Déclaration de M. Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux anciens combattants, sur le massacre des habitants d'Ouradour-sur-Glane le 10 juin 1944 par les Waffen S.S. et le devoir de mémoire sur les crimes perpétrés lors de la Deuxième Guerre mondiale, à Oradour-sur-Glane le 10 juin 2005.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déplacement à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), le 10 juin 2005

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Maire,
Madame et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les membres des familles des martyrs,
Mesdames et Messieurs,
Alors ministre de l'Intérieur, Dominique de VILLEPIN avait décidé d'être des vôtres cette année.
Pour des raisons que vous imaginez aisément, une semaine après sa nomination à la tête du Gouvernement, il n'a pas pu venir aujourd'hui. Croyez bien qu'il le regrette vraiment. Il m'a demandé, personnellement, de le représenter et de vous dire qu'il s'associe pleinement aux cérémonies de ce jour.
Monsieur le Maire, c'est, en effet, la troisième fois que je me rends à Oradour en quelques mois. A chaque fois, l'émotion est aussi forte, intense, irrépressible.
Ce que l'on voit, ce que l'on sait, tout est tellement bouleversant que le choc ne s'atténue pas avec le temps qui passe. L'horreur de cette journée du 10 juin 1944 est telle que l'on demeure encore, 61 ans plus tard, comme interdit.
Ici, à Oradour-sur-Glane, le pire a été commis. Aucun Français digne de ce nom, ne l'ignore.
Aucun homme digne de ce nom ne peut, ni s'y résigner, ni rester indifférent.
Chacune des 642 victimes sont pour toujours dans nos coeurs. Je vous le dis à titre personnel. Je vous le dis, avec force, au nom du Gouvernement.
Mesdames et Messieurs, l'année dernière, pour le soixantième anniversaire de la Tragédie, c'est le Premier ministre lui-même qui représentait la Nation.
Au milieu des ruines, au cimetière, dans cet hôtel de ville, avec les ultimes témoins, avec les sauveteurs, avec vous les élus, avec vous les habitants, avec la foule innombrable qui était présente, il voulait signifier solennellement que la France n'oublie pas. Que la République est consciente de ses obligations.
Nous avons tous en mémoire, son émotion et les mots que le chef du Gouvernement prononça, alors, au nom de la Nation toute entière. Il nous invitait au souvenir et à l'action. Action contre l'oubli. Action contre le négationnisme. Action pour les valeurs que nous avons en partage. Action vers les jeunes, vers l'avenir.
Cet appel à l'action, il nous appartient d'y répondre ; chacun pour notre part.
Lutter contre l'oubli : c'est ce que nous faisons, notamment aujourd'hui, dans la simplicité retrouvée des commémorations annuelles.
Lutter contre le révisionnisme : c'est ce que nous faisons, Monsieur le Maire, sans faiblesse, en ne laissant pas impunis ceux qui distillent la haine en semant le doute.
Transmettre nos principes, préparer l'avenir : c'est notre mission commune.
Après les mémorables commémorations de 2004, cette année, les cérémonies du 60ème anniversaire de la libération des camps et de la victoire sur le IIIe Reich ont rappelé à nos compatriotes le vrai visage du nazisme.
Relayées par les parents, les enseignants et les médias, ces grandes manifestations sont des vecteurs irremplaçables de transmission de la mémoire vers les jeunes.
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs,
Ici, depuis plus longtemps qu'ailleurs, ici plus fortement encore qu'ailleurs, on sait ce que signifie le devoir de mémoire. On sait que ce n'est pas une simple incantation, mais une exigence, au sens le plus fort du terme.
Une exigence, en mémoire de vos, de nos, martyrs.
Une exigence, un devoir pour nos enfants.
Je vous remercie.

(Source http://www.defense.gouv.fr, le 13 juin 2005)