Interview de M. Xavier Bertrand, secrétaire d'état à l'assurance maladie, sur Europe 1 le 23 mai 2005, sur l'application du dispositif de médecin référent.

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Média : Europe 1

Texte intégral

C. Delay - C'est un sondage publié la semaine dernière qui nous amène à vous recevoir ce matin. Trente-huit millions d'entre nous, ceux qui dépendent du régime général doivent renvoyer leur formulaire d'ici le 1er juillet. Dix millions seulement l'ont fait. Qu'est-ce que cela veut dire ? Est-ce que cela veut dire que les Français ne suivent pas ?
X. Bertrand - C'est tout le contraire. Cela veut dire tout simplement que le sondage qui a été réalisé, si l'on regarde bien dans le détail, a été réalisé au début du mois d'avril, c'est-à-dire voilà près de deux mois.
Q- Alors, où en est-on ?
R- Aujourd'hui, au moment où je vous parle, il y a 11,6 millions de Français, près de 12 millions de Français, qui ont déjà choisi leur médecin traitant.
Q- Douze sur 38 millions, pardonnez-moi monsieur Bertrand, mais bon...
R- Je ne sais pas si vous vous rendez compte. C'est-à-dire qu'en quatre mois, douze millions de Français sont allés chez le médecin, parce qu'ils avaient besoin d'aller le voir, ont rempli le formulaire et l'ont renvoyé. Parce que ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que, en cinq mois, il n'y a pas la moitié des Français qui vont chez leur médecin. C'est cela qu'il faut bien prendre en compte. Il n'y a que 50 % des Français qui vont voir un médecin dans les six premiers mois. Je connais beaucoup d'amis et de concitoyens qui ne sont pas allés voir un médecin, et nous l'avions bien précisé avec P. Douste-Blazy, il ne faut surtout pas aller chez le médecin exprès pour remplir le formulaire !
Q- C'est une vraie question : comment fait-on dans ces cas-là, si d'ici au 1er juillet, effectivement, nous n'avons pas à consulter de médecin ?
R- Si d'ici au 1er juillet vous n'avez pas à consulter de médecin, n'allez pas chez le médecin exprès pour faire remplir le formulaire. Vous remplirez ce formulaire à l'occasion de la première visite dont vous avez besoin, parce que votre état de santé le nécessite.
Q- Pas de sanctions ?
R- Pas de sanctions...
Q- Pas de sanctions pour ces gens-là ?
R- Ne vous bousculez pas pour y aller, et ne vous inquiétez pas, vous n'avez pas besoin d'y aller impérativement avant le 1er juillet. Parce que, si vous n'avez pas besoin d'aller voir un médecin, par exemple avant le mois d'octobre, vous n'avez donc pas de remboursement à faire d'ici au mois d'octobre. Donc, vous profiterez de cette première visite au mois d'octobre pour remplir ce formulaire.
Q- Donc, c'est important de le dire, vous êtes d'accord avec moi ?
R- Tout à fait, c'est un côté très pratique. Il faut bien repréciser les choses. Il ne faut surtout pas au mois de juin se précipiter dans un cabinet médical pour faire remplir. Nous nous sommes fixés un objectif que certains ont dit "ambitieux", de 40 % de Français ayant choisi le médecin traitant. Au 1er juillet, nous serons largement avec cet objectif atteint. Ce qui montre bien que, le médecin traitant ça marche parce que le médecin traitant, c'est le médecin de famille, c'est celui que l'on a l'habitude d'aller voir. Alors, je serais tenté de dire aux Français qui ont déjà des bonnes habitudes : surtout, gardez de bonnes habitudes, et à ceux qui n'ont pas encore d'habitudes médicales qu'il est temps d'en prendre de bonnes habitudes.
Q- Vous faites du P. Douste-Blazy... Une question politique...
R- Je le prends comme un compliment, merci.
Q- Je vous dis ce que dit L. Fabius : il dit que le Gouvernement s'apprête à sortir, après le référendum, un décret sur la pénalisation des patients qui n'auront pas choisi leur médecin traitant". Donc, c'est faux ?
R- Il serait temps que M. Fabius s'intéresse à la santé des Français, et surtout à leur assurance maladie. Parce que cela fait un an que nous avons indiqué, dans le cadre de la réforme de l'assurance maladie, que nous mettrions en place, non seulement le système de soin avec le médecin traitant, mais que nous inciterions très clairement à choisir le médecin traitant.
Q- Donc, pas de mauvaise surprise après le 29 mai...
R- Mais non ! Quelqu'un qui, de toute façon, aura choisi son médecin traitant, sera pris en charge exactement comme avant, peut-être même mieux qu'avant. C'est ce sur quoi nous sommes en train de travailler. Par contre, c'est vrai qu'à partir du 1er janvier, il y aura des règles du jeu concernant les mutuelles - je dis bien à partir du 1er janvier ; nous l'avons toujours indiqué - de façon à éviter l'explosion des tarifs des complémentaires santé.
On en reparlera d'ici là. Merci beaucoup X. Bertrand.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 31 mai 2005)