Interview de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, accordée à l'Agence de presse marocaine le 25 septembre 2005, sur la coopération franco-marocaine.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déplacement au Maroc pour le séminaire gouvernemental franco-marocain les 26 et 27 septembre 2005

Média : Agence de presse - Presse étrangère

Texte intégral

QUESTION.- Quels sont les objectifs et les résultats à attendre de la prochaine rencontre des chefs de gouvernement ? Comment s'inscrit cette rencontre dans le soutien de la France à l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) lancée par S.M le roi Mohammed VI ?
D. de VILLEPIN.- Cette rencontre, la septième depuis 1997, marque la force exceptionnelle du partenariat stratégique entre la France et le Maroc, et de l'amitié entre nos deux pays. Vous savez combien j'y suis personnellement attaché, moi qui suis né à Rabat.
Ce séminaire gouvernemental revêt cette année une importance particulière. Il s'agit de consolider notre action, mais également de faire sorte qu'elle se concentre sur les grandes priorités de nos deux gouvernements : la croissance économique et l'emploi en particulier.
Pour répondre à ces défis, à celui du développement et aux attentes de nos concitoyens, nous voulons mobiliser toute la palette des instruments possibles, publics et privés. A cet égard, notre coopération et notre action sont en parfaite cohérence avec l'Initiative nationale pour le Développement humain lancée en mai dernier par Sa Majesté le roi Mohammed VI.
Une série d'initiatives seront adoptées, des conventions et des contrats signés afin de répondre aux besoins de la population marocaine dans un grand nombre de secteurs prioritaires pour le gouvernement de M. Jettou.
QUESTION.- Comment la France compte-t-elle s'associer aux cérémonies du 50ème anniversaire de l'indépendance du Maroc ?
D. de VILLEPIN.- Cette commémoration est importante pour nos deux pays. Bien sûr, elle est d'abord l'affaire de nos amis marocains. Mais, tout naturellement, la France s'y associera volontiers, en portant un regard serein sur notre passé. Il y a là un devoir de mémoire que nous assumons pleinement.
Nous travaillons actuellement à concrétiser des projets précis, tels que des expositions, des productions audiovisuelles ou des débats. Lors de ma visite, nous effectuerons également des gestes symboliques forts : la restitution d'archives audiovisuelles et la rétrocession du Consulat de Marrakech dans le cadre de l'aménagement des abords de la grande Mosquée d'Al Koutoubia.
QUESTION.- Comment la France peut-elle aider à un rapprochement entre le Maroc et l'Algérie dans les circonstances présentes en vue d'un règlement de la question du Sahara ?
D. de VILLEPIN.- Nous souhaitons vivement voir progresser l'intégration maghrébine, si importante pour le développement économique de chacun des pays de la région. Chacun est conscient de la dynamique de croissance qui pourrait résulter d'échanges accrûs et de partenariats novateurs entre des économies aux besoins complémentaires.
Parvenir à une solution sur le dossier du Sahara occidental est un élément-clé de cette intégration. La position de la France est claire et constante : une solution politique mutuellement acceptable par les parties doit être trouvée dans le cadre des Nations unies.
Pour y parvenir, je crois également aux vertus du dialogue direct. Une dynamique positive avait été engagée entre le Maroc et l'Algérie lors du Sommet de la Ligue arabe de mars dernier : il faut poursuivre dans cette voie.
QUESTION.- Comment la France et le Maroc vont-ils travailler ensemble pour préparer le prochain sommet de Barcelone ?
D. de VILLEPIN.- La France est au sein de l'Union européenne l'avocat le plus ardent du Maroc. Nous soutenons sa demande d'un " statut avancé " dans le cadre du rapprochement avec l'Union. Nous souhaitons également, comme nos amis marocains, élargir encore le champ de nos coopérations, notamment en matière de sécurité et de défense. Je salue à cet égard l'engagement précurseur du Maroc et sa participation à l'opération Althea en Bosnie. Le dixième anniversaire du Processus de Barcelone sera effectivement l'occasion de donner un nouvel élan au processus euro-méditerranéen. Nous préparons cette échéance majeure en étroite concertation avec le Maroc, tant au niveau bilatéral qu'à travers les instances dédiées.
Nous avons ainsi produit plusieurs documents conjoints, notamment dans le domaine de la sécurité, de la migration et de la justice et nous travaillons actuellement à une contribution en matière de santé.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 27 septembre 2005)