Texte intégral
Q- Vous avez été reçu hier par D. de Villepin - vous n'avez pas été le seul - les autres centrales syndicales également, et elles ont eu un message très clair au Premier ministre : elles menacent de descendre dans la rue si l'on touche au code du travail. Que peut faire aujourd'hui D. de Villepin ?
R- Ça, on lui demandera et il nous le dira sans doute demain soir. Je crois simplement qu'il ne faut pas agiter des chiffons rouges dans tous les sens et que la menace de descendre dans la rue ne doit pas empêcher le Gouvernement de prendre des décisions. Nous, ce que nous lui avons demandé, c'est des décisions rapides et concrètes pour faciliter la baisse du chômage. Parce que, qu'est-ce qui peut faire baisser le chômage ? Ce sont bien nos entreprises, les PME que je représente ; ce sont elles qui font de l'embauche.
Q- C'est quoi ces mesures concrètes et rapides ?
R- On ne peut pas changer le code de travail en quelques jours ; on sait que c'est un énorme travail.
Q- Vous, vous le souhaitez ?
R- Oui, je souhaite que l'on travaille dessus, parce qu'on est arrivé à une telle complexité que c'est inutilisable pour les patrons de PME que je représente. Ce qu'il faudrait faire, c'est amener un certain nombre de souplesse. Je prends deux trois exemples : mettre en place le titre emploi-entreprise - vous savez, le chèque emploi-service qu'il y a pour les personnels de maison - qui permet de payer un salarié par un chèque et l'on ne s'occupe pas des charges sociales. Pour une toute petite entreprise qui n'a pas encore de salarié, cela permet de faciliter la première embauche. Donc, ça, c'est une chose facile. Deuxième point, le CDD qui est tant décrié par certains ; savez que 52 % des licenciements qui ont lieu en France aujourd'hui sont la fin de CDD, il n'y a pas d'autres motifs. Et pourquoi le chef d'entreprise ne continue pas ces CDD ? Parce que la loi l'empêche, il n'a pas le droit de faire plus de deux CDD de même périodicité...
Q- ...Il pourrait l'embaucher.
R- ...Il pourrait l'embaucher mais la crainte du chef d'entreprise, justement, de nos PME, c'est de ne pas pouvoir mettre en adéquation son carnet de commande et son enveloppe des salaires et que un CDI, pour le chef d'entreprise d'une PME, c'est quelque chose qu'il ne pourra plus retirer, il ne pourra pas licencier, il faut le dire clairement. Ne pas licencier, c'est aussi mettre l'entreprise en péril quand on a une baisse de commande. Donc, si l'on pouvait simplement dire qu'on peut reconduire deux, trois, fois ou quatre fois, je ne sais pas, il faut en discuter, cela permettrait d'améliorer l'emploi.
Q- Vous savez ce que l'on va vous répondre : vous pérennisez la précarité.
R- Oui, mais que cherche-t-on ? Est-ce que l'on cherche à maintenir les avantages acquis pour tous les salariés qui sont en place, qui finalement travaillent, ou essaye-t-on de sortir du bord du trottoir les 3 millions de chômeurs que nous avons actuellement ? Le fameux modèle social français, moi, je me pose des questions. Les transferts sociaux, c'est 60 % du PIB de la France aujourd'hui, et pourtant, on 1,2 million de RMistes, on n'a jamais eu autant de chômage et on n'a jamais eu autant de pauvreté dans les rues. Le premier combat, c'est de mettre ces chômeurs au travail, leur donner une possibilité de rentrer dans le circuit du travail et de l'économie. C'est le premier boulot à faire.
Q- On est quand même dans un pays démocratique et le message envoyé très clairement par les électeurs, il y a dix jours, ce n'est pas celui de changer le modèle social français, c'est plutôt l'inverse...
R- Oui, mais je crois qu'un Gouvernement doit savoir prendre des décisions même si elles sont impopulaires, si l'on pense qu'elle sont valables pour notre pays. On se rend compte depuis vingt ans que toutes les mesures que l'on a prises pour le chômage, sur l'emploi, elles n'ont servi à pas grand-chose, ce sont des rustines sur des jambes de bois, excusez-moi ! Cela fait vingt ans que l'on a toujours 10 % de chômeurs ! Donc, il faut essayer de trouver autre chose. Je demande à ce qu'on fasse des expérimentations, je ne demande pas à ce que l'on réforme le code du travail, faisons des expérimentations sur les deux trois exemples que j'ai - les CDD, etc, et j'en ai d'autres - pour que cela fonctionne.
Q- On n'en a pas encore parlé, mais chaque fois que l'on invite un représentant du patronat, il réclame des allégements de charges ; il y en a eu beaucoup, et l'emploi n'a pas suivi !
R- Les allégements de charges que nous avons eu depuis quelques années, c'est simplement pour compenser une hausse des Smic qui a été extrêmement rapide sur trois ans - plus de 20 %. Donc, il fallait bien aider, sinon, ce n'est pas trois millions de chômeurs que nous aurions aujourd'hui, c'était cinq ! Et globalement, en 2004, il n'y a pas eu d'allégements de charges, il y a eu 0,2 % d'augmentation des charges. Donc, nous demandons toujours des augmentations (sic) de charges, mais dans le premier temps, nous ne demandons pas des aides, nous demandons seulement de la souplesse. C'est plus facile à obtenir sans faire de grandes révolutions.
Q- Vous l'avez rencontré hier : pensez-vous que D. de Villepin est l'homme de la situation ?
R- Je crois qu'il a envie de prendre des mesures rapides, concrètes. Il se rend compte de l'urgence. Il nous l'a dit, il n'a pas donné les méthodes qu'il allait employer, nous le saurons demain soir. Je crois, qu'effectivement, il a la volonté d'aboutir. Il s'est d'ailleurs donné cent jours.
Q- Pourquoi J.-P. Raffarin a-t-il échoué ?
R- Je crois que J.-P. Raffarin s'est trouvé enfermé dans trois ans de travail et de contradictions aussi en interne peut-être.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 8 juin 2005)
R- Ça, on lui demandera et il nous le dira sans doute demain soir. Je crois simplement qu'il ne faut pas agiter des chiffons rouges dans tous les sens et que la menace de descendre dans la rue ne doit pas empêcher le Gouvernement de prendre des décisions. Nous, ce que nous lui avons demandé, c'est des décisions rapides et concrètes pour faciliter la baisse du chômage. Parce que, qu'est-ce qui peut faire baisser le chômage ? Ce sont bien nos entreprises, les PME que je représente ; ce sont elles qui font de l'embauche.
Q- C'est quoi ces mesures concrètes et rapides ?
R- On ne peut pas changer le code de travail en quelques jours ; on sait que c'est un énorme travail.
Q- Vous, vous le souhaitez ?
R- Oui, je souhaite que l'on travaille dessus, parce qu'on est arrivé à une telle complexité que c'est inutilisable pour les patrons de PME que je représente. Ce qu'il faudrait faire, c'est amener un certain nombre de souplesse. Je prends deux trois exemples : mettre en place le titre emploi-entreprise - vous savez, le chèque emploi-service qu'il y a pour les personnels de maison - qui permet de payer un salarié par un chèque et l'on ne s'occupe pas des charges sociales. Pour une toute petite entreprise qui n'a pas encore de salarié, cela permet de faciliter la première embauche. Donc, ça, c'est une chose facile. Deuxième point, le CDD qui est tant décrié par certains ; savez que 52 % des licenciements qui ont lieu en France aujourd'hui sont la fin de CDD, il n'y a pas d'autres motifs. Et pourquoi le chef d'entreprise ne continue pas ces CDD ? Parce que la loi l'empêche, il n'a pas le droit de faire plus de deux CDD de même périodicité...
Q- ...Il pourrait l'embaucher.
R- ...Il pourrait l'embaucher mais la crainte du chef d'entreprise, justement, de nos PME, c'est de ne pas pouvoir mettre en adéquation son carnet de commande et son enveloppe des salaires et que un CDI, pour le chef d'entreprise d'une PME, c'est quelque chose qu'il ne pourra plus retirer, il ne pourra pas licencier, il faut le dire clairement. Ne pas licencier, c'est aussi mettre l'entreprise en péril quand on a une baisse de commande. Donc, si l'on pouvait simplement dire qu'on peut reconduire deux, trois, fois ou quatre fois, je ne sais pas, il faut en discuter, cela permettrait d'améliorer l'emploi.
Q- Vous savez ce que l'on va vous répondre : vous pérennisez la précarité.
R- Oui, mais que cherche-t-on ? Est-ce que l'on cherche à maintenir les avantages acquis pour tous les salariés qui sont en place, qui finalement travaillent, ou essaye-t-on de sortir du bord du trottoir les 3 millions de chômeurs que nous avons actuellement ? Le fameux modèle social français, moi, je me pose des questions. Les transferts sociaux, c'est 60 % du PIB de la France aujourd'hui, et pourtant, on 1,2 million de RMistes, on n'a jamais eu autant de chômage et on n'a jamais eu autant de pauvreté dans les rues. Le premier combat, c'est de mettre ces chômeurs au travail, leur donner une possibilité de rentrer dans le circuit du travail et de l'économie. C'est le premier boulot à faire.
Q- On est quand même dans un pays démocratique et le message envoyé très clairement par les électeurs, il y a dix jours, ce n'est pas celui de changer le modèle social français, c'est plutôt l'inverse...
R- Oui, mais je crois qu'un Gouvernement doit savoir prendre des décisions même si elles sont impopulaires, si l'on pense qu'elle sont valables pour notre pays. On se rend compte depuis vingt ans que toutes les mesures que l'on a prises pour le chômage, sur l'emploi, elles n'ont servi à pas grand-chose, ce sont des rustines sur des jambes de bois, excusez-moi ! Cela fait vingt ans que l'on a toujours 10 % de chômeurs ! Donc, il faut essayer de trouver autre chose. Je demande à ce qu'on fasse des expérimentations, je ne demande pas à ce que l'on réforme le code du travail, faisons des expérimentations sur les deux trois exemples que j'ai - les CDD, etc, et j'en ai d'autres - pour que cela fonctionne.
Q- On n'en a pas encore parlé, mais chaque fois que l'on invite un représentant du patronat, il réclame des allégements de charges ; il y en a eu beaucoup, et l'emploi n'a pas suivi !
R- Les allégements de charges que nous avons eu depuis quelques années, c'est simplement pour compenser une hausse des Smic qui a été extrêmement rapide sur trois ans - plus de 20 %. Donc, il fallait bien aider, sinon, ce n'est pas trois millions de chômeurs que nous aurions aujourd'hui, c'était cinq ! Et globalement, en 2004, il n'y a pas eu d'allégements de charges, il y a eu 0,2 % d'augmentation des charges. Donc, nous demandons toujours des augmentations (sic) de charges, mais dans le premier temps, nous ne demandons pas des aides, nous demandons seulement de la souplesse. C'est plus facile à obtenir sans faire de grandes révolutions.
Q- Vous l'avez rencontré hier : pensez-vous que D. de Villepin est l'homme de la situation ?
R- Je crois qu'il a envie de prendre des mesures rapides, concrètes. Il se rend compte de l'urgence. Il nous l'a dit, il n'a pas donné les méthodes qu'il allait employer, nous le saurons demain soir. Je crois, qu'effectivement, il a la volonté d'aboutir. Il s'est d'ailleurs donné cent jours.
Q- Pourquoi J.-P. Raffarin a-t-il échoué ?
R- Je crois que J.-P. Raffarin s'est trouvé enfermé dans trois ans de travail et de contradictions aussi en interne peut-être.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 8 juin 2005)