Texte intégral
Chers Camarades,
Nous sommes en début de campagne et nous sentons qu'il y a une ambiance qui se crée, un rapport de force qui s'établit, une confiance qui commence à naître... Il était temps. Nous avions, pendant des mois, vécu avec douleur le souvenir d'un scrutin invraisemblable ; nous avions vécu pendant des mois durement les coups qui se sont abattus sur bon nombre d'acquis ; nous avons pendant des mois cherché l'union des socialistes d'abord, de la gauche ensuite, mais il nous fallait un rendez-vous.
Ce rendez-vous s'appelle le suffrage universel. La rencontre qui nous est proposée, celle du printemps prochain est une chance. Il faut la saisir. C'est la chance enfin de faire entendre la voix des citoyens ; c'est la chance enfin d'appeler à une sanction méritée, légitime, juste ; c'est la chance aussi de proposer déjà l'esquisse d'un projet, la force d'une alternative.
Ici, cette chance, c'est la liste conduite par Philippe Duron. Cette chance, ce n'est pas simplement de concourir à l'expression du suffrage, de témoigner, de peser. La chance, c'est de gagner. Et le message que je suis venu porter ici, comme Premier secrétaire du Parti socialiste, à des camarades qui peuvent appartenir à toutes les familles de la gauche, est que vous avez -sans doute pour la première fois depuis longtemps dans cette région- la capacité de l'emporter.
Faut-il néanmoins que vous convainquiez largement de l'utilité du vote. Oui, du vote d'abord, de cet acte essentiel en démocratie qui est de répondre à la convocation des urnes, de faire son choix et de la faire dès le premier tour. Nous avons payé suffisamment cher cet oubli essentiel qu'il n'y a pas de changement possible, d'intervention durable sans l'intervention du suffrage universel. Nous avons suffisamment payé un lourd tribu à l'oubli qu'au premier tour, il s'agit d'abord de choisir qui sera au second tour et pas simplement d'attendre le second tour pour choisir qui l'emportera.
Vous avez, dans cette région, cette obligation d'aller chercher le vote, d'aller appeler à l'utilité du scrutin et de porter le regard sur les enjeux essentiels. Votre enjeu, il est d'abord régional. C'est vrai que la droite, ici -et ce n'est pas la seule région, a tous les pouvoirs. Et les a depuis toujours ! Le Conseil régional, c'est sa propriété ; les conseils généraux, toujours à droite ; les parlementaires, aujourd'hui, sont tous à droite -sauf un, un sénateur dans la Manche dont on prépare d'ailleurs déjà le sort -non par un acte démocratique, mais par un changement du mode de scrutin. Il est donc insupportable même qu'il puisse y avoir un sénateur de gauche dans un département paraît-il de droite. Ces conservateurs qui veulent tout conserver, et surtout leurs pouvoirs, savent se diviser non pas sur l'essentiel mais sur le pouvoir, et sont prêts aujourd'hui, comme des héritiers, à se disputer les éléments de leur force ou de leur " patrimoine ". Ce sont donc les lointains enfants de Michel D'ornano qui se disputent le leadership à droite sur des idées, sur des projets ?
On ne les connaît pas. Peut-être, nous dit-on, sur l'unification de la Normandie Belle espérance !
Et cette droite qui détient tous les leviers dispose de tous les pouvoirs, de tous les budgets, qu'a-t-elle fait précisément de l'outil qui lui a été donné par le suffrage. Cette région paraît comme délaissée, oubliée, abandonnée. Certes, nous dit-on, il y aurait des Ministres au gouvernement qui représenteraient la Basse-Normandie Je veux le croire. L'un serait au Budget, Monsieur Lambert. SI son efficacité se mesure à l'ampleur de son déficit, alors je plains ceux qui lui ont confié leurs économies, c'est-à-dire nous en l'occurrence aujourd'hui. On parlait autrefois, presque de façon méprisante de gestion notariale de l'économie. Mais, par moments, il vaudrait avoir des notaires que des faussaires, car il s'agit bien de cela aujourd'hui. Il y a aussi Madame Ameline dont on ne pas exactement le rôle qu'elle joue au sein du gouvernement. Mais si, comme on nous le rappelle parfois ce serait le droit des femmes, alors il y a une interpellation à lui lancer. Il n'y a jamais eu pire gouvernement pour le droit des femmes. Le meilleur exemple, c'est hélas celui des retraites où le droit des femmes, au-delà des droits des salariés, a été largement floué.
Cette droite qui a tous les moyens pour agir et qui les utilise si mal mérite d'être sanctionnée. Parce que votre région est, peut-être plus que d'autres, éprouvée par le chômage, les licenciements, les plans sociaux, les fermetures d'entreprises. Eprouvée aussi par ce que vivent la plupart de nos concitoyens : la précarité, cette souffrance terrible que de ne pas savoir de quoi sera fait le lendemain, ce doute sur l'avenir, cette incapacité à former des projets, à décider, à investir. Et il y a cette peur qui s'est abattue sur presque chacun d'entre nous quant à savoir ce que seront notre emploi, notre retraite, notre santé, nos services publics. Votre région, de ce point de vue, vit ce que d'autres régions dans notre pays éprouvent.
Il vous faut là encore un autre avenir. Cet avenir, c'est celui que forment pour vous les candidats sur la liste de Philippe Duron. Il a procédé, comme partout ailleurs, d'abord en recherchant le rassemblement le plus large, et ce n'est jamais facile de rassembler. Le rassemblement des socialistes est la condition élémentaire pour ensuite rassembler la gauche, toute la gauche. Certains ont fait ce choix dès le premier tour, le PCF, le MRC, parce qu'ils avaient fondé leurs exigences sur un projet, sur une démarche. Ces forces sont avec nous, nous sommes avec elles. D'autres ont préféré attendre, c'est leur droit ; elles seront avec nous au second tour. Ce que je leur demande, c'est de conjuguer et multiplier nos efforts pour battre la droite. Il faut être sévère chaque fois que celles et ceux qui pourraient faire gagner risquent de faire perdre. Nous avons trop le souvenir de l'échec pour ne pas aujourd'hui savoir qu'elles sont les conditions du succès : rassembler dès le premier tour et continuer de le faire, étape après étape, pour le second tour. Il faut aussi régler les questions de fusion de liste le plus simplement possible en fonction des résultats et poursuivre la démarche qui consiste d'abord à rassembler les citoyens autour d'un projet.
Ce projet porte sur l'essentiel : l'emploi. Parce qu'il n'y a pas d'autre avenir que l'activité, que la stabilité professionnelle, que la dignité par le travail.
Il n'y a pas d'autre voie que la formation, que l'Education, que le savoir -surtout dans une région comme celle-là, marquée par des progrès considérables sur le plan universitaire, où existent des chercheurs de grande qualité qui aujourd'hui -d'ailleurs- souffrent par rapport aux moyens dont ils sont privés. Et puis la solidarité, parce que nous sommes, pour une région, capable d'assurer la cohésion sociale indispensable si l'on veut le développement économique.
C'est parce qu'il y a un rassemblement, c'est parce qu'il y a un projet, c'est parce qu'il y a une démarche, c'est parce qu'il y a un sens qu'aujourd'hui vous pouvez gagner. Le défi qui vous est lancé au premier tour, c'est d'arriver en tête au soir du premier tour. Car c'est la liste qui arrivera en tête qui, vraisemblablement, créera la dynamique, montrera qu'il y a une alternance possible. Des alternances, on en a connues dans un sens ou dans un autre et les plus belles sont souvent celles que l'on a attendues longtemps Alors, vous avez toutes les joies possibles devant vous.
Mais, l'enjeu est aussi national et nous le sentons bien. Parce que, quand même, cela fait près de deux ans que le pouvoir de Jacques Chirac et de Jean-Pierre Raffarin est en place. Lui aussi dispose de tous les leviers, de toutes les majorités possibles : à l'Assemblée, au Sénat, il a le Conseil Constitutionnel si, d'aventure des lois pouvaient être contestées, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, si d'aventure nous pouvions nous plaindre de la présence presque systématique du gouvernement dans les médias. Mais, que dis-je du gouvernement ! De Nicolas Sarkozy ! Et quand Nicolas Sarkozy n'est pas là, c'est Bernadette Chirac qui le remplace Semble-t-il, les trains sont en marche !
Nous avons cette situation depuis vingt mois. Nous avons cette élection qui se présente à nous, et il n'y en aura pas d'autres avant 3 ans. Je connais les impatients, j'en connais qui voudraient que de 2004 nous passions directement à 2007 et que nous changions le gouvernement Raffarin par le vote aux élections régionales ! Peut-être changera-t-il tout seul ? Le vote y aidera, mais ce sera la même majorité. Certains nous interpellent et nous disent de parler plus fort ; à l'évidence, donnez-nous les micros, les porte-voix, les antennes. Mais, il ne s'agit pas de parler seuls, les citoyens doivent aussi s'exprimer, c'est le moment. Le vote, c'est la capacité que chacun a à s'exprimer. On nous dit aussi, encore les plus pressés, que Jacques Chirac peut dissoudre... Je ne le crois pas. Il ne le fera plus, et surtout pas dans le contexte d'aujourd'hui, chacun peut l'imaginer. Déjà, le référendum lui fait peur, alors vous sentez bien qu'une dissolution n'est pas à l'ordre du jour.
Alors, s'il n'y a pas d'autres occasions, s'il n'y a pas d'autres scrutins que celui des régionales, saisissons-nous de cette occasion formidable qui nous est donnée. Car le pouvoir, lui, n'a qu'une espérance : c'est l'indifférence civique. Ah ! si l'abstention pouvait être forte, si la dispersion entre les listes pouvait être importante et encore, si les extrêmes pouvaient être élevées, notamment l'extrême gauche -car elle empêcherait la gauche de l'emporter... Alors, oui, le pouvoir peut espérer passer l'obstacle.
Il faut donc se saisir de cet instrument qu'est le vote pour d'abord juger démocratiquement un gouvernement en place depuis vingt mois. Et il y a matière :
- Echec économique : ces beaux esprits qui nous expliquent que les Libéraux gouvernent mieux que la gauche les grands équilibres économiques. Où en est-on depuis 20 mois ? La croissance s'est affaissée ; elle sera d'à peine 0,1 % -rendez-vous compte de la performance ! Ils ont d'ailleurs dû trouver 0,1 pour éviter le 0 ; mais, parfois, c'est pire. 0, cela peut vouloir dire que l'on n'a rien compris au sujet, c'est toujours possible. Mais 0,1 ! Et puis, il y a le chômage que nous avions endigué, puis fait baisser, en tout cas que nous avions fait reculer, même si cela n'était pas suffisant. C'était tout de même l'honneur de la gauche d'avoir pu, enfin, sur ce terrain-là, obtenir des succès qui nous échappaient jusqu'à présent, et il y fallait de la volonté. La volonté, là, a été de faire reculer tous les acquis. Non seulement les acquis du gouvernement Jospin, les emplois jeunes, mais aussi d'abroger la Loi de Modernisation Sociale, d'avoir assoupli ou plus exactement d'avoir supprimé les 35 heures pour beaucoup de salariés. Mais, ils sont allés plus loin. Ils ont également anéanti tout ce qui constituait un effort en direction de l'insertion, tout ce qui était la capacité qu'avaient les chômeurs de longue durée de retrouver un espoir par l'activité... Toutes ces formules ont été abandonnées parce que coûteuses. D'où le retour du chômage et de l'exclusion. Et comme il faut responsabiliser les pauvres face à la situation qu'ils vivent, ils ont inventé un système qui consiste pour faire diminuer le chômage à supprimer les chômeurs. Renvoyés de l'UNEDIC, renvoyés aussi de l'allocation spécifique de solidarité et relégués dans le RMI, puis ensuite affectés d'un Revenu Minimum d'Activité sans droit, force de travail livrée quasi gratuitement à des employeurs, avec le risque d'affaiblir les droits de tous les autres salariés.
Voilà ce qui s'est produit depuis 20 mois : la précarité pour tous et l'échec économique pour la France. Et chacun est aujourd'hui concerné :
- Les assurés sociaux, parce qu'ils vivent la hausse du forfait hospitalier et les déremboursements,
- Les salariés, parce qu'ils sentent bien leur protection s'effilocher et parfois s'effacer,
- Les épargnants qui ont été privés de tous les avantages fiscaux sur l'épargne populaire au profit des fonds de pension et des épargnes favorables au patrimoine,
- Les retraités ou ceux qui aspirent à la retraite et qui devront attendre un peu plus pour toucher un peu moins.
- Injustices fiscales : elles ont frappé même -cela peut leur arriver- des esprits centristes qui auraient fait les choses plus discrètement. C'est aussi cela la spécificité des centristes : ils critiquent haut et fort, mais votent. Alors, nous avons eu la baisse de l'impôt sur le revenu, la baisse de l'impôt sur la fortune, la baisse de l'impôt sur les sociétés et maintenant la baisse de la taxe professionnelle, sans contrepartie aucune ! Et puis la hausse des prélèvements pour tous : impôts locaux, impôt sur l'essence et sans doute bientôt la CSG, mais pas pour tout le monde ; d'abord pour les chômeurs, puis ensuite pour les retraités et on verra après ce que l'on fera pour les petits revenus !
Et, depuis vingt mois, il y a ce sentiment de voir l'avenir méprisé : l'Education, la Culture, la Recherche constituent des domaines qui devraient unir un pays. On peut avoir nos différences d'approche sur le plan économique, des différences de conception sur le plan social. Mais, sur la Recherche, par exemple, il y avait tout de même comme un consensus depuis au moins les années du gaullisme où on considérait que c'était une priorité nationale, que l'Education devait élever le niveau de connaissance pour tous et que chacun y trouvait donc son compte, les futurs salariés comme les entreprises et les futurs citoyens, car c'est un élément d'intégration. En fait, mécaniquement, systématiquement, l'Education est devenue une variable d'ajustement budgétaire, la Recherche a été abandonnée comme priorité et la Culture sacrifiée, car le MEDEF ne voulait plus payer l'intermittence du spectacle.
Voilà ce que nous vivons depuis 20 mois !
Et dois-je insister sur la sanction morale qui devrait venir. Parler de sanction morale, ce n'est pas simplement parler des procès, c'est d'abord de cet oubli des promesses dont il faut parler, de cette impression de les tenir sans que, en définitive, les moyens soient affectés aux objectifs ; cette manière de faire de la politique qui donne parfois comme la nausée. De voir le Chef de l'Etat recevoir l'Abbé Pierre -et dans le même temps savoir que le budget du logement est réduit de plus de 4 % en 2004- tout en ayant l'impudeur même de dire qu'il faudrait occuper un certain nombre de logements quand les promoteurs eux-mêmes sont incités fiscalement à les laisser vacants.
Oui, sanction morale aussi quand on sait que pour un objectif aussi impérieux, sérieux et noble que la lutte contre le cancer, il y a dans le même temps la réduction des budgets de Recherche. Sanction morale aussi quand il s'agit de promettre des lois sur tout sujet, parce que c'est la première préoccupation des Français. On nous parle de loi pour la mobilisation de l'emploi, la loi pour la Recherche, la loi pour l'Education, la loi pour la désindustrialisation ou contre, on ne sait plus, parce qu'en définitive, il n'y a rien qui vienne affirmer la réalité d'un engagement. Ou pire, ce qu'il y a derrière la loi pour l'emploi, c'est le développement de la précarité ; ce qu'il y a derrière la loi d'orientation sur l'Education, c'est la fin de la priorité pour l'accès au savoir de tous.
La sanction morale doit donc venir, lorsque l'on voit se spectacle invraisemblable d'un Président de la République qui surveille son Ministre de l'Intérieur, lequel essaye -de l'intérieur- de savoir quel effet cela ferait d'être Président de la République et qui doit regarder déjà le mobilier lorsqu'il arrive à l'Elysée.
Sanction morale aussi parce que, derrière la sauvegarde d'Alain Juppé, il y a surtout la protection de Jacques Chirac. Derrière les appels à la solidarité pour un homme, légitime, parce qu'il y a toujours une part de sentiment et d'affection en politique et heureusement, il y a comme une volonté de se protéger, parce qu'il se dit que, peut-être, si ce n'est plus Alain Juppé, ce pourrait être un autre -en l'occurrence le Ministre de l'Intérieur- dont on ne voudrait pas à l'Elysée.
On les voit même contester une décision de justice, alors qu'ils viennent de faire voter une loi dite Perben, légitimement dure parfois à l'égard de certaines délinquances, mais qui laisse aussi -à travers une formule du " plaider coupable "- revenir l'arbitraire avec le rôle donné au Procureur par rapport aux magistrats du siège, avec l'objectif de lutter contre la délinquance, la criminalité sous toutes ses formes. Malgré cette loi, quand une sanction frappe en l'occurrence un politique, on la trouve injuste, disproportionnée, inhumaine ! Pourtant, la Justice vaut pour tous. Pourquoi celle-ci plutôt qu'une autre ?
Mais, ce qui est inadmissible lorsque l'on est en charge d'une fonction dans l'Etat, ce qui est le cas du Premier ministre, c'est de porter jugement sur une décision de Justice.
Pour toutes ces raisons, il faut marquer un coup d'arrêt à l'égard de cette politique, à l'égard de cette façon même de faire de la politique. C'est le sens du vote pour les élections des 21 et 28 mars. Car, si nous ne le faisons pas là, nous n'aurons plus l'occasion de le faire avant 2007. Et si nous ne le faisons pas là, maintenant, alors que des menaces fortes planent sur nos acquis, nos droits, nos protections, je ne suis plus sûr qu'il sera possible en 2007 de corriger le sens.
Il y a des décisions qui se préparent, nous les sentons, nous les voyons, nous les devinons. D'abord sur le droit du travail. Des rapports ont été remis au Ministre de l'Emploi, notamment une proposition qui voudrait substituer au Contrat de travail à Durée Indéterminée ce que l'on appelle un contrat de mission. Le mot peut porter à confiance, une mission, mais en définitive il ne s'agit de rien d'autre que de l'allongement d'un Contrat à Durée Déterminée. On nous dit que c'est pour 3 ans et peut-être pour 5 ans. Seulement, par rapport à celles et ceux qui ont un contrat à durée indéterminée, quel sera le progrès ? C'est le risque. Quelle sera la capacité pour les jeunes et moins jeunes d'investir, d'acquérir à logement, de recourir à un crédit s'ils ne sont plus sûrs de l'avenir, s'il ne produise qu'un contrat d'une durée de 3 ans ? Peut-être leur fera-t-on des baux de 3 ans non renouvelables comme le contrat ? Est-ce que c'est ce destin que l'on veut pour notre société ? On nous dit que ce ne serait que pour les cadres et que dans certains secteurs d'activités. Bel avenir pour les cadres ! Beau destin pour les secteurs professionnels concernés ! Que le patronat veuille cette évolution, on peut le comprendre. Et encore ! Est-ce l'intérêt des entreprises que d'avoir des salariés ainsi fragilisés, ainsi affaiblis dans leur droit, ainsi peu reliés au destin même de l'entreprise. Finalement, la culture d'entreprise dont parfois des employeurs nous parlent, c'est précisément la relation de confiance entre des salariés et l'avenir même de leur société. Ce contrat sera donc rompu dès lors que la précarité sera la règle. Dans l'intérêt même des entreprises, mieux vaut s'attacher des salariés pour longtemps, les former, les qualifier, les rémunérer davantage aussi, leur organiser une carrière -cela a été pendant longtemps la spécificité de bon nombre d'entreprises qui ont formidablement bien réussi. Est-ce la précarité qui leur donnera, à ces entreprises, cette culture de la réussite ? Par rapport à cette menace, il faut donc agir.
Mais il y a une autre menace qui nous concerne tous et qui porte sur l'avenir même de l'Assurance maladie. Un rapport là encore a été remis constatant un déficit incontestable : 30 milliards d'euros cumulés (200 milliards de francs).
Ce sont encore des milliards d'euros que Monsieur Lambert a laissé filer préférant, avec son gouvernement, augmenter dès le mois de mai 2002 l'ensemble des professions de santé sans contrepartie, faisant aussi en sorte qu'il n'y ait pas de correction, de responsabilité et que les déficits soient, en définitive, une justification à l'abandon même de la Sécurité sociale, car c'est de cela dont il est question. Ne plus rembourser autant qu'il était prévu, de renvoyer sur les assurances ou sur les mutuelles -pour celles et ceux qui pourront se les offrir ; ce qui sera, de toute manière, plus de cotisations pour les uns et moins de protection pour tous.
On nous dit que les décisions ne seront prises qu'après les élections. On peut le comprendre. Et ce serait même pris par ordonnance, vieille technique de la droite en matière de Sécurité Sociale qui a toujours dérégulé la Sécurité Sociale par ordonnance. Voulons-nous conjurer cette menace ou laissons-nous la droite au lendemain des élections menée sa politique librement.
Il y a cette troisième menace sur les services publics et je sais combien les services publics comptent dans une région comme la vôtre. On parlait du Limousin. Mais, cette région est peut-être la plus pauvre, celle qui reçoit le moins. Et, en même temps, c'est une région qui a beaucoup de services publics. Mais, par rapport aux normes qui sont aujourd'hui fixées, le Limousin -et la Basse-Normandie n'en sera pas loin- sera la première région concernée par les réduction de postes dans l'Education, par la suppression des bureaux de poste pour la distribution postale, par la remise en cause du statut d'EDF. C'est donc un territoire vide pour certains cantons ou pour certaines communes qui se prépare. Là aussi, devons-nous conjurer la menace ou laissons-nous faire ?
C'est le sens du vote, c'est le moment d'agir. Certes, on pourra dire " sanctionner, empêcher, peut passer par d'autres voies que le vote pour la gauche ", mais par quel canal justement pourrait se tourner le mécontentement ? L'extrême droite ? C'est-à-dire, la droite en pire. Je ne parle pas simplement de sa xénophobie et là, heureusement que tous les républicains luttent, je l'espère, de la même façon contre l'extrême droite. Je parle du programme économique, social de l'extrême droite qui n'est rien d'autre que l'ultra libéralisme : l'abandon de l'impôt sur le revenu, l'abandon du RMI, la fin du SMIC Bref, le libéralisme jusqu'au bout.
Certes, LE PEN, aujourd'hui, se tait. C'est la grande différence par rapport au passé ; avant il provoquait pour pouvoir s'installer, maintenant c'est son silence qui le fait prospérer. Il utilise les peurs, la crainte, le malheur pour essayer de capter un mécontentement pour son compte, mais pour n'en rien faire sinon déstabiliser la République.
Mais, il y a aussi d'autres canaux que peuvent utiliser ceux qui veulent sanctionner : d'abord ne pas venir voter, en pensant que cela gênerait tout le monde -mais cela n'arrangerait que la droite en vérité ; et puis, il y a ceux qui veulent toujours aller plus loin, l'extrême gauche. Ah ! l'extrême gauche ! Je suis, personnellement, toujours soucieux d'être plus à gauche, mais, en même temps, faut-il encore être capable de tenir ses engagements. Il ne suffit pas d'être à gauche dans l'opposition ; il faut être à gauche quand on est au pouvoir.
L'extrême gauche prétend qu'il faut combattre la droite ; j'ai lancé, il y a quelques jours et toutes les formations de gauche y ont répondu, un appel contre ce fameux " contrat de mission ", contre la précarité, pour une véritable politique de l'emploi. L'extrême gauche a voulu nous rejoindre. Pourquoi pas ! Le Parti communiste vient de lancer une initiative identique pour défendre la Recherche ; l'extrême gauche veut en être Pourquoi pas ! Et, si elle veut combattre la droite, elle est la bienvenue. Mais pour combattre la droite, il faut d'abord la battre électoralement. Et si le comportement de l'extrême gauche c'est de ne rien dire les soirs de premiers tours, voire même de se maintenir pour empêcher la gauche de gagner, alors c'est la meilleure façon de conforter la droite.
C'est pourquoi, là aussi, je vous appelle à faire preuve de rassemblement. Sans doute tout le monde est le bienvenu, mais ceux qui veulent battre la droite n'ont qu'une seule chose à faire : au premier, au second tour, il faut voter à gauche. Et voter à gauche c'est, ici, voter DURON.
Si nous sommes là, c'est parce que nous voulons changer la vie en Basse-Normandie, comme partout, dès 2004. Nous pourrions nous dire que ces élections servent, finalement, à protester, à contester, à dissuader, mais cela ne suffirait pas. Car nous, femmes et hommes de gauche, dès qu'il y a une parcelle de pouvoir, dès lors qu'il y a une once de responsabilités, dès lors qu'il y a un instrument, un outil d'action, nous considérons que notre responsabilité est engagée. Si, à travers les compétences qui sont données à la Région -et elles sont importantes, et à travers les départements -elles sont majeures en matière sociale, nous pouvons changer la vie de nos concitoyens, alors nous avons le devoir moral de nous y investir.
Si, à travers une politique de création d'emplois pour les associations et pour les jeunes, si à travers une politique de formation professionnelle, si, à travers une politique de reclassement -notamment pour celles et ceux qui ont été durement frappés par un plan social ou un licenciement, nous pouvons donner une voie nouvelle, ouvrir une autre façon de vivre, alors cela vaut la peine de voter socialiste et de voter à gauche.
Si nous pouvons assurer la gratuité du matériel scolaire pour tous les lycéens, si nous pouvons confier un ordinateur à chaque jeune de 3ème, cela vaut la peine de voter à gauche.
Si nous pouvons créer un passe culturel, payer une licence sportive pour beaucoup de familles que ne peuvent s'autoriser pour leurs enfants la participation à un club, cela vaut tout de même la peine de voter et de voter à gauche tout de suite.
Si nous pouvons dépolluer un certain nombre de sites industriels qui ont été abandonnés par des employeurs sans scrupule, cela vaut la peine de voter à gauche.
Si nous pouvons, en matière de transports collectifs, assurer enfin la desserte de nos territoires et un tarif unique pour ceux qui utilisent ces moyens ferroviaires, cela vaut la peine. Si nous pouvons encourager le transport en site propre dans les villes, cela vaut la peine d'agir.
Et si nous pouvons faire du logement, du logement pour les personnes les plus modestes, du logement pour les étudiants, cela vaut la peine d'agir dès à présent et de ne pas attendre 2007. Non pas que je n'ai pas confiance dans les élections de 2007, mais trois ans c'est long ; c'est trop long pour ceux qui souffrent, pour ceux qui attendent un emploi, pour les jeunes qui attendent une formation, pour les femmes qui veulent l'égalité professionnelle. On n'a pas le droit de rester bras croisés en se disant que de toutes façons ils vont échouer. C'est vrai, d'ailleurs, qu'ils vont échouer. Et justement, parce qu'ils vont échouer et que ce sera dur pour la plupart de nos concitoyens, il faut que nous soyons là dans les Régions, prêts à transformer, prêts à agir.
Voilà pourquoi, je vous appelle à développer aussi dans cette campagne une démarche fondée sur la démocratie participative. Il n'y a pas besoin d'aller à Porto Alegre ou je ne sais où pour comprendre ce qu'est la nécessité d'un lien citoyen aujourd'hui. C'est peut-être parce que nous l'avions oublié lorsque nous étions nous-mêmes au pouvoir que nous avons connu un moment l'indifférence civique. Il faut que dans cette campagne, nous soyons exemplaires dans le rapport avec les électeurs mais aussi dans les engagements que nous devons prendre ; et par exemple de dire que chaque année, nous rendrons compte de nos actions partout où nous occupons une responsabilité dans une région ou dans un département et que ce sera le moment de faire les choix ensemble, même si ceux qui ont été élus ont une responsabilité particulière. Voici, là aussi, ce qui différencie la droite et la gauche.
Dans ces élections, il faut redonner du sens à la politique. SI nous sommes engagés, les uns les autres, à un moment dans notre vie personnelle, c'est parce que nous avons cru -et nous avons eu raison- que par un acte militant nous pouvions changer notre société. Nous avons tous à un moment fait le choix d'être utile aux autres par un combat collectif ; nous avons tenté de dépasser nos intérêts particuliers, professionnels, pour épouser l'intérêt général. Alors, chaque fois que la politique est abîmée, abaissée, nous sentons bien qu'il y a comme une menace pas simplement sur notre conception de la citoyenneté mais sur la démocratie dans son ensemble.
Le vote du 21 mars est donc un vote pour la démocratie. Nous sommes comptables aujourd'hui, face à une droite illégitime quant à son rapport à la démocratie même si elle est légitime par le choix qu'a fait le suffrage en sa faveur, de rehausser le niveau de la politique. Et nous en sommes capables, nous aurons rendu service pas simplement à la gauche mais à l'ensemble de la République.
C'est pourquoi je pense que les élections qui viennent correspondent à un redressement possible. Pas uniquement pour la gauche, pas pour avoir des places, pas pour simplement battre la droite, pour redonner du crédit et de la valeur à l'engagement et à l'action publique.
Je pense qu'il faut offrir à la France, à travers ces élections régionales et cantonales, la chance de l'espérance. Alors, saisissez la chance et levez l'espérance.
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 5 mars 2004)
Nous sommes en début de campagne et nous sentons qu'il y a une ambiance qui se crée, un rapport de force qui s'établit, une confiance qui commence à naître... Il était temps. Nous avions, pendant des mois, vécu avec douleur le souvenir d'un scrutin invraisemblable ; nous avions vécu pendant des mois durement les coups qui se sont abattus sur bon nombre d'acquis ; nous avons pendant des mois cherché l'union des socialistes d'abord, de la gauche ensuite, mais il nous fallait un rendez-vous.
Ce rendez-vous s'appelle le suffrage universel. La rencontre qui nous est proposée, celle du printemps prochain est une chance. Il faut la saisir. C'est la chance enfin de faire entendre la voix des citoyens ; c'est la chance enfin d'appeler à une sanction méritée, légitime, juste ; c'est la chance aussi de proposer déjà l'esquisse d'un projet, la force d'une alternative.
Ici, cette chance, c'est la liste conduite par Philippe Duron. Cette chance, ce n'est pas simplement de concourir à l'expression du suffrage, de témoigner, de peser. La chance, c'est de gagner. Et le message que je suis venu porter ici, comme Premier secrétaire du Parti socialiste, à des camarades qui peuvent appartenir à toutes les familles de la gauche, est que vous avez -sans doute pour la première fois depuis longtemps dans cette région- la capacité de l'emporter.
Faut-il néanmoins que vous convainquiez largement de l'utilité du vote. Oui, du vote d'abord, de cet acte essentiel en démocratie qui est de répondre à la convocation des urnes, de faire son choix et de la faire dès le premier tour. Nous avons payé suffisamment cher cet oubli essentiel qu'il n'y a pas de changement possible, d'intervention durable sans l'intervention du suffrage universel. Nous avons suffisamment payé un lourd tribu à l'oubli qu'au premier tour, il s'agit d'abord de choisir qui sera au second tour et pas simplement d'attendre le second tour pour choisir qui l'emportera.
Vous avez, dans cette région, cette obligation d'aller chercher le vote, d'aller appeler à l'utilité du scrutin et de porter le regard sur les enjeux essentiels. Votre enjeu, il est d'abord régional. C'est vrai que la droite, ici -et ce n'est pas la seule région, a tous les pouvoirs. Et les a depuis toujours ! Le Conseil régional, c'est sa propriété ; les conseils généraux, toujours à droite ; les parlementaires, aujourd'hui, sont tous à droite -sauf un, un sénateur dans la Manche dont on prépare d'ailleurs déjà le sort -non par un acte démocratique, mais par un changement du mode de scrutin. Il est donc insupportable même qu'il puisse y avoir un sénateur de gauche dans un département paraît-il de droite. Ces conservateurs qui veulent tout conserver, et surtout leurs pouvoirs, savent se diviser non pas sur l'essentiel mais sur le pouvoir, et sont prêts aujourd'hui, comme des héritiers, à se disputer les éléments de leur force ou de leur " patrimoine ". Ce sont donc les lointains enfants de Michel D'ornano qui se disputent le leadership à droite sur des idées, sur des projets ?
On ne les connaît pas. Peut-être, nous dit-on, sur l'unification de la Normandie Belle espérance !
Et cette droite qui détient tous les leviers dispose de tous les pouvoirs, de tous les budgets, qu'a-t-elle fait précisément de l'outil qui lui a été donné par le suffrage. Cette région paraît comme délaissée, oubliée, abandonnée. Certes, nous dit-on, il y aurait des Ministres au gouvernement qui représenteraient la Basse-Normandie Je veux le croire. L'un serait au Budget, Monsieur Lambert. SI son efficacité se mesure à l'ampleur de son déficit, alors je plains ceux qui lui ont confié leurs économies, c'est-à-dire nous en l'occurrence aujourd'hui. On parlait autrefois, presque de façon méprisante de gestion notariale de l'économie. Mais, par moments, il vaudrait avoir des notaires que des faussaires, car il s'agit bien de cela aujourd'hui. Il y a aussi Madame Ameline dont on ne pas exactement le rôle qu'elle joue au sein du gouvernement. Mais si, comme on nous le rappelle parfois ce serait le droit des femmes, alors il y a une interpellation à lui lancer. Il n'y a jamais eu pire gouvernement pour le droit des femmes. Le meilleur exemple, c'est hélas celui des retraites où le droit des femmes, au-delà des droits des salariés, a été largement floué.
Cette droite qui a tous les moyens pour agir et qui les utilise si mal mérite d'être sanctionnée. Parce que votre région est, peut-être plus que d'autres, éprouvée par le chômage, les licenciements, les plans sociaux, les fermetures d'entreprises. Eprouvée aussi par ce que vivent la plupart de nos concitoyens : la précarité, cette souffrance terrible que de ne pas savoir de quoi sera fait le lendemain, ce doute sur l'avenir, cette incapacité à former des projets, à décider, à investir. Et il y a cette peur qui s'est abattue sur presque chacun d'entre nous quant à savoir ce que seront notre emploi, notre retraite, notre santé, nos services publics. Votre région, de ce point de vue, vit ce que d'autres régions dans notre pays éprouvent.
Il vous faut là encore un autre avenir. Cet avenir, c'est celui que forment pour vous les candidats sur la liste de Philippe Duron. Il a procédé, comme partout ailleurs, d'abord en recherchant le rassemblement le plus large, et ce n'est jamais facile de rassembler. Le rassemblement des socialistes est la condition élémentaire pour ensuite rassembler la gauche, toute la gauche. Certains ont fait ce choix dès le premier tour, le PCF, le MRC, parce qu'ils avaient fondé leurs exigences sur un projet, sur une démarche. Ces forces sont avec nous, nous sommes avec elles. D'autres ont préféré attendre, c'est leur droit ; elles seront avec nous au second tour. Ce que je leur demande, c'est de conjuguer et multiplier nos efforts pour battre la droite. Il faut être sévère chaque fois que celles et ceux qui pourraient faire gagner risquent de faire perdre. Nous avons trop le souvenir de l'échec pour ne pas aujourd'hui savoir qu'elles sont les conditions du succès : rassembler dès le premier tour et continuer de le faire, étape après étape, pour le second tour. Il faut aussi régler les questions de fusion de liste le plus simplement possible en fonction des résultats et poursuivre la démarche qui consiste d'abord à rassembler les citoyens autour d'un projet.
Ce projet porte sur l'essentiel : l'emploi. Parce qu'il n'y a pas d'autre avenir que l'activité, que la stabilité professionnelle, que la dignité par le travail.
Il n'y a pas d'autre voie que la formation, que l'Education, que le savoir -surtout dans une région comme celle-là, marquée par des progrès considérables sur le plan universitaire, où existent des chercheurs de grande qualité qui aujourd'hui -d'ailleurs- souffrent par rapport aux moyens dont ils sont privés. Et puis la solidarité, parce que nous sommes, pour une région, capable d'assurer la cohésion sociale indispensable si l'on veut le développement économique.
C'est parce qu'il y a un rassemblement, c'est parce qu'il y a un projet, c'est parce qu'il y a une démarche, c'est parce qu'il y a un sens qu'aujourd'hui vous pouvez gagner. Le défi qui vous est lancé au premier tour, c'est d'arriver en tête au soir du premier tour. Car c'est la liste qui arrivera en tête qui, vraisemblablement, créera la dynamique, montrera qu'il y a une alternance possible. Des alternances, on en a connues dans un sens ou dans un autre et les plus belles sont souvent celles que l'on a attendues longtemps Alors, vous avez toutes les joies possibles devant vous.
Mais, l'enjeu est aussi national et nous le sentons bien. Parce que, quand même, cela fait près de deux ans que le pouvoir de Jacques Chirac et de Jean-Pierre Raffarin est en place. Lui aussi dispose de tous les leviers, de toutes les majorités possibles : à l'Assemblée, au Sénat, il a le Conseil Constitutionnel si, d'aventure des lois pouvaient être contestées, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, si d'aventure nous pouvions nous plaindre de la présence presque systématique du gouvernement dans les médias. Mais, que dis-je du gouvernement ! De Nicolas Sarkozy ! Et quand Nicolas Sarkozy n'est pas là, c'est Bernadette Chirac qui le remplace Semble-t-il, les trains sont en marche !
Nous avons cette situation depuis vingt mois. Nous avons cette élection qui se présente à nous, et il n'y en aura pas d'autres avant 3 ans. Je connais les impatients, j'en connais qui voudraient que de 2004 nous passions directement à 2007 et que nous changions le gouvernement Raffarin par le vote aux élections régionales ! Peut-être changera-t-il tout seul ? Le vote y aidera, mais ce sera la même majorité. Certains nous interpellent et nous disent de parler plus fort ; à l'évidence, donnez-nous les micros, les porte-voix, les antennes. Mais, il ne s'agit pas de parler seuls, les citoyens doivent aussi s'exprimer, c'est le moment. Le vote, c'est la capacité que chacun a à s'exprimer. On nous dit aussi, encore les plus pressés, que Jacques Chirac peut dissoudre... Je ne le crois pas. Il ne le fera plus, et surtout pas dans le contexte d'aujourd'hui, chacun peut l'imaginer. Déjà, le référendum lui fait peur, alors vous sentez bien qu'une dissolution n'est pas à l'ordre du jour.
Alors, s'il n'y a pas d'autres occasions, s'il n'y a pas d'autres scrutins que celui des régionales, saisissons-nous de cette occasion formidable qui nous est donnée. Car le pouvoir, lui, n'a qu'une espérance : c'est l'indifférence civique. Ah ! si l'abstention pouvait être forte, si la dispersion entre les listes pouvait être importante et encore, si les extrêmes pouvaient être élevées, notamment l'extrême gauche -car elle empêcherait la gauche de l'emporter... Alors, oui, le pouvoir peut espérer passer l'obstacle.
Il faut donc se saisir de cet instrument qu'est le vote pour d'abord juger démocratiquement un gouvernement en place depuis vingt mois. Et il y a matière :
- Echec économique : ces beaux esprits qui nous expliquent que les Libéraux gouvernent mieux que la gauche les grands équilibres économiques. Où en est-on depuis 20 mois ? La croissance s'est affaissée ; elle sera d'à peine 0,1 % -rendez-vous compte de la performance ! Ils ont d'ailleurs dû trouver 0,1 pour éviter le 0 ; mais, parfois, c'est pire. 0, cela peut vouloir dire que l'on n'a rien compris au sujet, c'est toujours possible. Mais 0,1 ! Et puis, il y a le chômage que nous avions endigué, puis fait baisser, en tout cas que nous avions fait reculer, même si cela n'était pas suffisant. C'était tout de même l'honneur de la gauche d'avoir pu, enfin, sur ce terrain-là, obtenir des succès qui nous échappaient jusqu'à présent, et il y fallait de la volonté. La volonté, là, a été de faire reculer tous les acquis. Non seulement les acquis du gouvernement Jospin, les emplois jeunes, mais aussi d'abroger la Loi de Modernisation Sociale, d'avoir assoupli ou plus exactement d'avoir supprimé les 35 heures pour beaucoup de salariés. Mais, ils sont allés plus loin. Ils ont également anéanti tout ce qui constituait un effort en direction de l'insertion, tout ce qui était la capacité qu'avaient les chômeurs de longue durée de retrouver un espoir par l'activité... Toutes ces formules ont été abandonnées parce que coûteuses. D'où le retour du chômage et de l'exclusion. Et comme il faut responsabiliser les pauvres face à la situation qu'ils vivent, ils ont inventé un système qui consiste pour faire diminuer le chômage à supprimer les chômeurs. Renvoyés de l'UNEDIC, renvoyés aussi de l'allocation spécifique de solidarité et relégués dans le RMI, puis ensuite affectés d'un Revenu Minimum d'Activité sans droit, force de travail livrée quasi gratuitement à des employeurs, avec le risque d'affaiblir les droits de tous les autres salariés.
Voilà ce qui s'est produit depuis 20 mois : la précarité pour tous et l'échec économique pour la France. Et chacun est aujourd'hui concerné :
- Les assurés sociaux, parce qu'ils vivent la hausse du forfait hospitalier et les déremboursements,
- Les salariés, parce qu'ils sentent bien leur protection s'effilocher et parfois s'effacer,
- Les épargnants qui ont été privés de tous les avantages fiscaux sur l'épargne populaire au profit des fonds de pension et des épargnes favorables au patrimoine,
- Les retraités ou ceux qui aspirent à la retraite et qui devront attendre un peu plus pour toucher un peu moins.
- Injustices fiscales : elles ont frappé même -cela peut leur arriver- des esprits centristes qui auraient fait les choses plus discrètement. C'est aussi cela la spécificité des centristes : ils critiquent haut et fort, mais votent. Alors, nous avons eu la baisse de l'impôt sur le revenu, la baisse de l'impôt sur la fortune, la baisse de l'impôt sur les sociétés et maintenant la baisse de la taxe professionnelle, sans contrepartie aucune ! Et puis la hausse des prélèvements pour tous : impôts locaux, impôt sur l'essence et sans doute bientôt la CSG, mais pas pour tout le monde ; d'abord pour les chômeurs, puis ensuite pour les retraités et on verra après ce que l'on fera pour les petits revenus !
Et, depuis vingt mois, il y a ce sentiment de voir l'avenir méprisé : l'Education, la Culture, la Recherche constituent des domaines qui devraient unir un pays. On peut avoir nos différences d'approche sur le plan économique, des différences de conception sur le plan social. Mais, sur la Recherche, par exemple, il y avait tout de même comme un consensus depuis au moins les années du gaullisme où on considérait que c'était une priorité nationale, que l'Education devait élever le niveau de connaissance pour tous et que chacun y trouvait donc son compte, les futurs salariés comme les entreprises et les futurs citoyens, car c'est un élément d'intégration. En fait, mécaniquement, systématiquement, l'Education est devenue une variable d'ajustement budgétaire, la Recherche a été abandonnée comme priorité et la Culture sacrifiée, car le MEDEF ne voulait plus payer l'intermittence du spectacle.
Voilà ce que nous vivons depuis 20 mois !
Et dois-je insister sur la sanction morale qui devrait venir. Parler de sanction morale, ce n'est pas simplement parler des procès, c'est d'abord de cet oubli des promesses dont il faut parler, de cette impression de les tenir sans que, en définitive, les moyens soient affectés aux objectifs ; cette manière de faire de la politique qui donne parfois comme la nausée. De voir le Chef de l'Etat recevoir l'Abbé Pierre -et dans le même temps savoir que le budget du logement est réduit de plus de 4 % en 2004- tout en ayant l'impudeur même de dire qu'il faudrait occuper un certain nombre de logements quand les promoteurs eux-mêmes sont incités fiscalement à les laisser vacants.
Oui, sanction morale aussi quand on sait que pour un objectif aussi impérieux, sérieux et noble que la lutte contre le cancer, il y a dans le même temps la réduction des budgets de Recherche. Sanction morale aussi quand il s'agit de promettre des lois sur tout sujet, parce que c'est la première préoccupation des Français. On nous parle de loi pour la mobilisation de l'emploi, la loi pour la Recherche, la loi pour l'Education, la loi pour la désindustrialisation ou contre, on ne sait plus, parce qu'en définitive, il n'y a rien qui vienne affirmer la réalité d'un engagement. Ou pire, ce qu'il y a derrière la loi pour l'emploi, c'est le développement de la précarité ; ce qu'il y a derrière la loi d'orientation sur l'Education, c'est la fin de la priorité pour l'accès au savoir de tous.
La sanction morale doit donc venir, lorsque l'on voit se spectacle invraisemblable d'un Président de la République qui surveille son Ministre de l'Intérieur, lequel essaye -de l'intérieur- de savoir quel effet cela ferait d'être Président de la République et qui doit regarder déjà le mobilier lorsqu'il arrive à l'Elysée.
Sanction morale aussi parce que, derrière la sauvegarde d'Alain Juppé, il y a surtout la protection de Jacques Chirac. Derrière les appels à la solidarité pour un homme, légitime, parce qu'il y a toujours une part de sentiment et d'affection en politique et heureusement, il y a comme une volonté de se protéger, parce qu'il se dit que, peut-être, si ce n'est plus Alain Juppé, ce pourrait être un autre -en l'occurrence le Ministre de l'Intérieur- dont on ne voudrait pas à l'Elysée.
On les voit même contester une décision de justice, alors qu'ils viennent de faire voter une loi dite Perben, légitimement dure parfois à l'égard de certaines délinquances, mais qui laisse aussi -à travers une formule du " plaider coupable "- revenir l'arbitraire avec le rôle donné au Procureur par rapport aux magistrats du siège, avec l'objectif de lutter contre la délinquance, la criminalité sous toutes ses formes. Malgré cette loi, quand une sanction frappe en l'occurrence un politique, on la trouve injuste, disproportionnée, inhumaine ! Pourtant, la Justice vaut pour tous. Pourquoi celle-ci plutôt qu'une autre ?
Mais, ce qui est inadmissible lorsque l'on est en charge d'une fonction dans l'Etat, ce qui est le cas du Premier ministre, c'est de porter jugement sur une décision de Justice.
Pour toutes ces raisons, il faut marquer un coup d'arrêt à l'égard de cette politique, à l'égard de cette façon même de faire de la politique. C'est le sens du vote pour les élections des 21 et 28 mars. Car, si nous ne le faisons pas là, nous n'aurons plus l'occasion de le faire avant 2007. Et si nous ne le faisons pas là, maintenant, alors que des menaces fortes planent sur nos acquis, nos droits, nos protections, je ne suis plus sûr qu'il sera possible en 2007 de corriger le sens.
Il y a des décisions qui se préparent, nous les sentons, nous les voyons, nous les devinons. D'abord sur le droit du travail. Des rapports ont été remis au Ministre de l'Emploi, notamment une proposition qui voudrait substituer au Contrat de travail à Durée Indéterminée ce que l'on appelle un contrat de mission. Le mot peut porter à confiance, une mission, mais en définitive il ne s'agit de rien d'autre que de l'allongement d'un Contrat à Durée Déterminée. On nous dit que c'est pour 3 ans et peut-être pour 5 ans. Seulement, par rapport à celles et ceux qui ont un contrat à durée indéterminée, quel sera le progrès ? C'est le risque. Quelle sera la capacité pour les jeunes et moins jeunes d'investir, d'acquérir à logement, de recourir à un crédit s'ils ne sont plus sûrs de l'avenir, s'il ne produise qu'un contrat d'une durée de 3 ans ? Peut-être leur fera-t-on des baux de 3 ans non renouvelables comme le contrat ? Est-ce que c'est ce destin que l'on veut pour notre société ? On nous dit que ce ne serait que pour les cadres et que dans certains secteurs d'activités. Bel avenir pour les cadres ! Beau destin pour les secteurs professionnels concernés ! Que le patronat veuille cette évolution, on peut le comprendre. Et encore ! Est-ce l'intérêt des entreprises que d'avoir des salariés ainsi fragilisés, ainsi affaiblis dans leur droit, ainsi peu reliés au destin même de l'entreprise. Finalement, la culture d'entreprise dont parfois des employeurs nous parlent, c'est précisément la relation de confiance entre des salariés et l'avenir même de leur société. Ce contrat sera donc rompu dès lors que la précarité sera la règle. Dans l'intérêt même des entreprises, mieux vaut s'attacher des salariés pour longtemps, les former, les qualifier, les rémunérer davantage aussi, leur organiser une carrière -cela a été pendant longtemps la spécificité de bon nombre d'entreprises qui ont formidablement bien réussi. Est-ce la précarité qui leur donnera, à ces entreprises, cette culture de la réussite ? Par rapport à cette menace, il faut donc agir.
Mais il y a une autre menace qui nous concerne tous et qui porte sur l'avenir même de l'Assurance maladie. Un rapport là encore a été remis constatant un déficit incontestable : 30 milliards d'euros cumulés (200 milliards de francs).
Ce sont encore des milliards d'euros que Monsieur Lambert a laissé filer préférant, avec son gouvernement, augmenter dès le mois de mai 2002 l'ensemble des professions de santé sans contrepartie, faisant aussi en sorte qu'il n'y ait pas de correction, de responsabilité et que les déficits soient, en définitive, une justification à l'abandon même de la Sécurité sociale, car c'est de cela dont il est question. Ne plus rembourser autant qu'il était prévu, de renvoyer sur les assurances ou sur les mutuelles -pour celles et ceux qui pourront se les offrir ; ce qui sera, de toute manière, plus de cotisations pour les uns et moins de protection pour tous.
On nous dit que les décisions ne seront prises qu'après les élections. On peut le comprendre. Et ce serait même pris par ordonnance, vieille technique de la droite en matière de Sécurité Sociale qui a toujours dérégulé la Sécurité Sociale par ordonnance. Voulons-nous conjurer cette menace ou laissons-nous la droite au lendemain des élections menée sa politique librement.
Il y a cette troisième menace sur les services publics et je sais combien les services publics comptent dans une région comme la vôtre. On parlait du Limousin. Mais, cette région est peut-être la plus pauvre, celle qui reçoit le moins. Et, en même temps, c'est une région qui a beaucoup de services publics. Mais, par rapport aux normes qui sont aujourd'hui fixées, le Limousin -et la Basse-Normandie n'en sera pas loin- sera la première région concernée par les réduction de postes dans l'Education, par la suppression des bureaux de poste pour la distribution postale, par la remise en cause du statut d'EDF. C'est donc un territoire vide pour certains cantons ou pour certaines communes qui se prépare. Là aussi, devons-nous conjurer la menace ou laissons-nous faire ?
C'est le sens du vote, c'est le moment d'agir. Certes, on pourra dire " sanctionner, empêcher, peut passer par d'autres voies que le vote pour la gauche ", mais par quel canal justement pourrait se tourner le mécontentement ? L'extrême droite ? C'est-à-dire, la droite en pire. Je ne parle pas simplement de sa xénophobie et là, heureusement que tous les républicains luttent, je l'espère, de la même façon contre l'extrême droite. Je parle du programme économique, social de l'extrême droite qui n'est rien d'autre que l'ultra libéralisme : l'abandon de l'impôt sur le revenu, l'abandon du RMI, la fin du SMIC Bref, le libéralisme jusqu'au bout.
Certes, LE PEN, aujourd'hui, se tait. C'est la grande différence par rapport au passé ; avant il provoquait pour pouvoir s'installer, maintenant c'est son silence qui le fait prospérer. Il utilise les peurs, la crainte, le malheur pour essayer de capter un mécontentement pour son compte, mais pour n'en rien faire sinon déstabiliser la République.
Mais, il y a aussi d'autres canaux que peuvent utiliser ceux qui veulent sanctionner : d'abord ne pas venir voter, en pensant que cela gênerait tout le monde -mais cela n'arrangerait que la droite en vérité ; et puis, il y a ceux qui veulent toujours aller plus loin, l'extrême gauche. Ah ! l'extrême gauche ! Je suis, personnellement, toujours soucieux d'être plus à gauche, mais, en même temps, faut-il encore être capable de tenir ses engagements. Il ne suffit pas d'être à gauche dans l'opposition ; il faut être à gauche quand on est au pouvoir.
L'extrême gauche prétend qu'il faut combattre la droite ; j'ai lancé, il y a quelques jours et toutes les formations de gauche y ont répondu, un appel contre ce fameux " contrat de mission ", contre la précarité, pour une véritable politique de l'emploi. L'extrême gauche a voulu nous rejoindre. Pourquoi pas ! Le Parti communiste vient de lancer une initiative identique pour défendre la Recherche ; l'extrême gauche veut en être Pourquoi pas ! Et, si elle veut combattre la droite, elle est la bienvenue. Mais pour combattre la droite, il faut d'abord la battre électoralement. Et si le comportement de l'extrême gauche c'est de ne rien dire les soirs de premiers tours, voire même de se maintenir pour empêcher la gauche de gagner, alors c'est la meilleure façon de conforter la droite.
C'est pourquoi, là aussi, je vous appelle à faire preuve de rassemblement. Sans doute tout le monde est le bienvenu, mais ceux qui veulent battre la droite n'ont qu'une seule chose à faire : au premier, au second tour, il faut voter à gauche. Et voter à gauche c'est, ici, voter DURON.
Si nous sommes là, c'est parce que nous voulons changer la vie en Basse-Normandie, comme partout, dès 2004. Nous pourrions nous dire que ces élections servent, finalement, à protester, à contester, à dissuader, mais cela ne suffirait pas. Car nous, femmes et hommes de gauche, dès qu'il y a une parcelle de pouvoir, dès lors qu'il y a une once de responsabilités, dès lors qu'il y a un instrument, un outil d'action, nous considérons que notre responsabilité est engagée. Si, à travers les compétences qui sont données à la Région -et elles sont importantes, et à travers les départements -elles sont majeures en matière sociale, nous pouvons changer la vie de nos concitoyens, alors nous avons le devoir moral de nous y investir.
Si, à travers une politique de création d'emplois pour les associations et pour les jeunes, si à travers une politique de formation professionnelle, si, à travers une politique de reclassement -notamment pour celles et ceux qui ont été durement frappés par un plan social ou un licenciement, nous pouvons donner une voie nouvelle, ouvrir une autre façon de vivre, alors cela vaut la peine de voter socialiste et de voter à gauche.
Si nous pouvons assurer la gratuité du matériel scolaire pour tous les lycéens, si nous pouvons confier un ordinateur à chaque jeune de 3ème, cela vaut la peine de voter à gauche.
Si nous pouvons créer un passe culturel, payer une licence sportive pour beaucoup de familles que ne peuvent s'autoriser pour leurs enfants la participation à un club, cela vaut tout de même la peine de voter et de voter à gauche tout de suite.
Si nous pouvons dépolluer un certain nombre de sites industriels qui ont été abandonnés par des employeurs sans scrupule, cela vaut la peine de voter à gauche.
Si nous pouvons, en matière de transports collectifs, assurer enfin la desserte de nos territoires et un tarif unique pour ceux qui utilisent ces moyens ferroviaires, cela vaut la peine. Si nous pouvons encourager le transport en site propre dans les villes, cela vaut la peine d'agir.
Et si nous pouvons faire du logement, du logement pour les personnes les plus modestes, du logement pour les étudiants, cela vaut la peine d'agir dès à présent et de ne pas attendre 2007. Non pas que je n'ai pas confiance dans les élections de 2007, mais trois ans c'est long ; c'est trop long pour ceux qui souffrent, pour ceux qui attendent un emploi, pour les jeunes qui attendent une formation, pour les femmes qui veulent l'égalité professionnelle. On n'a pas le droit de rester bras croisés en se disant que de toutes façons ils vont échouer. C'est vrai, d'ailleurs, qu'ils vont échouer. Et justement, parce qu'ils vont échouer et que ce sera dur pour la plupart de nos concitoyens, il faut que nous soyons là dans les Régions, prêts à transformer, prêts à agir.
Voilà pourquoi, je vous appelle à développer aussi dans cette campagne une démarche fondée sur la démocratie participative. Il n'y a pas besoin d'aller à Porto Alegre ou je ne sais où pour comprendre ce qu'est la nécessité d'un lien citoyen aujourd'hui. C'est peut-être parce que nous l'avions oublié lorsque nous étions nous-mêmes au pouvoir que nous avons connu un moment l'indifférence civique. Il faut que dans cette campagne, nous soyons exemplaires dans le rapport avec les électeurs mais aussi dans les engagements que nous devons prendre ; et par exemple de dire que chaque année, nous rendrons compte de nos actions partout où nous occupons une responsabilité dans une région ou dans un département et que ce sera le moment de faire les choix ensemble, même si ceux qui ont été élus ont une responsabilité particulière. Voici, là aussi, ce qui différencie la droite et la gauche.
Dans ces élections, il faut redonner du sens à la politique. SI nous sommes engagés, les uns les autres, à un moment dans notre vie personnelle, c'est parce que nous avons cru -et nous avons eu raison- que par un acte militant nous pouvions changer notre société. Nous avons tous à un moment fait le choix d'être utile aux autres par un combat collectif ; nous avons tenté de dépasser nos intérêts particuliers, professionnels, pour épouser l'intérêt général. Alors, chaque fois que la politique est abîmée, abaissée, nous sentons bien qu'il y a comme une menace pas simplement sur notre conception de la citoyenneté mais sur la démocratie dans son ensemble.
Le vote du 21 mars est donc un vote pour la démocratie. Nous sommes comptables aujourd'hui, face à une droite illégitime quant à son rapport à la démocratie même si elle est légitime par le choix qu'a fait le suffrage en sa faveur, de rehausser le niveau de la politique. Et nous en sommes capables, nous aurons rendu service pas simplement à la gauche mais à l'ensemble de la République.
C'est pourquoi je pense que les élections qui viennent correspondent à un redressement possible. Pas uniquement pour la gauche, pas pour avoir des places, pas pour simplement battre la droite, pour redonner du crédit et de la valeur à l'engagement et à l'action publique.
Je pense qu'il faut offrir à la France, à travers ces élections régionales et cantonales, la chance de l'espérance. Alors, saisissez la chance et levez l'espérance.
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 5 mars 2004)