Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
La nutrition est un enjeu majeur de santé publique. De bonnes habitudes alimentaires et une activité physique régulière, c'est autant de risques de maladies cardiovasculaires, de diabètes ou de cancers évités. Certains chiffres sont frappants :
- Les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité en France : 170.000 décès leur sont imputables chaque année.
- Les cancers touchent 250.000 personnes par an et provoquent 150.000 décès tandis que le diabète affecte 2 millions de Français aujourd'hui.
- L'augmentation du surpoids touche désormais 19% des enfants.
Ces situations créent des souffrances personnelles et ont un coût pour notre société. Les dépenses de santé liées à l'obésité sont estimées à 5 milliards d'euros. Nous le savons désormais, une bonne nutrition est de nature à améliorer notre état santé et à allonger l'espérance de vie.
Aujourd'hui, il s'agit, vous le savez de faire uvre de pédagogie et de promouvoir une vraie culture de prévention.
1. Je voudrais d'abord rappeler que cette troisième et nouvelle campagne s'inscrit dans le cadre du Programme national nutrition santé, le PNNS, et fait suite à la campagne de 2004 sur l'activité physique et à celles de 2001-2002 sur les fruits et légumes. Il s'agit bien là de mettre en scène la troisième recommandation du Plan national nutrition santé.
Un important travail a été conduit depuis 5 ans dans le cadre de ce programme, sous la conduite du Pr. Serge Hercberg, ici à mes côtés et vice-président du Comité stratégique du PNNS. Le PNNS a un objectif : fixer des repères nutritionnels simples aux Français afin de les aider à mieux gérer leur alimentation. Il s'appuie sur des objectifs, des recommandations et des repères scientifiquement validés et clairs, qui ont été repris de manière pédagogique par des guides nutritionnels qui ont connu un succès remarqué. Ainsi, la brochure intitulée " la santé vient en mangeant " a déjà été diffusée à 3,5 millions d'exemplaires dont 400.000 achetés en kiosque.
Le PNNS a également suscité une série d'initiatives nouvelles, comme la réduction de la teneur en sel du pain des boulangers, la promotion de la consommation des fruits et légumes à l'école. 25 villes ont d'ores et déjà signé une charte de " ville active du PNNS " s'engageant à mener chaque année une action forte dans le domaine de la nutrition.
Le PNNS se fonde sur des travaux scientifiques conduits par des groupes d'experts et par l'AFSSA. Le Ministère de la Santé a doté ce programme d'importants moyens dédiés à l'éducation à la santé (5, 7 millions). L'INPES consacre chaque année 8 millions d'euros à la communication et à l'éducation nutritionnelle. Ensemble, Etat, collectivités locales et agences sanitaires agissent ensemble pour promouvoir une nutrition de qualité. Je souhaite amplifier cette mobilisation de prévention et la généraliser.
Cette année, la nouvelle et troisième campagne d'éducation à la nutrition s'appuie sur le message suivant " manger moins souvent des produits gras et sucrés : c'est protéger notre santé ". Elle s'adresse bien sûr à tous mais en particulier, vous le verrez, aux enfants. Elle sera diffusée à partir de dimanche prochain, 11 septembre.
Comme les campagnes précédentes, elle met en valeur des messages de prévention du PNNS. Au nombre de 9, les recommandations du PNNS traduisent les objectifs prioritaires en matière de nutrition. Au sujet des glucides, le PNNS recommande d'augmenter la consommation de glucides complexes comme l'amidon et de réduire de 25% les sucres simples. Autrement dit, il s'agit d'augmenter la consommation de céréales (pain, légumes secs ou pommes de terre) et de limiter la consommation de produits sucrés, gras ou les deux par exemple les crèmes desserts.
La campagne télévisée n'a évidemment pas pour but de proscrire la consommation de ces produits mais de sensibiliser par une communication positive nos concitoyens sur la nécessité d'équilibrer leur alimentation. Elle se décline en 3 spots. Un pour les adultes, dont le message principal est, comme vous allez l'entendre " Nous ne sommes jamais très loin des solutions qui permettent de limiter notre consommation de produits sucrés et gras. Franchir de temps en temps cette distance, c'est protéger notre santé ". Les deux autres s'adressent aux enfants selon le message suivant " En mangeant moins de produits sucrés et gras, tu protèges ta santé ". Il s'agit bien là de rappeler aux consommateurs, petits et grands, qu'ils ont le choix entre différents types de produits alimentaires, dont certains protègent leur santé.
Les études de consommation sont claires : en France, nous ne consommons globalement pas assez de glucides - ils représentent 39 à 44% des apports énergétiques des Français, alors que la recommandation est se situe entre 50 et 55%. Mais nous consommons surtout à la fois trop peu de glucides complexes et trop de glucides simples. Les glucides sont absorbés à 41% sous forme simple, alors que la forme complexe, celle des céréales, des légumes secs, doit être privilégiée. Tirés d'un rapport de l'AFSSA intitulé " glucides et santé " et publié en octobre 2004, ces chiffres traduisent l'exigence d'une mobilisation et la nécessité d'un changement de comportement dans nos habitudes alimentaires.
Forte de ces analyses scientifiques, la nouvelle campagne de presse vise à équilibrer la consommation de produits sucrés et gras d'un côté et de fruits, céréales et légumes secs de l'autre. Une des trois annonces presse s'adresse aux femmes en leur indiquant qu' " on ne devrait pas penser sa santé à moitié " à travers une assiette de légumes complétées de féculents. Les deux autres s'adressent aux mères de famille, aux parents, en habillant de manière ludique des légumes avec des féculents et en leur rappelant que " pour un enfant, un légume sera toujours plus intéressant avec un féculent".
Chaque consommateur, chaque citoyen, chaque enfant doit pouvoir se poser une question : " est-ce qu'un autre choix peut éventuellement se révéler meilleur pour ma santé ? " La culture de prévention que je souhaite développer vise précisément à faire évoluer les comportements, à penser santé en dehors du cabinet médical et de l'hôpital. En matière de nutrition, c'est une exigence qui s'impose à tous.
2- Je mesure également que beaucoup reste à faire en matière de nutrition et je souhaite renforcer notre politique dans ce domaine
Ainsi, les axes définis par la loi relative à la politique de santé publique du 9 août 2004 doivent maintenant être rapidement mis en uvre.
Certains le sont déjà comme c'est le cas pour le retrait des distributeurs automatiques payants accessibles aux élèves depuis le 1er septembre 2005. Cette interdiction est donc désormais une réalité.
Le ministre de l'Education nationale l'a rappelé aux proviseurs dans sa circulaire de rentrée et constate la bonne mise en uvre de cette mesure.
Ces appareils constituent une invitation permanente au grignotage dont les nutritionnistes soulignent les méfaits. L'école doit devenir un lieu d'apprentissage d'une alimentation structurée en repas et parfois celui de la découverte de certains aliments. Il était important de faire de l'école le lieu par excellence de l'éducation à la santé et notamment de la nutrition. Les semaines de découverte des fruits et légumes ou de l'information nutritionnelle ont connu un succès certain. Je souhaite notamment renforcer ces opérations dans le cadre scolaire, en relation avec le Ministère de l'Education nationale. Eduquer à la santé dès le plus jeune âge, c'est pour moi une priorité de l'action sanitaire dans notre pays.
La loi de santé publique votée le 9 août 2004 a prévu que les publicités agroalimentaires contiennent des messages à caractère sanitaire. A défaut, les annonceurs acquitteront une contribution à l'INPES pour financer une politique d'éducation et d'information sur la nutrition. Un décret d'application est en cours d'achèvement sur ce sujet et sera publié avant la fin de l'année 2005 pour une application au 1er janvier 2006. Il définit les messages types qui pourront être utilisé par les annonceurs. Ces messages simples sont autant de repères de consommation. Permettez-moi de citer les principaux : " Pour protéger votre santé, manger peu salé peu gras et peu sucré ", " Pour protégez votre santé, pratiquez une activité physique régulière ". Ce sont des standards alimentaires scientifiquement établis et largement reconnus. Cette mesure permettra également de développer l'éducation à la nutrition en dotant l'INPES de moyens supplémentaires de communication.
Le Programme national nutrition santé arrivera à son terme en janvier 2006. Je souhaite dores et déjà que notre engagement dans ce domaine soit pérennisé et renforcé. Afin de définir une nouvelle ambition dans ce domaine majeur, j'ai chargé le professeur Serge Hercberg de mener une réflexion approfondie sur la politique nutritionnelle et de faire des propositions nouvelles pour le mois de novembre prochain. Le PNNS aura donc bien une suite.
Dès à présent, je souhaite notamment renforcer les axes suivants
- Le développement des actions locales qui se révèlent souvent très efficaces.
- l'amélioration de la qualité nutritionnelle des produits agroalimentaire, en concertation avec les professionnels du secteur
- et enfin la limitation du nombre de personnes en situation de surpoids
Je suis particulièrement soucieux des risques liés à la progression de l'obésité et du surpoids. 1 Français sur 5 souffre de ces difficultés. L'obésité aujourd'hui n'est plus seulement une question de santé, mais un vrai enjeu de société, souvent facteur d'exclusion et de discrimination. Je souhaite mettre en place un programme spécifique sur la prévention et la prise en charge thérapeutique des personnes concernées au premier semestre 2006. Je commencerai des consultations en ce sens dès cet automne.
Je vous remercie.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 9 septembre 2005)