Texte intégral
Je voulais vous dire combien j'ai été heureux de ce premier déjeuner de travail avec Mme Zuma, ministre des Affaires étrangères d'Afrique du Sud. Notre complicité est particulière car nous avons été tous les deux ministres de la Santé avant d'être ministre des Affaires étrangères.
L'Afrique du Sud pour nous, vous le savez, est un partenaire majeur et un interlocuteur de premier plan. Je vous rappelle qu'avec le quart du Produit intérieur brut du continent africain et une implication essentielle, et souvent de premier rang, sur tous les grands sujets qui la concerne, qu'il s'agisse du règlement des conflits ou du développement, l'Afrique du Sud constitue aujourd'hui, d'une certaine façon, le fil à plomb du continent africain.
Notre coopération bilatérale s'est considérablement développée depuis trois ans, en particulier sur le plan économique. Depuis maintenant deux ans, nous avons ensemble un dialogue régulier entre nos deux pays et nous avons des sujets d'actualité vous le savez : les sorties de crise en Côte d'Ivoire ; la République démocratique du Congo où, là encore, la médiation sud-africaine a été au cur du processus de transition en cours ; le Soudan où, si nous nous félicitons de la conclusion d'un accord avec le Sud, la situation du Darfour représente encore un grave sujet de préoccupation.
D'une façon générale, et s'agissant de la gestion des conflits, nous partageons avec l'Afrique du Sud exactement la même analyse et nous avons la même détermination : il n'y a pas de fatalité à l'enlisement et à la contagion des conflits sur le continent africain ; il n'y aura pas de développement durable ni d'aide au développement efficaces sans une implication résolue et prioritaire pour la résolution des conflits.
S'agissant des questions de développement, il est évident que nous devons continuer à travailler avec le président Mbeki, le gouvernement sud-africain, - ils étaient présents à Gleneagles -, et nous poursuivrons nos efforts dans la perspective du prochain sommet de New York en septembre, puis de la réunion de l'OMC, à Hong Kong, en décembre. Nous avons également été heureux de la déclaration faite par le G8 à Gleneagles sur la priorité africaine, déjà affichée à Evian il y a 2 ans par la présidence française. Il faut poursuivre notre effort d'aide au développement. Il faut surtout renforcer l'intégration des pays africains dans les grands circuits économiques et financiers mondiaux.
Nous avons également en commun l'envie de réussir notre prochain sommet Afrique-France, qui se tiendra en décembre à Bamako, avec pour thème retenu, vous le savez, celui de la jeunesse africaine.
Enfin, nous avons évoqué tout à l'heure, durant le déjeuner, trois sujets : la situation à Haïti, et j'étais intéressé par toute l'analyse de mon homologue sur Haïti ; la situation en Iran et, bien sûr, la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies où, bien évidemment, il est d'une importance capitale de faire entrer les Africains davantage à l'ONU.
Q - (Sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies)
R - Comme vous le savez, déjà aujourd'hui, la France coparraine la proposition de résolution du G4. Nous regardons, bien évidemment, quelles sont les forces en présence. Nous co-parrainons cette proposition, nous le disons très clairement et très simplement.
Nous avons pu aborder cette question avec mon homologue de l'Afrique du Sud en prenant compte de toute l'importance que représente en effet pour l'Afrique, cet élargissement et cette réforme. Il faut que les Africains puissent décider eux-mêmes, en toute responsabilité, quels sont les pays qui vont avoir à siéger au Conseil de sécurité. Je ne vois pas de quel droit, moi, comme ministre des Affaires étrangères français, je me permettrai de choisir tel ou tel pays africain.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juillet 2005)