Texte intégral
Merci Monsieur le Ministre, Monsieur le Directeur, Mesdames Messieurs.
Je voudrais vous dire d'abord combien je suis heureux, et presque ému de venir dans cet hôpital, ce grand hôpital Shifa de Gaza. J'y viens avec émotion. Je ressens une émotion particulière, parce que je pense que la santé et la justice sont les deux grands piliers d'un Etat. Or, l'accès aux soins est quelque chose qui n'est jamais gagné au départ. Le problème numéro un que vous avez connu pendant longtemps et que vous continuez encore à connaître, c'est l'accès aux soins. Et il n'y a rien de pire, que de ne pas avoir d'accès aux soins. Je voudrais ici saluer les médecins qui, jour et nuit, travaillent pour les malades dans des conditions très difficiles. Avec des malades qui arrivent parfois trop tard. Alors que, si c'était une zone de paix, ils n'arriveraient pas trop tard. Et donc, malgré cette difficulté de soigner, vous le faites avec énormément de détermination, comme il y en a assez peu dans le monde en définitive. Et donc sachez que nous sommes à vos côtés, d'abord parce que je suis médecin, et aussi parce que je suis Français, et que les Français ont ces valeurs qu'ils portent en eux, qui sont les valeurs des Droits de l'Homme et du respect de la vie.
Nous sommes venus ici, Monsieur le Ministre, pour parler de ce que la France pourrait faire de manière concrète : un programme d'appui à la santé mentale d'abord, avec l'Autorité palestinienne, d'une part, à hauteur de 5 millions d'euros, concernant des projets de formation, de réhabilitation des structures de soin, des actions de prévention, et la création d'un centre pilote de psychiatrie pédiatrique et juvénile.
Quel est le sujet ? Le sujet, c'est que les enfants de la guerre sont toujours, bien sûr injustement, par définition, touchés. Et dans cet endroit du monde, des deux côtés, du côté palestinien comme du côté israélien, c'est la même chose, les enfants n'y sont pour rien. Et parfois, ils voient des atrocités qui les traumatisent.
Donc je suis venu avec Gilbert Vila qui est ici pour qu'il puisse développer avec vous, dans les mois et les années à venir, une formation de médecins palestiniens qui pourront soigner des enfants.
Pour terminer, je dirais également que nous allons augmenter notre effort en matière de formation des médecins spécialistes palestiniens par l'octroi de bourses. Et puis nous sommes à votre disposition pour participer au développement du premier centre de détection et de traitement du cancer, sur la formation de radiothérapeutes, avec un partenariat possible avec l'Institut national du cancer. Nous avons avec nous, dans notre délégation, Christine Lepage, qui est ici, de l'Institut national du cancer, que je remercie d'être venue ; et puis également avec le CHU de Toulouse, une très belle ville de France où, Monsieur le Ministre, nous vous invitons. J'ai été le maire de cette ville, je suis le président de l'agglomération, et je vous invite à y venir quand vous voulez. Vous y êtes chez vous.
Je tiens donc pour terminer à exprimer mon admiration pour le fonctionnement du système de santé palestinien. Je sais que ce système fonctionne, comme je le disais tout à l'heure, malgré tout, grâce à la ténacité, à la détermination, au courage de tous. Et je ne pouvais pas venir à Gaza sans vous le dire. J'espère que le retrait israélien règlera dans la bande de Gaza le problème si pressant de l'accès aux soins.
J'ai un rêve : qu'un jour on puisse faire un hôpital où l'on puisse soigner à la fois les Palestiniens et les Israéliens. Mais j'espère qu'après l'évacuation de Gaza, après, j'espère, le respect de cette première étape, après le respect de la Feuille de route, peut-être que la France pourra un jour construire un hôpital qui serve à la fois aux malades palestiniens et aux malades israéliens. Car, le soin des malades n'est ni israélien ni palestinien. On est un homme par rapport à sa propre vie et sa propre dignité.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 septembre 2005)