Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, sur l'entreprise automobile Renault, Paris le 7 octobre 2005.

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Circonstance : Déplacement à l'usine Renault de Flins le 7 octobre 2005

Texte intégral

Monsieur le ministre,
Monsieur le président,
Mesdames et messieurs les parlementaires et les élus,
Monsieur le préfet,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Merci.
Merci monsieur le président, de votre accueil chaleureux, ici, dans cette usine Renault de Flins. Je suis d'abord rassuré ce matin. En effet, à un an près, j'ai le même âge que l'usine de Flins, et quand je regarde en arrière, depuis la Frégate que vous avez évoquée, la Dauphine jusqu'à la Clio III, quelle vitalité ! C'est rassurant. Nous pouvons envisager l'avenir avec encore quelque confiance.
Et puis, bravo pour ce long parcours fait en complicité avec l'Etat. Renault fait partie des grands fleurons industriels français. Renault a su s'adapter avec succès à toutes les évolutions de la construction automobile, et l'Etat a accompagné cette aventure dans ses moments difficiles, mais aussi dans ses projets ambitieux, et le succès de Renault à travers le monde témoigne bien de cette vitalité.
Troisième raison, et j'y reviendrai, c'est bien sûr la force de Renault dans l'innovation sociale. J'ai le plaisir de constater, après avoir évoqué un certain nombre de grands thèmes à l'ordre du jour du dialogue social dans notre pays, que dans des domaines comme la formation, la validation des acquis d'expérience, eh bien il y a ici une force d'initiative, une force de proposition, une force d'exemple qui doivent bien sûr nous montrer le chemin.
Je me réjouis de la présence du président C. Ghosn à qui je souhaite rendre hommage. Nous nous sommes rencontrés il y a plusieurs années, au Japon. C. Ghosn est un homme au parcours hors norme. Né au Brésil, de parents d'origine libanaise, engagé de longue date au service de l'industrie française - Michelin, puis Renault - il a su démontrer son talent à travers le monde, en Amérique du Sud, au Japon et je me réjouis de le retrouver à la tête de Renault en France.
C'est un homme qui réunit d'immenses qualités, et ces qualités-là, nous devons les développer, les récompenser dans notre pays : la compétence, le sens de l'excellence, le dynamisme, l'ouverture sur les autres cultures du monde. Et, dans une grande société comme Renault, pour conquérir de nouveaux marchés, il faut avoir ce dynamisme et cet appétit, et c'est quelque chose qu'il est important de communiquer aux hommes et aux femmes de notre pays.
Je me réjouis d'être aujourd'hui dans cette usine de Flins, qui produit votre nouveau modèle, qui témoigne bien de la capacité technologique, de la force économique de votre société. Je me réjouis de constater que chacun s'est engagé dans la gestion de l'emploi de cette usine : entreprise, collectivités territoriales, service public de l'emploi. Votre mobilisation est déterminante pour gagner la bataille de l'emploi qui constitue bien la priorité pour notre pays aujourd'hui. Et c'est grâce à vous, c'est grâce à l'action de chacun, dans son domaine, et la mise en commun de vos savoir faire que le chômage baisse maintenant depuis plusieurs mois.
Le lancement de votre nouveau modèle est bien sûr un événement dans le monde automobile. C'est un événement commercial. Les constructeurs automobiles français se développent sur l'ensemble des marchés et ce type de véhicule représente un enjeu économique fort. Ce lancement, c'est aussi un événement industriel. Grâce à des années de travail, grâce à des investissements importants dans la recherche et le développement, grâce à la mobilisation de tous les salariés, votre nouvelle voiture est produite selon des normes de qualité industrielle et environnementale de pointe, j'insiste là-dessus. Quand on voit les performances de sécurité, quand on voit le travail qui est fait dans le sens de davantage d'économies, d'une voiture plus propre, il y a, là, je crois, des éléments qui méritent d'être encouragés.
C'est enfin un événement humain. Le lancement d'un nouveau modèle va permettre d'accroître l'activité, en créant des besoins nouveaux en matière d'emploi et de qualification. Ces retombées seront positives pour toute l'économie locale mais aussi nationale.
C'est donc une formidable opportunité pour ceux qui sont à la recherche d'un emploi, et les exemples que vous nous avez donnés ce matin, ceux que nous avons pu rencontrer, en témoignent. Avec la convention qui est signée aujourd'hui, la production de votre nouvelle voiture va permettre le recrutement de plusieurs centaines de demandeurs d'emploi. En participant à cette aventure, ils bénéficieront d'une vraie formation. Le contrat de professionnalisation leur offrira une qualification reconnue et une expérience professionnelle de premier ordre. Trois mois avant le terme de leur contrat, un dispositif spécifique d'accompagnement leur sera proposé pour qu'ils puissent retrouver rapidement un emploi, en s'appuyant sur les qualifications et l'expérience acquise. Et pour cela, une antenne "Emploi" sera créée sur le site de Flins.
Renault s'engage aussi en faveur de l'apprentissage. Comme plus de cent grandes firmes françaises, elle a signé la charte initiée par H. Lachmann, le président de Schneider Electric. Les contrats de professionnalisation, désormais gérés par les partenaires sociaux, répondent à la fois aux besoins des entreprises et de personnes à la recherche d'un emploi. Cette mobilisation en faveur de l'emploi ne sera pas possible, aujourd'hui, si la France n'avait pas misée son industrie automobile. Il y a vingt ans, certains prédisaient un échec inévitable. Elle est aujourd'hui essentielle pour l'emploi, pour la recherche et pour l'innovation. C'est la preuve qu'en matière industrielle, comme dans bien d'autres domaines, le volontarisme et l'ambition donnent des résultats.
Dans la bataille pour l'emploi, les grandes entreprises ont tout leur rôle à jouer. Nous avons mobilisé les très petites entreprises. Mais pour créer de l'emploi, nous avons besoin de toutes les entreprises, de leurs activités, de leurs investissements, de leurs capacités de formation et, pour se développer, les entreprises doivent miser durablement sur la qualité de leurs salariés et je me réjouis de tout ce qui est fait ici à Flins.
Cet équilibre entre les intérêts des entreprises et ceux des salariés - nous en avons vu un beau témoignage ce matin - cet équilibre, l'Etat doit contribuer à les préserver, pour que tous, entreprises, salariés, actifs à la recherche d'un emploi, jeunes et familles puissent y trouver leurs comptes.
Mesdames et messieurs, chers amis, notre pays dispose d'atouts formidables qu'il nous faut toujours davantage valoriser. C'est ce que nous faisons avec les pôles de compétitivité ou encore avec les campus de recherche que nous allons mettre en place. Ils permettront le développement des entreprises de notre pays qui est indispensable à notre croissance sociale. C'est tout le sens de la bataille pour l'emploi que nous voulons tous ensemble mener et gagner.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 12 octobre 2005)