Point de presse conjoint de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, et de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, sur les priorités de l'action diplomatique de la France pour le nouveau gouvernement, Paris le 3 juin 2005.

Prononcé le

Circonstance : Passation de pouvoirs au ministère des affaires étrangères à la suite du remaniement ministériel du 2 juin 2005

Texte intégral

M. Douste-Blazy - Je veux vous dire d'abord à quel point nous pensons, en rentrant dans cette Maison à Florence Aubenas et Hussein Announ. Nous pensons aussi à leurs familles, nous pensons à tous les journalistes français qui, de par le monde, prennent des risques pour la liberté d'expression. Nous nous situons, bien sûr, en pleine continuité de l'action qui est menée par le président de la République, par le Premier ministre et qui l'a été par le précédent gouvernement et Michel Barnier en particulier, dans ce domaine. Nous pensons aussi à tous les otages français.
En ce qui concerne les Affaires européennes, je voudrais dire combien je suis heureux que Catherine Colonna, qui connaît très bien cette Maison, qui connaît très bien la diplomatie, et qui l'a prouvé depuis de nombreuses années malgré son jeune âge, en ait la charge ; nous sommes bien évidemment dans une situation difficile, après deux référendums négatifs, l'un en France comme vous le savez et l'autre aux Pays-bas.
Nous voulons dire ici avec force que la France doit rester au cur de la construction européenne, qu'elle souhaite y jouer tout son rôle et, bien sûr, une part prépondérante, comme elle l'a toujours fait. Nous aurons l'occasion de nous mettre en contact, très rapidement, avec nos homologues européens, très vite, dans les heures qui viennent.
Nous voudrions également vous dire quelle est notre détermination à faire avancer l'Europe politique.
En effet, il y a eu un référendum, il est important de savoir ce que les Français ont voulu dire, il y a des inquiétudes qui se sont fait jour, il faut comprendre, décrypter le message des Français. Il est important aussi d'avancer sur le terrain de l'Europe politique.
Enfin, il y a d'autres sujets majeurs comme vous le savez, celui des relations transatlantiques, qui sont essentielles à mes yeux, dans ce monde multipolaire, il y a également le conflit israélo-palestinien, il y a le Darfour, évidemment l'Irak, et tous les autres conflits. Nous allons y travailler dès les heures qui arrivent.
Enfin, et si vous le permettez, un mot sur le rôle de ce ministère pour l'exportation, pour les chefs d'entreprises, pour les PME, pour les PMI, pour les entreprises françaises : nous devons jouer un rôle important justement pour améliorer la prise de marchés à l'extérieur de nos frontières.
Un mot pour les expatriés, il y a des Français de l'étranger auxquels, ici, je veux rendre hommage : ils font un travail, à l'extérieur de nos frontières, tout à fait remarquable. Et puis, je terminerai sur les fonctionnaires de ce ministère : il se trouve que, pour différentes raisons, j'en connais un certain nombre ; en tout cas, je connais à la fois la difficulté de travailler à l'extérieur de notre pays et celle de représenter la France dans le monde.
C'est une grande Maison, c'est une grande diplomatie, c'est l'une des meilleures au monde, il est important de la défendre au sein de l'Etat, il est important de saluer à la fois la compétence, le courage et la détermination des personnels de cette Maison qui est, non seulement une Maison prestigieuse comme chacun le sait, mais surtout une Maison d'une grande efficacité. Je vous remercie.
Mme Colonna - Merci Monsieur le Ministre, Messieurs les Ministres, Mesdames les Ministres, ils et elles sont parmi nous, je voudrais dire d'abord un mot pour Claudie Haigneré que je connais et pour laquelle j'ai, depuis de longues années, de l'admiration. Au moment où je prends mes fonctions, je veux dire publiquement l'estime que je porte non seulement à sa personne mais au travail qu'elle a accompli, qui mérite notre reconnaissance et donc je la remercie.
Je suis de cette Maison, je ne l'oublie pas, je ne l'oublierai pas, et chacun imagine sans peine la fierté que je ressens, l'émotion aussi - je ne la cache pas - d'être de retour ici, avec vous, en ce moment si important dans l'histoire de notre pays et sur des sujets fondamentaux pour notre présent et pour notre avenir, comme l'a dit le ministre il y a quelques instants.
Notre mission est claire, je ne dis pas qu'elle est simple à accomplir mais elle est claire, sous la conduite du président de la République et du Premier ministre, avec Philippe Douste-Blazy, nous aurons à cur de restaurer, de reconstruire la relation de confiance entre les Français et l'Europe. Après ce qui s'est passé, c'est ce qu'il faut faire donc, voilà la mission. Une dernière chose, peut-être : oui, j'ai la passion de l'Europe, mais j'ai la passion de l'Europe parce que j'ai la passion de la France. Les deux choses sont indissociables aujourd'hui et c'est vraiment cela que je voudrais faire comprendre et faire partager à tous les Français. C'est peut-être cela qui nous a un petit peu manqué, donc, il y a un lourd défi à relever, mais nous avons répondu présents.
M. Douste-Blazy - Michel Barnier, que je viens de raccompagner, a été un excellent ministre des Affaires étrangères, il a été aussi un commissaire européen, il est, comme moi, comme nous, un Européen convaincu, nous avons l'Europe chevillée au corps.
Je suis entré dans la vie publique, dans une famille politique européenne et les moments que nous vivons aujourd'hui sont des moments, c'est vrai, de crise sur la construction de l'Europe politique, comme on a pu connaître, en 1954, des moments difficiles aussi. Mais, nous sommes repartis et donc c'est important de le faire lorsque les moments sont difficiles, peut-être avec une méthode un peu moins sophistiquée, peut-être avec des textes plus courts, plus simples, mais il est important de repartir. Lorsque l'Europe est en panne, il faut repartir de manière humble mais efficace. J'ai l'Europe chevillée au corps, c'est comme cela ! Je suis rentré dans la vie publique pour l'Europe. Ma famille politique, depuis toujours, a été la famille européenne qui a porté cette Europe au plus haut niveau de nos espoirs. C'est une continuité, c'est une détermination, ne vous trompez pas. C'est un choix que j'ai fait d'inscrire mon action politique, à un moment donné, sur l'Europe, aux côtés évidemment, et avec, Catherine Colonna, dans le cadre du ministère des Affaires étrangères.
Q - (Sur la composition du gouvernement)
R - Il ne vous a pas échappé que ce n'est pas moi qui ait nommé les membres du gouvernement et je viens d'un ministère où nous avons fait une grande réforme qui est la réforme de l'Assurance maladie avec déjà des résultats. J'ai appris que chaque ministre avait son vécu, son passé, ses "tripes", sa détermination et puis, ses atouts et ses faiblesses.
Ici, je pense, après avoir rendu hommage à Michel Barnier, à deux ministres qui pour moi ont marqué cette Maison, je pense à Alain Juppé - j'étais à l'époque ministre délégué à la Santé auprès de Simone Veil - lorsqu'il était entre 1993 et 1995, ministre des Affaires étrangères avec Edouard Balladur comme Premier ministre et François Mitterrand comme président de la République. Il a marqué cette Maison, il a marqué la politique de la France dans le monde. Je pense aussi à Dominique de Villepin, pas parce qu'il est Premier ministre aujourd'hui, mais parce qu'il a marqué. Souvenez-vous de l'Irak, souvenez-vous de la voix de la France, à l'ONU et dans le monde.
Alors, lorsque l'on a ce type de références, on est humble, on se met au travail et ensuite, ce sera à vous de me dire quels sont les atouts que je peux avoir.
Merci à tous et bon travail.
Q - Juste une question, vous avez parlé tout à l'heure de Florence Aubenas, demain, c'est 150 jours, quel est le message que vous pouvez envoyer aux familles de Florence et d'Hussein et pensez-vous faire une tournée au Proche-Orient dans quelques temps, comme l'avait fait Michel Barnier pour relancer les choses, pour dire que nous sommes présents et que nous attendons leur libération ?
R - En tout cas, nous avons la volonté d'être présents sur le terrain, là comme ailleurs, mais particulièrement là en effet. J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec Serge July, c'est peut-être le premier coup de téléphone que j'ai donné hier, quelques minutes après ma nomination ; et aussi, les parents de Florence Aubenas. J'ai eu pour l'instant son père ce matin au téléphone.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 juin 2005)