Déclaration de M. François Loos, ministre délégué au commerce extérieur, sur les principaux axes à développer pour améliorer l'efficacité de l'aide au développement, Paris le 2 mars 2005.

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Circonstance : Forum à haut niveau sur l'efficacité de l'aide au développement à Paris le 2 mars 2005

Texte intégral

Monsieur le Président de la République,
Messieurs les Vice-Premier ministres,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout d'abord excuser le ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, M. Thierry Breton, qui regrette de ne pouvoir être parmi vous ce soir et m'a chargé de le représenter. En son nom, et au terme de ce forum dont M. James Wolfensohn vient de nous présenter les conclusions, je remercie bien vivement les différents présidents de séance, les orateurs, et vous tous, pour la qualité de la contribution que vous lui avez apportée.
Il y a deux ans, nous avons arrêté à Rome les principaux axes permettant d'améliorer l'efficacité de l'aide au développement : harmonisation, action commune, résultats.
L'harmonisation des procédures et des méthodes des différents bailleurs de l'aide permettra de soulager les capacités administratives des pays partenaires du poids excessif qu'entraîne la multiplication des contrôles, des réunions, des visites.
Nous devons privilégier une définition des objectifs et des politiques par les pays eux-mêmes, afin de tenir compte de leur situation et de leurs besoins propres au regard des Objectifs de Développement du Millénaire. Cette démarche doit naturellement être conduite dans le respect des impératifs de bonne gestion économique, de transparence et de participation de tous, et bénéficier de l'appui de la communauté des bailleurs et des agences de développement.
A partir d'objectifs de résultat précis, nous devons mesurer les progrès réalisés. C'est le bon sens ! Cela répond au besoin d'un pilotage stratégique de notre action et aux attentes de transparence exprimées par les contribuables et la société civile.
Je suis très heureux que la déclaration adoptée ce jour comporte une série d'engagements, et, plus important encore, une liste d'indicateurs mesurables. Il faut maintenant que nos travaux communs débouchent rapidement sur des objectifs ambitieux, témoignant de notre détermination. Dans cette perspective, je souhaite que la réunion ministérielle du Comité de l'aide au développement de l'OCDE qui se tiendra demain, ici même, permette de donner à cet engagement son plein effet pour les pays développés, en reprenant la déclaration de Paris sous forme d'une recommandation qui s'impose à tous.
La France s'inscrira pleinement dans cette perspective, en faisant évoluer ses pratiques lorsque c'est nécessaire, en mettant par exemple l'accent sur une participation accrue aux programmes multi-bailleurs.
L'amélioration de l'efficacité de l'aide est d'autant plus nécessaire que la communauté internationale a reconnu à Monterrey la nécessité d'accroître les ressources dédiées à la lutte contre la pauvreté, et singulièrement l'aide publique au développement. Sur ce sujet, la France, vous le savez, a pris des engagements et elle les tient.
Cet effort a des conséquences concrètes. La France est ainsi devenue le premier contributeur au Fonds africain de développement et a décidé d'augmenter de 40% sa contribution à l'Association internationale de développement. Je note que l'Europe y aura pris une part déterminante, signe de sa totale mobilisation.
Je souhaite que tous les pays n'atteignant pas encore l'objectif de 0,7% s'engagent dans une voie similaire. En effet, sans un accroissement massif et rapide des moyens consacrés à l'aide au développement, nous n'atteindrons pas les Objectifs de Développement du Millénaire. De ce point de vue, l'appel lancé aux membres de l'Union européenne par le commissaire Louis Michel en vue de la fixation d'un objectif intermédiaire en 2010 (0,51%) est très important pour illustrer l'engagement européen en faveur du développement.
Si nous voulons permettre aux pays qui sont les plus éloignés de ces objectifs de les réaliser d'ici à 2015, notre action doit répondre à un triple impératif :
- Globalité de l'approche : il faut à la fois des annulations de dette, une augmentation des flux d'aide au développement et plus de commerce.
- Additionnalité des moyens : les flux d'aide publique au développement, même si l'objectif d'atteindre 0,7% du RNB est adopté par tous les pays développés, ne suffiront pas. Il faut des mécanismes innovants de financement, garantissant la stabilité et la prévisibilité des ressources, dans le prolongement de l'initiative présentée à New York l'an dernier par les présidents Chirac, Lula et Lagos et le Premier ministre Zapatero, initiative à laquelle l'Allemagne vient de se joindre.
La France et l'Allemagne ont proposé, lors de la réunion des ministres des Finances du G7 début février à Londres, un dispositif pilote pour financer des actions dans le domaine de la santé, à la fois la vaccination et la prise en charge des traitements contre le Sida. Il s'appuie sur la proposition britannique de facilité financière internationale et sur la proposition française et allemande de contribution sur le transport aérien, dans le prolongement des propositions contenues dans le rapport de Jean-Pierre Landau.
- Concentration des efforts sur les pays qui sont les plus éloignés des Objectifs de Développement du Millénaire : nous savons que le continent africain est celui où le défi est le plus important. Plus de 70% de l'aide publique au développement française se dirige vers l'Afrique. L'Europe accorde depuis 1975 des préférences commerciales spécifiques aux pays ACP. Ces efforts doivent se poursuivre. Pour lutter contre la marginalisation de l'Afrique dans le commerce international, les préférences en faveur de ce continent doivent trouver une traduction politique et juridique à l'Organisation mondiale du commerce.
Avec le soutien de tous les pays engagés dans cette initiative, et en particulier l'Allemagne, la France s'emploiera à faire progresser ces différentes propositions dans les mois qui viennent, notamment à Bruxelles. L'engagement du chancelier de l'Echiquier, Gordon Brown, a permis de faire de premières avancées au G7 sur les annulations de dette et sur le financement innovant du développement. Nous devons maintenant transformer l'essai en avril à Washington, en dégageant les moyens supplémentaires nécessaires au financement de ces actions, dans la perspective du Sommet de Gleneagles.
Le mois prochain, à Washington, nous poursuivrons cet effort de conviction dans les enceintes du Comité monétaire et financier international et du Comité du développement. Je sais pouvoir compter sur le FMI et sur la Banque mondiale pour nous aider à progresser, par un rapport de qualité, en nous confirmant la faisabilité technique de ces différentes propositions.
Enfin, le sommet du G8 à Gleneagles en juillet, et le sommet des Nations unies à New York en septembre permettront, j'en forme le vu, de lancer une dynamique irréversible pour atteindre les Objectifs de Développement du Millénaire en s'appuyant sur ces mécanismes innovants pour faire reculer l'extrême pauvreté partout dans le monde.
Je vous remercie
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 mars 2005)