Déclaration de M. Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux anciens combattants, sur l'hommage rendu aux résistants du département des Deux-Sèvres, à Lageon le 2 octobre 2005.

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Circonstance : Cérémonie au mémorial des déportés et résistants de Lageon, à Lageon (Deux-Sèvres) le 2 octobre 2005

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Député et Président du Conseil général,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,

Chaque année, le premier dimanche d'octobre, une cérémonie commémorative est célébrée devant le Mémorial de Lageon.
Fidèlement, vous rendez l'hommage qui leur est dû, aux héros et aux martyrs, dont les noms figurent, à jamais, dans vos mémoires.
C'est un honneur pour moi d'être parmi vous aujourd'hui, dans ce département des Deux-Sèvres.
Ici, "l'esprit de Résistance" naquit dès 1940 et votre département a donné tant de ses filles et de ses fils à la France.
En ce 60ème anniversaire de la Libération des camps de concentration et de la victoire, cette cérémonie revêt un caractère particulier.
C'est pourquoi je remercie les présidents Michel DOUARRE et François BOUCHET pour leur invitation et Monsieur le Maire, pour son accueil.
L'année 2004 a été marquée par des commémorations de grande ampleur. Dans la continuité, l'année 2005 s'inscrit dans cet élan de ferveur nationale en souvenir de nos libérateurs.
Notre devoir est de rendre hommage à toutes celles et à tous ceux, qui ont donné leur vie pour la Patrie ; à toutes celles et à tous ceux, qui ont subi des épreuves dont la barbarie dépasse l'entendement.
La Déportation mise en oeuvre par les nazis, est une page singulière dans l'histoire du XXème siècle. La pire.
De nombreux Deux-Sévriens la subirent. Le respect que la Nation leur témoigne, comme à l'ensemble des déportés, est immense.
Respect et reconnaissance envers ces femmes et ces hommes qui ont osé dire non.
Non à l'invasion ennemie.
Non à l'occupation.
Non à l'acceptation du système nazi.
Très tôt, dans le nord des Deux-Sèvres, des premiers groupes de la Résistance, se formèrent autour de personnes déterminées.
Le contact réalisé avec Londres favorisa rapidement la création du premier réseau de renseignements implanté dans les Deux-Sèvres : la confrérie Notre-Dame du colonel REMY.
On vît apparaître successivement de nombreux réseaux : Delbo, Galia, et Centurie-OCM.
"Centurie-OCM" fut particulièrement active.
Le mémorial de Lageon nous rappelle principalement le sacrifice des résistants déportés appartenant à ce réseau.
En 1943, le général de GAULLE confia à Jean MOULIN la mission de structurer la résistance intérieure.
Sous son impulsion eurent lieu des fusions entre mouvements, dont les Deux-Sèvres et le Centre-Ouest bénéficièrent.
L'Armée secrète fut formée par le regroupement de l'O.C.M. et de Libération-Nord.
Mais, début 1944, de nombreux membres de l'Armée Secrète prirent le chemin tragique des camps de concentration.
Dans le même temps, naquirent les F.F.I., placées sous la direction du colonel Chaumette.
Dans le pays mellois, au cours de cette même période, un important maquis organisé militairement, participa aussi aux opérations menées dans ce département.
Le 6 septembre 1944, les Deux-Sèvres retrouvaient enfin la liberté.
Gaullistes, communistes, sans engagement partisan, spécialisés dans le renseignement, dans l'action, dans la réflexion, tous avaient été unis par une même volonté et soudés par un même courage. Tous étaient vainqueurs et sont nos héros.
Aujourd'hui, 61 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, 60 ans après la Libération des camps, la Nation toute entière connaît le lourd tribut payé par la Résistance.
La Nation toute entière pense à la douleur de ces familles qui n'ont jamais vu leurs proches revenir de ce monde des ténèbres.
Ici, à Lageon, où aucun des résistants déportés n'est rentré, on le mesure avec une grande émotion.
En ce jour de commémoration, nous témoignons notre reconnaissance à tous ceux qui, avec dignité et abnégation, nous permettent de vivre dans un monde de liberté.
Mais, nous avons, à leur égard, un autre devoir, un devoir de mémoire.
Grâce à la création du Centre Régional "Résistance et Liberté", vous disposez d'un outil pédagogique et culturel remarquable. Je salue son président, Monsieur DOUARRE.
Ce centre est né d'un projet élaboré par des associations, le Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes, avec le soutien du ministère des anciens combattants.
Vos principales missions de documentation sur la période, d'apprentissage de la citoyenneté et de participation à la formation morale, sont essentielles.
Elles contribuent à forger notre mémoire collective en général, et celle des jeunes générations, en particulier.
Je félicite celles et ceux qui s'y impliquent.
Mesdames et Messieurs, en cet instant, me viennent à l'esprit quelques vers de Robert DESNOS, résistant et déporté.
Ils me semblent parfaitement correspondre aux combattants courageux que nous honorons ensemble aujourd'hui :
"Ces coeurs qui haïssaient la guerre
battaient pour la Liberté
au rythme même des saisons et des marées,
du jour et de la nuit."
Honneur aux Résistants et aux Déportés des Deux-Sèvres.
Vive la République !
Vive la France !
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 5 octobre 2005)