Texte intégral
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Maire de Bouvron,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs les vétérans des combats de la poche de Saint-Nazaire,
Mesdames et Messieurs,
Ici-même, voici soixante ans, s'est achevée la libération de la France.
Ici-même, selon les mots du Général de Gaulle, s'est achevée la Seconde Guerre mondiale en Europe.
Au nom du Président de la République, je suis venu commémorer cet événement historique, rendre hommage aux combattants victorieux et saluer la mémoire de toutes les victimes de ces temps de malheur.
La libération de la métropole commence en Corse en septembre 1943. Elle s'accélère de manière fulgurante après les Débarquements de Normandie et de Provence. En sept mois, le Rhin est atteint et franchi.
Cette épopée héroïque ne doit pas occulter le destin singulier et douloureux des poches de l'Atlantique et du Sud-Est. Sur elles, sur vous, le joug de l'occupant pèse encore de longs mois.
Alors que, ville après ville, les Français fêtent leur libération, votre région demeure soumise aux rigueurs de la guerre. Tandis que la République renaît et que la reconstruction s'engage, pour vous, privations, destructions, confrontations, se poursuivent.
Le 16 avril dernier, à Royan, le Premier ministre a rappelé solennellement ces pages d'histoire trop méconnues. Il s'est incliné devant tous ceux qui ont combattu, devant tous ceux qui ont souffert.
Voici soixante ans, en ce début du mois de mai 1945, la reddition de la garnison allemande de Saint-Nazaire était devenue inéluctable. Encerclé, l'ennemi était soumis à une pression militaire irrésistible. Hâtée par la capitulation sans condition du IIIe Reich à Reims, le 7 mai, sa défaite était officiellement reconnue le 11 mai. Dans la matinée, il se rendait à ses vainqueurs, Américains et Français.
Jamais, nous n'oublierons l'engagement de nos alliés au service de la liberté.
Jamais, nous n'oublierons le Général CHOMEL, ses hommes, et tous ceux qui ont combattu sur l'Atlantique aux ordres du Général de LARMINAT.
Amalgamés au sein de l'Armée, les F.F.I ont alors magnifiquement confirmé le courage, la valeur et le patriotisme dont ils avaient fait preuve dans la clandestinité.
Tous ont bien mérité de la Patrie.
Je salue, avec respect, les vétérans de ces heures glorieuses qui sont présents avec nous aujourd'hui. Messieurs, je comprends et je partage votre grande émotion. Je m'incline devant vos camarades tombés au champ d'honneur. Sachez que vos concitoyens, vos compatriotes, savent ce qu'ils vous doivent.
Voici soixante ans, grâce à vous, la joie de la libération pouvait enfin éclater sur cette terre qui l'avait tant attendue et tant méritée. Une joie profonde, intense, une joie grave, qui ne pouvait écarter le souvenir des innombrables victimes, militaires et civiles, de ces années tragiques.
Nantes, ville Compagnon de la Libération, Châteaubriant et ses martyrs, Saint-Nazaire, ville détruite Votre région a payé un très lourd tribut à cette guerre sans pareille.
Voici soixante ans, c'est donc à Bouvron que se concluait cette immense épreuve. Mais, en même temps, se déroulait un autre événement historique dont les témoins n'avaient pas conscience, qu'ils ne pouvaient même pas imaginer.
Sur ce lieu, le 11 mai 1945, pour la dernière fois, après des siècles et des siècles de guerres et d'affrontements, pour la dernière fois, des soldats français et allemands se sont trouvés face à face.
Depuis, les soldats français et allemands combattent côte à côte. Parfois même, au sein d'unités communes. Toujours, au service de la paix.
Oui, en soixante ans, le cours de l'histoire entre nos deux pays et en Europe a radicalement changé. Oui, depuis ces événements du printemps 45, nous nous sommes réconciliés et nous avons choisi, librement, d'écrire ensemble notre avenir.
Ce changement formidable, nous le devons aux hommes d'Etat visionnaires qui ont eu le courage et l'intelligence de le conduire.
Nous le devons aux combattants de la liberté, sans lesquels rien n'aurait été possible.
L'hommage que nous leur rendons aujourd'hui est à la mesure de leur rôle inoubliable en faveur de la liberté et de la paix.
Vive la République ! Vive la France !
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 13 mai 2005)