Déclaration de M. François Loos, ministre délégué à l'industrie, sur la nécessité de préparer la France, sur le long terme, à diviser par 4 ses émissions de gaz à effet de serre, Paris le 8 septembre 2005.

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Circonstance : Installation du groupe " division par quatre des émissions de gaz à effet de serre de la France à l'horizon 2050 " à Paris le 8 septembre 2005

Texte intégral

Madame la Ministre,
Madame, Monsieur les parlementaires,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
C'est un grand plaisir pour moi d'ouvrir, avec ma collègue Nelly OLIN, les travaux de ce groupe de travail consacré à la division par quatre des émissions de gaz à effet de serre de la France. Les épisodes survenus cet été, la sécheresse en France, les inondations dans l'Est de l'Europe et surtout la catastrophe épouvantable qui s'est abattue sur la Louisiane, témoignent de l'importance et de l'urgence des questions de dérèglements climatiques.
L'objectif de division par 4 de nos émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050 a été fixé par le Président de la République avant d'être inscrit dans la loi du 13 juillet 2005 de programme fixant les orientations de la politique énergétique.
Son article 2 dispose que " la lutte contre le changement climatique est une priorité de la politique énergétique ". Pas étonnant lorsqu'on sait que la production d'énergie et sa consommation dans les différents secteurs d'activité, transport, bâtiment et industrie, représentent, à elles seules, près de 70 % de nos émissions de gaz à effet de serre.
Ce même article prévoit que " cette lutte devant être conduite par l'ensemble des États, la France soutient la définition d'un objectif de division par deux des émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici à 2050, ce qui nécessite, compte tenu des différences de consommation entre pays, une division par quatre ou cinq de ces émissions pour les pays développés ". Il importe que tous les pays du globe s'engagent dans cette lutte et y participent selon leurs capacités économiques et leurs besoins de développement. Nous devons avancer mais il serait vain d'avancer seuls.
La création du groupe a été décidée lors du séminaire gouvernemental sur le développement durable qui s'est tenu le 23 mars. Je remercie M. de BOISSIEU, président délégué du Conseil d'analyse économique, d'avoir accepté d'assurer la présidence de ce groupe.
Votre groupe, volontairement pluridisciplinaire, a été chargé d'imaginer et d'évaluer les différentes voies qui peuvent nous permettre d'atteindre cet objectif de division par 4, au meilleur coût économique et social.
2050 ! Il n'est pas si fréquent que les politiques publiques se projettent aussi loin. Mais il y a ainsi quelques sujets, qui, par l'ampleur de la tâche et l'importance des enjeux, dépassent la durée des mandats politiques.
Qu'il s'agisse des retraites, de la dette publique, des déchets radioactifs ou du réchauffement climatique, il appartient aux générations présentes d'assumer leur responsabilité et la part de l'effort nécessaire, sans céder à la tentation de reporter à plus tard ces sujets.
En l'occurrence, le Gouvernement a choisi d'anticiper, pour se préparer et préparer la société française à des changements de comportement, notamment dans la production et la consommation d'énergie.
La Direction générale de l'énergie et des matières premières, la DGEMP, réalise périodiquement des exercices de prospective énergétique, dont elle rend public les résultats.
J'ai noté en particulier qu'il n'était pas impossible d'imaginer un scénario conciliant croissance économique et division par 4 de nos émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, nous devrons faire flèche de tout bois :
- intensifier les économies d'énergies, notamment dans le transport et le bâtiment ;
- développer les énergies non émettrices de CO2, le nucléaire et les renouvelables, en particulier pour les carburants et la chaleur ;
- et surtout innover avec de nouvelles technologies de l'énergie, telles que la séquestration du CO2 ou la voiture propre.
Ainsi, nous pourrions respecter nos objectifs écologiques, sans sacrifier nos exigences en matières économique et sociale, en particulier en matière de croissance et d'emploi.
D'autres scénarii, plus ou moins optimistes, sont certainement possibles, selon notre démographie, notre croissance économique, le progrès des technologies, l'évolution de nos modes de consommation, de travail ou encore de l'urbanisme.
C'est pour imaginer ces scénarii, pour en identifier les potentialités et les risques respectifs, que nous avons souhaité constituer ce groupe, en rassemblant des expériences, des compétences et des sensibilités variées.
Il s'agit de dessiner des sentiers qui concilient nos objectifs en matière économique, sociale et écologique, et d'identifier les mesures à prendre pour que la France s'y engage, éventuellement avec ses partenaires européens et étrangers.
Comme ministre de l'industrie, je suis convaincu que cela peut être, par la recherche et l'innovation, une opportunité pour nos entreprises.
Vous avez toute notre confiance pour mener à bien ces travaux ; nous souhaitons recevoir vos conclusions et vos recommandations pour le printemps 2006, à la fois sous la forme traditionnelle d'un rapport et à l'occasion d'un colloque que nous organiserons.
Je passe maintenant la parole à Nelly OLIN, Ministre de l'écologie et du développement durable, qui parraine avec moi ce groupe de travail, non sans vous avoir souhaité de bons et fructueux travaux.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 9 septembre 2005)