Texte intégral
(Déclaration de Dominique de Villepin pour le lancement de la saison polonaise en France "Nova Polska", à Paris le 16 mars 2004) :
Messieurs les Ministres,
Cher Wlodzimierz,
Cher Waldemar,
Mesdames et Messieurs,
Et Chers amis,
La Pologne et la France aspiraient à se retrouver ! Et c'est aujourd'hui une heureuse, une formidable coïncidence, l'ouverture de Nova Polska intervient alors même que la nation polonaise entre dans la famille européenne, le 1er mai prochain.
C'est une grande joie pour moi que d'avoir aujourd'hui à Paris, mon collège et ami, le ministre des Affaires étrangères polonais ainsi que son collègue le ministre de la Culture, avec bien sûr, mon collègue et ami, Jean-Jacques Aillagon.
C'est une occasion exceptionnelle de refonder le lien, le lien ancien, le lien vibrant qui existe entre nos deux peuples. Un lien de mémoire. Un lien que l'histoire a construit, un lien qui nous oblige et que nous voulons exalter.
Cette relation, forgée depuis des siècles, nous la vivons tous les jours dans notre identité, dans notre propre identité de Français : notre pays s'enorgueillit d'une "Polonia" de plus de 800.000 compatriotes, qui ont donné leur sang sur nos champs de bataille, enrichi nos sciences, ou bien encore illuminé nos arts.
Nous voulons demain la vivre dans notre identité d'Européens, avec la conviction que nos deux peuples et nos deux pays, fiers de leurs complicités et forts de leurs complémentarités, pourront ensemble stimuler l'ambition européenne.
Dans cette aventure, il faut le reconnaître, la culture est première. Elle construit en effet l'identité, mais elle ouvre aussi à l'universel et au partage. Elle est patrimoine, elle est lien, mais elle est également révolution créatrice.
De ce point de vue, la culture fait de la Pologne un véritable creuset de l'Europe contemporaine : elle en a initié de nombreuses audaces ; elle en a partagé toutes les tragédies ; elle a nourri l'espoir de toutes ses résurrections.
L'ambition de Nova Polska est précisément de réveiller la mémoire, mais plus encore de renouveler le regard, au fil de quelques 500 expositions, concerts, manifestations théâtrales, publications, colloques qui rythmeront notre saison, du 1er mai jusqu'en décembre.
A travers chacune de ces manifestations, on observera combien tous les grands mouvements intellectuels, depuis l'âge baroque, ont rythmé notre histoire commune par des résonances, par des jeux de miroirs, par des influences réciproques.
Je pense naturellement au romantisme polonais, qui fut l'aiguillon de la conscience nationale et eut un si grand écho dans toute l'Europe, et notamment en France, où résidèrent Chopin et Mickiewicz.
Lorsque, au début du XXème siècle, des artistes au talent multiforme comme Wyspianski - l'auteur des célèbres "Noces" portées à l'écran par Andrzej Wajda, ou Witkacy - à la fois peintre, photographe, théoricien, écrivain - recherchaient les fondements d'une création artistique libérée des pesanteurs de l'académisme, leurs interrogations rejoignaient bien les nôtres.
Les artistes du mouvement "Jeune Pologne", quant à eux, annonçaient déjà les avant-gardes du modernisme européen dans leur volonté de se tourner résolument vers l'avenir.
L'âme polonaise habita d'ailleurs le modernisme des années vingt et trente, notamment le constructivisme. C'est à Lodz que fut créé, en 1931, le premier musée d'art moderne de l'histoire, ou qu'est abritée l'une des plus fameuses écoles de cinéma, qui forma Wajda, Has, Zanussi, Skolimowski, Kieslowski et, bien sûr, Roman Polanski.
Les tragédies du XXème siècle placèrent, quant à elles, la Pologne au coeur douloureux de notre Europe. Je veux évoquer ici les communautés juives d'Europe centrale, dont la présence en Pologne a si activement contribué à sa culture. Qui peut ignorer la conscience qu'a la Pologne d'aujourd'hui de ce drame, et sa volonté de se réapproprier sa propre mémoire juive ? C'est ce dont Nova Polska a souhaité se faire le témoin, en évoquant le Dibouk, ou encore le destin tragique de Bruno Schulz, abattu par un SS en 1942.
Le traumatisme de la guerre en Pologne fut profond ; l'art vient nous le rappeler, de "La Classe morte" de Kantor, que le public français aima tant, aux "Fusillés" de Wroblewski. Mais sachons aussi y discerner les signes de notre fraternité d'armes : je me réjouis spécialement que l'Hôtel de Sully accueille l'exposition sur l'Insurrection de Varsovie, au moment même où notre pays commémorera le soixantième anniversaire de la libération de Paris. Révoltes jumelées, aux destins opposés, mais qui confirment combien nos deux nations respirent du même besoin de liberté, un besoin que les artistes et intellectuels polonais nous ont encore rappelé il y a moins de 20 ans.
Alors, les Français ne manquèrent pas à l'appel et fournirent un appui résolu au profit de ces intellectuels qui, comme Adam Michnik, furent victimes de la répression de l'état de siège pendant les années 1980.
Nos deux pays ont ainsi multiplié entre eux les liens d'amitié mais aussi la passion, où le débat, comme lors de la réception de certains films de Wajda, voisina parfois avec la surprise, dans l'accueil du théâtre de Kantor et de Lupa.
Il faut aussi rappeler les nombreuses aventures partagées, intellectuelles et scientifiques :
- l'épopée de la revue Kultura, engagée à Maison-Laffitte, à partir de 1947, au moment où le désespoir menaçait de s'abattre sur les Polonais ;
- l'Ecole des Annales, grâce à l'implication personnelle de Fernand Braudel et de Jacques Le Goff, à laquelle plusieurs de vos historiens comme Bronislaw Geremek ou Krzystof Pomian sont si intimement associés ;
- la recherche scientifique avec Marie Curie hier ou Piotr Slonimski aujourd'hui.
"Je suis un Polonais exacerbé par l'Histoire" répondit un jour Witold Gombrowicz à l'un de ses interlocuteurs. C'est dire l'intensité du rapport à l'Histoire qui caractérise la culture polonaise.
Ce rapport à l'Histoire, nous le vivons de la même façon, avec la même intensité en France. C'est cette intensité qui doit permettre à la saison d'être un point de départ pour partager de nouvelles exigences, des exigences d'avenir :
- celle du combat commun, de notre combat commun pour la diversité culturelle. Nos amis polonais le savent bien. Née de tant d'influences et d'échanges, leur culture est l'expression de la diversité même. Elle a permis pourtant de préserver l'identité nationale alors même que l'Etat avait été dissous dans les partages successifs. Non, la culture n'est pas une marchandise !
- exigence du plurilinguisme, indissociable du combat pour la diversité culturelle. C'est déjà en son nom que Wojtkiewicz peignit en 1905 dans la "Croisade des Enfants", la révolte des étudiants polonais, ardents à revendiquer le droit à l'emploi de leur langue :
- celle, enfin, dernière exigence, d'une coopération culturelle qui soude mieux encore les deux sociétés et les deux pays. La mobilisation de nos institutions culturelles pour présenter et accueillir la Pologne me rend, oui, elle me rend optimiste.
Sur les bases d'une culture partagée, et d'une communauté de destin aussi manifeste entre nos deux peuples, Nova Polska représente enfin une magnifique occasion d'approfondir un partenariat politique confiant. Après la visite du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin en décembre, et alors que nous nous préparons à recevoir cette année le président Kwasniewski, c'est ce qu'avec Wlodzimierz Cimoszewicz, je m'attache à faire jour après jour, et encore aujourd'hui.
Le temps de retrouvailles que la saison offre, autour de notre mémoire commune et des valeurs qui nous rassemblent, doit nous aider à effacer les malentendus, à forger des convergences. Il nous donne aussi le devoir d'écrire ensemble une nouvelle histoire pour l'Europe.
Avec Nova Polska, nous pouvons avoir confiance dans l'amitié franco-polonaise, dans la capacité de la France et de la Pologne à construire ensemble le chemin de l'avenir.
Mais nous avons, peut-être plus que tout, et je le dis aujourd'hui avec conviction, avec cette passion qui a tant marqué nos deux peuples, nous avons une chance, une chance unique, c'est la volonté de nos deux peuples polonais, français, de nous voir écrire ensemble. Et quelle ardente obligation pour nos deux gouvernements, quels sentiments si profonds que de savoir, quand nous nous rencontrons, ministres des Affaires étrangères, ministres de la Culture, Premiers ministres, chefs d'Etat, qu'il y a une telle attente à Varsovie et à Paris.
Cette attente, nous ne la décevrons pas.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 mars 2004)
(Déclaration de Dominique de Villepin à la réception pour le lancement de la saison polonaise en France "Nova Polska", à Paris le 16 mars 2004) :
Merci d'être venus nombreux, ici au Quai d'Orsay. Et je suis heureux de vous accueillir avec mon homologue et ami le ministre des Affaires étrangères polonais, mon collègue Jean-Jacques Aillagon et le ministre de la Culture polonais, pour ce grand événement.
Le 1er mai 2004, dans à peine plus d'un mois, l'Europe se retrouvera. Elle se retrouvera dans son histoire, dans sa géographie, dans son identité.
Ces retrouvailles, la France les a ardemment désirées : elle y a travaillé ; et elle s'en réjouit.
Ces retrouvailles coïncident avec l'ouverture de Nova Polska. Il y a là plus qu'un symbole. Quel est en effet le sens, l'objectif de la Saison polonaise ? C'est de :
- renouveler le regard des Français sur la Pologne : 500 événements à travers toute la France y contribueront ;
- rappeler combien nos deux pays puisent à une même source culturelle ;
- stimuler, par cette évocation de notre patrimoine commun, une réflexion commune sur l'avenir, où l'identité et la culture auront toute leur place.
Vous êtes des acteurs essentiels du succès de cette Saison. Vous êtes les piliers de la relation franco-polonaise, traits d'union entre nos deux pays : je vous suis reconnaissant de votre action et, avec vous, je me réjouis qu'à travers de Nova Polska, la France réalise un peu plus combien elle respire à l'heure polonaise.
Que cette Saison permette à nos deux pays, unis par leur fraternité d'armes, par leur amitié pluriséculaire, par la connivence entre nos deux Nations, par l'appartenance à une même Europe, de s'engager résolument sur les chemins d'un avenir à bâtir ensemble.
Et puisque nous sommes réunis entre amis, je voudrais vous dire ici solennellement la conviction qui est la mienne, celle que je viens d'exprimer à l'ouverture de cette saison. Conviction que la culture dans un monde troublé, dans un monde menacé, dans un monde qui doute. Oui, la culture est la clef de l'avenir, de l'avenir de nos peuples et de notre destin commun.
Et cette culture est cette clef, parce qu'elle s'appuie sur nos peuples. Et on ne dira jamais assez à quel point, aujourd'hui, dans l'histoire de notre monde, nos peuples ont un temps d'avance sur nous tous. Gouvernants responsables, alors oui, laissons nous guider par ce chemin où nous dirigent, où nous entraînent nos peuples, un chemin d'exigence, un chemin de vérité, un chemin d'action, un chemin de solidarité et de justice.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 mars 2004)
Messieurs les Ministres,
Cher Wlodzimierz,
Cher Waldemar,
Mesdames et Messieurs,
Et Chers amis,
La Pologne et la France aspiraient à se retrouver ! Et c'est aujourd'hui une heureuse, une formidable coïncidence, l'ouverture de Nova Polska intervient alors même que la nation polonaise entre dans la famille européenne, le 1er mai prochain.
C'est une grande joie pour moi que d'avoir aujourd'hui à Paris, mon collège et ami, le ministre des Affaires étrangères polonais ainsi que son collègue le ministre de la Culture, avec bien sûr, mon collègue et ami, Jean-Jacques Aillagon.
C'est une occasion exceptionnelle de refonder le lien, le lien ancien, le lien vibrant qui existe entre nos deux peuples. Un lien de mémoire. Un lien que l'histoire a construit, un lien qui nous oblige et que nous voulons exalter.
Cette relation, forgée depuis des siècles, nous la vivons tous les jours dans notre identité, dans notre propre identité de Français : notre pays s'enorgueillit d'une "Polonia" de plus de 800.000 compatriotes, qui ont donné leur sang sur nos champs de bataille, enrichi nos sciences, ou bien encore illuminé nos arts.
Nous voulons demain la vivre dans notre identité d'Européens, avec la conviction que nos deux peuples et nos deux pays, fiers de leurs complicités et forts de leurs complémentarités, pourront ensemble stimuler l'ambition européenne.
Dans cette aventure, il faut le reconnaître, la culture est première. Elle construit en effet l'identité, mais elle ouvre aussi à l'universel et au partage. Elle est patrimoine, elle est lien, mais elle est également révolution créatrice.
De ce point de vue, la culture fait de la Pologne un véritable creuset de l'Europe contemporaine : elle en a initié de nombreuses audaces ; elle en a partagé toutes les tragédies ; elle a nourri l'espoir de toutes ses résurrections.
L'ambition de Nova Polska est précisément de réveiller la mémoire, mais plus encore de renouveler le regard, au fil de quelques 500 expositions, concerts, manifestations théâtrales, publications, colloques qui rythmeront notre saison, du 1er mai jusqu'en décembre.
A travers chacune de ces manifestations, on observera combien tous les grands mouvements intellectuels, depuis l'âge baroque, ont rythmé notre histoire commune par des résonances, par des jeux de miroirs, par des influences réciproques.
Je pense naturellement au romantisme polonais, qui fut l'aiguillon de la conscience nationale et eut un si grand écho dans toute l'Europe, et notamment en France, où résidèrent Chopin et Mickiewicz.
Lorsque, au début du XXème siècle, des artistes au talent multiforme comme Wyspianski - l'auteur des célèbres "Noces" portées à l'écran par Andrzej Wajda, ou Witkacy - à la fois peintre, photographe, théoricien, écrivain - recherchaient les fondements d'une création artistique libérée des pesanteurs de l'académisme, leurs interrogations rejoignaient bien les nôtres.
Les artistes du mouvement "Jeune Pologne", quant à eux, annonçaient déjà les avant-gardes du modernisme européen dans leur volonté de se tourner résolument vers l'avenir.
L'âme polonaise habita d'ailleurs le modernisme des années vingt et trente, notamment le constructivisme. C'est à Lodz que fut créé, en 1931, le premier musée d'art moderne de l'histoire, ou qu'est abritée l'une des plus fameuses écoles de cinéma, qui forma Wajda, Has, Zanussi, Skolimowski, Kieslowski et, bien sûr, Roman Polanski.
Les tragédies du XXème siècle placèrent, quant à elles, la Pologne au coeur douloureux de notre Europe. Je veux évoquer ici les communautés juives d'Europe centrale, dont la présence en Pologne a si activement contribué à sa culture. Qui peut ignorer la conscience qu'a la Pologne d'aujourd'hui de ce drame, et sa volonté de se réapproprier sa propre mémoire juive ? C'est ce dont Nova Polska a souhaité se faire le témoin, en évoquant le Dibouk, ou encore le destin tragique de Bruno Schulz, abattu par un SS en 1942.
Le traumatisme de la guerre en Pologne fut profond ; l'art vient nous le rappeler, de "La Classe morte" de Kantor, que le public français aima tant, aux "Fusillés" de Wroblewski. Mais sachons aussi y discerner les signes de notre fraternité d'armes : je me réjouis spécialement que l'Hôtel de Sully accueille l'exposition sur l'Insurrection de Varsovie, au moment même où notre pays commémorera le soixantième anniversaire de la libération de Paris. Révoltes jumelées, aux destins opposés, mais qui confirment combien nos deux nations respirent du même besoin de liberté, un besoin que les artistes et intellectuels polonais nous ont encore rappelé il y a moins de 20 ans.
Alors, les Français ne manquèrent pas à l'appel et fournirent un appui résolu au profit de ces intellectuels qui, comme Adam Michnik, furent victimes de la répression de l'état de siège pendant les années 1980.
Nos deux pays ont ainsi multiplié entre eux les liens d'amitié mais aussi la passion, où le débat, comme lors de la réception de certains films de Wajda, voisina parfois avec la surprise, dans l'accueil du théâtre de Kantor et de Lupa.
Il faut aussi rappeler les nombreuses aventures partagées, intellectuelles et scientifiques :
- l'épopée de la revue Kultura, engagée à Maison-Laffitte, à partir de 1947, au moment où le désespoir menaçait de s'abattre sur les Polonais ;
- l'Ecole des Annales, grâce à l'implication personnelle de Fernand Braudel et de Jacques Le Goff, à laquelle plusieurs de vos historiens comme Bronislaw Geremek ou Krzystof Pomian sont si intimement associés ;
- la recherche scientifique avec Marie Curie hier ou Piotr Slonimski aujourd'hui.
"Je suis un Polonais exacerbé par l'Histoire" répondit un jour Witold Gombrowicz à l'un de ses interlocuteurs. C'est dire l'intensité du rapport à l'Histoire qui caractérise la culture polonaise.
Ce rapport à l'Histoire, nous le vivons de la même façon, avec la même intensité en France. C'est cette intensité qui doit permettre à la saison d'être un point de départ pour partager de nouvelles exigences, des exigences d'avenir :
- celle du combat commun, de notre combat commun pour la diversité culturelle. Nos amis polonais le savent bien. Née de tant d'influences et d'échanges, leur culture est l'expression de la diversité même. Elle a permis pourtant de préserver l'identité nationale alors même que l'Etat avait été dissous dans les partages successifs. Non, la culture n'est pas une marchandise !
- exigence du plurilinguisme, indissociable du combat pour la diversité culturelle. C'est déjà en son nom que Wojtkiewicz peignit en 1905 dans la "Croisade des Enfants", la révolte des étudiants polonais, ardents à revendiquer le droit à l'emploi de leur langue :
- celle, enfin, dernière exigence, d'une coopération culturelle qui soude mieux encore les deux sociétés et les deux pays. La mobilisation de nos institutions culturelles pour présenter et accueillir la Pologne me rend, oui, elle me rend optimiste.
Sur les bases d'une culture partagée, et d'une communauté de destin aussi manifeste entre nos deux peuples, Nova Polska représente enfin une magnifique occasion d'approfondir un partenariat politique confiant. Après la visite du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin en décembre, et alors que nous nous préparons à recevoir cette année le président Kwasniewski, c'est ce qu'avec Wlodzimierz Cimoszewicz, je m'attache à faire jour après jour, et encore aujourd'hui.
Le temps de retrouvailles que la saison offre, autour de notre mémoire commune et des valeurs qui nous rassemblent, doit nous aider à effacer les malentendus, à forger des convergences. Il nous donne aussi le devoir d'écrire ensemble une nouvelle histoire pour l'Europe.
Avec Nova Polska, nous pouvons avoir confiance dans l'amitié franco-polonaise, dans la capacité de la France et de la Pologne à construire ensemble le chemin de l'avenir.
Mais nous avons, peut-être plus que tout, et je le dis aujourd'hui avec conviction, avec cette passion qui a tant marqué nos deux peuples, nous avons une chance, une chance unique, c'est la volonté de nos deux peuples polonais, français, de nous voir écrire ensemble. Et quelle ardente obligation pour nos deux gouvernements, quels sentiments si profonds que de savoir, quand nous nous rencontrons, ministres des Affaires étrangères, ministres de la Culture, Premiers ministres, chefs d'Etat, qu'il y a une telle attente à Varsovie et à Paris.
Cette attente, nous ne la décevrons pas.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 mars 2004)
(Déclaration de Dominique de Villepin à la réception pour le lancement de la saison polonaise en France "Nova Polska", à Paris le 16 mars 2004) :
Merci d'être venus nombreux, ici au Quai d'Orsay. Et je suis heureux de vous accueillir avec mon homologue et ami le ministre des Affaires étrangères polonais, mon collègue Jean-Jacques Aillagon et le ministre de la Culture polonais, pour ce grand événement.
Le 1er mai 2004, dans à peine plus d'un mois, l'Europe se retrouvera. Elle se retrouvera dans son histoire, dans sa géographie, dans son identité.
Ces retrouvailles, la France les a ardemment désirées : elle y a travaillé ; et elle s'en réjouit.
Ces retrouvailles coïncident avec l'ouverture de Nova Polska. Il y a là plus qu'un symbole. Quel est en effet le sens, l'objectif de la Saison polonaise ? C'est de :
- renouveler le regard des Français sur la Pologne : 500 événements à travers toute la France y contribueront ;
- rappeler combien nos deux pays puisent à une même source culturelle ;
- stimuler, par cette évocation de notre patrimoine commun, une réflexion commune sur l'avenir, où l'identité et la culture auront toute leur place.
Vous êtes des acteurs essentiels du succès de cette Saison. Vous êtes les piliers de la relation franco-polonaise, traits d'union entre nos deux pays : je vous suis reconnaissant de votre action et, avec vous, je me réjouis qu'à travers de Nova Polska, la France réalise un peu plus combien elle respire à l'heure polonaise.
Que cette Saison permette à nos deux pays, unis par leur fraternité d'armes, par leur amitié pluriséculaire, par la connivence entre nos deux Nations, par l'appartenance à une même Europe, de s'engager résolument sur les chemins d'un avenir à bâtir ensemble.
Et puisque nous sommes réunis entre amis, je voudrais vous dire ici solennellement la conviction qui est la mienne, celle que je viens d'exprimer à l'ouverture de cette saison. Conviction que la culture dans un monde troublé, dans un monde menacé, dans un monde qui doute. Oui, la culture est la clef de l'avenir, de l'avenir de nos peuples et de notre destin commun.
Et cette culture est cette clef, parce qu'elle s'appuie sur nos peuples. Et on ne dira jamais assez à quel point, aujourd'hui, dans l'histoire de notre monde, nos peuples ont un temps d'avance sur nous tous. Gouvernants responsables, alors oui, laissons nous guider par ce chemin où nous dirigent, où nous entraînent nos peuples, un chemin d'exigence, un chemin de vérité, un chemin d'action, un chemin de solidarité et de justice.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 mars 2004)