Texte intégral
Madame la Commissaire,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames, Messieurs,
Cher(e)s Ami(e)s,
Alors que la France assume la Présidence de l'Union européenne, je suis très heureux de vous accueillir à l'Hôtel de Matignon à l'occasion des " Rencontres européennes des jeunes ". Je tiens à féliciter pour cette belle initiative la ministre de la Jeunesse et des Sports, Mme Marie-George BUFFET, et Mme Viviane REDING, Commissaire européen. En parcourant du regard mon auditoire, ces 450 visages de jeunes gens venus des Quinze et des pays qui souhaitent adhérer à l'Union européenne ou en sont proches, je me dis que l'Europe n'est pas seulement le " Vieux Continent ". Certes, elle est consciente de sa très longue histoire, mais elle peut garder confiance : l'avenir continue de lui sourire. Au-delà, en effet, de vos différences, notamment culturelles, de la pluralité de vos parcours et de la diversité de vos activités -ou peut-être grâce à ces différences-, vous représentez une nouvelle et belle génération d'Européens.
Vous êtes même, d'une certaine façon, les " premiers " Européens.
Bien entendu, l'Europe -comme continent, comme civilisation- a une histoire très longue, dans laquelle des millions de femmes et d'hommes avant vous se sont inscrits.
Bien entendu, l'idée européenne est ancienne. Elle a longtemps vécu et mûri dans les coeurs et dans les esprits des " pères fondateurs ", ceux qui ont voulu l'Europe, ceux qui ont cru en cette utopie, ceux qui se sont battus pour elle et ont posé les premières pierres de cet édifice.
Mais votre génération est certainement la première à vivre son identité européenne simplement, naturellement, presque comme une évidence. L'Europe est comme l'air que vous respirez. Pour vous qui avez moins de vingt-cinq ans, l'Europe est déjà un héritage dont vous pouvez apprécier toute la valeur. L'Europe, qui a été ravagée par les guerres, est en paix, l'Europe est prospère -même si des inégalités existent-, l'Europe est unie -une union de Nations. Elle est un continent dont la longue et douloureuse division héritée de l'après-guerre n'est plus aujourd'hui qu'un souvenir, celui de vos parents, de vos grands-parents. Elle est cet espace où s'épanouit, presque partout, la démocratie. Par les voyages, par les échanges universitaires ou linguistiques, par les rencontres aussi, telle que celle qui a lieu aujourd'hui, vous vivez en Européens.
Vous offrez de l'Europe son plus beau visage. Vos valeurs sont aussi celles de l'Europe, des valeurs de paix, de fraternité, d'égalité. A l'image de l'Europe, qui sait son unité d'autant plus solide qu'elle est respectueuse des identités nationales qui la composent, vous êtes citoyen de votre pays et vous vous sentez citoyen européen, porteur d'une culture européenne commune et d'une culture nationale qui vous est propre. Vous n'imaginez pas cette dualité comme une opposition, mais comme une harmonie. Et par vos goûts, je pense par exemple à votre intérêt croissant pour les " musiques du monde ", vous soulignez que l'Europe que vous désirez, celle que beaucoup d'entre vous vivent déjà, est ouverte aux autres cultures. Pour vous, l'Europe est la voie privilégiée pour atteindre une forme d'universalisme humaniste, fondé sur le maintien et l'épanouissement de la diversité culturelle dans le monde.
Animés par ces valeurs, vous êtes ceux qui hâteront le cours de la construction européenne, ceux qui approfondiront l'unité de notre continent. Car si le projet européen a été engagé avant vous et pour vous, il ne s'accomplira qu'avec vous.
L'Europe a besoin de sa jeunesse.
L'Europe a besoin de votre enthousiasme, de l'énergie que vous mettez en toute chose, par exemple pour vous emparer de l'Internet et en faire l'instrument de vos projets, de vos loisirs, de votre ouverture sur le monde. L'Europe a besoin de votre vigueur, de votre curiosité et de votre ouverture d'esprit. A votre image, l'Europe doit refuser la frilosité et choisir l'imagination.
L'Europe a besoin de vos révoltes. Contre le racisme et l'antisémitisme, contre l'injustice et l'exclusion, contre le sexisme et les discriminations, contre les violations des droits de l'Homme, contre une logique économique qui porterait en elle l'exploitation des hommes, l'uniformisation du monde et la détérioration de la planète.
L'Europe a besoin de votre engagement et de la force avec lequel vous l'exprimez. Un engagement qui vous rend intensément solidaires des étudiants qui, ces jours-ci, à Belgrade, se dressent avec courage contre l'autoritarisme et le refus d'accepter la sanction démocratique.
Vous nous montrez que vous voulez une Europe à la fois plus forte et plus généreuse. Vous savez que c'est possible, à condition d'en avoir la volonté. Vous attendez beaucoup de l'Europe. Et vous avez raison. Encore faut-il que l'Europe vous écoute et vous entende.
La parole vous a été donnée, vous vous en êtes pleinement saisis.
La vaste consultation à laquelle vous avez pris part est exemplaire. Pour préparer la rencontre à laquelle vous participerez demain et après-demain, près de 20.000 jeunes, à l'initiative de Mme Viviane REDING, ont participé à cette consultation dans vos pays. De notre côté, nous avons interrogé largement les jeunes Français sur leurs attentes à l'égard de l'Europe. Des rencontres se sont tenues dans tous les départements, qui ont rassemblé quelque 7.000 jeunes. Cette consultation a permis de dégager les préoccupations essentielles de la jeunesse européenne : l'emploi et la formation, la santé, les droits sociaux, la participation à la vie politique, la possibilité de voyager à travers l'Europe.
Ces questions seront l'objet des ateliers thématiques de vos Etats généraux. Vous mesurez l'importance de la mission qui vous est confiée : représenter la jeunesse d'Europe, être les porte-parole de ses aspirations. Il vous reviendra de traduire ces aspirations en propositions concrètes. Celles-ci pourront concerner, par exemple, les difficultés que vous rencontrez dans l'accès à l'information sur les dispositifs créés par l'Europe pour aider les jeunes. Votre séance plénière, samedi, sera une occasion privilégiée de présenter ce que devrait être, pour vous, une politique européenne de la jeunesse.
Vos propositions seront, je le pense, entendues. Les responsables politiques trouveront dans votre synthèse de quoi enrichir leur propre réflexion et de quoi inspirer leur action. Vos propositions nourriront le " Livre blanc " que la Commission rédigera dès l'année prochaine, afin de définir les moyens de mieux prendre en compte vos préoccupations dans la construction européenne.
C'est avec vous que nous voulons dessiner le visage de l'Europe de demain. Une Europe plus forte et plus juste, une Europe plus imaginative et mieux à l'écoute des préoccupations de ses citoyens. Et parce que l'Union européenne forme un vaste ensemble institutionnel dont la mécanique complexe comporte, parfois, ses lenteurs, nous aurons besoin de votre énergie, de votre sens critique et de votre engagement.
Pour sa part, la France entend construire avec vous une Europe où vous pourrez trouver toute votre place. Elle considère par exemple que les jeunes devraient être directement associés à l'évaluation du programme Jeunesse, que vous souhaitez à juste titre faire évoluer. Dans le cadre de la Présidence de l'Union, elle a proposé à ses partenaires une résolution qui devrait être adoptée le 9 novembre prochain par les ministres de l'Union chargés de la Jeunesse. Cette résolution entend faire une priorité du meilleur accès des jeunes aux dispositifs qui les concernent, de leur insertion, de la lutte contre les discriminations et contre la précarité. Elle s'appliquera à tous les domaines d'action de l'Union européenne. Sa mise en oeuvre fera l'objet, chaque année, d'une évaluation dans le cadre du suivi des décisions prises au Conseil européen de Lisbonne.
Mesdames et Messieurs,
Cher(e)s Ami(e)s,
A travers vous, c'est à une génération profondément européenne que je me suis adressé. L'Europe de demain sera telle que vous la ferez. A vous, si attachés à l'unité de notre continent, d'approfondir encore l'amitié entre les peuples d'Europe. A vous, témoins et acteurs de la diversité qui fait la richesse de la civilisation européenne, de veiller à son épanouissement. A vous, en un mot, de faire vivre l'Europe. Voilà la responsabilité qui vous incombe. Je sais que vous l'assumerez pleinement.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 11 octobre 2000).
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames, Messieurs,
Cher(e)s Ami(e)s,
Alors que la France assume la Présidence de l'Union européenne, je suis très heureux de vous accueillir à l'Hôtel de Matignon à l'occasion des " Rencontres européennes des jeunes ". Je tiens à féliciter pour cette belle initiative la ministre de la Jeunesse et des Sports, Mme Marie-George BUFFET, et Mme Viviane REDING, Commissaire européen. En parcourant du regard mon auditoire, ces 450 visages de jeunes gens venus des Quinze et des pays qui souhaitent adhérer à l'Union européenne ou en sont proches, je me dis que l'Europe n'est pas seulement le " Vieux Continent ". Certes, elle est consciente de sa très longue histoire, mais elle peut garder confiance : l'avenir continue de lui sourire. Au-delà, en effet, de vos différences, notamment culturelles, de la pluralité de vos parcours et de la diversité de vos activités -ou peut-être grâce à ces différences-, vous représentez une nouvelle et belle génération d'Européens.
Vous êtes même, d'une certaine façon, les " premiers " Européens.
Bien entendu, l'Europe -comme continent, comme civilisation- a une histoire très longue, dans laquelle des millions de femmes et d'hommes avant vous se sont inscrits.
Bien entendu, l'idée européenne est ancienne. Elle a longtemps vécu et mûri dans les coeurs et dans les esprits des " pères fondateurs ", ceux qui ont voulu l'Europe, ceux qui ont cru en cette utopie, ceux qui se sont battus pour elle et ont posé les premières pierres de cet édifice.
Mais votre génération est certainement la première à vivre son identité européenne simplement, naturellement, presque comme une évidence. L'Europe est comme l'air que vous respirez. Pour vous qui avez moins de vingt-cinq ans, l'Europe est déjà un héritage dont vous pouvez apprécier toute la valeur. L'Europe, qui a été ravagée par les guerres, est en paix, l'Europe est prospère -même si des inégalités existent-, l'Europe est unie -une union de Nations. Elle est un continent dont la longue et douloureuse division héritée de l'après-guerre n'est plus aujourd'hui qu'un souvenir, celui de vos parents, de vos grands-parents. Elle est cet espace où s'épanouit, presque partout, la démocratie. Par les voyages, par les échanges universitaires ou linguistiques, par les rencontres aussi, telle que celle qui a lieu aujourd'hui, vous vivez en Européens.
Vous offrez de l'Europe son plus beau visage. Vos valeurs sont aussi celles de l'Europe, des valeurs de paix, de fraternité, d'égalité. A l'image de l'Europe, qui sait son unité d'autant plus solide qu'elle est respectueuse des identités nationales qui la composent, vous êtes citoyen de votre pays et vous vous sentez citoyen européen, porteur d'une culture européenne commune et d'une culture nationale qui vous est propre. Vous n'imaginez pas cette dualité comme une opposition, mais comme une harmonie. Et par vos goûts, je pense par exemple à votre intérêt croissant pour les " musiques du monde ", vous soulignez que l'Europe que vous désirez, celle que beaucoup d'entre vous vivent déjà, est ouverte aux autres cultures. Pour vous, l'Europe est la voie privilégiée pour atteindre une forme d'universalisme humaniste, fondé sur le maintien et l'épanouissement de la diversité culturelle dans le monde.
Animés par ces valeurs, vous êtes ceux qui hâteront le cours de la construction européenne, ceux qui approfondiront l'unité de notre continent. Car si le projet européen a été engagé avant vous et pour vous, il ne s'accomplira qu'avec vous.
L'Europe a besoin de sa jeunesse.
L'Europe a besoin de votre enthousiasme, de l'énergie que vous mettez en toute chose, par exemple pour vous emparer de l'Internet et en faire l'instrument de vos projets, de vos loisirs, de votre ouverture sur le monde. L'Europe a besoin de votre vigueur, de votre curiosité et de votre ouverture d'esprit. A votre image, l'Europe doit refuser la frilosité et choisir l'imagination.
L'Europe a besoin de vos révoltes. Contre le racisme et l'antisémitisme, contre l'injustice et l'exclusion, contre le sexisme et les discriminations, contre les violations des droits de l'Homme, contre une logique économique qui porterait en elle l'exploitation des hommes, l'uniformisation du monde et la détérioration de la planète.
L'Europe a besoin de votre engagement et de la force avec lequel vous l'exprimez. Un engagement qui vous rend intensément solidaires des étudiants qui, ces jours-ci, à Belgrade, se dressent avec courage contre l'autoritarisme et le refus d'accepter la sanction démocratique.
Vous nous montrez que vous voulez une Europe à la fois plus forte et plus généreuse. Vous savez que c'est possible, à condition d'en avoir la volonté. Vous attendez beaucoup de l'Europe. Et vous avez raison. Encore faut-il que l'Europe vous écoute et vous entende.
La parole vous a été donnée, vous vous en êtes pleinement saisis.
La vaste consultation à laquelle vous avez pris part est exemplaire. Pour préparer la rencontre à laquelle vous participerez demain et après-demain, près de 20.000 jeunes, à l'initiative de Mme Viviane REDING, ont participé à cette consultation dans vos pays. De notre côté, nous avons interrogé largement les jeunes Français sur leurs attentes à l'égard de l'Europe. Des rencontres se sont tenues dans tous les départements, qui ont rassemblé quelque 7.000 jeunes. Cette consultation a permis de dégager les préoccupations essentielles de la jeunesse européenne : l'emploi et la formation, la santé, les droits sociaux, la participation à la vie politique, la possibilité de voyager à travers l'Europe.
Ces questions seront l'objet des ateliers thématiques de vos Etats généraux. Vous mesurez l'importance de la mission qui vous est confiée : représenter la jeunesse d'Europe, être les porte-parole de ses aspirations. Il vous reviendra de traduire ces aspirations en propositions concrètes. Celles-ci pourront concerner, par exemple, les difficultés que vous rencontrez dans l'accès à l'information sur les dispositifs créés par l'Europe pour aider les jeunes. Votre séance plénière, samedi, sera une occasion privilégiée de présenter ce que devrait être, pour vous, une politique européenne de la jeunesse.
Vos propositions seront, je le pense, entendues. Les responsables politiques trouveront dans votre synthèse de quoi enrichir leur propre réflexion et de quoi inspirer leur action. Vos propositions nourriront le " Livre blanc " que la Commission rédigera dès l'année prochaine, afin de définir les moyens de mieux prendre en compte vos préoccupations dans la construction européenne.
C'est avec vous que nous voulons dessiner le visage de l'Europe de demain. Une Europe plus forte et plus juste, une Europe plus imaginative et mieux à l'écoute des préoccupations de ses citoyens. Et parce que l'Union européenne forme un vaste ensemble institutionnel dont la mécanique complexe comporte, parfois, ses lenteurs, nous aurons besoin de votre énergie, de votre sens critique et de votre engagement.
Pour sa part, la France entend construire avec vous une Europe où vous pourrez trouver toute votre place. Elle considère par exemple que les jeunes devraient être directement associés à l'évaluation du programme Jeunesse, que vous souhaitez à juste titre faire évoluer. Dans le cadre de la Présidence de l'Union, elle a proposé à ses partenaires une résolution qui devrait être adoptée le 9 novembre prochain par les ministres de l'Union chargés de la Jeunesse. Cette résolution entend faire une priorité du meilleur accès des jeunes aux dispositifs qui les concernent, de leur insertion, de la lutte contre les discriminations et contre la précarité. Elle s'appliquera à tous les domaines d'action de l'Union européenne. Sa mise en oeuvre fera l'objet, chaque année, d'une évaluation dans le cadre du suivi des décisions prises au Conseil européen de Lisbonne.
Mesdames et Messieurs,
Cher(e)s Ami(e)s,
A travers vous, c'est à une génération profondément européenne que je me suis adressé. L'Europe de demain sera telle que vous la ferez. A vous, si attachés à l'unité de notre continent, d'approfondir encore l'amitié entre les peuples d'Europe. A vous, témoins et acteurs de la diversité qui fait la richesse de la civilisation européenne, de veiller à son épanouissement. A vous, en un mot, de faire vivre l'Europe. Voilà la responsabilité qui vous incombe. Je sais que vous l'assumerez pleinement.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 11 octobre 2000).