Texte intégral
Je suis heureux de rencontrer le grand Imam d'al-Azhar ce matin parce que nous nous trouvons dans une des grandes institutions des musulmans et heureux d'y venir avec le recteur de la mosquée de Paris, qui est aujourd'hui le président du Conseil français du culte musulman, celui avec lequel nous travaillons à l'établissement de relations apaisées entre les religions. Ceci est déjà le cas entre les pouvoirs publics et le monde musulman, comme avec toutes les religions.
Par ailleurs, je crois qu'il n'y a rien de pire aujourd'hui que les amalgames, que la méconnaissance, que l'ignorance des religions qui peuvent faire croire à certains que le choc des civilisations est possible. Je suis contre l'idée même du choc des civilisations. Il n'y a rien de plus important que le dialogue, que le respect ; or, on ne respecte l'autre que lorsqu'on le connaît. Je pense qu'il est important de voir ici, dans le monde musulman, un imam comme le Cheikh Tantawi, une institution comme al-Azhar où nous nous trouvons aujourd'hui, qui est une institution qui prône le respect mutuel, le respect des civilisations, le respect des peuples et aussi le respect des religions : le fait que les religions puissent vivre les unes à côté des autres. Nous souhaitons que les Israéliens, les Palestiniens, les juifs, les musulmans, les catholiques, les chrétiens en général puissent se parler, qu'il puisse y avoir des lieux de rencontre, des lieux de dialogue, qu'on ne laisse personne, à aucun moment, se servir de la religion à des fins politiques. C'est une question majeure dans le monde dangereux dans lequel nous vivons. Je suis venu ici le dire et en parler avec le recteur de la mosquée de Paris.
Je voudrais ici remercier l'imam Tantawi qui a dit une phrase importante "tous les esprits sages luttent contre le terrorisme". Au moment où il y a tant d'attentats qui tuent autant d'hommes et de femmes innocents, je réfute l'idée du choc des civilisations, parce que, si l'on acceptait cette idée folle du choc de civilisations, cela ferait le jeu des terroristes, qui essaient de monter les hommes, culture contre culture, religion contre religion. Face à cela, nous devons face à cela répondre, au contraire, avec une autre morale, une autre vérité, une autre réalité, une autre volonté et avec le respect mutuel des religions, des cultures, des civilisations.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 octobre 2005)