Déclaration de M. Hubert Falco, secrétaire d'Etat aux personnes âgées, sur l'accompagnement humain des personnes âgées, le bénévolat et le lein social entre les générations, Paris le 1er octobre 2003.

Prononcé le 1er octobre 2003

Intervenant(s) : 

Circonstance : 14èmes journées internationales des personnes âgées chez les Petits Frères des Pauvres à Paris le 1er octobre 2003

Texte intégral

Monsieur le Député, Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
J'ai été particulièrement touché par les témoignages que je viens d'entendre de la part de personnes bénévoles et de personnes âgées.
Ce sont des témoignages d'une grande humanité, qui montrent à quel point notre pays est riche d'engagement et de dévouement.
J'ai souhaité, pour cette 14ème journée internationale des personnes âgées, venir remercier l'ensemble des personnes qui se consacrent bénévolement à nos aînés et qui se sont particulièrement impliquées cet été lors de la catastrophe de la canicule.
Où pouvais-je mieux le faire que chez les Petits Frères des Pauvres, dont chacun connaît la force de l'engagement et la capacité à mobiliser les bonnes volontés ?
J'ai souhaité venir remercier des femmes et des hommes dont on parle peu et qui donnent le meilleur d'eux-mêmes dans l'ombre.
Je suis venu leur dire merci, vous dire merci, un grand merci pour leur action quotidienne au service de nos aînés, pour cette attention de tous les instants qu'ils leur manifestent, pour cette écoute incessante qu'ils leur prodiguent et pour cet amour qu'ils dispensent sans compter.
L'allongement de la vie que connaît notre pays, le nombre croissant des personnes âgées appellent, bien sûr, des réponses financières pour construire des maisons de retraite, rénover les établissements, employer le personnel nécessaire et aider la prise en charge de nos aînés.
Mais le financement n'est pas tout. Il n'est même rien, d'une certaine façon, sans l'accompagnement humain, sans la présence forte de personnes attentionnées.
A quoi bon avoir une chambre toute neuve, des équipements dernier cri, si l'on n'a pas auprès de soi des gens qui vous écoutent et vous manifestent cette fraternité dont vous avez fait la valeur phare, la valeur fondatrice de votre association ?
Dans la crise du lien social qui affecte notre pays, face à l'exclusion et aux difficultés d'adaptation, la réponse financière et administrative, aussi essentielle soit-elle, ne peut suffire. La réponse humaine est indispensable.
La solitude et l'exclusion dont souffrent beaucoup de nos aînés appellent la réponse du cur tout autant que la réponse des moyens.
Accorder une prestation, subvenir à l'aménagement du domicile sont une chose. Parler à la personne âgée, l'écouter, partager des moments ensemble en sont une autre tout aussi nécessaire.
Vous avez fait de cet accompagnement le principe de votre action.
C'est par l'accompagnement que l'on recrée du lien social, que l'on fait vivre l'échange entre les générations.
C'est par l'accompagnement que la dignité de la personne âgée est respectée et mise en valeur.
Cet accompagnement est également source d'enrichissement et d'accomplissement pour le bénévole. Vos témoignages l'ont parfaitement montré.
Dans nos sociétés individualistes, nous avons parfois tendance à oublier l'épanouissement que l'on trouve dans le simple fait de donner, donner de son temps, donner de son attention, donner de son amour.
Le don de soi, l'ouverture à l'autre, la fraternité avec ceux qui souffrent ou sont isolés, n'est-ce pas là un moyen, sinon LE moyen de donner un sens à sa vie ?
C'est en faisant la démarche initiale de donner, de donner sans préoccupation de retour, que l'on reçoit finalement le plus, que l'on reçoit l'essentiel : la reconnaissance des autres dans une fraternité partagée.
Comme le disait récemment le Premier ministre, Jean-Pierre RAFFARIN, " la fraternité, ce n'est pas un prélèvement, c'est un engagement ". Cette formule, vous la mettez en uvre depuis près de 60 ans maintenant.
Vous employez 6000 bénévoles et 300 000 donateurs assurent le financement de vos activités.
La charte de l'association des Petits frères des pauvres témoigne du sens donné à l'action des bénévoles.
Leur rôle et leur place seront bien évidemment présents dans le plan " Vieillissement et Solidarités " voulu par le Premier ministre, car les évènements ont montré toute la nécessité de retisser le lien social.
Encourager la formation des bénévoles intervenant dans le cadre d'associations comme la vôtre constitue un axe majeur. Cet encouragement doit se traduire de façon concrète pour les associations qui forgent ces nouvelles solidarités.
Je souhaite également que la société civile dans son ensemble se mobilise davantage sur ces questions.
Une sensibilisation des jeunes à ces échanges avec des personnes âgées doit pouvoir être organisée, que ce soit dans le cadre de leur cursus ou de la refonte de la journée d'appel de préparation à la défense.
Il ne s'agit là que d'illustrations, mais j'ai tenu à vous les présenter car elles montrent tout l'attachement que le Gouvernement manifeste pour ce que vous avez su développer et qu'il nous faut d'une certaine manière propager, en respectant la qualité sociale qui nous est chère.
Votre participation aux travaux d'élaboration du plan " Vieillissement et Solidarités " nous conforte dans cette voie.
Les bénévoles, plus que jamais, ont un rôle à jouer dans cette révolution de la longévité, ils sont l'expression forte de nouvelles solidarités à promouvoir. Mieux les faire connaître, valoriser leur rôle, soutenir les échanges d'expériences et soutenir financièrement leur formation doivent constituer les priorités à mettre en uvre pour une promotion effective du bénévolat envers les personnes âgées.
Votre exemple, à ce titre, est stimulant et votre dévouement nous oblige. Ils sont un encouragement décisif dans notre action.
Je vous remercie de votre attention.



(source http://www.social.gouv.fr, le 26 mars 2004)