Déclaration à la presse de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur la crise alimentaire au Niger et l'aide française et internationale, et sur le dossier nucléaire iranien, Genève le 12 août 2005.

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Q - Qu'est-ce qui est fait au plan international pour solutionner la crise au Niger ?
R - Tout d'abord, le contact que je viens d'avoir avec M. Laroche s'inscrit dans le cadre de notre priorité : le cas des enfants en état de malnutrition sévère au Niger, ceux dont la vie est en jeu à l'heure où nous parlons.
Cette coopération s'est traduite, vous le savez, par un premier don effectué lors de mon déplacement à Niamey et à Tahoua le 30 juillet dernier, de 37,5 tonnes d'éléments nutritionnels et de 1,7 tonnes de médicaments. Il ne faut pas oublier que la crise n'est pas uniquement alimentaire mais que la mortalité infantile est aussi liée à des causes sanitaires.
Depuis lors, l'UNICEF a fait connaître le besoin urgent qu'elle avait de transporter par avion 1 000 tonnes d'éléments nutritionnels connus sous le nom d'UNIMIX, qui s'ajoutent aux 1 000 tonnes déjà acheminées, et aux 2 000 qui le seront par bateau.
J'ai décidé de répondre à cette nouvelle demande. La France prendra en charge l'acheminement de 250 tonnes et je compte prendre contact dès demain avec certains homologues européens pour voir comment à plusieurs nous pouvons nous mobiliser pour répondre à cette demande, étant entendu que l'office européen ECHO finance de son côté le transport par bateau. Ce déplacement aujourd'hui à Genève prolonge ma visite sur le terrain où j'ai pu apprécier les premiers résultats de l'action conjuguée des autorités nigériennes, des organisations internationales et des ONG.
Ce déplacement a pour but de marquer le souci de la France d'inscrire son action dans la durée. Il y a ce que nous avons fait dès l'apparition des premiers symptômes de la crise qui s'est traduit par une augmentation de l'aide alimentaire de 1,5 à 4,1 millions d'euros. Il y a ce que nous faisons actuellement en nous efforçant de coller aux besoins et il y a ce que nous devons faire, non seulement pour reconstituer des stocks suffisants mais surtout pour éviter de nous retrouver dans une pareille situation.
A cet égard, la France se rapprochera des autorités nigériennes, le moment venu, pour voir, très concrètement, comment les aider à renforcer leur système d'alerte précoce qui a montré ses limites. Je crois qu'il faut saisir cette tragique circonstance pour renforcer le soutien de la communauté internationale aux organisations et aux réseaux chargés de lutter contre la désertification et contre la sécheresse.
J'entends que la France prenne de nouvelles initiatives d'ici la fin de l'année dans ces domaines.
Je n'oublie pas que la crise alimentaire ne s'arrête pas aux frontières du Niger. Nous sommes en contact avec les autorités de plusieurs pays du Sahel auxquels la France a déjà apporté une aide substantielle qui a permis d'éviter le pire, pour répondre à de nouveaux besoins.
Je n'oublie pas non plus d'autres crises en Afrique. Je rentre du Tchad et du Soudan où, vous le savez, la France vient de renforcer son aide d'urgence. Je viens d'évoquer le Nord de l'Ouganda avec l'UNICEF où la population connaît, elle aussi, une situation d'extrême détresse. La France a décidé d'appuyer un premier projet de l'UNICEF dans le domaine de l'eau et de l'assainissement dans la province de Pader.
La situation au Niger rappelle la nécessité d'une plus grande prévention de telles crises humanitaires. Nous devons travailler en amont pour améliorer les capacités agricoles en Afrique et pour développer des dispositifs d'alerte permettant d'agir sans délai lorsqu'un risque de crise apparaît.
J'entends y consacrer tous mes efforts avec nos partenaires européens, avec les grandes agences internationales et avec les ONG, à quelques semaines du Sommet des Nations unies sur les "Objectifs de développement du Millénaire (OMD). La communauté internationale doit relever ces défis à bras le corps.
Q - Vous avez déclaré que vous étiez optimiste sur une reprise du dialogue avec les Iraniens. Est-ce vous pourriez expliquer la base de votre optimisme ? Est-ce qu'il y a un délai avant pour se faire avant la saisine du Conseil de sécurité ?
R - Comme nous l'avons dit, nous nous félicitons du fait que l'Agence internationale pour l'Energie atomique (AIEA) ait accepté une résolution par consensus qui vise à demander aux Iraniens de suspendre toute activité nucléaire dangereuse.
Maintenant, nous nous en tenons aux faits. Nous attendons le rapport qui sera fait par le Directeur général de l'Agence le 3 septembre et nous verrons alors ce qu'il faut faire.
Q - Est-ce que les Iraniens ont définitivement rejeté votre proposition d'un meeting à Paris ?
R -Nous nous félicitons qu'il y ait aujourd'hui une résolution au niveau de l'agence adoptée par consensus pour demander aux Iraniens de suspendre leurs activités nucléaires. Nous pensons que les négociations sont encore possibles, en particulier avec les Européens, à condition que les Iraniens suspendent ces activités. La main est toujours ouverte aux négociations. Nous le pensons fermement et nous voyons que la communauté internationale est unie pour demander la suspension de ces activités nucléaires iraniennes. Nous attendons le rapport de l'AIEA le 3 septembre et nous verrons sur les faits.
Q - Avez-vous des propositions alternatives en cas de rejet ?
R - Nous n'en sommes pas là.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 août 2005)