Texte intégral
Merci beaucoup Monsieur le Premier Ministre. Je voudrais bien sûr remercier ici le président Mahmoud Abbas, le vice-Premier ministre, ministre de l'Information, et le ministre palestinien des Affaires étrangères de m'avoir reçu ce matin, et de la chaleur de l'accueil qu'ils m'ont réservé.
Qui aurait dit, il y encore trois semaines, ou trois mois, que la bande de Gaza aurait été évacuée ? Nous avons salué la décision courageuse du Premier ministre israélien. Nous avons salué l'esprit de responsabilité collective du peuple palestinien au moment du retrait. Et je le redis ici devant vous : au moment où des perspectives nouvelles s'ouvrent pour ce territoire, j'ai transmis au président Mahmoud Abbas, au nom du président de la République, une invitation officielle à venir en France.
La première étape du retrait de Gaza est un premier pas. Mais cette étape doit être réussie. Pour qu'elle soit réussie, il faut qu'il y ait une viabilité économique de Gaza. Pour qu'il y ait une viabilité économique de Gaza, il faut que le plan de James Wolfensohn fonctionne. C'est ce que nous avons dit au G8 en approuvant l'idée de mobiliser, pour ce processus, une contribution financière, à hauteur de trois milliards de dollars pendant trois ans.
La France est engagée, complètement, aux côtés des Palestiniens, pour la reconstruction de leurs institutions. Le programme de James Wolfensohn est notre base de travail. Il est concret, il repose sur des bases solides pour le développement économique de l'ensemble des Territoires palestiniens. Il faut qu'il soit appliqué. J'ai examiné avec mes interlocuteurs palestiniens ce matin les moyens pour la France, pour l'Union européenne, d'apporter sur le terrain un appui stratégique efficace pour la réalisation de ce programme. Je voudrais dire l'importance que j'accorde à cette coopération.
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Pour nous, la bande de Gaza, la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est sont pour la France indissociables. Ils sont l'assise territoriale de l'Etat palestinien. La communauté internationale a la responsabilité de les préserver aujourd'hui. Notre texte de référence doit pour cela rester la Feuille de route, car les obligations que ce texte impose aux deux parties sont seules de nature à nous rapprocher de leur objectif final : deux Etats vivant côte à côte, dans la sécurité et la paix.
Israël, d'un côté, doit geler la colonisation des Territoires palestiniens, mais d'un autre, les Palestiniens doivent contrôler les activités violentes des groupes radicaux. Les Palestiniens doivent poursuivre les efforts qu'ils ont entrepris sur la voie des réformes. Ils peuvent compter sur l'appui de la France et de l'Union européenne sur ces deux domaines.
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Q - Vous avez parlé tout à l'heure d'une première étape que serait le retrait de Gaza, et que cette première étape devrait être réussie. Comment cette réussite pourrait-elle être assurée alors que les Palestiniens ne savent pas s'ils peuvent restaurer un contrôle sur la mer, sur l'espace, sur leurs frontières, et surtout une communication avec la Cisjordanie. Et comment cette réussite pourra-t-elle être assurée, alors que le gouvernement israélien est en train de poursuivre la construction du mur de l'apartheid qui va confisquer plus de 50 % de la terre palestinienne, et continue sa politique de colonisation ?
R - Cette première étape qui est un retrait, certes unilatéral, mais un retrait quand même, de la bande de Gaza, doit être en effet mise à profit pour montrer qu'économiquement, on peut aujourd'hui développer un vrai projet.
60 % de chômage, ce n'est pas compatible avec la paix. Ce n'est pas possible. Il est donc majeur d'amener ici des micro-projets, de faire travailler les jeunes. Si la jeunesse ne travaille pas, elle ne peut pas s'inscrire dans un processus de paix.
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Q - La bande de Gaza a servi de réservoir de main-d'uvre pendant des années, de 1967 à la moitié des années 1990, et les autorités israéliennes ont fait savoir qu'elles désiraient mettre un terme à l'embauche des ouvriers palestiniens sur le marché du travail israélien. Donc je voulais savoir, d'une part avec Monsieur Nabil Chaath, si les autorités palestiniennes entendent soulever cette question auprès de leurs partenaires israéliens ; et puis quel est le rôle de la France vis-à-vis de ce sujet là. Parce que tout le monde sait, les économistes savent que, en l'absence d'une capacité d'aller travailler en Israël, les micro-projets, même les gros projets, ne suffiront pas à faire travailler une population qui va bientôt atteindre 2 millions.
R - Oui, j'ajouterais que nous pensons qu'il est important de demander aux Israéliens de réfléchir à court terme à la possibilité pour les jeunes Palestiniens de travailler en Israël. D'où le problème de la sécurité qui est absolument majeur. Donc, le jour où l'Autorité palestinienne aura fait les réformes nécessaires pour entraîner une amélioration de la sécurité, je crois que rien n'empêchera les Israéliens d'accepter de se lier par l'économie, par le travail. Je suis sûr que les Israéliens ne demandent pas mieux. A condition qu'il y ait la sécurité. Je dirais également qu'il est important qu'il y ait un lien entre la Cisjordanie et Gaza, par une route souterraine ou une voie ferroviaire. Il est important en effet, pour les Palestiniens, qu'il y ait un lien.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 septembre 2005)