Déclaration de M. Hubert Falco, secrétaire d'Etat aux personnes âgées, sur la réforme de la solidarité pour les personnes âgées dépendantes, l'accueil et la qualité des soins dans les établissements de gérontologie et le maintien à domicile des personnes âgées, Paris le 27 novembre 2003.

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Circonstance : Forum de l'ADMR à Paris le 27 novembre 2003

Texte intégral


Mesdames, Messieurs,
Je tenais particulièrement à venir ouvrir les travaux du forum annuel de l'ADMR.
J'y tenais parce que je voulais vous remercier une nouvelle fois et vous rendre hommage, directement, pour l'action que vous menez chaque jour auprès des personnes âgées et, plus particulièrement, pour votre engagement cet été.
Nous avons connu un été terrible,
- un été tragique pour tant de nos personnes âgées, prématurément décédées,
- un été éprouvant pour tant de bénévoles et d'aidants, qui ont su faire face courageusement au surcroît d'activité brusque et intense provoqué par une vague de chaleur si exceptionnelle qu'elle a été comparée à un véritable séisme.
Ce drame a eu l'effet d'un électrochoc. Il a provoqué une prise de conscience soudaine et générale des insuffisances criantes de la prise en charge de nos aînés dans notre pays.
Cette prise de conscience était l'occasion de mettre en place un plan d'envergure au moyen d'un effort de solidarité collective important.
Tel est l'objet de la réforme de solidarité pour les personnes dépendantes que le Premier ministre a présentée le 6 novembre dernier.
A vous qui faites tant pour les personnes âgées, j'ai souhaité vous présenter personnellement cette réforme en détaillant les points qui concernent la vie à domicile de nos aînés.
Avant cela, je voudrais préciser que nous n'avons bien sûr pas attendu cet été tragique pour agir. Le renforcement des dispositifs d'aide à la vie à domicile a d'emblée été une priorité de mon action.
Les Françaises et les Français veulent rester chez eux le plus longtemps possible.
90 % des personnes de 75 ans et plus vivent aujourd'hui à leur domicile dans notre pays.
Par conséquent, permettre aux personnes âgées qui le souhaitent de vivre à domicile dans de bonnes conditions constitue pour nous un enjeu fondamental.
C'est pourquoi nous avons agréé, en janvier 2003, l'accord de branche de l'aide à domicile qui revalorise de façon très nette les salaires des personnes qui interviennent au domicile de nos personnes âgées : + 24 % en 4 ans. Il s'agit d'un premier élément notable pour renforcer l'attractivité de ces métiers.
Nous avons également sauvegardé l'APA en apportant 800 millions d'euros supplémentaires au financement de cette prestation. Or l'APA a accru de façon significative, par rapport aux prestations antérieures, les possibilités de recours à une aide professionnelle à domicile.
Enfin, dans le projet de loi de finances pour 2004, nous avons instauré un crédit d'impôt pour les dépenses liées aux travaux d'installation à domicile d'équipements spécialement conçus pour les personnes âgées.
A ces premières décisions significatives, s'ajoute aujourd'hui le plan " Vieillissement et Solidarités " que je souhaiterai évoquer avec vous maintenant.
Vos propos, Madame la Présidente, montrent que, pour l'ADMR, le sens et l'ampleur de cette réforme sociale ambitieuse ont bien été perçus.
Je voudrais insister plus particulièrement sur le domaine qui nous réunit tous ici aujourd'hui : l'amélioration de la qualité de vie des personnes âgées à domicile.
Ce plan accorde une place prépondérante aux actions permettant à nos aînés de demeurer à leur domicile le plus longtemps possible.
Il apporte des moyens nouveaux substantiels et fait le choix de l'innovation pour mieux personnaliser la réponse aux attentes et aux besoins des personnes âgées.
Le plan prévoit, tout d'abord, la création de 16 800 places de services de soins infirmiers à domicile (SSIAD), ce qui portera leur nombre à près de 100 000 en 2007.
Le renforcement de ces SSIAD permettra, notamment, de limiter le recours à l'hospitalisation qui est parfois lié à l'impossibilité de renforcer, pour une période limitée, les soins à domicile.
Le développement de nouvelles places d'hospitalisation à domicile, prévu dans le plan, va également contribuer à éviter des ruptures souvent difficiles à vivre pour les personnes âgées.
4 000 places d'hébergement temporaire seront créés, ainsi que 8 000 places d'accueils de jour dédiés à la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou d'affections apparentées.
A ces avancées quantitatives très nettes, s'ajoute le développement de dispositifs innovants ou encore peu diffusés, qui répondent tout particulièrement aux besoins des personnes et à leurs attentes.
Je citerai, par exemple, les gardes itinérantes de nuit, les accueils de jour itinérants ou encore les accueils de nuit.
Cette diversification de l'offre doit permettre de mieux répondre à la diversité des situations rencontrées et d'adapter au mieux la réponse à apporter, en tenant compte de l'environnement de la personne.
Je vous ai beaucoup parlé jusqu'à maintenant des efforts réalisés pour améliorer la prise en charge médico-sociale des personnes âgées dépendantes mais, vous le savez, la réponse se doit d'être globale. Notre objectif, en effet, est d'améliorer la qualité de vie des personnes âgées, ce qui suppose des actions dans plusieurs domaines et pas uniquement dans celui du soin, même si cette question méritait d'être traitée avec la plus grande attention.
Pour une personne âgée, la vie à domicile ne se résume pas aux soins dont elle bénéficie. Vivre à domicile, c'est vivre dans un lieu qui, dans certains cas, du fait de l'évolution de l'état de dépendance de la personne, peut devenir un lieu à risques.
Cet arbitrage entre sécurité et liberté conduit parfois la personne âgée ou sa famille à privilégier, avec regret, une orientation vers un établissement. Il nous appartient de faire en sorte que le domicile puisse être plus sécurisant pour la personne. Le projet de loi que j'ai évoqué précédemment y contribue, de même que l'élargissement de la liste des travaux subventionnables qui permet à l'Agence nationale d'amélioration de l'habitat (ANAH) d'intervenir davantage dans l'équipement du domicile de nos aînés.
La prise en compte de la dimension " habitat " par les Centres locaux d'information et de coordination gérontologique (CLIC) constitue un atout supplémentaire.
Par ailleurs, vivre à domicile, c'est aussi pouvoir sortir de ce domicile.
Or la perte d'autonomie ou l'isolement dissuadent ou empêchent nombre de personnes âgées de sortir de chez elles.
Le plan prévoit de faciliter l'aide au déplacement et au transport accompagné des personnes en donnant un véritable statut aux services qui effectuent ces missions.
Favoriser l'insertion des personnes âgées dans le cadre familier du quartier, de la commune, c'est aussi cela faciliter la vie à domicile
Un autre aspect du plan, toujours dans le domaine de la vie à domicile, prévoit d'impulser la création d'une prestation d'aide au retour à domicile après hospitalisation afin d'éviter le départ en institution alors que la personne âgée ne le souhaite pas. Il convient alors de l'aider à surmonter, pour un temps donné, une période difficile en lui procurant les réponses adaptées.
Enfin, je me dois d'insister sur l'immense travail accompli par les aides à domicile et par les bénévoles.
Vous êtes plusieurs centaines ici, devant moi, à vouloir obtenir une reconnaissance de votre rôle.
Vous êtes, avec les professionnels, avec l'entourage, la cheville ouvrière qui permet à nos aînés de demeurer chez eux. Les aider à l'accomplissement des actes essentiels de la vie, les accompagner dans leur vie quotidienne, prévenir l'aggravation de leur perte d'autonomie, préserver les liens sociaux dans un esprit de partage avec les autres sont autant d'actions concrètes indispensables à un maintien à domicile réussi.
Eh bien, je le proclame avec force, grâce à vous, notre société est plus humaine et vous faites de l'ADMR une structure originale et indispensable aux côtés des autres. Soyez assuré de mon total soutien, car je sais que les personnes âgées comptent sur vous.
Le secteur de l'aide à domicile a beaucoup évolué et sa professionnalisation, que nous allons faciliter par le biais des financements octroyés dans le cadre du Fonds de modernisation de l'aide à domicile (FMAD), se poursuit.
L'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication aidera à son développement en favorisant notamment les formations en ligne. Je ne doute pas que nous pourrons, avec l'ADMR, travailler sur ces nouveaux outils et plus généralement sur l'apport des nouvelles technologies pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées à domicile. Un rapport doit m'être remis prochainement sur ce thème.
Au côté de ces professionnels, les aidants, les bénévoles jouent un rôle déterminant. Le plan prévoit la création de relais d'écoute et de lieux de parole destinés aux aidants.
Je terminerai en rendant un hommage appuyé à toutes ces personnes qui interviennent auprès de nos aînés. L'ADMR a su développer une synergie entre les salariés et les bénévoles et mettre en uvre dans les territoires, grâce à son organisation en réseau, des réponses diversifiées en fonction des besoins. Ce savoir faire des professionnels et le savoir faire des bénévoles se conjuguent au service de la personne âgée.
C'est cette solidarité que j'ai voulu saluer en vous présentant la réforme de solidarité du Gouvernement pour les personnes dépendantes.
Je vous remercie de votre attention.

(source http://www.social.gouv.fr, le 26 mars 2004)