Entretien de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, dans "Le Parisien-Aujourd'hui" du 1er octobre 2005, sur le débat autour de la perspective de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.

Prononcé le 1er octobre 2005

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Média : Le Parisien

Texte intégral

Q - Les négociations avec Ankara pourront-elles débuter comme prévu lundi ?
R - Il reste à finaliser à vingt-cinq le cadre des négociations avec la Turquie, c'est-à-dire la façon dont sera conduit le processus. Une réunion entre les ministres européens des Affaires étrangères demain pourrait marquer la dernière étape de leurs discussions. J'y participerai.
Q - Paris appuie-t-il la demande autrichienne de mentionner le simple "partenariat privilégié" comme issue possible ?
R - Le texte en discussion précise déjà que le processus est "ouvert". C'est un point important. Cela signifie que l'issue des négociations n'est pas prédéterminée, mais peut être soit une adhésion, soit une autre solution.
Q - Avec toutes ces conditions, veut-on vraiment de la Turquie ?
R - Cela fait des dizaines d'années que l'Europe et la Turquie ont engagé un rapprochement. La France considère que l'Union peut avoir à gagner avec son adhésion, si la Turquie est capable de poursuivre sa modernisation et de rejoindre nos valeurs démocratiques et économiques. Aujourd'hui, la question n'est pas de décider si la Turquie adhérera ou non, mais si les conditions sont remplies pour démarrer les négociations. Le chemin sera long, sans doute dix ou quinze ans. Et de toute façon, les Français auront le dernier mot par référendum.
Q - Ces négociations ne vont-elles pas à nouveau braquer contre l'Europe une opinion majoritairement hostile à l'entrée de la Turquie ?
R - La question turque figure sur la calendrier de l'Union européenne : celle-ci respecte donc ses engagements, c'est bien le moins. Mais la priorité, c'est bien sûr de relancer la machine européenne par des projets concrets : développement économique, recherche, environnement, lutte contre le terrorisme, sécurité aérienne, etc. Dans nos régions, dans nos entreprises, l'Europe nous aide beaucoup. Hier à Metz, j'ai pu mesurer ce qu'elle fait en visitant une usine d'équipements automobiles, Magna, qui reçoit 300 000 euros de crédits européens et pourra ainsi créer 75 emplois. Voilà un exemple concret.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2005)