Texte intégral
Monsieur le Président,
C'est pour moi un réel plaisir et un grand honneur que de vous recevoir à Paris, après les entretiens que vous avez eus avec le président de la République et plusieurs de nos collègues du gouvernement et à l'instant le ministre des Affaires étrangères. Je suis particulièrement sensible au fait que vous ayez décidé de faire votre première visite à l'étranger à Strasbourg, où vous avez été Vice-président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, cette grande institution dont la mission essentielle est la défense des Droits de l'Homme. Mais votre attache avec Strasbourg est plus personnelle, puisque c'est lors de vos études à l'Institut international des Droits de l'Homme que vous avez connu votre épouse néerlandaise, qui n'a pu être là aujourd'hui et que nous saluons chaleureusement. Votre attache à l'Europe est donc inscrite non seulement dans vos valeurs, mais également dans votre histoire personnelle, et votre extraordinaire plurilinguisme en est l'une des marques, vous qui parlez six langues européennes.
Ce soir, c'est votre première tournée des capitales mondiales que vous achevez ici à Paris, après Berlin, Moscou et Washington. Votre venue dans notre pays revêt une grande signification pour nous.
Monsieur le Président,
Chacun se réjouit en Europe, et particulièrement en France, de votre détermination à redresser la situation de votre pays. Ce faisant, vous le rapprochez de l'Union européenne qui, sur votre demande, s'est déclarée sans hésitation prête à nouer avec la Géorgie des relations de voisinage renforcées.
Cette dynamique, au-delà de ses raisons géopolitiques, s'inscrit avant tout dans une cohérence historique. La Géorgie, pays de grande culture, incarne pour nous tous, depuis les temps de la mythologie grecque, la jonction entre l'Orient et l'Occident. Depuis la Colchide de Médée et de la Toison d'or, la Géorgie s'est inscrite dans un horizon de références et de valeurs qui nous est indéniablement commun.
J'ai eu le privilège, le 25 janvier dernier, de représenter la France à Tbilissi lors de votre investiture. J'ai relevé avec plaisir et avec une certaine émotion l'omniprésence des drapeaux européens. L'Hymne à la joie, qui a été joué au moment où vous hissiez l'un de ces drapeaux, représentait alors plus qu'un symbole. Tous ces éléments m'ont permis de prendre conscience de votre souhait ardent de regarder du côté de la famille européenne. Et d'ailleurs, vous ne manquez jamais de rappeler votre engagement européen lors de vos visites, y compris à Moscou et Washington.
Votre élection triomphale le 4 janvier dernier dans un pays confronté à de lourdes difficultés, et dont les citoyens ont connu le désenchantement, vous amène à devoir assumer une responsabilité immense : celle de répondre aux aspirations des Géorgiens à la stabilité et au bien-être. Je tiens, à ce titre, à saluer la détermination dont vous faites preuve depuis votre arrivée au pouvoir, voici deux mois, à vouloir agir vite pour surmonter les difficultés de votre pays : moderniser les structures de l'Etat, redresser l'économie, remédier à la fracture sociale, lutter contre la corruption et la criminalité, telles sont les tâches que vous vous êtes assignées. C'est un véritable défi en même temps qu'une promesse pour votre peuple qui aspire légitimement au retour de la tranquillité, dans le respect des ses droits.
Monsieur le Président,
Sachez que la France est présente à vos côtés dans cette tâche de construction d'une démocratie moderne et vivante. Déjà, nous sommes engagés avec vous dans une coopération destinée à vous apporter notre expertise constitutionnelle. Des experts géorgiens sont venus en France pour étudier notre modèle constitutionnel, dans le cadre de la redéfinition en cours des fondements juridiques de la République géorgienne. Nous continuerons à vous épauler pour mettre en place un régime constitutionnel équilibré et viable. Nous continuerons à vous aider dans votre entreprise de réforme de l'Etat en y incluant une notion à laquelle la France est, vous le savez, particulièrement attachée : le service public, qui doit permettre à chaque citoyen d'avoir accès aux biens essentiels.
Monsieur le Président, la France, Etat unitaire, n'est plus tout à fait un Etat centralisé, depuis que nous avons mis en place une réforme constitutionnelle qui modifie l'équilibre des pouvoirs entre l'Etat et les collectivités territoriales. A ce sujet, j'ai pu constater lors de ma visite en janvier dernier que la coopération décentralisée entre le Sénat - notre grand conseil des communes de France - et Tbilissi a d'ores et déjà permis des réalisations remarquables et importantes pour nos deux pays. Je ne peux que me réjouir, sur ce point, du dynamisme de la diplomatie sénatoriale, mais également de l'implication des collectivités régionales et départementales, notamment du département de l'Yonne, qui mène dans votre pays des actions exemplaires. L'aide de la France à la Géorgie se manifeste aussi bien entendu par le biais des institutions européennes, que nous voulons très présentes dans cette période de transition que vous vivez.
La France, Monsieur le Président, continuera de vous soutenir dans la défense de votre intégrité territoriale. Il s'agit d'un principe pour nous cardinal dans les relations internationales du monde d'aujourd'hui. C'est dans cet esprit que nous nous attachons à promouvoir, à travers la médiation du groupe des amis du Secrétaire général des Nations unies pour la Géorgie, un règlement négocié du problème abkhaze.
Monsieur le Président,
Vous êtes désormais, plus qu'aucun autre chef d'Etat en Europe, confronté à des défis redoutables. Je n'ai pas de doute sur vos capacités à les relever, à persuader les investisseurs étrangers de la fiabilité nouvelle de votre pays, et à y rétablir la sécurité pour tous.
Les entrepreneurs français, que vous avez rencontrés au MEDEF et dont certains sont ici ce soir, sont déjà sensibles à tous les signaux favorables qui viennent de votre pays et de ses autorités, et le seront encore davantage dans l'avenir. Nul doute qu'ils y répondront, en particulier dans les secteurs naturels de notre coopération : cette vigne qui est née chez vous et que nous avons portée si haut ; le tourisme qui est pour vous un potentiel d'une rare qualité et pour nous un secteur d'activité de premier plan ; mais aussi bien sûr le secteur para-pétrolier, où nous sommes déjà très actifs, ainsi que les services urbains, le traitement de l'eau en particulier.
Je voudrais surtout rappeler les liens anciens et affectifs qui unissent la France à votre pays. N'oublions pas que c'est en France que l'émigration géorgienne a trouvé refuge en 1921, au moment où la chape soviétique et totalitaire s'abattait sur votre pays. C'est aussi vers la France qu'un grand nombre d'étudiants géorgiens se sont tournés, lorsque chez eux les ressources et l'espoir ont fait défaut. J'espère que leur formation ici pourra servir dans l'entreprise de reconstruction qui est la vôtre, et qu'ils seront autant de ponts qui renforceront notre compréhension mutuelle et perpétueront notre amitié. A cet égard, je tiens à souligner que la France est le seul pays européen à accueillir au sein de son Université une chaire d'enseignement du géorgien.
Monsieur le Président,
Dans son poème "Mérani" votre grand poète Nikoloz Baratachvili appelle à "opposer au destin la force de l'espoir". C'est bien cette ambition qu'à travers la "révolution des roses" vous avez su porter avec courage. En cette année décisive pour votre pays, en cette année d'espoir pour votre peuple, je vous souhaite plein succès et pleine réussite dans la mission qu'il vous a confiée. Dans la poursuite des objectifs que vous vous êtes fixés, sachez que vous pouvez compter sur le soutien de la France.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 mars 2004)
C'est pour moi un réel plaisir et un grand honneur que de vous recevoir à Paris, après les entretiens que vous avez eus avec le président de la République et plusieurs de nos collègues du gouvernement et à l'instant le ministre des Affaires étrangères. Je suis particulièrement sensible au fait que vous ayez décidé de faire votre première visite à l'étranger à Strasbourg, où vous avez été Vice-président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, cette grande institution dont la mission essentielle est la défense des Droits de l'Homme. Mais votre attache avec Strasbourg est plus personnelle, puisque c'est lors de vos études à l'Institut international des Droits de l'Homme que vous avez connu votre épouse néerlandaise, qui n'a pu être là aujourd'hui et que nous saluons chaleureusement. Votre attache à l'Europe est donc inscrite non seulement dans vos valeurs, mais également dans votre histoire personnelle, et votre extraordinaire plurilinguisme en est l'une des marques, vous qui parlez six langues européennes.
Ce soir, c'est votre première tournée des capitales mondiales que vous achevez ici à Paris, après Berlin, Moscou et Washington. Votre venue dans notre pays revêt une grande signification pour nous.
Monsieur le Président,
Chacun se réjouit en Europe, et particulièrement en France, de votre détermination à redresser la situation de votre pays. Ce faisant, vous le rapprochez de l'Union européenne qui, sur votre demande, s'est déclarée sans hésitation prête à nouer avec la Géorgie des relations de voisinage renforcées.
Cette dynamique, au-delà de ses raisons géopolitiques, s'inscrit avant tout dans une cohérence historique. La Géorgie, pays de grande culture, incarne pour nous tous, depuis les temps de la mythologie grecque, la jonction entre l'Orient et l'Occident. Depuis la Colchide de Médée et de la Toison d'or, la Géorgie s'est inscrite dans un horizon de références et de valeurs qui nous est indéniablement commun.
J'ai eu le privilège, le 25 janvier dernier, de représenter la France à Tbilissi lors de votre investiture. J'ai relevé avec plaisir et avec une certaine émotion l'omniprésence des drapeaux européens. L'Hymne à la joie, qui a été joué au moment où vous hissiez l'un de ces drapeaux, représentait alors plus qu'un symbole. Tous ces éléments m'ont permis de prendre conscience de votre souhait ardent de regarder du côté de la famille européenne. Et d'ailleurs, vous ne manquez jamais de rappeler votre engagement européen lors de vos visites, y compris à Moscou et Washington.
Votre élection triomphale le 4 janvier dernier dans un pays confronté à de lourdes difficultés, et dont les citoyens ont connu le désenchantement, vous amène à devoir assumer une responsabilité immense : celle de répondre aux aspirations des Géorgiens à la stabilité et au bien-être. Je tiens, à ce titre, à saluer la détermination dont vous faites preuve depuis votre arrivée au pouvoir, voici deux mois, à vouloir agir vite pour surmonter les difficultés de votre pays : moderniser les structures de l'Etat, redresser l'économie, remédier à la fracture sociale, lutter contre la corruption et la criminalité, telles sont les tâches que vous vous êtes assignées. C'est un véritable défi en même temps qu'une promesse pour votre peuple qui aspire légitimement au retour de la tranquillité, dans le respect des ses droits.
Monsieur le Président,
Sachez que la France est présente à vos côtés dans cette tâche de construction d'une démocratie moderne et vivante. Déjà, nous sommes engagés avec vous dans une coopération destinée à vous apporter notre expertise constitutionnelle. Des experts géorgiens sont venus en France pour étudier notre modèle constitutionnel, dans le cadre de la redéfinition en cours des fondements juridiques de la République géorgienne. Nous continuerons à vous épauler pour mettre en place un régime constitutionnel équilibré et viable. Nous continuerons à vous aider dans votre entreprise de réforme de l'Etat en y incluant une notion à laquelle la France est, vous le savez, particulièrement attachée : le service public, qui doit permettre à chaque citoyen d'avoir accès aux biens essentiels.
Monsieur le Président, la France, Etat unitaire, n'est plus tout à fait un Etat centralisé, depuis que nous avons mis en place une réforme constitutionnelle qui modifie l'équilibre des pouvoirs entre l'Etat et les collectivités territoriales. A ce sujet, j'ai pu constater lors de ma visite en janvier dernier que la coopération décentralisée entre le Sénat - notre grand conseil des communes de France - et Tbilissi a d'ores et déjà permis des réalisations remarquables et importantes pour nos deux pays. Je ne peux que me réjouir, sur ce point, du dynamisme de la diplomatie sénatoriale, mais également de l'implication des collectivités régionales et départementales, notamment du département de l'Yonne, qui mène dans votre pays des actions exemplaires. L'aide de la France à la Géorgie se manifeste aussi bien entendu par le biais des institutions européennes, que nous voulons très présentes dans cette période de transition que vous vivez.
La France, Monsieur le Président, continuera de vous soutenir dans la défense de votre intégrité territoriale. Il s'agit d'un principe pour nous cardinal dans les relations internationales du monde d'aujourd'hui. C'est dans cet esprit que nous nous attachons à promouvoir, à travers la médiation du groupe des amis du Secrétaire général des Nations unies pour la Géorgie, un règlement négocié du problème abkhaze.
Monsieur le Président,
Vous êtes désormais, plus qu'aucun autre chef d'Etat en Europe, confronté à des défis redoutables. Je n'ai pas de doute sur vos capacités à les relever, à persuader les investisseurs étrangers de la fiabilité nouvelle de votre pays, et à y rétablir la sécurité pour tous.
Les entrepreneurs français, que vous avez rencontrés au MEDEF et dont certains sont ici ce soir, sont déjà sensibles à tous les signaux favorables qui viennent de votre pays et de ses autorités, et le seront encore davantage dans l'avenir. Nul doute qu'ils y répondront, en particulier dans les secteurs naturels de notre coopération : cette vigne qui est née chez vous et que nous avons portée si haut ; le tourisme qui est pour vous un potentiel d'une rare qualité et pour nous un secteur d'activité de premier plan ; mais aussi bien sûr le secteur para-pétrolier, où nous sommes déjà très actifs, ainsi que les services urbains, le traitement de l'eau en particulier.
Je voudrais surtout rappeler les liens anciens et affectifs qui unissent la France à votre pays. N'oublions pas que c'est en France que l'émigration géorgienne a trouvé refuge en 1921, au moment où la chape soviétique et totalitaire s'abattait sur votre pays. C'est aussi vers la France qu'un grand nombre d'étudiants géorgiens se sont tournés, lorsque chez eux les ressources et l'espoir ont fait défaut. J'espère que leur formation ici pourra servir dans l'entreprise de reconstruction qui est la vôtre, et qu'ils seront autant de ponts qui renforceront notre compréhension mutuelle et perpétueront notre amitié. A cet égard, je tiens à souligner que la France est le seul pays européen à accueillir au sein de son Université une chaire d'enseignement du géorgien.
Monsieur le Président,
Dans son poème "Mérani" votre grand poète Nikoloz Baratachvili appelle à "opposer au destin la force de l'espoir". C'est bien cette ambition qu'à travers la "révolution des roses" vous avez su porter avec courage. En cette année décisive pour votre pays, en cette année d'espoir pour votre peuple, je vous souhaite plein succès et pleine réussite dans la mission qu'il vous a confiée. Dans la poursuite des objectifs que vous vous êtes fixés, sachez que vous pouvez compter sur le soutien de la France.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 mars 2004)