Texte intégral
Q - Vous rentrez de Hongrie, vous avez accompagné le chef de l'Etat, la Hongrie est un partenaire privilégié de la France en Europe centrale, mais la Hongrie, l'an dernier a fait partie de cette "nouvelle Europe mal élevée, qui aurait mieux fait de se taire", si l'on en croit Jacques Chirac, lors de la grande bataille sur l'Irak, on s'en souvient. Donc les Hongrois comme les Polonais nous en ont beaucoup voulu de cette phrase assassine, alors est-ce que la brouille est terminée ? "La mano en la mano", comme aurait dit de Gaulle.
R - Il n'y a pas eu de brouille à proprement parler. Il y a eu des tensions, qui étaient dues à un conflit international majeur. Mais aujourd'hui le président de la République, après la visite qu'il a effectuée voici 7 ans, a voulu aller dire aux Hongrois, non seulement au gouvernement mais au peuple hongrois, qu'ils étaient les bienvenus. Il leur a dit qu'effectivement l'Europe était en marche, et que c'est main dans la main que nous allons construire cette nouvelle et grande Europe, à l'échelle du continent. Tel était le message.
Q - Les Etats-Unis sont nos alliés, il n'y a pas d'antagonisme entre une Europe de la défense forte, et une Alliance atlantique forte, c'est ce qu'a répété Jacques Chirac. Est-ce que les Hongrois seraient d'accord pour participer au renforcement de l'Europe de la défense, en tout cas tels que l'envisagent la France, l'Allemagne, et maintenant la Grande-Bretagne ?
R - Tout à fait. D'ailleurs, ils ont déjà participé, avec un nombre limité de soldats, dans les Balkans, à des opérations de maintien de la paix. Ils tiennent à l'OTAN bien entendu, mais ils sont tout à fait d'accord pour nous accompagner, car ils savent qu'à terme l'Europe devra être de plus en plus maître de sa propre sécurité, ce qui n'a malheureusement pas été le cas, vous vous en souvenez, il y a une quinzaine d'années, dans les Balkans.
Q - Ont-ils précisé de quelle manière ils pourraient participer à cette Europe de la défense ?
R - Je pense qu'ils vont être intéressés par l'Agence européenne de l'Armement et de la Recherche en technologie militaire qui va se mettre en place dans les années à venir, peut-être même dans les mois à venir. Ils vont aussi être intéressés par une participation à certaines opérations. Vous savez que nous en envisageons une en Bosnie-Herzégovine, par exemple. Il y a même l'idée de faire intervenir l'Eurocorps, cela a été émis, en Afghanistan. Les Hongrois ne sont pas membres de l'Eurocorps pour l'instant, mais à terme, ils sont bien décidés à être associés à ces opérations de terrain.
Q - Alors Jacques Chirac a plaidé avec fougue pour une Europe à vingt-cinq dès le 1er mai. Mais en Europe centrale, on critique beaucoup les "directoires", notamment la rencontre tripartite de Berlin la semaine dernière entre Britanniques, Allemands et Français. Est-ce que les Hongrois étaient contre cette rencontre ? Ils vous l'ont dit ?
R - Ecoutez, à toutes les conférences de presse du président de la République auxquelles j'assiste, la même question est posée : l'Europe va-t-elle être dirigée par un directoire ? Mais le spectre du directoire, on ne le voit pas venir. Et la clarification qui a été apportée par Jacques Chirac a été bien reçue. De quoi s'agit-il ? Il s'agit simplement de permettre à des Etats de se réunir pour lancer des idées, pour proposer des initiatives. Mais ces réunions, et notamment la dernière entre la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne, ne sont pas décisionnaires. Il ne s'agissait pas à Berlin de décider pour les autres, il s'agissait de lancer des idées, et aussi de marquer un engagement. En l'occurrence, les trois grands pays dont les économies sont si différentes, mais qui sont confrontés à des difficultés très comparables, veulent que l'Europe saisisse la reprise de la croissance que l'on voit poindre, pour changer, pour modifier son modèle de croissance. Nous sommes dans une compétition internationale acharnée et notre modèle doit être révisé, doit être rénové. Nous ne pouvons plus continuer à avoir un point de croissance en moins chaque année, depuis 20 ans, par rapport aux Etats-Unis. Ce n'est pas acceptable, parce que nous avons besoin d'emplois, et donc de croissance.
Q - Donc vos interlocuteurs hongrois ont bien dit qu'ils étaient contre les directoires, mais qu'ils étaient d'accord avec les groupes pionniers. Est-ce qu'ils entreraient dans un groupe pionnier ?
R - Certainement. Ils se sont montrés disponibles pour participer à ces groupes pionniers. Ces groupes pionniers sont différents de ce que sont ces réunions informelles, mais devenues très publiques, que j'évoquais tout à l'heure. Le groupe pionnier, c'est un certain nombre d'Etats qui décident d'aller de l'avant ensemble en attendant, comme le mot "pionnier" l'indique, que les autres les rejoignent. Par exemple, il y a un groupe pionnier qui est l'Eurogroupe : ce sont les 12 pays membres de l'Union qui ont décidé d'adopter l'euro, en attendant que la Grande-Bretagne, le Danemark et la Suède les rejoignent le moment venu. Il y a aussi les Etats qui font partie de l'espace Schengen, qui ont totalement aboli leurs frontières intérieures, pour renforcer à due proportion, le contrôle aux frontières extérieures, et former ainsi un espace commun de sécurité.
Q - La Hongrie va faire partie d'un de ces deux groupes ou pas ?
R - La Hongrie souhaite rentrer dans l'euro, et d'ailleurs le président de la République a indiqué fortement que dès que cela sera possible, quand la Hongrie respectera les critères qui sont imposés à tous les pays qui veulent entrer dans la zone euro, il faudra qu'elle y rentre. Car nous avons besoin d'élargir au sein de l'Union européenne la zone dans laquelle on peut faire du commerce en étant assuré d'une parfaite sécurité financière et monétaire.
Q - Cela suppose quoi ? C'est une échelle d'une année après l'intégration ?
R - Je ne vois pas cela avant 2009, voire 2010, peut-être un petit peu avant, mais pas avant quelques années. Il existe encore des problèmes de déficit budgétaire importants en Hongrie, et surtout, il doit y avoir entre le forint hongrois et l'euro, une parité de change d'une stabilité suffisante pour que ce pays puisse être éligible à la zone euro.
Q - Le président Chirac a également parlé de redéfinir la solidarité financière avec les Etats membres. On sait que la France est opposée à une augmentation de la contribution française au budget communautaire. Est-ce que vous entendez par "redéfinition des solidarités" que les uns vont en avoir moins, et les autres, c'est-à-dire les nouveaux entrants, un peu plus ?
R - C'est vrai, les nouveaux entrants vont en avoir plus, puisqu'ils n'en avaient pas. Ils avaient des fonds de pré-adhésion, mais ils n'avaient pas les aides régionales, telles que nous les percevons aujourd'hui. Nous avons intérêt à leur rattrapage économique. N'oublions pas que nous sommes investisseurs dans tous ces pays. Par exemple, en Hongrie nous sommes les troisièmes investisseurs, après l'Allemagne et les Etats-Unis. Nous y créons de l'emploi, mais nous créons aussi de la richesse pour nos entreprises françaises. Donc, nous allons les aider davantage. Malgré cette stabilisation du budget de l'Europe que nous souhaitons, pour des raisons de rigueur budgétaire, les pays actuellement membres vont pouvoir percevoir des aides régionales, mais peut-être plus ciblées, sur des thématiques plus réduites et plus centrées sur la croissance, la recherche, l'innovation, les infrastructures. Il y aura moins de saupoudrage, plus d'efficacité.
Q - La réconciliation avec la Pologne est-elle à l'ordre du jour ? Est-ce que le président Chirac va se rendre à Varsovie ?
R - Pour l'instant, il n'y a pas de voyage programmé. En revanche, les conversations qui ont lieu au sommet avec nos collègues polonais sont constantes. Je peux vous dire que, par exemple, trois jours après le Sommet de Bruxelles de décembre dernier, j'ai réuni à Paris mon collègue allemand et ma collègue polonaise, et nous avons parlé de la Constitution et de tous les sujets communs.
Q - La Grande-Bretagne vient de préciser que les immigrants des nouveaux pays européens sur son sol n'auraient pas de cotisations sociales avant deux ans, même s'ils ont trouvé un travail. Qu'en est-il des conditions en France pour ces nouveaux immigrants européens ?
R - Pour l'instant, nous avons décidé de faire jouer une clause qui est prévue dans le Traité d'élargissement, suivant laquelle nous n'ouvrons pas notre marché du travail pendant deux ans, reconductible trois ans, et exceptionnellement, mais c'est peu probable, encore deux ans. C'est la clause "2 + 3 + 2". Nous souhaitons évidemment qu'elle soit levée au bout de deux ans. Mais c'est une clause qui autorise déjà pas mal de dérogations. Par exemple on peut, moyennant des accords ponctuels, accueillir des travailleurs de ces pays rentrants dans certains secteurs. Nous accueillons aussi des stagiaires. Les étudiants vont venir en France sans visa et s'ils trouvent un emploi sur place, ils pourront rester. Donc il y a des dérogations, mais effectivement compte tenu du chômage, qui existe hélas encore en France, nous avons voulu garder la maîtrise de l'accès à notre marché du travail.
Q - On peut d'ailleurs rappeler, N. Lenoir, que les immigrants qui sont en France, venant des pays de la Communauté, peuvent voter aux élections européennes.
R - Ils doivent, et je les incite, je les appelle, ces ressortissants des pays rentrants, à s'inscrire sur les listes. Ils ont jusqu'au 15 avril pour le faire. C'est un acte citoyen. De manière générale, il faut que les Français comme les ressortissants communautaires en France votent. En France, le taux important d'abstention aux élections européennes n'est pas à la hauteur des ambitions d'un pays fondateur qui veut faire l'Europe, et qui veut continuer à être bâtisseur d'Europe.
Q - Deux mots, Noëlle Lenoir, de votre voyage aux Etats-Unis, vous y partez cet après-midi, que va faire aux Etats-Unis un ministre des Affaires européennes ?
R - Tous mes prédécesseurs ont été aux Etats-Unis, parce que la relation transatlantique est partie prenante à la construction européenne. Je vais dans des universités où j'ai enseigné : Columbia, Yale. Je vais aussi faire des conférences ici ou là dans des "think tanks" pour parler de Constitution, d'élargissement, des relations Transatlantiques, et aussi du franco-allemand. Et puis, je vais aussi, bien entendu, au Congrès et à la Maison Blanche. Donc ce sera une belle visite.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1 mars 2004)
R - Il n'y a pas eu de brouille à proprement parler. Il y a eu des tensions, qui étaient dues à un conflit international majeur. Mais aujourd'hui le président de la République, après la visite qu'il a effectuée voici 7 ans, a voulu aller dire aux Hongrois, non seulement au gouvernement mais au peuple hongrois, qu'ils étaient les bienvenus. Il leur a dit qu'effectivement l'Europe était en marche, et que c'est main dans la main que nous allons construire cette nouvelle et grande Europe, à l'échelle du continent. Tel était le message.
Q - Les Etats-Unis sont nos alliés, il n'y a pas d'antagonisme entre une Europe de la défense forte, et une Alliance atlantique forte, c'est ce qu'a répété Jacques Chirac. Est-ce que les Hongrois seraient d'accord pour participer au renforcement de l'Europe de la défense, en tout cas tels que l'envisagent la France, l'Allemagne, et maintenant la Grande-Bretagne ?
R - Tout à fait. D'ailleurs, ils ont déjà participé, avec un nombre limité de soldats, dans les Balkans, à des opérations de maintien de la paix. Ils tiennent à l'OTAN bien entendu, mais ils sont tout à fait d'accord pour nous accompagner, car ils savent qu'à terme l'Europe devra être de plus en plus maître de sa propre sécurité, ce qui n'a malheureusement pas été le cas, vous vous en souvenez, il y a une quinzaine d'années, dans les Balkans.
Q - Ont-ils précisé de quelle manière ils pourraient participer à cette Europe de la défense ?
R - Je pense qu'ils vont être intéressés par l'Agence européenne de l'Armement et de la Recherche en technologie militaire qui va se mettre en place dans les années à venir, peut-être même dans les mois à venir. Ils vont aussi être intéressés par une participation à certaines opérations. Vous savez que nous en envisageons une en Bosnie-Herzégovine, par exemple. Il y a même l'idée de faire intervenir l'Eurocorps, cela a été émis, en Afghanistan. Les Hongrois ne sont pas membres de l'Eurocorps pour l'instant, mais à terme, ils sont bien décidés à être associés à ces opérations de terrain.
Q - Alors Jacques Chirac a plaidé avec fougue pour une Europe à vingt-cinq dès le 1er mai. Mais en Europe centrale, on critique beaucoup les "directoires", notamment la rencontre tripartite de Berlin la semaine dernière entre Britanniques, Allemands et Français. Est-ce que les Hongrois étaient contre cette rencontre ? Ils vous l'ont dit ?
R - Ecoutez, à toutes les conférences de presse du président de la République auxquelles j'assiste, la même question est posée : l'Europe va-t-elle être dirigée par un directoire ? Mais le spectre du directoire, on ne le voit pas venir. Et la clarification qui a été apportée par Jacques Chirac a été bien reçue. De quoi s'agit-il ? Il s'agit simplement de permettre à des Etats de se réunir pour lancer des idées, pour proposer des initiatives. Mais ces réunions, et notamment la dernière entre la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne, ne sont pas décisionnaires. Il ne s'agissait pas à Berlin de décider pour les autres, il s'agissait de lancer des idées, et aussi de marquer un engagement. En l'occurrence, les trois grands pays dont les économies sont si différentes, mais qui sont confrontés à des difficultés très comparables, veulent que l'Europe saisisse la reprise de la croissance que l'on voit poindre, pour changer, pour modifier son modèle de croissance. Nous sommes dans une compétition internationale acharnée et notre modèle doit être révisé, doit être rénové. Nous ne pouvons plus continuer à avoir un point de croissance en moins chaque année, depuis 20 ans, par rapport aux Etats-Unis. Ce n'est pas acceptable, parce que nous avons besoin d'emplois, et donc de croissance.
Q - Donc vos interlocuteurs hongrois ont bien dit qu'ils étaient contre les directoires, mais qu'ils étaient d'accord avec les groupes pionniers. Est-ce qu'ils entreraient dans un groupe pionnier ?
R - Certainement. Ils se sont montrés disponibles pour participer à ces groupes pionniers. Ces groupes pionniers sont différents de ce que sont ces réunions informelles, mais devenues très publiques, que j'évoquais tout à l'heure. Le groupe pionnier, c'est un certain nombre d'Etats qui décident d'aller de l'avant ensemble en attendant, comme le mot "pionnier" l'indique, que les autres les rejoignent. Par exemple, il y a un groupe pionnier qui est l'Eurogroupe : ce sont les 12 pays membres de l'Union qui ont décidé d'adopter l'euro, en attendant que la Grande-Bretagne, le Danemark et la Suède les rejoignent le moment venu. Il y a aussi les Etats qui font partie de l'espace Schengen, qui ont totalement aboli leurs frontières intérieures, pour renforcer à due proportion, le contrôle aux frontières extérieures, et former ainsi un espace commun de sécurité.
Q - La Hongrie va faire partie d'un de ces deux groupes ou pas ?
R - La Hongrie souhaite rentrer dans l'euro, et d'ailleurs le président de la République a indiqué fortement que dès que cela sera possible, quand la Hongrie respectera les critères qui sont imposés à tous les pays qui veulent entrer dans la zone euro, il faudra qu'elle y rentre. Car nous avons besoin d'élargir au sein de l'Union européenne la zone dans laquelle on peut faire du commerce en étant assuré d'une parfaite sécurité financière et monétaire.
Q - Cela suppose quoi ? C'est une échelle d'une année après l'intégration ?
R - Je ne vois pas cela avant 2009, voire 2010, peut-être un petit peu avant, mais pas avant quelques années. Il existe encore des problèmes de déficit budgétaire importants en Hongrie, et surtout, il doit y avoir entre le forint hongrois et l'euro, une parité de change d'une stabilité suffisante pour que ce pays puisse être éligible à la zone euro.
Q - Le président Chirac a également parlé de redéfinir la solidarité financière avec les Etats membres. On sait que la France est opposée à une augmentation de la contribution française au budget communautaire. Est-ce que vous entendez par "redéfinition des solidarités" que les uns vont en avoir moins, et les autres, c'est-à-dire les nouveaux entrants, un peu plus ?
R - C'est vrai, les nouveaux entrants vont en avoir plus, puisqu'ils n'en avaient pas. Ils avaient des fonds de pré-adhésion, mais ils n'avaient pas les aides régionales, telles que nous les percevons aujourd'hui. Nous avons intérêt à leur rattrapage économique. N'oublions pas que nous sommes investisseurs dans tous ces pays. Par exemple, en Hongrie nous sommes les troisièmes investisseurs, après l'Allemagne et les Etats-Unis. Nous y créons de l'emploi, mais nous créons aussi de la richesse pour nos entreprises françaises. Donc, nous allons les aider davantage. Malgré cette stabilisation du budget de l'Europe que nous souhaitons, pour des raisons de rigueur budgétaire, les pays actuellement membres vont pouvoir percevoir des aides régionales, mais peut-être plus ciblées, sur des thématiques plus réduites et plus centrées sur la croissance, la recherche, l'innovation, les infrastructures. Il y aura moins de saupoudrage, plus d'efficacité.
Q - La réconciliation avec la Pologne est-elle à l'ordre du jour ? Est-ce que le président Chirac va se rendre à Varsovie ?
R - Pour l'instant, il n'y a pas de voyage programmé. En revanche, les conversations qui ont lieu au sommet avec nos collègues polonais sont constantes. Je peux vous dire que, par exemple, trois jours après le Sommet de Bruxelles de décembre dernier, j'ai réuni à Paris mon collègue allemand et ma collègue polonaise, et nous avons parlé de la Constitution et de tous les sujets communs.
Q - La Grande-Bretagne vient de préciser que les immigrants des nouveaux pays européens sur son sol n'auraient pas de cotisations sociales avant deux ans, même s'ils ont trouvé un travail. Qu'en est-il des conditions en France pour ces nouveaux immigrants européens ?
R - Pour l'instant, nous avons décidé de faire jouer une clause qui est prévue dans le Traité d'élargissement, suivant laquelle nous n'ouvrons pas notre marché du travail pendant deux ans, reconductible trois ans, et exceptionnellement, mais c'est peu probable, encore deux ans. C'est la clause "2 + 3 + 2". Nous souhaitons évidemment qu'elle soit levée au bout de deux ans. Mais c'est une clause qui autorise déjà pas mal de dérogations. Par exemple on peut, moyennant des accords ponctuels, accueillir des travailleurs de ces pays rentrants dans certains secteurs. Nous accueillons aussi des stagiaires. Les étudiants vont venir en France sans visa et s'ils trouvent un emploi sur place, ils pourront rester. Donc il y a des dérogations, mais effectivement compte tenu du chômage, qui existe hélas encore en France, nous avons voulu garder la maîtrise de l'accès à notre marché du travail.
Q - On peut d'ailleurs rappeler, N. Lenoir, que les immigrants qui sont en France, venant des pays de la Communauté, peuvent voter aux élections européennes.
R - Ils doivent, et je les incite, je les appelle, ces ressortissants des pays rentrants, à s'inscrire sur les listes. Ils ont jusqu'au 15 avril pour le faire. C'est un acte citoyen. De manière générale, il faut que les Français comme les ressortissants communautaires en France votent. En France, le taux important d'abstention aux élections européennes n'est pas à la hauteur des ambitions d'un pays fondateur qui veut faire l'Europe, et qui veut continuer à être bâtisseur d'Europe.
Q - Deux mots, Noëlle Lenoir, de votre voyage aux Etats-Unis, vous y partez cet après-midi, que va faire aux Etats-Unis un ministre des Affaires européennes ?
R - Tous mes prédécesseurs ont été aux Etats-Unis, parce que la relation transatlantique est partie prenante à la construction européenne. Je vais dans des universités où j'ai enseigné : Columbia, Yale. Je vais aussi faire des conférences ici ou là dans des "think tanks" pour parler de Constitution, d'élargissement, des relations Transatlantiques, et aussi du franco-allemand. Et puis, je vais aussi, bien entendu, au Congrès et à la Maison Blanche. Donc ce sera une belle visite.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1 mars 2004)