mais aussi comme un appel à la transmission de la mémoire.
Aujourd'hui, soixante ans après la Victoire, je veux attester que nous conservons, au fond de nos curs, le souvenir de toutes celles et de tous ceux qui ont fait triompher les idéaux de liberté et de dignité.
En ce jour, pensons plus particulièrement aux hommes et aux femmes de tous horizons qui tombèrent avant de connaître ces instants mémorables. Ils sont nos héros. Nous ne les oublierons jamais.
Pour toujours dans le cur des Françaises et des Français : les courageux combattants de 1940 morts au champ d'honneur, les fusillés du Mont-Valérien et de Chateaubriant, les martyrs de Tulle, d'Oradour et de Vassieux-en-Vercors, Jean Moulin, Guy Moquet, d'Estienne d'Orves, Fabien et tous leurs camarades de la Résistance.
Pour toujours dans nos curs : les Français Libres tombés à Bir Hakeim et sur tous les continents, nos combattants marocains et algériens emportés à Monte Cassino, en Provence ou en Alsace, les hommes de Diégo BROSSET, ceux de la 2ème DB et de la Première Armée.
Pour toujours dans nos curs : les pilotes anglais abattus dans le ciel de Londres, les Canadiens foudroyés à Dieppe et les " GI " débarqués à Omaha la sanglante, les habitants de Coventry bombardée et de Stalingrad assiégée, les Polonais, les nations d'Europe centrale et tous les peuples sauvagement opprimés, les victimes de nos villes et de nos villages occupés, annexés, martyrisés ou bombardés.
Pour toujours dans nos curs : les internés de Montluc, les femmes de Ravensbrück et tous les déportés des camps de la mort.
Pour toujours dans le cur des hommes, les insurgés du ghetto de Varsovie, les enfants d'Izieu et toutes les victimes des camps d'extermination.
Toutes et tous auraient hautement mérité d'être au milieu de la marée humaine qui entoura DE GAULLE à l'Arc de triomphe. Toutes et tous auraient mérité de voir CHURCHILL apparaître au balcon de Buckingham, de défiler sur la Place rouge devant STALINE ou de contempler l'Amérique fêtant la plus grande de ses victoires.
Devant toutes les victimes militaires et civiles de la Guerre, je m'incline avec respect.
A tous les combattants victorieux, au nom du Gouvernement, je rends un hommage solennel.
Aux vétérans de la Seconde Guerre mondiale, militaires et Résistants, qui sont à Reims aujourd'hui j'exprime, avec émotion, l'admiration et la profonde gratitude de la Nation.
A nos alliés, notamment américains, britanniques et russes, je veux exprimer notre indéfectible reconnaissance. Je salue leurs représentants présents avec nous ce matin.
En cet instant, je souhaite également adresser, publiquement, une pensée à nos frères allemands. Nous savons qu'après l'ivresse trompeuse des succès militaires, qui cachait pourtant mal sa véritable nature, le IIIe Reich entraînait alors leur patrie dans une indescriptible tourmente. En ce 7 mai, le malheur n'avait pas achevé sa tâche.
Mesdames et Messieurs, de ce cataclysme allait pourtant émerger la démocratie et la paix en Europe.
Moins de vingt après le fracas terrifiant des armes, ici, à Reims, le Général de GAULLE et le Chancelier ADENAUER scellaient la réconciliation de la France et de l'Allemagne.
Comme Jeanne d'Arc avait ouvert, cinq siècles auparavant, dans votre cathédrale, la voie de la renaissance de la France, les deux illustres hommes d'Etat ouvraient, ensemble, dans cette même cathédrale, une ère nouvelle pour nos peuples et notre continent.
A des siècles - pour ne pas dire des millénaires - à des siècles d'affrontements et d'invasions, après tant d'exodes et de ravages, ont succédé des temps de paix, de prospérité et de liberté.
Aujourd'hui, je le dis avec gravité, nous sommes comptables du courage de ces hommes d'Etat visionnaires qui ont osé renverser le cours de l'Histoire. Mesdames les Ministres,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Maire de Reims,
Mesdames et Messieurs les parlementaires et les élus,
Monsieur le chef d'état-major des armées,
Messieurs les ambassadeurs,
Monsieur le préfet,
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd'hui pour commémorer un moment d'Histoire que nul n'oubliera jamais.
Voici soixante ans, en ce début du mois de mai 1945, après avoir dévasté l'Europe et mis le feu au monde, l'Allemagne nazie capitulait sans condition.
Prise dans un étau irrésistible, ravagée, exsangue, résignée, elle s'effondrait dans un chaos à la mesure de l'horreur et de la terreur qu'avait semées son régime criminel et barbare.
C'est le 7 mai, dans la nuit, à 2 heures 41
C'est en France, terre martyrisée dont le peuple avait pris toute sa part à la lutte
C'est à Reims, au cur de votre ville déjà chargée d'Histoire, que fut donc signé le dernier acte du IIIe Reich : sa défaite totale.
Le 8 mai 1945, le feu cessa sur le front occidental. Le 9 mai, après l'acte de Berlin, il cessa sur le front oriental.
En cette nuit historique, pour nous, Français, s'accomplissait l'objectif inouï fixé par le Général de Gaulle dès le 18 juin 1940, aux heures les plus tragiques de notre Histoire.
A Reims, le Général SEVEZ, à Berlin, le Général de LATTRE, étaient à la table des vainqueurs. Selon les mots de DE GAULLE, ils représentaient la France, je cite : " vivante, respectée, recouvrant ses terres et son rang, appelée, aux côtés des plus grands, à régler le sort du monde ".
En cette nuit historique, le peuple britannique voyait triompher son courage exemplaire, sublime. Au nom du monde libre tout entier, il pouvait acclamer sans fin son héros de légende, Winston CHURCHILL.
Le grand peuple russe, les peuples de l'URSS, épuisés mais victorieux, obtenaient le prix de leurs immenses souffrances et de leur indomptable volonté.
En cette nuit historique, bien sûr, éclatait la gloire des Etats-Unis. Héros du Débarquement, libérateurs de l'Afrique et de l'Europe occidentale, triomphateurs du nazisme, le Général EISENHOWER et ses hommes entraient dans l'Histoire.
Ainsi, s'achevaient douze années d'oppression, de terreur et de folie criminelle en Allemagne.
Ainsi, s'achevaient plus de cinq années d'une guerre sans pareille en Europe.
Demain, à Paris, nous rendrons hommage aux 14 nations coalisées qui ont combattu sur notre sol pour venir à bout de l'hydre national-socialiste.
Nous rendrons hommage à notre armée, aux armées et aux peuples d'Europe, du Commonwealth et du monde qui étaient au rendez-vous de l'honneur et de la Victoire.
Mesdames et Messieurs, " le tombeau des héros est le cur des vivants ". Ces mots d'André MALRAUX sonnent comme un juste éloge, mais aussi comme un appel à la transmission de la mémoire.
Aujourd'hui, soixante ans après la Victoire, je veux attester que nous conservons, au fond de nos curs, le souvenir de toutes celles et de tous ceux qui ont fait triompher les idéaux de liberté et de dignité.
En ce jour, pensons plus particulièrement aux hommes et aux femmes de tous horizons qui tombèrent avant de connaître ces instants mémorables. Ils sont nos héros. Nous ne les oublierons jamais.
Pour toujours dans le cur des Françaises et des Français : les courageux combattants de 1940 morts au champ d'honneur, les fusillés du Mont-Valérien et de Chateaubriant, les martyrs de Tulle, d'Oradour et de Vassieux-en-Vercors, Jean Moulin, Guy Moquet, d'Estienne d'Orves, Fabien et tous leurs camarades de la Résistance.
Pour toujours dans nos curs : les Français Libres tombés à Bir Hakeim et sur tous les continents, nos combattants marocains et algériens emportés à Monte Cassino, en Provence ou en Alsace, les hommes de Diégo BROSSET, ceux de la 2ème DB et de la Première Armée.
Pour toujours dans nos curs : les pilotes anglais abattus dans le ciel de Londres, les Canadiens foudroyés à Dieppe et les " GI " débarqués à Omaha la sanglante, les habitants de Coventry bombardée et de Stalingrad assiégée, les Polonais, les nations d'Europe centrale et tous les peuples sauvagement opprimés, les victimes de nos villes et de nos villages occupés, annexés, martyrisés ou bombardés.
Pour toujours dans nos curs : les internés de Montluc, les femmes de Ravensbrück et tous les déportés des camps de la mort.
Pour toujours dans le cur des hommes, les insurgés du ghetto de Varsovie, les enfants d'Izieu et toutes les victimes des camps d'extermination.
Toutes et tous auraient hautement mérité d'être au milieu de la marée humaine qui entoura DE GAULLE à l'Arc de triomphe. Toutes et tous auraient mérité de voir CHURCHILL apparaître au balcon de Buckingham, de défiler sur la Place rouge devant STALINE ou de contempler l'Amérique fêtant la plus grande de ses victoires.
Devant toutes les victimes militaires et civiles de la Guerre, je m'incline avec respect.
A tous les combattants victorieux, au nom du Gouvernement, je rends un hommage solennel.
Aux vétérans de la Seconde Guerre mondiale, militaires et Résistants, qui sont à Reims aujourd'hui j'exprime, avec émotion, l'admiration et la profonde gratitude de la Nation.
A nos alliés, notamment américains, britanniques et russes, je veux exprimer notre indéfectible reconnaissance. Je salue leurs représentants présents avec nous ce matin.
En cet instant, je souhaite également adresser, publiquement, une pensée à nos frères allemands. Nous savons qu'après l'ivresse trompeuse des succès militaires, qui cachait pourtant mal sa véritable nature, le IIIe Reich entraînait alors leur patrie dans une indescriptible tourmente. En ce 7 mai, le malheur n'avait pas achevé sa tâche.
Mesdames et Messieurs, de ce cataclysme allait pourtant émerger la démocratie et la paix en Europe.
Moins de vingt après le fracas terrifiant des armes, ici, à Reims, le Général de GAULLE et le Chancelier ADENAUER scellaient la réconciliation de la France et de l'Allemagne.
Comme Jeanne d'Arc avait ouvert, cinq siècles auparavant, dans votre cathédrale, la voie de la renaissance de la France, les deux illustres hommes d'Etat ouvraient, ensemble, dans cette même cathédrale, une ère nouvelle pour nos peuples et notre continent.
A des siècles - pour ne pas dire des millénaires - à des siècles d'affrontements et d'invasions, après tant d'exodes et de ravages, ont succédé des temps de paix, de prospérité et de liberté.
Aujourd'hui, je le dis avec gravité, nous sommes comptables du courage de ces hommes d'Etat visionnaires qui ont osé renverser le cours de l'Histoire.
Nous leur sommes redevables d'avoir enraciné en Europe les valeurs et les principes des combattants victorieux du 7 mai 1945.
A nous d'être, aujourd'hui et demain, dignes de leur héritage et de leur message de liberté pour les peuples, d'égalité entre tous les hommes et de fraternité entre les Nations d'Europe.
Vive la République !
Vive la France !
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 25 mai 2005)