Texte intégral
Mes chers camarades, on peut résumer la situation des trois dernières années, sans exagérer, de la manière suivante (puisque nous devons faire court, soyons brefs et résumons) : la droite a repris le pouvoir dans des conditions contestables pour faire entrer en vigueur un programme d'une dureté sans précédent avec les instruments autoritaires du régime.
Elle a unifié ses intérêts politiques dans un outil dangereux et puissant, un parti politique unique. Elle s'est donné un leader nouveau qui a réussi à obtenir même les apparences du renouvellement. Elle réussit lentement son pari consistant à fusionner lentement dans les urnes les différentes droites, et y compris l'extrême. Et elle a des résultats, chers camarades, convaincants aux élections partielles. L'une dernière, dans le Nord, nous a ramenés non pas au 21 avril 2002, mais plutôt à 1969 dans la confrontation Poher/Pompidou, il n'y avait pas de candidat socialiste. C'est un mauvais souvenir.
Que s'est-il passé au Parti socialiste pendant ces trois années ? Nous n'avons toujours pas de projet puisque nous allons essayer de le sortir de ce Congrès. Nous n'avons pas tiré grande leçon de nos échecs, nous en avons ajouté un supplémentaire en nous coupant une nouvelle fois de nos électeurs. Et nous avons sept candidats déclarés à l'élection présidentielle.
Alors, chers camarades, nous avons, en ce qui nous concerne, la motion que nous défendons devant les camarades, nous avons un projet, qui est d'ailleurs inspiré de ce que nous avons déjà défendu à Dijon. Il s'est patiné, il s'est enrichi, il s'est épaissi, mais nous n'avons pas de candidat.
Lorsque, chers camarades, nous avons posé deux ou trois questions, qui sont des questions importantes et sur le fond, lorsque nous voyons le changement de nature du capitalisme financier et mondialisé, nous observons les effets indésirables, pour certains tout à fait désirés d'ailleurs, mais indésirables de cette mondialisation qui prive les États nations des marges de manuvre politiques qui permettent précisément aux sociaux-démocrates, aux socialistes, d'exercer leur politique.
Attaque sur les niveaux de protection sociale, mise en concurrence des niveaux de salaire, mise en compétition des droits du travail, attaque sur les fiscalités, y compris du capital, privant d'ailleurs les États de marge de manuvre, d'actions financières nouvelles. Et certains d'entre nous, quels que soient nos sensibilités et nos histoires, nous qui avons vécu 1997 avec cette grande force, ce mouvement, cette créativité de l'époque, nous nous disons, au fond de nous-mêmes : est-ce qu'en 2007, dix ans plus tard, nous disposerons des mêmes marges de manuvre que celles dont nous disposions en 1997 parce que, en dix ans, le monde a considérablement changé ! Et notre problème à nous, socialistes, c'est que nous avons perdu beaucoup des outils et des leviers qui étaient encore les nôtres.
Lorsque j'entends les camarades dire : " Nous sommes tous d'accord, voilà les programmes, les projets. " Ben sûr que nous sommes d'accord, heureusement d'ailleurs, sur l'essentiel de ce que nous voulons accomplir. Et là, de ce point de vue-là, les critiques sur les faux débats sont tout à fait justifiées. Bien sûr que, lorsque nous regardons les outils dont nous disposons, nous savons parfaitement qu'en affichant des objectifs nous aurons quelque mal à les accomplir. Et c'est la raison pour laquelle la rénovation, la construction d'un nouveau Parti socialiste, c'est la gauche de la reconquête des outils. Et on ne peut pas se contenter de dire : " Ne promettons rien que nous ne puissions faire. N'annonçons rien qui ne soit pas raisonnable. " Parce que le rétrécissement de nos marges de manuvre, l'étau ultra-libéral dans lequel nous sommes pris, nous oblige justement à forger de nouveaux outils.
Mes chers camarades, si nous arrivons au pouvoir, à outils constants, ce régime, l'état de l'Europe, la manière d'agir dans ce capitalisme désormais mondialisé et financier, beaucoup moins industriel, beaucoup moins national, transnational et financier, et vorace de surcroît, la gauche se condamnera à l'impuissance. C'est la raison pour laquelle nous disons, avec une sorte de fidélité et constance, que, soit nous nous attaquons à construire ces outils, et nous aurons des chances y compris de mobiliser ceux qui nous écoutent, qui nous regardent, vers des espérances, même s'ils savent que les obstacles seront difficiles à franchir, qu'il faudra les surmonter, mais il faudra les associer dans la lutte qu'il faudra mener pour que les socialistes et sociaux-démocrates franchissent ces obstacles. Soit, on ne les crée pas, et je pense que nous nous condamnons à la sanction politique, à la submersion par une forme de populisme, quel qu'il soit d'ailleurs, et à l'impuissance politique. C'est pourquoi nous sommes contraints, pour les forger, d'accepter une forme de confrontation avec l'ordre économique et social, l'ordre institutionnel et démocratique de ce pays. Nous ne pouvons pas nous contenter de combattre le pouvoir, il faut aussi combattre le régime. L'ordre européen tel qu'il est, malgré ces compromis qui nous posent de plus en plus de problèmes pour réorienter la construction européenne, et repolitiser des outils que nous avons abandonné nous-mêmes, distribués à des experts, des autorités administratives, à des autorités régulatrices, nous avons besoin de reprendre pied et de mettre de la politique en face de la toute puissance des marchés et de l'économie.
Repolitiser les outils, cela suppose évidemment de la créativité, de l'audace, de la novation, du caractère, des forces de convictions, bref tout ce que le Nouveau Parti socialiste associe dans la proposition qu'il fait aux militants.
Et cela suppose que nous assumions de construire une alternative en en portant les difficultés et les obstacles, en les mettant sur la table devant la population qui nous fait confiance. Et cela suppose que le Parti socialiste réoriente son attitude, ses analyses et que se dégagent, pour éviter d'autres difficultés, d'autres échecs, à ce Congrès une autre majorité sur une autre ligne.
Chers camarades, nous n'avons pas d'autre choix. Et lorsque j'entends : " Il faut dépasser le oui et le non. " Mais bien sûr que nous dépassons le oui et le non, et cette majorité pour la réorientation de cette ligne se construit, se compose de tous les militants qui ont tiré les leçons du 21 avril, de ceux qui veulent tirer les leçons du 29 mai, de ceux qui ont voté oui, de ceux qui ont voté non, des camarades qui se reconnaissent dans la motion commune autour de Laurent Fabius, des camarades qui par ailleurs dans le Parti pensent et doutent qu'on ne peut pas être dans l'immobilisme et les statu quo sous peine de risquer d'autres difficultés.
Je crois avoir tout dit. Nous lançons le grand souffle. Il y a dans ce congrès une majorité alternative, chers camarades, qui va se construire au fil de nos discussions dans les sections et les fédérations.
Nous présentons des projets, des idées, nous n'avons pas de candidat, mais nous avons des projets pour le Parti. Tout à l'heure, Vincent et Henri l'ont dit, ils n'ont rappelé.
À bientôt dans les sections et les fédérations et vive la future majorité du Parti socialiste.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 20 septembre 2005)
Elle a unifié ses intérêts politiques dans un outil dangereux et puissant, un parti politique unique. Elle s'est donné un leader nouveau qui a réussi à obtenir même les apparences du renouvellement. Elle réussit lentement son pari consistant à fusionner lentement dans les urnes les différentes droites, et y compris l'extrême. Et elle a des résultats, chers camarades, convaincants aux élections partielles. L'une dernière, dans le Nord, nous a ramenés non pas au 21 avril 2002, mais plutôt à 1969 dans la confrontation Poher/Pompidou, il n'y avait pas de candidat socialiste. C'est un mauvais souvenir.
Que s'est-il passé au Parti socialiste pendant ces trois années ? Nous n'avons toujours pas de projet puisque nous allons essayer de le sortir de ce Congrès. Nous n'avons pas tiré grande leçon de nos échecs, nous en avons ajouté un supplémentaire en nous coupant une nouvelle fois de nos électeurs. Et nous avons sept candidats déclarés à l'élection présidentielle.
Alors, chers camarades, nous avons, en ce qui nous concerne, la motion que nous défendons devant les camarades, nous avons un projet, qui est d'ailleurs inspiré de ce que nous avons déjà défendu à Dijon. Il s'est patiné, il s'est enrichi, il s'est épaissi, mais nous n'avons pas de candidat.
Lorsque, chers camarades, nous avons posé deux ou trois questions, qui sont des questions importantes et sur le fond, lorsque nous voyons le changement de nature du capitalisme financier et mondialisé, nous observons les effets indésirables, pour certains tout à fait désirés d'ailleurs, mais indésirables de cette mondialisation qui prive les États nations des marges de manuvre politiques qui permettent précisément aux sociaux-démocrates, aux socialistes, d'exercer leur politique.
Attaque sur les niveaux de protection sociale, mise en concurrence des niveaux de salaire, mise en compétition des droits du travail, attaque sur les fiscalités, y compris du capital, privant d'ailleurs les États de marge de manuvre, d'actions financières nouvelles. Et certains d'entre nous, quels que soient nos sensibilités et nos histoires, nous qui avons vécu 1997 avec cette grande force, ce mouvement, cette créativité de l'époque, nous nous disons, au fond de nous-mêmes : est-ce qu'en 2007, dix ans plus tard, nous disposerons des mêmes marges de manuvre que celles dont nous disposions en 1997 parce que, en dix ans, le monde a considérablement changé ! Et notre problème à nous, socialistes, c'est que nous avons perdu beaucoup des outils et des leviers qui étaient encore les nôtres.
Lorsque j'entends les camarades dire : " Nous sommes tous d'accord, voilà les programmes, les projets. " Ben sûr que nous sommes d'accord, heureusement d'ailleurs, sur l'essentiel de ce que nous voulons accomplir. Et là, de ce point de vue-là, les critiques sur les faux débats sont tout à fait justifiées. Bien sûr que, lorsque nous regardons les outils dont nous disposons, nous savons parfaitement qu'en affichant des objectifs nous aurons quelque mal à les accomplir. Et c'est la raison pour laquelle la rénovation, la construction d'un nouveau Parti socialiste, c'est la gauche de la reconquête des outils. Et on ne peut pas se contenter de dire : " Ne promettons rien que nous ne puissions faire. N'annonçons rien qui ne soit pas raisonnable. " Parce que le rétrécissement de nos marges de manuvre, l'étau ultra-libéral dans lequel nous sommes pris, nous oblige justement à forger de nouveaux outils.
Mes chers camarades, si nous arrivons au pouvoir, à outils constants, ce régime, l'état de l'Europe, la manière d'agir dans ce capitalisme désormais mondialisé et financier, beaucoup moins industriel, beaucoup moins national, transnational et financier, et vorace de surcroît, la gauche se condamnera à l'impuissance. C'est la raison pour laquelle nous disons, avec une sorte de fidélité et constance, que, soit nous nous attaquons à construire ces outils, et nous aurons des chances y compris de mobiliser ceux qui nous écoutent, qui nous regardent, vers des espérances, même s'ils savent que les obstacles seront difficiles à franchir, qu'il faudra les surmonter, mais il faudra les associer dans la lutte qu'il faudra mener pour que les socialistes et sociaux-démocrates franchissent ces obstacles. Soit, on ne les crée pas, et je pense que nous nous condamnons à la sanction politique, à la submersion par une forme de populisme, quel qu'il soit d'ailleurs, et à l'impuissance politique. C'est pourquoi nous sommes contraints, pour les forger, d'accepter une forme de confrontation avec l'ordre économique et social, l'ordre institutionnel et démocratique de ce pays. Nous ne pouvons pas nous contenter de combattre le pouvoir, il faut aussi combattre le régime. L'ordre européen tel qu'il est, malgré ces compromis qui nous posent de plus en plus de problèmes pour réorienter la construction européenne, et repolitiser des outils que nous avons abandonné nous-mêmes, distribués à des experts, des autorités administratives, à des autorités régulatrices, nous avons besoin de reprendre pied et de mettre de la politique en face de la toute puissance des marchés et de l'économie.
Repolitiser les outils, cela suppose évidemment de la créativité, de l'audace, de la novation, du caractère, des forces de convictions, bref tout ce que le Nouveau Parti socialiste associe dans la proposition qu'il fait aux militants.
Et cela suppose que nous assumions de construire une alternative en en portant les difficultés et les obstacles, en les mettant sur la table devant la population qui nous fait confiance. Et cela suppose que le Parti socialiste réoriente son attitude, ses analyses et que se dégagent, pour éviter d'autres difficultés, d'autres échecs, à ce Congrès une autre majorité sur une autre ligne.
Chers camarades, nous n'avons pas d'autre choix. Et lorsque j'entends : " Il faut dépasser le oui et le non. " Mais bien sûr que nous dépassons le oui et le non, et cette majorité pour la réorientation de cette ligne se construit, se compose de tous les militants qui ont tiré les leçons du 21 avril, de ceux qui veulent tirer les leçons du 29 mai, de ceux qui ont voté oui, de ceux qui ont voté non, des camarades qui se reconnaissent dans la motion commune autour de Laurent Fabius, des camarades qui par ailleurs dans le Parti pensent et doutent qu'on ne peut pas être dans l'immobilisme et les statu quo sous peine de risquer d'autres difficultés.
Je crois avoir tout dit. Nous lançons le grand souffle. Il y a dans ce congrès une majorité alternative, chers camarades, qui va se construire au fil de nos discussions dans les sections et les fédérations.
Nous présentons des projets, des idées, nous n'avons pas de candidat, mais nous avons des projets pour le Parti. Tout à l'heure, Vincent et Henri l'ont dit, ils n'ont rappelé.
À bientôt dans les sections et les fédérations et vive la future majorité du Parti socialiste.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 20 septembre 2005)