Déclaration de M. Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités locales et secrétaire général délégué de l'UMP, sur le rôle des jeunes de l'UMP dans la "reconquête des valeurs", La Baule le 2 septembre 2005.

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Circonstance : Université d'été des jeunes de l'UMP à La Baule (Loire-Atlantique), du 2 au 4 septembre 2005

Texte intégral

I. Vous avez choisi de consacrer votre université d'été à la reconquête des valeurs et vous avez eu raison. Durant ces dernières années, nombre d'entre elles ont été abandonnées, bafouées ou récupérées.
Abandonnées, parce qu'en laissant, comme la gauche l'a fait pendant des années, l'insécurité se développer et l'immigration devenir incontrôlable, on abandonne le droit à la tranquillité et la possibilité de s'intégrer. Résultat : lorsque Daniel Vaillant occupait la place Beauvau, la délinquance augmentait globalement de 7,69% par an!
Bafouées, nos valeurs, parce qu'en nous expliquant que l'on peut gagner plus tout en travaillant moins, on ment aux Français et on brocarde les valeurs du travail, de l'effort et du mérite. Résultat : les experts sont formels, les 35 heures n'ont jamais permis au chômage de baisser.
Récupérées, les valeurs, parce qu'aujourd'hui, les extrêmes de droite comme de gauche, voitures-balai de la république, tentent de s'approprier les valeurs en les dénaturant à leur profit pour proposer finalement un projet de société d'un côté rétrograde, de l'autre, haineux.
Résultat : Olivier Besancenot, le facteur trotskiste, vient d'être classé parmi les 50 personnalités préférées par les Français! Ce sont pourtant eux, les trotskistes français, qui, en juin 1944, expliquaient, dans un texte intitulé "Ils se valent", que les alliés débarquant en Normandie ne valaient pas mieux que l'armée nazie!
Liberté, égalité, fraternité bien sûr mais aussi responsabilité, mérite, travail, engagement, courage Voici ces valeurs auxquelles la gauche a depuis longtemps renoncé et que notre mouvement doit aujourd'hui incarner.
Résultat de la perte de nos valeurs, c'est la France qui est une exception mais malheureusement pas au sens de modèle !
Que dire de notre exception lorsque au palmarès 2005, la première université française pour la recherche se situe seulement au 46ème rang mondial?
Que penser de notre exception lorsque près d'un condamné sur deux à de la prison ferme n'a toujours pas exécuté sa peine dix-huit mois après son jugement?
Comment croire à une exception qui se situe au 22ème rang sur 25 de la croissance des pays de l'Union européenne?
Mes chers amis, il ne suffit pas de crier "Vive l'exception française!" "Défendons notre modèle social!" Il faut surtout, et de toute urgence, prendre la mesure des vérités : notre exception à nous, c'est aujourd'hui la peur de la mondialisation, la peur de l'Europe et finalement, la peur de nous-mêmes.
II. Mais un diagnostic si sincère et lucide soit-il ne suffit pas. Il faut tracer le chemin pour le corriger et l'inverser.
Si notre famille est réunie ce week end autour de vous, les jeunes de notre mouvement. Ce doit être l'occasion de se dire des choses :
où nous en sommes, ce que nous devons réussir et comment y parvenir.
A) Où en sommes-nous?
Le bulletin de santé de notre mouvement est bon, l'UMP se porte bien. Avec 162.000 adhérents à jour de leurs cotisations au 30 août, nous sommes devenus la première formation militante de France. Et cela, c'est grâce à vous!
La réalité de notre force ne doit pas cacher d'autres vérités : le choc du non au référendum a été révélateur d'inquiétudes, d'appréhension, d'incompréhension, révélateur d'une France multiple et divisée : divisée entre les villes et le monde rural, entre Paris et une grande partie de la province, entre un peuple et ses élites, c'est-à-dire ses dirigeants pas seulement politiques, - ce serait trop simple - mais aussi journalistiques, économiques, sociaux et syndicaux
Nous sommes, aujourd'hui, face à ce que le président de notre mouvement, Nicolas Sarkozy, a qualifié de "déficit d'espoir". Jugez plutôt : selon un sondage récent 50 % des Français interrogés pensent même que si rien n'est fait d'ici 5 ans, (je cite) "les choses craqueront".
Voyons les vérités en face : seul un changement structurel, seules des mutations profondes pourront apporter des réponses au déficit d'espoir et au fatalisme qui bloque aujourd'hui la France. Colmater les brèches ne suffira pas!
B) Alors, que devons-nous faire au sein de notre mouvement pour réussir à oxygéner notre pays ?
Avant toute chose, nous devons affirmer notre unité.
Si nous voulons être crédibles, si nous voulons montrer aux Français que nous avons entendu leur message de désespoir et de révolte, si nous voulons faire preuve de la responsabilité qui nous incombe, nous devons assurer l'unité de notre mouvement.
Qui peut nier que l'UMP a su, pendant la campagne référendaire, affirmer sa conviction tout en respectant ses différences ?
Qui peut contester que nous avons montré aux observateurs, toujours vigilants, et à la France entière à quel point notre famille savait préserver et afficher son unité ?
Tout le monde ne peut pas en dire autant. Rue de Solférino, quand on n'est pas d'accord, on est tout simplement exclu! Laissons les éléphants du parti socialiste se tromper énormément en se divisant, en s'attaquant voire en se scindant.
Que les universités soient l'occasion d'affirmer notre unité de manière exemplaire et de montrer qu'à l'UMP, on ne se dispute pas pour un oui ou pour un non.
En plus de l'unité, nous devons rechercher la proximité. A nous d'aller où sont les Français pour les rencontrer, les écouter et les convaincre. Grâce aux deux caravanes qui ont sillonné les côtes françaises ces deux derniers mois, notre mouvement a été à l'écoute de nos concitoyens pendant tout l'été tandis que les autres formations politiques étaient parties en vacances.
Nous devons, enfin, rechercher le débat et ne pas nous imposer de tabous. A nous de devenir les porte-parole des Français! Non pas d'un clan, ni d'une caste ou d'une catégorie mais bien de tous les Français!
C) Comment y parvenir?
Soyons clairs : nous ne réussirons que si nous sommes inventifs, passionnés, courageux et impertinents.
Nous ne parviendrons à faire gagner notre mouvement que si chacun joue son rôle, à sa place.
A vous, jeunes de l'UMP, de secouer les uns et de bousculer les autres si cela ne va pas.
A nous, dirigeants de notre mouvement d'organiser le débat, de parler vrai et fort et d'inventer un futur que la France mérite. Durant les prochains mois et les prochaines années, l'objet social de notre mouvement sera l'imagination.
C'est ce que nous avons commencé à faire notamment autour des conventions thématiques de notre mouvement.
Après une convention sociale, une autre sur l'immigration choisie et une troisième sur les services publics, nous réfléchirons mercredi prochain à un nouveau modèle économique français avant d'aborder le thème de l'Europe à la fin du mois puis d'autres sujets dans les mois qui viennent.
L'UMP toute entière ne doit pas être un parti frileux, un parti de godillots d'arrière garde mais une formation moderne qui ne craint pas d'aller parfois plus vite et plus loin.
Les choses sont simples : si le gouvernement est d'abord en charge de l'action au quotidien, l'UMP a le devoir d'imaginer et de bâtir un projet pour demain.
Respectueux du Président de la république Jacques Chirac et solidaire du Premier ministre Dominique de Villepin, la vocation de notre mouvement c'est d'être libre de penser, de proposer et de réagir, autour de Nicolas Sarkozy.
Que les choses soient claires :
Le succès de l'UMP ne se bâtira pas sur l'échec du gouvernement et la réussite du gouvernement ne se construira pas sans le soutien de l'UMP. C'est donc une grande chance pour notre mouvement d'avoir Nicolas Sarkozy à la fois au gouvernement et à la tête de l'UMP pour agir concrètement et proposer librement.
La France doit rompre avec l'idée selon laquelle on ne peut rien faire : il ne s'agit pas d'attendre le renouveau, d'espérer la croissance mais bien d'agir. Il faut un vrai projet, un cap et un leadership politique fort. Les Français ne veulent plus seulement être gérés, ils attendent d'être guidés, d'être conduits par des dirigeants qui ont le courage des vérités et l'audace de leur fixer un cap.
Nicolas Sarkozy bouscule, lui, les traditions bien ancrées, les postures bien connues, les attitudes conventionnelles qui voudraient qu'on est soit dans une opposition où on imagine sans agir soit dans une majorité où l'on agit sans se donner la liberté d'imaginer.
Les Français veulent qu'on leur parle simplement et qu'on agisse logiquement. Les idées de Nicolas Sarkozy sont simples et claires: valoriser le travail, relancer l'ascenseur social, maîtriser notre immigration, assurer un service public minimum et de qualité, ne pas envisager de pouvoir sans responsabilité Certains appellent cela du populisme !
Parce que Nicolas Sarkozy s'exprime avec des mots que les Français utilisent tous les jours, parce qu'il connaît les difficultés quotidiennes rencontrées par les Français, et parce qu'il leur propose des actions immédiates, Nicolas serait "populiste".
Et bien, permettez-moi de vous dire que ceux qui préfèrent cacher les vérités aux Français et qui se réfugient derrière un charabia ou la langue de bois commettent une grave erreur lourde de responsabilités. Ceux-là n'ont strictement rien compris au peuple français parce que les Français, eux, veulent tout simplement qu'on leur dise la vérité.
Et d'ailleurs, lorsqu'on les interroge, on est parfois bien loin des discours convenus : dans une récente étude, on découvrait par exemple qu'une grande majorité (61%) considérait que les impôts étaient surtout mal utilisés plutôt que trop élevés.
Ou lorsqu'on leur demande ce qui les révolte le plus, c'est davantage ceux qui profitent injustement des avantages sociaux que ceux socialement très privilégiés. Les Français ont soif d'équité plus que de stricte égalité, ils veulent plus de liberté et sont prêts pour son corollaire, la responsabilité. Ils ne craignent pas le changement, ils l'attendent. Ne confondez pas le populisme qui incite à surfer sur les vagues de la mode avec la popularité qui est la capacité à incarner les espoirs.
III. Jeunes adhérents, ce que nous faisons aujourd'hui, nous le faisons pour vous.
Les grandes décisions et choix structurels de notre pays, c'est vous qui les vivrez, c'est vous qui en profiterez ou c'est vous qui les subirez.
Mes chers amis, pour vous animer et vous coordonner, votre mouvement a choisi Fabien de Sans-Nicolas pour diriger et coordonner l'équipe nationale. Il s'agit d'un jeune de grande valeur. A ses côtés et avec Nicolas Sarkozy, restez unis et contribuez à faire de notre mouvement la force de propositions et d'espoir que la France mérite.
Chacun de vous a ce week-end une vraie et lourde responsabilité. Ne vous y trompez pas vous êtes attendus, observés, disséqués.
C'est vous d'abord, vous plus que tous les autres, qui ferez le succès de ces journées.
Vous êtes aujourd'hui le visage, l'âme et l'image de l'UMP.
A vous de démontrer et d'incarner la modernité, le dynamisme, l'unité et la cohésion.

(Source http://www.u-m-p.org, le 8 septembre 2005)