Interview de M. Jean-François Copé, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, porte-parole du Gouvernement, à RMC le 25 mars 2004, sur les réponses du Gouvernement aux électeurs du Front national, la fusion des listes UMP et UDF au second tour en région Ile-de-France, la lutte contre le terrorisme et la question des transports en Ile-de-France.

Prononcé le

Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

Question (J.-J. Bourdin) : Notre invité ce matin J.-F. Copé, à double titre : en tant que porte-parole du Gouvernement et en tant que tête de liste UMP-UDF pour le second tour des régionales en Ile-de-France. Nous avions souhaité organiser un face-à-face J.-F. Copé/J.-P. Huchon, ce matin, sur RMC. J.-P. Huchon a d'abord accepté ce débat puis s'est décommandé, on ne sait pas trop pourquoi ? Tant pis pour lui, d'autant plus que nos débats sont organisés, je le rappelle, avec vous tous. Par souci d'équité évidemment, nous serons ce soir en reportage dans le grand meeting que donnera, en région parisienne, J.-P. Huchon. J.-F. Copé, vous êtes donc porte-parole du Gouvernement. Avez-vous des informations à nous donner concernant l'engin explosif retrouvé près de Montiéyrame - une petite bourgade de 400 habitants, dans l'Aube ? Est-ce que ça un rapport avec AZF ?
Jean-François Copé (Réponse) : Pour l'instant, je ne peux pas répondre à cette question. Comme vous le savez, l'enquête a été confiée aux Services de police judiciaire. Naturellement tout cela est suivi avec la plus grande attention, le Premier ministre l'a rappelé hier soir. De manière générale, le mot d'ordre est clair : c'est la vigilance et la mobilisation, constantes, et en même temps il faut faire tout cela dans la sérénité parce que ce serait un cadeau à ne pas faire aux terroristes, de tout poil, que de leur donner le sentiment que nous les craignons. Nous les combattons avec détermination, et nous ne les craignons pas. C'est pour cela que nous sommes dans cet esprit."
Question (J.-J. Bourdin) : Avez-vous eu des demandes de rançon récemment ?
Jean-François Copé (Réponse) : Non, pas à ma connaissance.
Question (J.-J. Bourdin) : Regardons un peu les régionales. Tiens, je vais vous lire quelques messages Internet de nos auditeurs. Patricia, qui habite le 94, qui est donc une électrice potentielle : "J'hésitais entre Huchon et vous, mais quand j'ai vu Sarkozy implorer les voix du FN, je n'hésite plus, je vote PS. Car si vous êtes capables de vous courber à ce point devant le mal, juste pour être élus, pour moi vous êtes capables de tout sauf d'être honnête. A l'UMP, il y en avait déjà un qui était droit dans ses bottes et on a vu le résultat !". Voilà, ce que nous dit Patricia.
Jean-François Copé (Réponse) : Très honnêtement, je crois que ce serait un énorme contresens de raisonner ainsi. Je fais une vraie différence, et je l'ai faite depuis bien longtemps, entre les dirigeants du FN, que je combats, et ceux qui votent pour le FN. Je suis élu d'une ville qui est Meaux, où malheureusement nous avons connu les questions de violence, d'insécurité, les difficultés liées à l'échec de l'intégration - il y a 27 nationalités dans ma ville de Meaux, en Seine-et-Marne. Moi, je voudrais apporter un témoignage ici : j'ai été battu aux législatives de 1997 avec un FN qui avait fait 23 % des voix, et qui a permis à la gauche de passer. Je voudrais dire la chose suivante : j'ai beaucoup autour de moi de mes administrés qui ont voté en d'autres temps FN, avec qui j'ai beaucoup parlé pour essayer de comprendre pourquoi ils votaient FN. Pour l'essentiel d'entre eux, ils n'ont aucune affection pour les thèses fascistes de tel ou tel dirigeant du FN. Leur volonté simplement est d'exprimer leur indignation devant l'insécurité, leur impatience, leur ras-le bol, leur peur aussi du quotidien. J'estime donc que la meilleure réponse pour eux, c'est l'action, c'est la capacité de montrer l'efficacité publique. Pourquoi je fais tandem avec N. Sarkozy en Ile-de-France ? C'est parce que nous voulons ensemble montrer que, dans des questions aussi essentielles que la sécurité, que l'emploi, que les transports, je m'engage en termes d'action. Et je crois que ce que chacun doit bien comprendre, y compris votre auditrice, c'est que mon problème est de respecter les électeurs, quels qu'ils soient, mais de faire entendre la chose suivante : quand on revote pour le FN au deuxième tour, que se passe-t-il ? Cela fait passer la gauche. Et c'est comme cela que le président socialiste a été élu en 1998 à la région Ile-de-France, grâce au fait que nous avons refusé, nous, de gouverner avec le FN, et qu'il a ainsi bénéficié de la majorité relative et pas de la majorité absolue. Il faut que l'on sache que s'ils revotent pour le FN au deuxième tour, cela fera passer la gauche, c'est-à-dire l'inverse de ce qu'ils veulent.
Question (J.-J. Bourdin) : Deuxième question concernant le FN, ce sera la dernière, parce qu'on ne va pas consacrer cette demi-heure uniquement à...
Jean-François Copé (Réponse) : Non, mais je crois que c'est important parce qu'il faut bien comprendre que dans la lecture des résultats des régionales, jamais la gauche ne serait en si belle situation dans de nombreuses régions si elle ne bénéficiait des triangulaires, c'est-à-dire la possibilité pour le FN de se maintenir au deuxième tour, parce que nous refusons toutes les alliances avec l'extrême droite.
Question (J.-J. Bourdin) : J.-F. Copé, "je voudrais dire que les gens comme moi - c'est Dominique qui écrit, qui vous écrit, qui m'écrit -, qui votent pour le FN ne sont pas tous des néo-nazis..."
Jean-François Copé (Réponse) : Eh bien voilà...
Suite de la question de l'auditeur : "... et pas des protestataires non plus. Je suis marié, père de trois enfants, j'ai 45 ans et je compte parmi mes amis beaucoup d'étrangers. Cependant, je crois qu'il est grand temps d'ouvrir les yeux sur le problème de l'immigration. Je considère que les deux conditions absolues pour accueillir les étrangers sont : avoir un toit à leur donner, et pouvoir leur donner un travail. La France, depuis belle lurette, n'est pas en mesure de leur donner tout ça. Pourquoi alors laisser entrer autant d'Africains, du Maghreb, et de gens issus des pays de l'Est ? A leur arrivée, ils demandent des aides sociales qui vident les caisses de l'Etat au prétexte de demande d'asile ?".
Question (J.-J. Bourdin) : On retrouve bien souvent ces arguments-là ?
Jean-François Copé (Réponse) : Eh oui. Et c'est pour cela qu'à certains égards, je trouve qu'il ne faut pas porter des jugements trop sévères sur ce que nous faisons depuis deux ans ou 18 mois, parce qu'on ne peut pas refaire en 18 mois ce qui n'a pas été fait en 18 ans ou 20 ans. Je voudrais vous dire la chose suivante : la politique de grande ouverture des frontières françaises date des années 1981, à une époque où il était de bon ton dans la bouche de M. J. Lang ou de M. Mitterrand, d'expliquer partout qu'il fallait ouvrir grand la France, comme terre d'accueil. Nous, que faisons-nous depuis 18 mois - et cela c'est une politique que nous menons maintenant de manière beaucoup plus structurée qu'avant - ? Nous revoyons toutes les conditions d'accès au territoire national. Nous luttons de toutes nos forces contre l'immigration clandestine et cela aussi je veux le redire. Qu'a-t-on mis en place ? Une lutte ou la lutte contre les filières mafieuses d'immigration clandestine, pour que, en réalité, on puisse accueillir dans des conditions tout à fait convenables, comme dit votre auditeur, les immigrés réguliers. Car à ce moment-là, on est dans une autre logique. Donc, autant nous sommes très déterminés à combattre l'immigration clandestine car elle est la source de très nombreuses difficultés et de beaucoup de désespérance, autant à l'inverse, je pense que le défi pour demain c'est la réussite de l'intégration. Etre capable, de faire que ceux qui d'origine immigrée mais qui sont maintenant sur notre sol, et qui sont parfaitement réguliers, puissent réussir leur vie en France, pour eux-mêmes et pour la France.
Question (J.-J. Bourdin) : J'ai lu la petite phrase de J.-P. Huchon vous concernant : "[Vous êtes le porte-parole d'un Gouvernement qui est vomi par une majorité de Français", c'est ce qu'a dit J.-P. Huchon, hier.
Jean-François Copé (Réponse) : C'est effroyable ! C'est vraiment effroyable de prononcer des formules pareilles !
[RMC 8h44. Deuxième partie]
Question (J.-J. Bourdin) : Vous êtes donc le porte-parole d'un gouvernement qui est "vomi par une majorité de Français" - c'est J.-P. Huchon qui a prononcé cette phrase hier ?
Jean-François Copé (Réponse) : Je trouve cette formule absolument effroyable. D'abord parce qu'elle dénote finalement une sorte de méchanceté et de haine assez terrible. Et je me suis vraiment demandé comment est-ce que le président socialiste sortant de la région Ile-de-France pouvait, à trois jours du deuxième tour, réduire son discours, alors que les gens attendent du concret, sur de telles insultes. Et je le regrette, parce qu'il me semble que la politique, c'est mieux que cela et qu'on ne peut pas donner envie aux gens d'aller voter quand on traite son adversaire de représentant d'un gouvernement vomi.
Question (J.-J. Bourdin) : Ceci dit, on ne peut pas dire que J.-P. Raffarin soit populaire en ce moment...
Jean-François Copé (Réponse) : D'abord, je voudrais quand même rappeler que cela ne justifie pas l'injure, premièrement - rien ne justifie l'injure, d'une manière générale - et que deuxièmement, les choses ne sont probablement pas si simples et qu'il ne faut pas faire parler les gens à leur place. Dans le vote de dimanche dernier, il y a l'expression d'un mécontentement, sans nul doute, mais il y a aussi l'expression, de l'autre côté de l'échiquier politique, de beaucoup d'impatience, de beaucoup d'interrogation sur l'avenir, et puis aussi de la nécessité pour nous d'aller aux résultats. Or, je le disais tout à l'heure, nous avons derrière nous 18 mois de travail et nous avons fait en 18 mois ce que beaucoup d'autres gouvernements n'avaient pas voulu faire - je pense, par exemple, dans le domaine de la sécurité, dans le domaine des grandes réformes... Il nous appartient maintenant de poursuivre ce travail, avec l'exercice d'explications qui s'impose.
Question (J.-J. Bourdin) : D'ailleurs, auprès de vous, on voit beaucoup N. Sarkozy, mais on ne voit pas J.-P. Raffarin...
Jean-François Copé (Réponse) : Non, pardon de vous dire cela...
Question (J.-J. Bourdin) : Ah bon ? Il sera là, ce soir ?
Jean-François Copé (Réponse) : Non, il ne sera pas là ce soir, parce qu'il fait un meeting ailleurs. Mais il a fait, la semaine dernière, un meeting avec moi, dans le Val-de-Marne...
Q- Mais il n'est quand même pas très présent en Ile-de-France ?
Jean-François Copé (Réponse) : Attendez ! Pardon, mais j'ai un président de comité de soutien qui est N. Sarkozy, dont vous savez que j'ai souhaité, durant cette campagne, former avec lui un tandem très opérationnel, parce que je veux convaincre les Franciliens que si je suis président de la région, je ne ferai pas des injures sur les autres, comme le fait mon adversaire, je ferai du boulot, par exemple dans le domaine de la sécurité.
Question (J.-J. Bourdin) : Vous ne prononcez jamais le nom de votre adversaire. Pourquoi ?
Jean-François Copé (Réponse) : C'est un petit clin d'oeil entre nous : comme je me suis aperçu, en faisant campagne, que personne ne le connaissait, je me suis dit que ce n'était pas la peine de contribuer inutilement à sa notoriété.
Question de Christophe (25 ans, étudiant en droit en Seine-Saint-Denis) : " D'abord, je voudrais regretter la phrase de M. Huchon... "
J.-J. Bourdin : Nous aussi, on la regrette, moi le premier !
Jean-François Copé (Réponse) : Moi aussi d'ailleurs ! C'est la première fois que l'on voit un campagne électoral avec des adversaires qui refusent le débat démocratique.
Question de Christophe : " J'ai assisté à différents meetings, le vôtre, en effet, dans le Val-de-Marne, celui de M. Santini, celui de M. Huchon également. Mais comment pouvez-vous justifier, après vous êtes affrontés autant, aussi bien à gauche qu'à droite, des fusions de listes ? Parce que ce sont des programmes qui sont totalement différents. J'ai un peu l'impression que les électeurs, on est un peu pris en otages de petits marchandages. Avec des programmes si différentes, comment justifier les fusions ? "
Jean-François Copé (Réponse) : Je voudrais vous répondre très précisément là-dessus. Nous n'avons pas, justement - c'est ça qui est intéressant à voir -, des programmes différentes avec A. Santini. Nous avons des programmes qui sont extrêmement complémentaires et la meilleure preuve est que nous avons fusionné sur notre programme et qu'il n'y a aucune contradiction. Sur la sécurité, il soutient complètement la position qui est la mienne. C'est vrai que je suis très engagé sur cette question, comme je le suis, d'ailleurs, sur l'apprentissage et sur l'emploi. Et j'ai totalement repris les propositions qui sont les siennes et de C. Lepage, par exemple sur l'environnement - car je crois qu'il a fait un travail très intéressant sur ce sujet -, sur les nouvelles technologies ou sur les transports. Et donc, en réalité, sur tous ces sujets, nous sommes complètement en phase. Et si je vous le dis, ce n'est pas uniquement pour vous donner un argument électoral ; c'est parce qu'en réalité, il y a là vraiment une logique d'union qui est très forte. Il y avait une primaire au premier tour ; j'étais le premier à la regretter, parce que je sais que sur l'essentiel, on est d'accord. Maintenant, elle a eu lieu ; il se trouve que de manière extrêmement fair play et sportive, A. Santini a appelé vraiment ses électeurs à voter pour mes listes. Nous avons fusionné, nous avons fait les choses de manière hyper tolérante, sympathique et vraiment dans un bon esprit. Mais puisque vous parlez de fusion, je voudrais appeler vôtre attention, puisque vous avez, en bon citoyen, assisté à plusieurs meetings, sur une chose : regardez bien à gauche, le président socialiste sortant a fait une union avec les communistes et les Verts, de telle manière - je ne sais pas comment il s'est débrouillé - que son groupe sera minoritaire par rapport aux deux autres, donc qu'il n'aura pas de majorité pour gouverner, et il n'a absolument rien dit sur ce qu'il faisait des propositions, notamment de Mme Buffet, qui préconise une carte Orange à 46 euros. Vous savez que je préconise une carte Orange à 45 euros. Me Buffet est elle à 46 euros, mais elle le fait, elle, en augmentant les impôts, alors que moi, je ne veux pas augmenter les impôts - nous ferons des économies d'une autre manière. Et donc, il n'a absolument pas dit s'il reprenait cette proposition et, s'il la reprenait, est-ce qu'il augmenterait les impôts. C'est vous dire que, de son côté, il y a plus d'ambiguïtés.
[...]
Question (J.-J. Bourdin) : Parlons du logement. A Paris et en région parisienne, se loger, c'est dramatique. Comment résoudre ce problème, qui se pose surtout aux plus modestes ? Vous voulez créer 300.000 nouveaux logements par an ?
Jean-François Copé (Réponse) : L'objectif est assez simple : nous avons une situation, dans le domaine du logement, qui est lamentable. J'ai beaucoup tourné en Ile-de-France depuis six mois et je suis très frappé de voir des gens qui, tous les jours, disent qu'ils ne peuvent pas se loger, qu'ils étaient venus pour trouver de l'emploi et qu'ils n'en trouvent pas, donc qu'ils s'en vont. Donc comment faire pour que les habitants s'approprient leur région ? Dans ce domaine, il y a plusieurs choses. D'abord, il faut absolument démolir plus vite les grands ensembles insalubres, pour les remplacer par des logements à taille humaine. Donc là, il y a un travail à faire sur lequel la région doit être beaucoup plus impliquée, je peux en témoigner à travers mon expérience de Meaux. Et la deuxième chose, c'est qu'on manque de terrains pour construire, puisqu'il n'y a pas de politique volontariste pour construire. Du coup, il n'y a pas assez de mètres carrés construits, donc il y a de la spéculation, et donc les loyers ou les prix d'accession sont chers. Donc mon objectif est de créer une agence foncière, qui achètera du terrain - l'Etat étant vendeur de ses terrains militaires, ou la SNCF etc. - et on facilitera, grâce à cela, les constructions de logements sociaux ou privés.
Question (J.-J. Bourdin) : J'ai compris : le face-à-face, ce n'est pas Copé-Huchon, c'est Copé-Delanoë, non ? Ou Sarkozy-Delanoë ?
Jean-François Copé (Réponse) : Non, ce n'est pas comme cela que cela marche. En réalité, j'ai l'ambition d'être président d'une région de 11 millions d'habitants, dans laquelle Paris doit avoir toute sa place, à une condition : c'est que le maire de Paris sache qu'il est entouré de 8 millions d'habitants qu'il doit respecter. Par exemple, le projet du tramway, je ne suis pas contre, mais quand j'ai découvert que c'était un tramway qui encerclait complètement Paris et qu'il voulait capter la totalité des crédits disponibles de la région sur les transports pour son seul tramway de 7,5 kilomètres, alors que l'on a tant de problèmes dans nos banlieues en matière de transport, je crois qu'il est temps de regarder la vie concrète et pas simplement limitée à son arrondissement.
Question d'Evelyne (40 ans, chef d'entreprise en Gironde) : " Je suis électrice UMP, j'ai voté UMP en Aquitaine au premier tour et je ne sais pas encore ce que je ferai au second tour. M. Chirac et le Gouvernement ont condamné la mort de Cheikh Yassine. Je voulais savoir en quoi vous pensez, M. Copé, que la mort d'un terroriste, qui a le sang de victimes innocentes sur les mains, est condamnable ? "
Jean-François Copé (Réponse) : Pardon de dire que les choses ne se sont pas tout à fait passés ainsi. Vous savez que nous sommes totalement déterminés dans la lutte contre toutes les formes de terrorisme, nous l'avons dit et redit, et nous avons marqué, tous autant que nous sommes, la même indignation et la même condamnation des attentats terroristes dont Israël est victime, hélas, dans le cadre de ce conflit israélo-palestinien dramatique et tragique. Donc il ne faut pas se méprendre sur la position qui est la nôtre. La seule chose que nous disons, les uns comme les autres, c'est que, seule une solution politique peut permettre de sortir de cette tragédie du Proche-Orient. Je veux simplement vous dire ici que, se trouver autour de la table pour une solution politique autour de ce que les Américains, les Européens ont proposé, la fameuse "feuille de route", est la seule solution possible pour l'avenir. Je crois que c'est à cela qu'il faut que l'on travaille maintenant.
Question de Evelyne : " Pensez-vous vraiment que pour lutter contre le terrorisme il n'y a que la solution politique ? Le pensez-vous vraiment ? "
Jean-François Copé (Réponse) : Non. Je pense que la lutte contre le terrorisme doit se faire par la mobilisation de tous les moyens. Je crois que nous en faisons la démonstration : les moyens de police, de justice. Regardez combien nos services de Renseignement coopèrent de plus en plus efficacement, on le voit bien au niveau européen, et avec les Américains. C'est évidemment un élément absolument majeur. Pour autant, il faut aussi que le processus politique continue. Mais puisque vous évoquez cette question, je veux aussi vous dire une autre chose : c'est que notre détermination par ailleurs à lutter en France contre les dérives inacceptables de l'antisémitisme ou du racisme, cela relève vraiment d'une volonté très forte qui se traduit par des moyens et par la modification de nos lois, comme la loi Lellouche, qui permet maintenant de sanctionner beaucoup plus sévèrement la lutte contre ces formes de racisme et d'antisémitisme. Je crois que tout cela c'est vraiment une détermination très forte. Et je vous demande, madame, de ne pas en douter un instant. Car là-dessus, je peux vous dire que l'on est vraiment mobilisés et comme aucun autre gouvernement ne l'a été avant nous.
Question (J.-J. Bourdin) : J'ai une question de Jean-Philippe, message Internet : "A l'occasion de la campagne du premier tour, M. Huchon s'est rendu au Centre gay et lesbien de Paris pour présenter sa politique en matière de lutte contre l'homophobie et la lutte contre le Sida. La droite a été absente sur ce sujet, comme d'habitude. A-t-elle peur de perdre son électorat ?"
Jean-François Copé (Réponse) : Enfin, c'est vous qui posez... ?
Question (J.-J. Bourdin) : Non, c'est l'auditeur de Paris.
Jean-François Copé (Réponse) : Je suis obligé de dire à cet auditeur que, soit il m'a mal lu, soit il est déjà tellement engagé politiquement qu'il n'a plus envie de me lire car, moi, sur ces sujets, j'ai pris de positions extrêmement claires et j'ai considéré que là-dessus il y a beaucoup de choses sur lesquelles on pouvait avancer. Je signale d'ailleurs au passage que celui qui me conseille en la matière, est J.-L. Roméro, qui est conseiller sur ma liste de Paris. Et dont vous savez qu'il mène un combat très courageux contre l'homophobie qui est évidemment un mal qu'il nous faut combattre avec beaucoup de détermination. D'ailleurs, J.-P. Raffarin a décidé de faire inscrire ce texte à l'ordre du jour du Parlement.
Question (J.-J. Bourdin) : Vous êtes opposé au mariage des homosexuels ?
Jean-François Copé (Réponse) : Je pense qu'aujourd'hui, les choses ne sont pas mûres dans notre société sur ce point. En revanche, que ce qui a été fait avec le Pacs a été une avancée...
Q- Très combattu par la droite.
Jean-François Copé (Réponse) : Exact. Mais vous savez, j'appartiens à une génération qui considère que nous avons le devoir aussi de savoir là où nous avons été ouverts et là où nous avons des progrès à faire, comme tout le monde. Et je dis qu'aujourd'hui, ce combat-là, il est derrière nous parce que c'est vrai que cela a été un progrès.
Question (J.-J. Bourdin) : Dernière question : il y a une grève demain dans le métro, RATP, RER à l'appel de la CGT. Le service garanti, que proposez-vous ?
Jean-François Copé (Réponse) : Oui, bien sûr.
Question (J.-J. Bourdin) : Vous l'imposeriez ?
Jean-François Copé (Réponse) : Non. Mais les choses ne se passent pas ainsi. Les choses sont simples en réalité. Cela fait des années qu'on tourne autour du pot sur cette question. Nous avons une région de 11 millions d'habitants, lorsqu'il y a une grève dans les transports en commun ce sont des millions de voyageurs qui sont pris en otages par ces grèves. Nous l'avons vu en particulier en décembre 1995, on mettait trois heures pour faire Meaux-Paris en autocar, tellement il n'y avait plus de transports en commun. Donc je pense que l'heure est venue maintenant de se sortir de cette situation en mettant en place un service minimum garanti. Le président de la République s'y est engagé pour 2004, et je souhaite que la région Ile-de-France soit pilote en la matière sous des formes qui doivent se traduire, après le dialogue social nécessaire, à une décision avant la fin de l'année 2004.
Question (J.-J. Bourdin) : Ce matin dans la presse, dernière question, D. Bussereau dit "que le moment est très difficile pour J .-P. Raffarin". S'il y a échec dimanche, doit-il partir ?
Jean-François Copé (Réponse) : Cela ne relève pas de ma responsabilité. C'est le président de la République qui nomme le Premier ministre. La seule chose que je veux dire, c'est que cela vaut peut-être la peine avant de faire des projections dans tous les sens, d'attendre que les élections soient terminées. Ïl y a deux tours, il y en a eu un premier dimanche dernier, il y en a un second dimanche prochain. J'appelle les électeurs à se mobiliser et à bien comprendre aussi que les enjeux qui nous concernent c'est de voter pour des personnalités. En région Ile-de-France, on ne vote pas simplement des étiquettes politiques, on vote pour des candidats qui ont chacun leur personnalité et c'est intéressant de voir celui qui incarne la nouveauté, l'audace, l'enthousiasme et celui qui incarne l'avancement à l'ancienneté.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 mars 2004)