Interview de M. Christian Estrosi, ministre délégué à l'aménagement du territoire, à BFM le 30 septembre 2005, sur les violences à la suite du conflit du travail à la SNCM et sur la TNT (télévison numérique terrestre).

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Média : BFM

Texte intégral

QUESTION : On est ensemble pour parler de la TNT dont vous faites un enjeu fondamental pour l'aménagement du territoire. Mais il faut d'abord que je pose une question au député des Alpes-Maritimes - que vous n'êtes plus d'ailleurs puisque vous êtes ministre délégué, mais enfin vous êtes élu de la région -, jusqu'où faut-il aller pour privatiser la SNCM ? On en est à tirer à la roquette dans la préfecture d'Ajaccio !
Christian ESTROSI : Cet acte est tout à fait inqualifiable et comme l'a rappelé le ministre de l'Intérieur, tout sera mis en uvre pour retrouver les coupables. Il n'est pas question de laisser dégénérer l'ordre public en Corse. Il faut que ceux qui en sont à l'origine soient à la fois retrouvés, poursuivis et sanctionnés avec la plus grande fermeté.
QUESTION : Excusez-moi d'être un peu trivial : le jeu en vaut-il la chandelle ? La SNCM est-elle un enjeu suffisamment important pour remettre en cause la paix civile, d'une certaine manière, en Corse ?
Christian ESTROSI : Non, ce n'est pas acceptable, surtout là où l'Etat a démontré depuis des années, puisque depuis plus de cinq ans, ce sont de 70 millions d'euros qui ont été injectés par l'Etat dans la SNCM, qu'il s'est montré systématiquement solidaire d'une entreprise à laquelle nous sommes attachés. L'Etat, aujourd'hui, est prêt à faire un effort énorme en injectant 113 millions d'euros pour recapitaliser la SNCM, et dans le même temps, nous voyons de véritables délinquants se livrer à des actes inqualifiables, et s'attaquer à l'intégrité même de l'Etat républicain. C'est inacceptable et nous agirons avec la plus grande des fermetés.
QUESTION : Cela veut dire qu'il n'est pas question - on sait que T. Breton va aller à Bruxelles pour plaider...
Christian ESTROSI : Ce sont deux choses différentes. Nous sommes dans un Etat de droit. L'Etat s'est toujours montré très attaché - c'est le ministre de l'Aménagement du territoire qui vous le dit - à la continuité territoriale entre le continent et la Corse. Je veux veiller à ce que celle-ci puisse perdurer là où je suis, aux côtés de D. de Villepin et aux côtés de N. Sarkozy. Nous mettons tout en uvre pour qu'il en soit ainsi, et apporter les garanties nécessaires à la fois et aux personnels mais surtout à l'ensemble de nos compatriotes corses. Dans le même temps, nous ne pouvons pas accepter qu'il y ait des délinquants qui se livrent aux exactions auxquelles ils se sont livrés, et qu'ils fassent peser de lourdes menaces sur l'intégrité physique d'un certain nombre de représentants de l'Etat en Corse.
QUESTION : Parlons de la TNT maintenant. Le ministre de l'Aménagement du Territoire que vous êtes en fait visiblement une priorité. J'ai cru comprendre, à vous entendre hier, que vous ne voulez pas qu'il y ait une sorte de "fracture télévisuelle" entre les Français, qui s'ajouterait à la fracture numérique, d'une certaine manière ?
Christian ESTROSI : Je veux surtout, parce que c'est la mission qui m'a été confiée, réconcilier les Français de la ruralité des Français de la ville. Depuis vingt ou trente ans, toutes les politiques qui ont été conduites ont créé un immense fossé entre ces deux France, et d'ailleurs, le résultat de la consultation référendaire du 29 mai l'a démontré, puisque la France de la ruralité, c'est près de 60 - 65 - 70 % en faveur du "non". Et je pense que la réduction de la fracture numérique est un moyen de pouvoir envoyer un message fort. Je veux que chaque Français puisse être traité à égalité et faire, qui plus est de la France, le pays de l'Union européenne qui, d'ici 2007, ait la meilleure couverture numérique. En matière de téléphonie mobile, je m'engage à ce que toute la France et toutes ses zones blanches soient irriguées d'ici 2007. En matière de desserte à haut débit et d'ADSL, il en sera de même en utilisant des moyens alternatifs comme le Wimax, le satellite ou le Wifi. Et, bien évidemment, au moment où 25 % de Français reçoivent par la télévision numérique terrestre près de 18 chaînes de télévision gratuites, je souhaite que nous arrivions, à 2007, avec le même objectif de couverture à près de 100 % de notre territoire, que 100 % des foyers français puissent avoir accès à la télévision numérique terrestre, 18 chaînes de télévision gratuites...
QUESTION : Cela veut dire que cela passera forcément par le satellite, à ce moment-là ?
Christian ESTROSI : Cela peut passer par plusieurs solutions. Nous savons aujourd'hui, en l'état actuel des choses, que nous pourrions arriver à 85 % par le terrestre. Et qu'ensuite, il faut trouver des solutions alternatives pour les zones les plus torturées, les plus montagneuses, les plus difficiles et où les fréquences sont les moins disponibles, et pour moi, le satellite est une des opportunités qui peuvent permettre aux Français d'avoir, pour ces 15 % restants, les 18 chaînes de télévision gratuites. Donc, je crois tout à fait envisageable de diffuser un bouquet satellite sans abonnement, reprenant notamment les chaînes gratuites de la TNT. C'est une solution qui permettrait de proposer une couverture totale de notre territoire d'ici 2007.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 septembre 2005)