Editoriaux de Mme Arlette Laguiller, porte-parole de LO, dans "Lutte Ouvrière" les 4, 11, 18, 25, 28 février 2005 sur les appels à manifester contre la "réforme" de la loi sur les 35 heures, la réforme de l'éducation nationale, l'accroissement des profits des entreprises.

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Média : Lutte Ouvrière

Texte intégral

4 février 2005
Il faut une contre-offensive des travailleurs
L'Assemblée nationale est en train de voter la proposition de loi dite d'"assouplissement des 35 heures". En fait d'"assouplissement", les jours de RTT pourront être payés au lieu d'être pris en temps de repos, le nombre d'heures supplémentaires sera augmenté sans que la rétribution en soit majorée de 25 % pour toutes. Disparaîtra donc le seul avantage de la loi des 35 heures, une certaine réduction du temps de travail, tandis que les patrons conserveront les avantages qu'Aubry, puis Fillon, leur ont accordés en contrepartie. On aura la "liberté" -comme ose l'affirmer cyniquement le ministre du Travail- de travailler jusqu'à 48 heures par semaine, voire, éventuellement, jusqu'à 60 heures.
Après avoir freiné les salaires depuis des années; après avoir réduit le pouvoir d'achat de tous et l'avoir écrasé pour beaucoup, voilà que le patronat et le gouvernement nous octroient la "liberté" de travailler plus pour gagner plus mais pas proportionnellement. La "liberté" de s'user plus sur les chaînes de montage, derrière les caisses de supermarché, à l'atelier ou au bureau, pour gagner un salaire de moins en moins suffisant pour payer son loyer et pour assurer le quotidien.
Ce projet est une nouvelle agression contre le monde du travail. Une de plus.
Les confédérations syndicales appellent à manifester le samedi 5 février pour protester contre ce projet, pour l'emploi et pour les salaires.
Malgré les objectifs vagues mis en avant par les syndicats, il faut que ces manifestations soient un succès. Il le faut pour montrer que les travailleurs en ont assez de recevoir des coups, assez de voir leurs conditions de vie se dégrader.
Il le faut aussi pour obliger les organisations syndicales à donner une suite à cette journée. Jusqu'ici, aucune centrale syndicale ne propose un plan d'action. Aucune centrale n'annonce quelle suite elle propose de donner à cette journée qui, même très réussie, ne suffira pas à faire reculer le gouvernement et le patronat si elle reste sans lendemain.
Il est évident que, si les travailleurs ne réagissent pas, les coups continueront à tomber. Alors que les salaires n'augmentent pas, les prélèvements supplémentaires se succèdent, s'ajoutant les uns aux autres.
Pour des millions de travailleurs qui n'ont que des contrats précaires ou à temps partiel, il suffit de peu pour basculer dans la pauvreté et être incapable de payer son loyer. Le dernier rapport de la Fondation Abbé-Pierre parle d'une augmentation importante des "personnes hébergées", c'est-à-dire de ces femmes ou hommes, des nôtres, qui seraient dans la rue si des parents ou des proches n'acceptaient de se serrer dans des appartements déjà exigus, pour pallier la défaillance de l'État à construire des logements dont les loyers soient abordables. Ceux qu'on trouve ne sont pas à la portée d'un salaire ouvrier.
Et cette dégradation visible, dramatique, de la vie de millions de personnes se produit alors que les profits patronaux s'envolent, que la bourgeoisie s'enrichit et que le gouvernement multiplie les faveurs envers le patronat et les plus riches.
Ce gouvernement est un gouvernement de classe. Toutes les mesures qu'il prend vont dans le sens des intérêts des possédants, en sachant que ce faisant il accroît la pauvreté dans les classes populaires.
Ni le patronat ni le gouvernement ne changeront d'attitude s'ils ne sentent pas la colère monter dans la classe ouvrière et que cette colère va devenir une menace.
Alors, si nous ne voulons pas que notre sort continue à empirer, il faut être nombreux à participer aux manifestations du 5 février. Il faut faire pression sur les organisations syndicales pour les contraindre à donner une suite à cette journée.
Une contre-offensive des travailleurs est absolument nécessaire, si nous ne voulons pas que les licenciements continuent, que le pouvoir d'achat des travailleurs baisse, que l'État diminue encore l'allocation chômage et l'accès aux soins. Elle est possible et elle dépend de nous tous.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 7 février 2005)
11 février 2005
Après les manifestations du 5 février - et maintenant ?
Malgré les manifestations de samedi 5 février, le gouvernement continue comme si de rien n'était à imposer sa "réforme" de la loi des 35 heures. Le projet supprime les quelques avantages de la loi Aubry pour les travailleurs. Cette loi avait réduit l'horaire de travail, et encore, pas pour l'ensemble des travailleurs. Elle imposait en même temps aux travailleurs la flexibilité des horaires, l'annualisation du temps de travail, le blocage des salaires, sans parler des subventions accordées aux patrons sous prétexte de compensation.
La nouvelle loi une fois votée, les patrons garderont tous les avantages, et les travailleurs ne bénéficieront même pas de la réduction du temps de travail.
Les ministres se relaient dans les radios et télévisions pour affirmer que le gouvernement ne reculera pas. Et de faire mine de s'étonner que l'on puisse manifester contre une "liberté supplémentaire" donnant aux travailleurs le droit de "travailler plus pour gagner plus". Comme si c'étaient les travailleurs qui avaient la liberté de choisir leur temps de travail! On les obligera à travailler plus mais pour gagner à peine plus car, pour beaucoup de travailleurs, les heures supplémentaires ne seront même plus payées comme telles, ou seulement à 10 % de plus au lieu de 25 %.
Cette nouvelle loi est une attaque crapuleuse contre les travailleurs. Une de plus. Sous les coups des patrons et des gouvernements, la condition ouvrière ne cesse de se dégrader. Le pouvoir d'achat baisse même pour ceux qui conservent leur emploi. Il s'effondre pour tous ceux qui n'ont qu'un emploi précaire mal payé. Pendant que les salaires sont bloqués, les prélèvements continuent à augmenter: les impôts, la Sécurité sociale, les mutuelles. La pauvreté s'accroît même pour ceux qui travaillent et, à plus forte raison, pour ceux qui n'arrivent pas à sortir du chômage. Depuis plus de vingt ans, quel que soit le gouvernement, la part des salariés ne cesse de diminuer par rapport à la part du patronat.
On ne peut pas tolérer que cela continue! Il est évident qu'une seule journée de manifestations ne suffira pas à arrêter le gouvernement et le patronat.
Le soir des manifestations, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a annoncé "qu'on va discuter dans les entreprises des suites à donner au mouvement". Mais pourquoi n'y a-t-il pas de propositions claires ? Pourquoi les syndicats ne proposent-ils pas un plan de lutte, de façon à ce que les travailleurs sachent quelles sont les étapes suivantes, pour entraîner ceux qui aujourd'hui hésitent encore ? Pourquoi n'est-il question, après le 5 février, que de journées d'action par corporation, dans l'Éducation nationale par exemple ou dans la métallurgie ?
Mais, par-delà les corporations, tous les travailleurs ont les mêmes problèmes: salaires insuffisants, menaces de précarité et de chômage. Ce sont les salaires qui doivent augmenter, pas les horaires! C'est sur les profits qu'il faut prendre de quoi préserver l'emploi et le pouvoir d'achat!
Le porte-parole du gouvernement a affirmé, avec un mépris condescendant, qu'il n'a pas été surpris par les manifestations, dont il aurait prévu le nombre de participants. Et Raffarin d'ajouter qu'il est normal que les manifestants expriment leur désaccord, mais que cela n'empêchera pas le gouvernement de continuer!
Eh bien, il faut que tous ces gens n'aient pas affaire seulement à des manifestations dont ils peuvent penser qu'elles seront sans lendemain. Il faut qu'une véritable crise sociale leur éclate à la figure. En 1995, malgré sa superbe, Juppé avait été obligé de reculer devant les cheminots. Il faudrait une mobilisation semblable, mais à une autre échelle, avec non pas une seule corporation mais l'ensemble du monde du travail. C'est seulement par une réaction collective ample, explosive, incontrôlable, que les travailleurs pourront faire taire ces ministres cyniques, larbins du Medef, stopper les coups qui sont portés contre leurs conditions d'existence et arrêter la chute dans la pauvreté.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 10 février 2005)
18 février 2005
Lycéens et enseignants dans la rue : Ils ont raison !
Mardi 15 février, lycéens et enseignants se sont retrouvés nombreux dans la rue pour protester contre la nouvelle "réforme" venant en discussion à l'Assemblée nationale, celle de la loi Fillon sur l'Éducation nationale.
La semaine dernière déjà, les manifestations de lycéens allaient en s'amplifiant contre la loi Fillon. Le ministre de l'Éducation nationale a marqué un premier recul en retirant un des aspects contestés de sa loi, celui concernant le baccalauréat. Mais pour le reste, il affirme vouloir maintenir sa "réforme", et lycéens comme enseignants ont maintenu leur appel à manifester.
À juste titre! Car bien au-delà de tel ou tel changement envisagé pour le bac, les lycéens protestent contre la dégradation de la situation dans l'Éducation nationale. Des classes sont fermées, des postes d'enseignants supprimés, la variété de l'enseignement appauvrie par la suppression d'options, des travaux pratiques élagués. Toutes les mesures proposées par la "réforme Fillon" découlent d'une seule et même préoccupation: faire des économies au détriment de l'enseignement.
Le gouvernement freine les crédits à l'Éducation nationale, comme il freine les crédits à la Santé, aux transports collectifs. Réduire, dans le budget de l'État, la part qui est consacrée à ce qui est utile à l'ensemble de la population, pour pouvoir augmenter la part qui est consacrée à subventionner le grand patronat, voilà le sens de la politique menée.
La politique de restrictions de crédits à l'Éducation nationale n'a pas commencé avec Fillon. C'est à un ministre socialiste, Claude Allègre, que revient la paternité de l'expression méprisante pour la désigner: "Il faut dégraisser le mammouth".
Ce sont les lycées et les écoles des quartiers populaires qui souffrent en premier des restrictions de crédits. Ce sont pourtant les enfants des classes populaires, qui vivent dans des conditions matérielles difficiles, dont le milieu familial est moins à même de leur transmettre un certain niveau d'éducation et de culture, qui devraient bénéficier de plus de crédits pour compenser, un peu, des inégalités sociales profondes.
C'est l'inverse qui se passe. C'est aux enfants des classes populaires que sont réservées les classes les plus chargées. C'est dans les écoles des quartiers populaires qu'on supprime ou regroupe des classes. C'est à juste raison que les lycéens protestent contre "l'école à deux vitesses", l'une réservée aux enfants des couches aisées et l'autre aux enfants des classes populaires, à l'abandon.
Les travailleurs sont bien placés pour savoir que chaque fois que ce gouvernement prononce le mot "réforme", il s'agit de nouveaux coups contre eux. La "réforme" des 35 heures oblige à travailler plus sans gagner plus, alors même que le patronat et le gouvernement ne sont pas capables d'assurer un travail et un salaire corrects, ni aux trois millions de chômeurs ni aux trois autres millions qui n'ont qu'un emploi précaire. La "réforme" des retraites accroît le nombre d'années travaillées pour une retraite amputée. Les "réformes" de la Sécurité sociale consistent à faire payer plus en CSG, en forfait hospitalier ou en augmentation des prix de la consultation chez le médecin.
Toutes ces "réformes", au-delà de leur diversité, visent à accroître la part des classes possédantes dans le revenu national, au détriment du monde du travail et au détriment des services publics.
Aussi les lycéens et les enseignants qui, pour protester contre cette réforme de plus, ont choisi de descendre dans la rue, ont raison et méritent toute notre solidarité.
Mais il faudra surtout que tous ces mouvements contre la politique menée par le patronat et le gouvernement, qui conduisent la société à la catastrophe, confluent vers une contre-offensive générale assez puissante pour leur faire peur et les contraindre à reculer.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 18 février 2005)
25 février 2005
Profits : ils ont de l'argent, il faut leur arracher des salaires corrects pour tous !
Les bénéfices des grandes entreprises ont atteint, l'an passé, des montants records. Dans les banques, ils ont augmenté en moyenne de 25 %. Dans l'automobile, Renault a augmenté les siens de 43 %. Madame Bettencourt, première fortune de France, a de quoi se réjouir des 143 % d'augmentation des bénéfices de la société L'Oréal, dont elle est la principale actionnaire. Arcelor, devenu le géant de l'acier par la fusion d'entreprises qui avaient mis à la porte des milliers d'ouvriers de la sidérurgie, a multiplié ses bénéfices par 9. La palme revient à Total. Cette entreprise pollueuse des côtes bretonnes et vendéennes, responsable de l'explosion de l'usine AZF à Toulouse, a encaissé 9 milliards d'euros, le plus important bénéfice jamais réalisé en France !
Comparons donc ces chiffres à l'évolution des salaires! Comparons l'accroissement des fortunes pour quelques-uns avec l'aggravation de la pauvreté pour des millions de chômeurs et de précaires ! On dirait que coexistent dans ce pays deux mondes, à des années-lumière l'un de l'autre.
Dans l'un, on vit dans un luxe inimaginable pour le commun des mortels. Lorsque la presse a révélé que le ministre de l'Économie se faisait payer par l'État les 14 000 euros mensuels du loyer de son appartement de 600 m², il a dit, pour se défendre, qu'il "n'en connaissait pas le montant". Un loyer équivalant au salaire brut de 12 smicards ! Le ministre n'est pourtant qu'un serviteur des possédants, même pas des mieux rétribués, à côté des hauts cadres du privé qui peuvent payer des loyers de ce genre sans que la presse s'en émeuve. Les véritables riches sont ceux qui les payent, les propriétaires, les gros actionnaires des entreprises, ceux qui encaissent les profits en hausse.
Face au monde des privilégiés, il y a l'autre monde où, quand on ne sait pas quel est le montant de son loyer, c'est parce qu'on n'a pas de logement. Un monde où, même pour ceux qui ont un travail stable, une hausse de salaire de 3 ou 4 % est une exception, où un travailleur sur sept gagne moins que le SMIC.
Oui, on dirait deux mondes. Et pourtant, il s'agit du même. C'est la pauvreté des uns qui fait la richesse des autres. C'est parce qu'on écrase les salaires, qu'on réduit les effectifs en faisant travailler plus ceux qui restent, que les profits sont en hausse. On nous dit qu'il faut que les entreprises se développent et fassent du profit. Mais à quoi leur sert ce profit ? À investir dans des usines ? Dans des machines nouvelles ? À créer des emplois ? Non ! Uniquement à enrichir les actionnaires et à permettre le rachat d'entreprises existantes par d'autres.
L'accroissement considérable des profits ne se traduit pas par plus d'argent pour la santé publique, pour l'Éducation nationale, pour les transports collectifs. C'est l'inverse. Le gouvernement impose des économies sur tout ce qui est utile à la collectivité, afin d'aider les patrons à réaliser toujours plus de profits.
La satisfaction des patrons annonçant leurs profits est une provocation. Mais elle rappelle que l'argent existe pour payer des salaires corrects et pour assurer du travail à chacun en le répartissant entre tous. Ce serait l'intérêt des travailleurs et de l'ensemble de la société. Mais ni le patronat ni le gouvernement à sa botte n'ont que faire de l'intérêt collectif.
Et si les travailleurs veulent obtenir les hausses de salaire qu'ils sont en droit d'exiger et la résorption du chômage, il leur faudra les imposer. Il faudra un mouvement ample, explosif, mobilisant l'ensemble du monde du travail.
Les directions syndicales ne proposent pas un plan d'action allant dans ce sens, susceptible de redonner confiance aux travailleurs. Mais elles peuvent être contraintes à faire plus que des initiatives ponctuelles. Il faut saisir toutes les occasions, à commencer par la journée d'action du 10 mars à laquelle elles appellent.
Même si un succès de cette journée ne suffira pas à faire reculer le patronat et le gouvernement, cela peut être et doit être une étape pour la contre-offensive indispensable des travailleurs.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 24 février 2005)
28 février 2005
Imposer nos revendications vitales, c'est nécessaire et possible !
Thierry Breton, patron spécialisé dans la privatisation d'entreprises nationalisées suivie de suppressions d'emplois, devient donc le nouveau ministre de l'Economie. Mais le changement de ministre n'atténue en rien le scandale que son prédécesseur, qui prêchait l'austérité, puisse trouver naturel de faire payer par l'Etat son loyer, l'équivalent de 12 smic, alors qu'il possède en toute propriété deux maisons et trois appartements et qu'il est assez riche pour payer l'impôt sur la fortune. Au même moment, ils sont des milliers à n'avoir pas de logis du tout et, avec l'hiver rigoureux, certains ne se relèvent plus après une nuit passée dehors.
Ce scandale est révélateur de l'arrogance de ceux qui nous gouvernent et de leur mépris de la vie et des difficultés des classes populaires. Au moment où Gaymard tentait de s'expliquer, inventant chaque jour un mensonge nouveau, son ministère rendait publics les derniers chiffres officiels du chômage. Avec plus de 10 % de chômeurs, le chômage explose. La précarité, aussi. Et cela pendant que les entreprises annoncent des profits historiques.
La grande pauvreté ne touche plus seulement des travailleurs qui n'ont pas retrouvé de travail après avoir été licenciés par des entreprises croulant sous l'argent, mais aussi des salariés mal payés. Cette réalité, dramatique pour beaucoup, menace tout le monde du travail. Quel travailleur pourrait être sûr d'échapper au chômage ? Et la précarité devient la règle : les grandes entreprises, quand elles embauchent des jeunes, les prennent de plus en plus comme intérimaires ou en CDD. Quant au pouvoir d'achat, il baisse pour tous les travailleurs en raison des prix qui montent et des prélèvements de plus en plus nombreux.
Tous les travailleurs de ce pays ont besoin d'une augmentation substantielle de leur salaire. Tous ont besoin de se protéger contre les menaces de chômage et de précarité.
Les entreprises ont de l'argent pour satisfaire ces deux exigences vitales. Ce sont leurs dirigeants eux-mêmes qui le disent en affichant leurs profits. A quoi ces profits seront-ils utilisés ?
A enrichir un peu plus encore quelques centaines de milliers de propriétaires d'entreprises et de grands actionnaires ? Ou seront-ils gaspillés dans des rachats et des fusions d'entreprises qui se traduisent toujours par des restructurations et des suppressions d'emplois ? Si on les laisse faire, c'est ce qu'ils feront.
Alors, si nous ne voulons pas qu'ils continuent à pousser le monde du travail vers la pauvreté et toute la société à la ruine, il faut que le patronat et le gouvernement se retrouvent face à une crise sociale, face au déferlement de colère des travailleurs qui ont toutes les raisons d'en avoir assez d'être mal payés, menacés de licenciement, usés au travail, tondus par les prélèvements !
Ne nous laissons pas endormir par l'agitation autour du référendum, ni par la promesse de changements électoraux en 2007. D'ici là, il y en a qui crèveront de misère sans que ni le référendum ni les élections ne changent quoi que ce soit au rapport de forces entre possédants et exploités.
Après bien des hésitations, et des reculades pour certaines, les centrales syndicales appellent à une journée de grèves et de manifestations le 10 mars prochain. Même si cette journée est un succès, cela ne suffira pas, bien sûr, pour faire céder le gouvernement et le patronat. Il faut cependant que ce soit un succès. Il faut que les appels à la grève soient suivis et que les manifestations soient plus massives que le 5 février. Il faut que ceux du privé et ceux du public montrent qu'ils se retrouvent ensemble, qu'ils se battent pour les mêmes objectifs indispensables et qu'ils ne se contenteront pas d'un baroud d'honneur.
C'est la meilleure façon aussi de forcer la main aux dirigeants syndicaux pour qu'il y ait une suite. Car il faudra qu'il y ait une suite et que les travailleurs parviennent à empêcher un patronat et un gouvernement arrogants de conduire le monde du travail à la catastrophe.
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 2 mars 2005)