Texte intégral
Q - L'aide au développement est en hausse sensible, certes. Mais il y a urgence à la rationaliser, la rendre plus efficace et moins fragmentée. En quoi cette réforme remplira-t-elle cet objectif ?
R - C'est précisément le sens de cette réforme, décidée en 2004, et qu'il m'appartient de mettre en oeuvre aujourd'hui. Les objectifs ont été clarifiés, les priorités resserrées, les partenariats renforcés. Il convient maintenant de changer la méthode : passer d'une logique d'assistance à une logique de partenariat. Il s'agit en cela de concevoir pour chaque pays une programmation pluriannuelle sur la base de projets précis répondant aux attentes des populations locales, négociés sur place par nos ambassadeurs avec les gouvernements locaux, et régulièrement évalués pour y apporter les corrections éventuellement nécessaires. En un mot, éviter le saupoudrage pour rendre notre action plus percutante.
Le développement des pays du Sud est une exigence à la fois morale, politique et économique. Quelques avancées ont été obtenues mais beaucoup reste encore à faire pour enrayer une situation dramatique pour des pays, africains notamment, qui ont accumulé les dettes, n'obtiennent pas de justes rémunérations pour leurs productions - je pense au coton, par exemple -, et qui sont réellement à bout de souffle.
Q - Dans ce nouveau dispositif, quel sera concrètement le rôle de chacun ?
R - Il faut plus de cohérence. Eviter les erreurs du passé en supprimant la concurrence qui a existé parfois sur le terrain entre les services des différents ministères et ceux de l'Agence française de développement (AFD), qui est l'outil de mise en oeuvre de notre aide. C'est désormais le ministre de la Coopération qui est chef de file pour l'aide au développement et qui définit les orientations et les priorités dans chaque pays, dans le cadre d'une conférence d'orientation stratégique et de programmation qui réunit sous sa présidence tous les ministères concernés par la coopération (Santé, Éducation, Transports, etc.). L'AFD devient l'opérateur pivot de cette aide pour appliquer la politique ainsi définie. Mais il est essentiel que le pilotage du dispositif se fasse dans chaque pays partenaire par notre ambassadeur dont la mission de coordination, d'animation et de "développeur" doit s'affirmer davantage. C'est un élément clef de la réussite de cette réforme.
Q - L'un des reproches qui est souvent fait au système actuel est de ne pas savoir où passe l'argent...
R - Chacun a désormais un rôle précis. Je souhaite à cet égard que les nouvelles conventions de partenariat, qui doivent être de véritables stratégies de développement sur cinq ans négociées avec chaque Etat, apportent toute la transparence souhaitable sur notre aide : ces accords doivent pouvoir énumérer les projets de coopération sur lesquels nos financements seront mobilisés, en privilégiant autant que possible la recherche de partenariats publics ou privés. De même, on ne peut dissocier aide humanitaire et aide au développement. On le voit au Niger, il n'est pas possible d'isoler notre action de long terme de l'action d'urgence.
Q - Pourtant, les ONG continuent de dénoncer une aide "fourre-tout" qui sert le plus souvent aux pays pauvres pour rembourser leur dette et dont seulement un quart va effectivement à des projets concrets...
R - Sur la dette, il faut éviter les polémiques inutiles : nous avons annulé toute la dette qui étranglait les pays les plus pauvres. L'effort fait lors du dernier G8 à Gleneagles est un ballon d'oxygène important. Financièrement, cela représente 1,5 milliard de dollars par an. C'est encore insuffisant par rapport aux 50 milliards supplémentaires d'aide nécessaire pour enrayer la pauvreté. Et c'est ce combat que mène la France avec sa proposition de prélèvement de solidarité sur les billets d'avion.
Q - Quelles sont les raisons d'espérer pour le continent africain avec cette réforme ?
R - L'Afrique bénéficie enfin de la mobilisation internationale. Il faut s'en féliciter, car c'est le seul continent qui n'atteindra pas, vraisemblablement, les Objectifs du Millénaire. Les pays du G8 se sont engagés à consacrer, d'ici à 2010, 50 milliards de dollars d'aide supplémentaire, dont la moitié ira à l'Afrique.
Depuis ma prise de fonctions, mon premier souci est d'apporter à ces pays le soutien de la France dans leurs efforts de démocratisation et de transparence dans la gestion publique. Le monde développé dans son ensemble a aujourd'hui l'obligation de réussir et de réussir vite. Car ce vaste continent, qui a des richesses et des potentialités considérables, ne peut pas rester ainsi à l'écart de la mondialisation et s'enfoncer encore plus dans la pauvreté, avec toutes ses conséquences dramatiques, comme les transferts de population, le développement de l'intégrisme et du terrorisme. C'est notre responsabilité de l'inclure de façon équitable dans le commerce mondial, et de ne pas y créer les conditions d'une immigration clandestine.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1e septembre 2005)
R - C'est précisément le sens de cette réforme, décidée en 2004, et qu'il m'appartient de mettre en oeuvre aujourd'hui. Les objectifs ont été clarifiés, les priorités resserrées, les partenariats renforcés. Il convient maintenant de changer la méthode : passer d'une logique d'assistance à une logique de partenariat. Il s'agit en cela de concevoir pour chaque pays une programmation pluriannuelle sur la base de projets précis répondant aux attentes des populations locales, négociés sur place par nos ambassadeurs avec les gouvernements locaux, et régulièrement évalués pour y apporter les corrections éventuellement nécessaires. En un mot, éviter le saupoudrage pour rendre notre action plus percutante.
Le développement des pays du Sud est une exigence à la fois morale, politique et économique. Quelques avancées ont été obtenues mais beaucoup reste encore à faire pour enrayer une situation dramatique pour des pays, africains notamment, qui ont accumulé les dettes, n'obtiennent pas de justes rémunérations pour leurs productions - je pense au coton, par exemple -, et qui sont réellement à bout de souffle.
Q - Dans ce nouveau dispositif, quel sera concrètement le rôle de chacun ?
R - Il faut plus de cohérence. Eviter les erreurs du passé en supprimant la concurrence qui a existé parfois sur le terrain entre les services des différents ministères et ceux de l'Agence française de développement (AFD), qui est l'outil de mise en oeuvre de notre aide. C'est désormais le ministre de la Coopération qui est chef de file pour l'aide au développement et qui définit les orientations et les priorités dans chaque pays, dans le cadre d'une conférence d'orientation stratégique et de programmation qui réunit sous sa présidence tous les ministères concernés par la coopération (Santé, Éducation, Transports, etc.). L'AFD devient l'opérateur pivot de cette aide pour appliquer la politique ainsi définie. Mais il est essentiel que le pilotage du dispositif se fasse dans chaque pays partenaire par notre ambassadeur dont la mission de coordination, d'animation et de "développeur" doit s'affirmer davantage. C'est un élément clef de la réussite de cette réforme.
Q - L'un des reproches qui est souvent fait au système actuel est de ne pas savoir où passe l'argent...
R - Chacun a désormais un rôle précis. Je souhaite à cet égard que les nouvelles conventions de partenariat, qui doivent être de véritables stratégies de développement sur cinq ans négociées avec chaque Etat, apportent toute la transparence souhaitable sur notre aide : ces accords doivent pouvoir énumérer les projets de coopération sur lesquels nos financements seront mobilisés, en privilégiant autant que possible la recherche de partenariats publics ou privés. De même, on ne peut dissocier aide humanitaire et aide au développement. On le voit au Niger, il n'est pas possible d'isoler notre action de long terme de l'action d'urgence.
Q - Pourtant, les ONG continuent de dénoncer une aide "fourre-tout" qui sert le plus souvent aux pays pauvres pour rembourser leur dette et dont seulement un quart va effectivement à des projets concrets...
R - Sur la dette, il faut éviter les polémiques inutiles : nous avons annulé toute la dette qui étranglait les pays les plus pauvres. L'effort fait lors du dernier G8 à Gleneagles est un ballon d'oxygène important. Financièrement, cela représente 1,5 milliard de dollars par an. C'est encore insuffisant par rapport aux 50 milliards supplémentaires d'aide nécessaire pour enrayer la pauvreté. Et c'est ce combat que mène la France avec sa proposition de prélèvement de solidarité sur les billets d'avion.
Q - Quelles sont les raisons d'espérer pour le continent africain avec cette réforme ?
R - L'Afrique bénéficie enfin de la mobilisation internationale. Il faut s'en féliciter, car c'est le seul continent qui n'atteindra pas, vraisemblablement, les Objectifs du Millénaire. Les pays du G8 se sont engagés à consacrer, d'ici à 2010, 50 milliards de dollars d'aide supplémentaire, dont la moitié ira à l'Afrique.
Depuis ma prise de fonctions, mon premier souci est d'apporter à ces pays le soutien de la France dans leurs efforts de démocratisation et de transparence dans la gestion publique. Le monde développé dans son ensemble a aujourd'hui l'obligation de réussir et de réussir vite. Car ce vaste continent, qui a des richesses et des potentialités considérables, ne peut pas rester ainsi à l'écart de la mondialisation et s'enfoncer encore plus dans la pauvreté, avec toutes ses conséquences dramatiques, comme les transferts de population, le développement de l'intégrisme et du terrorisme. C'est notre responsabilité de l'inclure de façon équitable dans le commerce mondial, et de ne pas y créer les conditions d'une immigration clandestine.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1e septembre 2005)